Des sénateurs appellent à la préservation de l’enseignement agricole, « essentiel » pour répondre aux défis environnementaux et socio-économiques

L’enseignement agricole serait un « outil essentiel » pour aider les nouveaux exploitants de répondre aux défis, notamment de la transition agroécologique et de la souveraineté alimentaire. [Photoagriculture/Shutterstock]

Face aux défis de la transition agroécologique et du renouvellement générationnel, l’enseignement agricole doit jouer un rôle clé. C’est ce qui ressort d’un rapport publié cette semaine par la mission d’information du Sénat sur l’enseignement agricole qui y présente ses propositions pour préserver un enseignement agricole de qualité.

Souveraineté alimentaire, qualité, protection de l’environnement, renouvellement des générations : le monde agricole fait aujourd’hui face à de nombreux défis. Pour permettre aux agriculteurs d’y répondre, l’enseignement agricole serait un « outil essentiel », jugent les auteurs du rapport sur l’enseignement agricole, présenté ce mardi (5 octobre) par la sénatrice et rapporteure de la mission d’information Nathalie Delattre (Rassemblement démocratique et social européen, RDSE).

Résultat d’un long travail constitué de dizaines d’échanges et d’auditions par les membres de la mission, ce rapport rappelle d’abord les forces et l’importance de l’enseignement agricole : « né de l’ambition de la France d’être une puissance agricole à l’échelle européenne », il constitue non seulement une formation professionnelle, mais répond également aux enjeux de l’insertion sociale, du développement des territoires et de l’innovation agricole et agroalimentaire.

Le réseau serait en outre « pleinement tourné vers l’Europe » : les apprenants de l’enseignement agricole représentent pas moins de 10 % des mobilités Erasmus + au niveau français, soulignent les auteurs du rapport. « Alors que la politique agricole commune est une politique structurante de l’Union européenne et que le commerce international de produits agricoles se développe, cette ouverture sur l’Europe et le monde apparaît absolument essentielle. »

Enfin, face au défi de la transition agroécologique, l’enseignement agricole s’est engagé à soutenir les nouveaux agriculteurs à travers son plan « Enseigner à produire autrement » – tout en répondant aux défis économiques et sociaux : « L’enseignement agricole doit permettre aux nouveaux agriculteurs qui s’installent de bâtir un projet économique et entrepreneurial viable, en s’adaptant aux nécessités de la transition agroécologique, aux attentes du citoyen et du consommateur, tout en étant capables d’intégrer la complexité et la modernité de l’organisation rurale actuelle », selon les sénateurs.

Sans oublier le rôle clé de l’enseignement agricole pour assurer le renouvellement des générations en agriculture : si le taux des nouvelles installations reste stable, avec environ 13000 nouveaux exploitants par an, le nombre bien supérieur des départs fait craindre qu’un agriculteur sur trois ne sera plus remplacé. Problématique face à laquelle « la mission s’inquiète vivement de la multiplication des anathèmes lancés à la profession agricole, qui pourrait dégrader encore un peu plus la tendance ».

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45 propositions pour préserver et revaloriser l’enseignement agricole

Or, si l’enseignement joue un « rôle éminent » pour répondre à ces défis, il traverserait aujourd’hui de « réelles difficultés », met en garde le rapport. Pénalisé par l’ « agribashing » et fragilisé par un manque d’effectifs, une situation financière des établissements « parfois préoccupante » et la concurrence avec les établissements de l’Éducation nationale, l’enseignement agricole serait confronté à un « réel défi de connaissance et de valorisation » des formations qu’il propose.

Pour préserver un enseignement agricole de qualité, « dans l’intérêt des filières agricoles et alimentaires et au nom de la cohésion des territoires », la mission d’information du Sénat vient donc de présenter une liste de 45 propositions, axées sur trois enjeux principaux.

Le premier, « réaffirmer le rôle de pilotage du ministère de l’Agriculture et établir un nouveau projet stratégique pour l’enseignement agricole ». La mission estime que « l’enseignement agricole doit demeurer distinct et complémentaire de l’Éducation nationale » – demande qui suppose un positionnement clair du ministère et des moyens budgétaires « à la hauteur » pour « valoriser l’atout que constitue le maillage territorial de l’enseignement agricole ».

Deuxième axe, les sénateurs appellent à « consolider les fondamentaux de l’enseignement agricole pour qu’il contribue à relever les défis de l’agriculture et des territoires ruraux ». Il serait nécessaire de mieux encore connecter l’enseignement aux besoins des professions et des territoires tout en s’appuyant davantage sur les dernières innovations afin de les mettre « le plus rapidement possible » à la disposition des apprenants.

La mission souligne également l’importance de « renforcer la lutte contre les stéréotypes de genre pour donner aux filles et aux femmes toute leur place », de favoriser l’accès diversifié à l’enseignement agricole et, enfin, de mobiliser l’enseignement agricole sur le thème du « bien-être de l’agriculteur ».

Enfin, les sénateurs expriment leur conviction que « pour attirer de nouveaux élèves […], il est vital de mieux faire connaître cette filière de formation et les métiers auxquels elle prépare ». Pour renforcer l’attractivité de l’enseignement agricole – troisième axe -, les auteurs du rapport prônent donc la mise en place d’actions de communication dans les collèges ainsi que d’interlocuteurs au niveau départemental.

Ils rappellent également l’importance de « mettre fin à une distorsion d’images entre les appellations et la réalité des formations proposées » et de revaloriser les personnels pour « redonner envie d’enseigner et de travailler dans l’enseignement agricole ».

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