SIXIEME SENSEcouter de la musique avec les os de son coude ? C'est possible !

Ecouter de la musique avec les os de son coude ? Le musée Carnavalet l’a fait

SIXIEME SENSPendant trois semaines, le musée Carnavalet à Paris propose une expérience auditive insolite, via la borne Losonnante installée sur le parcours des collections permanentes
Avec les coudes, on a dit, pas avec les oreilles!
Avec les coudes, on a dit, pas avec les oreilles! - Omar Medina Films / Pixabay / HPE
Laure Beaudonnet

L.Be.

L'essentiel

  • Au sein du parcours des collections permanentes du musée Carnavalet, la borne Losonnante permet d'écouter de la musique classique avec les os du coude.
  • Une expérience sonore à découvrir pendant trois semaines en plein centre de Paris.

Ne vous fiez pas aux apparences. L’oreille n’est pas le seul vecteur du son. Il est également possible d’écouter de la musique (ou tous autres sons) très distinctement grâce aux os des coudes. Si, si. Ce dispositif a même un nom : l’ostéophonie. Le terme désigne le phénomène de propagation du son jusqu’à l’oreille interne via les os du crâne.

Pour en faire la démonstration, jusqu’au 19 novembre, le Musée Carnavalet à Paris a installé une borne sonore par conduction osseuse, la Losonnante. Celle-ci fait circuler le son le long des coudes, des bras, des mains, jusqu’aux oreilles.

Une petite table en bois flanquée d’une surface circulaire pour poser ses coudes campe au milieu du salon doré du musée. Il suffit de se boucher les oreilles avec ses mains pour entendre deux compositeurs parisiens du XVIIe siècle, Marc-Antoine Charpentier, auteur d’airs de cour, de cantates et de pièces instrumentales, et son rival d’origine italienne, Jean-Baptiste Lully, inventeur de la comédie-ballet et de l’opéra français, qui composait pour Louis XIV et Molière.

« Les sons voyagent très bien dans tous types de solides »

Aussi surprenante semble-t-elle être, l’ostéophonie n’a rien de très nouveau, mais la Losonnante crée une bulle sonore insolite au milieu des boiseries d’origine de l’hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau. « Les Dalton faisaient appel au même procédé pour écouter le train arriver dans Lucky Luke. Les sons voyagent très bien dans tous types de solides», explique Fabien Rolland, le fondateur de la start-up Losonnante.

La borne utilise les coudes pour privilégier une posture naturelle. « Le son passe du coude à l’avant-bras et ressort par le bas de la main », poursuit l'entrepreneur. Plus la pression est forte sur les oreilles et plus le son est distinct. Non seulement on se coupe des sons externes - ce qui permet de ne pas être gêné par les autres visiteurs -, mais plus il y a de contact entre les os, plus les sons voyagent.

La borne Losonnante au musée Carnavalet à Paris
La borne Losonnante au musée Carnavalet à Paris - MUSEE CARNAVALET

« Le point critique, c’est de bien contacter le bas de la main avec un os proche de l’oreille. Avec le milieu de la main, il y a de la déperdition car il y a beaucoup de fibres, de tissus et de ligaments », souligne Fabien Rolland. Le son passe moins bien car on perd le côté solide. Nul besoin d’être un amateur de musique classique pour être embarqué dans cette expérience sensorielle hors du commun. Un voyage hors du temps en plein quartier du Marais.

Sujets liés