"La Région bruxelloise a beau avoir de bonnes intentions, sa gestion des primes à la rénovation est un fiasco"
Déploré par les députés, le retard dans le paiement des primes d’Urban.brussels a été mis sur la table en commission parlementaire.
- Publié le 10-10-2023 à 19h05
Les particuliers bruxellois finiront-ils par recevoir leurs primes à la rénovation ? Beaucoup de ménages se sont laissés séduire par la stratégie Renolution de la Capitale, qui vise un PEB C pour la moyenne des bâtiments d'ici 2050. Chacun des travaux pour rendre l’habitation moins énergivore est récompensé par une aide versée par la Région, soit par Bruxelles Environnement, soit par l’administration Urban.brussels. Si cette dernière ne gère que 20 % des dossiers, elle est en mal de budget depuis des mois. Le budget de 25,6 millions d’euros ne suffit pas pour accompagner les propriétaires bruxellois dans leur processus de rénovation, malgré la hausse de ce montant en juillet dernier. En moyenne, 6 000 euros de prime sont versés par dossier.
"La situation budgétaire nécessite d’être ajustée pour régler ces dossiers en attente de paiement", déclarait le mois dernier Federica Sasdelli, porte-parole Urban.brussels. Mais depuis, aucune nouvelle. Quelles sont les solutions sur la table ? La question sur toutes les lèvres depuis des semaines… a été abordée durant la commission "développement territorial" au Parlement bruxellois ce lundi.
Lenteur parlementaire
"La rénovation des logements à Bruxelles ne se passe pas comme il le faut. On est à un taux de rénovation d’environ 1 %. Or, pour atteindre la neutralité carbone en 2050 comme nous l’imposent les accords de Paris qu’on est censé respecter, il faut passer à 3 %. On n’y est pas du tout", déplore Christophe De Beukelaer (Les Engagés). "Nous pensons que le système de primes, comme il fonctionne aujourd’hui, n’est pas efficace. Et c’est dommage parce que c’est presque l’unique action de ce gouvernement pour soutenir la rénovation à Bruxelles." Le député estime que "le nouveau régime de primes n’offre pas les garanties espérées par les propriétaires souhaitant rénover leur bien. Ça pose de grands problèmes parce que ce sont des propriétaires qui, en général, investissent à l’avance et comptent donc sur ces primes."
Le système de primes, comme il fonctionne aujourd’hui, n’est pas efficace.
"La lenteur parlementaire pour résoudre le vrai problème des gens", tacle de son côté le député Bruno Bauwens (PTB). En pointant que ces primes aident de prime abord "une certaine classe de gens, délaissant certains quartiers populaires", il observe que "même dans cette situation-là, il n’y a pas assez d’argent. Il y a vraiment raison à s’inquiéter de l’avenir."
"Il faut communiquer et rassurer les Bruxellois quant à l’obtention des primes. C’est un montant colossal et très important pour de nombreux habitants", assène enfin la députée Aurélie Czekalski (MR), interpellant le Ministre-Président Rudi Vervoort (PS). "Pour quelles raisons, dans le cadre de ces primes, les caisses Urban.brussels doivent-elles être systématiquement renflouées ? Qu’est-il mis en place pour que ça ne se reproduise plus ?"
Un traitement "le plus vite possible"
Par la voix d’Ans Persoons (Vooruit), secrétaire d’État, le Ministre-Président explique que la raison du retard dans le paiement des primes est le manque de crédits disponibles, principalement dû à la hausse des prix de la construction et à l’inflation liée au prix de l’énergie. "Aucune prime n’a été refusée en raison d’une insuffisance budgétaire", affirme-t-il.
Rudi Vervoort rappelle également que le paiement des primes est effectué après la fin des travaux. "Le problème ne se pose donc pas pour les propriétaires qui ne sont pas encore dans un processus de rénovation."
Aucune prime n’a été refusée en raison d’une insuffisance budgétaire.
Le Ministre-Président assure également que toute demande de prime introduite sera traitée et payée "le plus vite possible, dès que les transferts budgétaires seront opérés. Sans transfert budgétaire, les primes traitées seront payées au plus tard sur le budget 2024."
Insatisfaite de cette réponse, Aurélie Czekalski déplore que "la Région bruxelloise a beau avoir de bonnes intentions, sa gestion des primes à la rénovation est un fiasco. Les Bruxellois sont dans l’attente, mais les primes ne viennent pas. C’est la double peine. Gouverner, c’est prévoir. Mais à Bruxelles, on ne prévoit pas grand-chose."
Près de 2 000 demandes de primes à la rénovation devraient encore être introduites cette année.