Force est de constater que de nombreux jouets sont encore présentés comme genrés : poupées pour les filles, petites voitures pour les garçons. A l'approche de Noël, ce constat est encore plus flagrant, avec certaines pages des catalogues qui sont en rose, et d'autres en bleu. Heureusement, ces dernières années, nous avons pu constater une évolution allant dans le bon sens. Par exemple, la marque Hema, qui a annoncé en 2017 qu'elle ne ferait plus deux rayons distincts pour les filles et les garçons, ou Lego, qui a créé des figurines de femmes scientifiques pour lutter contre les clichés. Ce mercredi 25 septembre, Mattel a même annoncé le lancement d'une poupée non-genrée, c'est-à-dire personnalisable, avec plusieurs coupes de cheveux possibles et un grand choix de vêtements dans chaque kit.

Pour aller encore plus loin dans la promotion de la mixité, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, et Adrien Taquet, secrétaire d’État auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé, ont présenté la "Charte d'engagements volontaires pour une représentation mixte des jouets", le mardi 24 septembre 2019.

Quel est l'objectif de cette charte ?

Associations, acteurs publics et fédérations de distributeurs et de fabricants, se sont engagés à "lutter contre les stéréotypes véhiculés par les jouets", explique un communiqué des deux ministères. Son objectif premier est de mettre fin aux préjugés à l'encontre des femmes, qu'elles subissent dès l'enfance, mais aussi de "susciter davantage de vocations scientifiques" chez elles. En effet, les boîtes de jeux scientifiques sont encore souvent présentées comme étant "pour les garçons", ce qui fait que certaines se désintéressent des sciences.

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Agnès Pannier-Runacher espère ainsi que "cette mobilisation du secteur du jouet portera ses fruits et permettra de développer dès le plus jeune âge l'appétence pour la science et les technologies, tant chez les petites filles que les petits garçons." "C'est par ce type d'actions que nous renforcerons à terme la présence des femmes dans les carrières scientifiques en général, et l'industrie en particulier", estime la secrétaire d’État. "La signature de cette Charte va dans le sens de la promotion d'une éducation positive, laissant à chaque enfant libre cours à sa créativité et à son intuition, favorables à son bon développement", ajoute Adrien Taquet.

Quels sont les objectifs fixés par la charte ?

Les signataires de la charte ont adopté 34 engagements. Le premier est de développer des jouets qui ne véhiculent pas de clichés discriminants et de promouvoir les jeux scientifiques pour les filles comme pour les garçons, grâce à la création d'un label "Sciences, Technologie, Ingénierie, Maths" et les présentant de façon neutre ou mixte.

Un autre engagement consiste à mettre fin à la catégorisation des jouets "pour les filles" et "pour les garçons" dans les catalogues et de les présenter "par catégories de produits ou par type de bénéfice apporté par le jouet (créativité, résolution de problèmes, développement physique et/ou intellectuel, sociabilité...)". Si certains distributeurs ont développé des univers genrés, "notamment via des codes couleurs ou d'autres indices de cloisonnement entre filles et garçons", ils s'engagent à les faire disparaître à partir de 2020.

La Charte d'engagements volontaires pour une représentation mixte des jouets propose aussi de sensibiliser les vendeurs et les vendeuses qui sont en magasin aux stéréotypes de genre. Cela pourra se faire avec un "module audiovisuel de formation", créé avec des associations, les distributeurs et les fabricants. Enfin, une autre des mesures consiste à "promouvoir auprès des acteurs du secteur des outils permettant de développer une communication et un marketing ne comportant pas de stéréotypes de genre". "Particulièrement dans les 1000 premiers jours de leur vie, c'est par le jeu et les jouets que les enfants découvrent le monde et construisent leurs repères. C'est dès cette période que l'on doit lutter contre les stéréotypes attribuant aux filles et aux garçons des rôles différents, et combattre les biais inconscients qui se répercutent sur la mixité professionnelle plus tard", explique Adrien Taquet.