[Régionales 2021] Comment Auvergne-Rhône-Alpes veut maintenir son rang de 1ère région industrielle française

Très pro-entreprises, la région Auvergne-Rhône-Alpes veut maintenir un tissu industriel diversifié qui est structurant pour son économie. L’exécutif actuel a sorti le carnet de chèques et mise sur une coconstruction entre les élus et les dirigeants pour moderniser les entreprises et les orienter sur huit secteurs d'excellence, en inscrivant cette région frontalière comme une place attractive en Europe.  

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[Régionales 2021] Comment Auvergne-Rhône-Alpes veut maintenir son rang de 1ère région industrielle française
L'usine pilote de Symbio à Vénissieux.

«Sur un territoire grand comme l’Irlande, nous sommes la deuxième région économique de France et la première région industrielle avec 490 000 d’emplois, devant l’Ile-de-France » rappelle Jean-Luc Raunicher, président du Medef Auvergne-Rhône-Alpes qui tient tout de suite à planter le décor. Avec son PIB de 270 millions d’euros (celui du Danemark) et une population de près de 8 millions d’habitants (celle de la Suisse), la région Auvergne-Rhône-Alpes joue dans la cour des grands.

Et elle se plait même à sortir du cadre de référence national pour dialoguer avec d’autres grandes régions industrielles d’Europe comme la Lombardie, le Bade-Wurtemberg et la Catalogne, auxquelles elle est associée au sein de l'association « les 4 moteurs de l’Europe ». A côté de l’économie de la montagne, puisque la région compte trois massifs (Alpes, Jura, Massif central), l’un des principaux moteurs de l’activité est effectivement une industrie diversifiée qui concentre 18 % de la valeur ajoutée régionale et 25 % de celle des entreprises. Une activité structurée autour de 4 métropoles : Lyon, sa chimie et sa santé, Grenoble et son électronique, Saint-Etienne et son textile et Clermont-Ferrand, terre d’accueil de l'équipementier auto Michelin. Mais les activités de fabrication sont aussi présente dans des zones plus à l’écart comme la Haute-Savoie ou le bassin d’Annecy.

Moderniser

Pas question de perdre cette spécificité industrielle dopée par de nombreux centre de recherche (Inria, Inrae, Inserm, CEA…) Mais comme toute l’industrie française, celle de la région doit aussi effectuer sa mutation, si elle veut pérenniser ses 490 000 emplois. Car « la performance de notre tissu industriel reste en-deçà de celle de nos concurrents européens, et la transformation vers l’industrie du futur peine à se déployer concrètement » note le Medef Auvergne- Rhône-Alpes dans les 10 propositions qu’il a adressé aux candidats pour les élections.

Pour autant, le bilan de l’exécutif actuel par l’organisation patronale est plutôt positif. « Avant même la crise, depuis la loi NOTRe [nouvelle organisation territoriale de la République, promulguée en 2015, ndlr], la région est intervenue en subventions pour soutenir la modernisation des entreprises et leur déploiement à l'export» note Jean-Luc Raunicher. Elle a selon lui mis en œuvre un plan de réduction de frais de fonctionnement d’un milliard d’euros qui a permis de réinjecter de l’argent dans l’économie réelle avec un schéma directeur autour de 8 grands domaines d’excellence : industrie du futur et production industrielle, bâtiments et travaux publics, numérique, santé, agriculture/agroalimentaire/forêt, énergie, mobilité/systèmes de transports intelligents, sport/montagne/tourisme.

Selon le journal Mediacités Lyon, ces économies se sont faites en partie sur le dos de la formation professionnelle. Laurent Wauquiez ayant été un des deux présidents de conseil régional à bouder le PIC lancé en 2018 et orchestré par l’Etat via France Compétences. La région rétorque qu’elle n’a pas abandonné le champ de la formation mais a préféré éviter « les stages parking » pour investir de manière plus ciblée dans des formations adaptées au besoin de ses entreprises, avec en particulier la création de différents campus. Comme celui dédié à l’aéronautique dans l’Ain pour un cluster régional qui comprend plus de 200 sociétés (en général dans la sous-traitance ou le service). Ou le campus numérique de Charbonnières-les-Bains qui regroupe désormais plusieurs acteurs de la formation numérique pour tous niveaux, comme l’école 42 qui a accueilli ses premiers élèves en novembre dernier. "Les besoins en compétences numériques de nos entreprises sont considérables" rappelle Jean-Luc Raunicher.

Réaction rapide dans la crise

Lorsque la pandémie est intervenue, la région a réagi très rapidement pour venir au secours de ses entreprises. Elle a mobilisé un plan d’urgence de 600 millions d’euros en engagement et garanties en complément du dispositif de l’Etat. Puis, avant même que celui-ci n’annonce un plan de relance en septembre 2020, elle faisait voter dès juillet, un plan de relance régional de 1 milliard d'euros sur trois ans. Sur cette somme, 300 millions sont consacrés au monde industriel dont une centaine à des projets de recherche et en accélération de transfert de technologies. L’enjeu, comme dans le plan national, est aussi la souveraineté et la localisation des emplois. L’équipementier automobile Savoye international, durement touché par la crise, a ainsi reçu 300 000 euros pour installer une ligne de masques chirurgicaux, puis en avril dernier la région a subventionnée à hauteur de 400 000 euros un projet de vélo électrique qu'il mène avec trois autres industriels de la vallée de l'Arve, le H3bike. Ce projet avait déjà été lauréat d'un appel d'offres du plan de relance national. Dynastar est aussi aidé à hauteur de 1,2 million d’euros afin de relocaliser de l’emploi industriel en Haute-Savoie en produisant des skis de compétition haut de gamme. Côté secteur, la région a mis 40 millions d’euros en soutien de son aéronautique et suit de près le dossier chaud d’Aubert et Duval dont le site des Ancizes (Puy-de-dôme) est menacé.

Irriguer tout le territoire

L’idée est de ne pas tout concentrer dans les grandes métropoles et la région devrait soutenir un projet d’usine à Aurillac dans le Cantal porté par la société Europe services, fabricant et loueur de matériel de déneigement et de voiries qui doit créer 45 emplois et nécessite 17 millions d’euros d’investissement. En Ardèche, elle accompagne déjà Chamatex, à hauteur de 300 000 euros pour fabriquer des chaussures haut de gamme via une technologie qui scanne le pied, pour une promesse de 42 emplois à trois ans. Globalement la fusion de Rhône-Alpes et d’Auvergne, si elle semble toujours étrange à certains habitants, s’est plutôt bien passée. Les différentes agences économiques de développement ont immédiatement été fusionnées et leurs programmes avec. « Personne ne conteste le statut de capitale régionale à Lyon et l’Auvergne ne s’est pas trop senti abandonnée, sans doute parce que le président de Région en était issu. Cela aurait sans doute été plus difficile si c’était l’inverse» estime Jean-Luc Raunicher.

Fonds « souverain »

La grande initiative de Laurent Wauquiez est aussi au-delà des cofinancements de fonds régionaux existants, le lancement d’un Fonds « souverain » régional de 100 millions d’euros pour investir en fonds propres dans les entreprises. Il a vu le jour plus rapidement que dans d’autres régions qui en caressent l’idée. « Auvergne-Rhône-Alpes-investissement est une initiative originale car c’est une société dont le conseil d’administration est composé d’élus et d’entrepreneurs. Elle décidera de l’affectation de différentes poches d’investissement et l’idée c’est de jouer sur l’effet de levier», explique Laurent Fiard, président de Auvergne-Rhône-Alpes Investissement et de Visiativ, une entreprise du numérique. Un premier closing de 70 millions (dont 30 millions de la Région, le reste par Bpifrance, des banquiers et assureurs locaux) a eu lieu en mars 2021. Cette enveloppe, gérée par Siparex, est destinée à des TPE, PME et ETI sur les 8 domaines d’excellence. Les Medef territoriaux et CCI sont chargés de remonter les dossiers d’entreprises qui passeraient sous le radar. Une cinquantaine de demandes sont déjà sur la table. « Après il faudra faire des choix en fonction des priorités stratégiques. C’est en cours mais laissons passer les élections » avance Laurent Fiard.

La campagne actuelle s’anime surtout sur les enjeux de la sécurité et des transports régionaux plus que sur l’économie où les grands partis ont l'air à peu près d'accord. Laurent Wauquiez fait la course en tête avec 35 % d’intentions de votes devant le candidat du rassemblement national, Andrea Kotarac à 22 % qui devance lui-même largement l’entrepreneur Bruno Bonnell pour LREM à 15 %. Les socialistes, emmenés par l’ancienne ministre Najat Vallaud-Belkacem, et les écolos se rassembleront très probablement au deuxième tour.

Le dossier industriel : Symbio, illustration du renouvellement de l’industrie de la mobilité

La mobilité est un des domaines d’excellence visés par la région. La coentreprise de Faurecia et de Michelin, Symbio, dédiée à l’hydrogène pour l’automobile, fabrique - à petite échelle pour l’instant - à Vénissieux des piles à hydrogène. Elle les livre déjà à Safra pour ses bus et à Stellantis qui doit sortir ses premiers utilitaires à hydrogène fin 2021. Pour l’instant, l’entreprise compte 350 salariés, mais en 2025, elle devrait en compter 1000 et se déplacer dans une nouvelle usine dont la construction commencera en fin d’année à Saint-Fons, sur un terrain racheté à BASF. Un investissement à 140 millions d’euros. Pour combler ses besoins de main d’œuvre dans cette filière émergente, l’entreprise a lancé fin avril la Symbio Hydrogen academy qui a vocation à former 300 personnes par an. Elle bénéficiera de fonds européen dans le cadre du projet « Zero Valley emission » que la région a conçu avec les énergéticiens et les industriels d’Auvergne-Rhône-Alpes.

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