Rebelles du genre – Épisode 93 – Françoise

Françoise – Je suis Françoise, j’ai 60 ans et je suis originaire de Poitiers ; alors je crois que c’est important de souligner le métier que je fais, je suis médecin généraliste, donc forcément j’ai des connaissances quant aux traitements hormonaux. Voilà, j’ai été amenée à être confrontée à la transidentité à travers mon fils qui, en juin 2020, à l’âge de 20 ans, m’a annoncé brutalement qu’il voulait transitionner sans qu’il n’y ait eu jamais rien auparavant qui laisse penser qu’il arriverait à cette décision. A l’époque, je n’y connaissais rien, pour moi la transidentité en tant que médecin et en tant qu’individu citoyenne française, c’était les transsexuels, aussi bien hommes que femmes, et j’en avais croisé deux dans ma vie professionnelle c’est-à-dire en 30 ans d’exercice. Donc, bien sûr à part partir de là, je me suis intéressée à la question. 

Vis-à-vis du genre, donc mon mon fils m’annonce qu’il veut transitionner. Donc je n’ai pas du tout compris ce qui se passait ; en fait, il a dit “plus vite ça ira mieux ce sera”. Je lui ai demandé ça voulait dire quoi “plus vite ça ira mieux ce sera” : c’était prendre des traitements hormonaux, avoir éventuellement une chirurgie, changer d’identité à l’état civil  et socialement. 

Alors en fait, mon fils m’avait annoncé à 16 ans qu’il était homosexuel. Mais ce n’était pas un problème, il était reçu avec son compagnon à la maison et donc, quand il annonce en 2020 qu’il veut transitionner, quelques mois auparavant il a annoncé qu’il quittait son compagnon et qu’il avait rencontré une copine ; et donc, à ce moment-là, je lui ai dit “écoute, c’est à toi de voir, si c’est bien pour toi, c’est bien pour moi” et proposé de rencontrer la copine, c’était en décembre 2019. Donc, je lui ai proposé que cette copine vienne pour Noël, il m’a dit “non” et puis, j’ai discuté un petit peu avec lui, qu’il dise à cette copine qu’il avait eu un copain avant et là, il m’a dit “mais ne t’inquiète pas, elle est au courant parce que de toute façon on est dans la même école d’ingénieur – en l’occurrence parisienne – et elle est militante LGBT” ; et j’avoue que d’emblée, ça ne m’a pas rassurée qu’il dise ça. C’était en décembre 2019. 

Donc bien sûr, 2020, le confinement, et donc il me dit “je vais aller me confiner avec ma petite amie à la frontière du Luxembourg”, parce que, faisant la même école d’ingénieur, elle avait prévu un stage dans le cadre de son école d’ingénieur au Luxembourg ; et à chaque fois que j’avais un échange avec lui sur WhatsApp, donc le temps du confinement – alors moi je n’ai pas été confinée parce que médecin, j’étais médecin dans un service de gériatrie et j’ai travaillé – et je lui disais “mais est-ce que je peux parler avec ta petite amie?” et, ils étaient dans un studio et il me disait toujours “non, non, elle n’est pas habillée, non, elle travaille à distance, non, ce n’est pas possible”.

En juin 2020, le déconfinement, il quitte son studio de l’école d’ingénieur et il dit ça, et alors il me dit qu’il veut transitionner parce qu’il me présente ça comme ça, il me dit “tu t’es trompée, tu n’as pas eu un garçon mais tu as eu une fille” et là, je lui ai dit “écoute, je suis désolée, je sais quand même en tant que mère et doublement en tant que médecin ce que j’ai eu” et dans les deux jours qui ont suivi, je suis même allée lui chercher son carnet de santé et lui montrer ce qui était écrit dessus !

RDG – j’ai une question mais lui, quand il dit “tu t’es trompée” il dit “tu m’as assigné garçon” ce genre de chose “tu as mal regardé, je n’avais pas de pénis” ? Je ne comprends pas en fait …

Françoise – Non mais … je vais avoir une petite émotion … et quand il est rentré, juste la veille qu’il me dise ça, il me dit “j’ai raté mon année d’école d’ingénieur”, alors je lui dis “écoute, voilà c’est pas si grave” – au passage, il avait toujours eu une année d’avance à partir du CE1 et comme il avait sauté une classe, il avait été testé, il était plutôt dans les haut potentiels, enfin voilà – donc, je lui dis “c’est pas grave, de toute façon tu avais une année d’avance, tu referas ton année,  juste, est-ce que tu vas arriver à refaire ou c’est trop difficile pour toi ?” Et puis après, je lui dis “mais pourquoi tu m’as rien dit ?” puisqu’on se voyait quand même sur WhatsApp “pourquoi tu ne m’as pas dit que tu étais en difficulté ?”, “je pensais que j’allais arriver à rattraper” ; donc, je sentais qu’il y avait des choses qui n’allaient pas à la façon dont il parlait, il se comportait etc ; et quand il me dit ça, il me dit – voilà, on va s’asseoir à table dans la salle à manger – et il me dit “non juste écoute, il faut que je te dise, tu t’es trompée, tu n’as pas eu un garçon mais tu as une fille et puis voilà, et donc à partir de maintenant il faudra m’appeler du prénom que j’ai choisi, donc un prénom féminin et me genrer au féminin”.

Et là, je me suis mise à pleurer et je lui ai dit “mais tu es complètement fou ! Qu’est-ce que c’est cette histoire ? Mais tu as trouvé ça où ?” et d’emblée je lui dis “mais ta petite amie, qu’est-ce qu’elle en dit ?” et il me dit “mais de toute façon, elle  est au courant depuis le début, de toute façon, c’est elle qui a bien vu que je n’étais pas homosexuel, mais que j’étais une fille” et là je dis “mais c’est pas possible quoi, c’est pas possible” et lui il s’est mis aussi à à pleurer brièvement, il m’a sorti des feuillets sur la transidentité, ce que c’était etc, qu’il avait imprimés pendant la nuit, pendant qu’il était chez moi. 

Alors évidemment, je suis allée voir, je suis allée chercher d’emblée ce qu’il en était des traitements, qu’est-ce qu’ils donnaient. Donc, concernant les garçons, c’était des prises de traitement d’œstrogènes, des prises de traitement antitestostérone, donc à ce moment-là, ils parlaient encore de l’Androcur dont on parle beaucoup actuellement, et sinon, un médicament qui s’appelle Bicalutamine, et je lui ai dit “mais tu ne vas pas prendre ça mais ça serait bien de voir un psychologue ou une psychologue” et il dit “mais je n’ai pas besoin, de toute façon, j’ai trouvé un médecin à Paris qui va me prescrire les traitements et puis voilà !”. On est allé, j’avais prévu un restaurant comme souvent quand il revenait des études, on y allait donc tous les deux – on est divorcé avec son père et moi je revis avec un compagnon – et c’était prévu qu’on y aille tous les deux et on est allé au restaurant et toutes les phrases que je lui disais au masculin il me les reprenait au féminin, et quand je lui disais son prénom, il me reprenait au féminin. Donc moi, j’étais terrassée et comme je dis, je vis avec un compagnon et quand mon compagnon est rentré le soir il me dit “ça ne va pas ? Qu’est-ce qui s’est passé avec ton fils ?” ; et je ne voulais pas lui dire et je me suis dit mon fils est tombé sur la tête, on va discuter avec des psychologues, ça va aller … sauf que mon fils, dès le lendemain, il a dit “bon, je repars à Paris, je vais chez ma copine et puis voilà” ; alors, j’ai parlé des traitements

RDG – oui, j’ai juste une question, dans son enfance, est-ce qu’il a montré des signes de de comment dire, de dysphorie de sexe ? Est-ce qu’il disait “je suis une fille” ? Enfin, c’est arrivé à quel moment ? 

Françoise – Alors, il n’a jamais montré aucun signe de dysphorie, ni aucun intérêt pour tout ce qui est attribué au genre féminin on va dire ; enfin, il n’a jamais eu de demandes d’habillements différents, jamais d’intérêt pour faire des sports féminins, enfin il n’était même pas intéressé par le sport tout court, pas d’intérêt pour les bébés, et même, alors je sais bien que c’était l’école maternelle, mais il courait entre guillemets après une petite copine, c’était l’école maternelle et après, même quand il a annoncé qu’il était homosexuel, et on a demandé tant son père que moi, après on n’a jamais repéré de caractères où on se dirait “ah oui, il a un peu des tendances féminines” et ce parfois “caractère féminin” chez certains homosexuels, son copain il avait plutôt des comportements assez féminins.  

Alors après, j’ai un autre fils, donc un fils aîné, son frère, je veux dire, ils n’ont jamais été élevés dans le côté “garçon”, leur père n’était pas comme ça où “si tu dois te battre, vas-y ! Tu es un homme mon fils”, ils n’ont jamais eu une éducation comme ça, ils ont eu une éducation du respect, tant des hommes que des femmes, et pas le côté caricatural “garçon combatif” donc non, il n’a jamais montré de tendance féminine, il n’a jamais dit “je suis une fille”, c’est vraiment apparu dans cette école d’ingénieur avec cette jeune femme qui lui a dit “voilà, tu n’es pas homo” et c’est à partir du moment où il a croisé son chemin, qu’il a quitté son compagnon et qu’il a dit, probablement quand il me l’a dit, ça faisait 6 mois qu’il cogitait ça, mais il y avait eu le covid … non rien, rien, rien … 

RDG – Alors je veux juste, en tant que féministe quand même, ajouter que même si ça avait été le cas, s’il avait joué avec des poupées, qu’il avait porté des petites robes, des paillettes et joué avec des poneys etc, ça n’aurait jamais signifié que c’était une fille. Je veux qu’il n’y ait pas d’ambiguïté sur la question. En revanche, c’est vrai qu’on entend parfois des parents dire “oui moi, dès le début, tout petit…” par exemple, dans le documentaire “petite fille”, la mère prétend que dès le début l’enfant dit qu’il est une fille, je ne parle pas des stéréotypes sexistes, je parle vraiment du sentiment profond d’être une fille. Je ne sais pas ce que ça veut dire, moi personnellement, je suis une femme voilà,  moi, mes enfants ont toujours eu des poupées, filles et garçons, et ça n’a jamais, je n’ai jamais questionné leur sexe par rapport à ça. 

Françoise – Oui bien sûr, non mais non, non, il n’ a jamais dit de choses comme ça, ni “je suis une fille etc”, le seul moment où il a dit quelque chose là-dessus c’est quand il a annoncé vouloir transitionner, donc, vers 6-7 ans, il avait demandé à faire du patin à glace, ça c’est résolu en 2 heures de temps parce qu’il a fait une chute, s’est fait mal au poignet et il a dit “oui tu vois, cette fois-là, quand je voulais faire du patin à glace, je voulais être une patineuse et pas un patineur” enfin c’est les reconstructions après coup, mais autrement, jamais, jamais, il avait des copains aussi d’école qui venaient à la maison … Alors évidemment, c’est en y repensant après, il y avait juste une chose que je lui disais tout le temps, c’est qu’on lui disait par exemple “est-ce que tu veux aller au cinéma ? Est-ce que tu veux qu’on invite un copain pour ton anniversaire ? Est-ce que ça te plairait qu’on aille là ?” à telle activité etc, et il disait toujours “je ne sais pas”, c’est quelqu’un qui n’avait pas d’affirmation de soi, il se laissait un peu manipuler par les autres et je disais toujours “si tu ne choisis pas pour toi-même, ce sont les autres qui choisiront pour toi” voilà.

RDG – Et ici on en a une belle illustration malheureusement 

Françoise – Malheureusement oui, malheureusement oui.

RDG – Je te laisse poursuivre…

Françoise – Donc évidemment, je ai discuté de ça “mais écoute tu n’as jamais montré de caractère féminin, tu n’as jamais dit que tu étais une fille, mais qu’est-ce qui s’est passé ?” et puis les discussions ont continué après, plutôt via SMS ou WhatsApp, parce qu’à partir du moment où je n’ai pas accepté de dire “oh mais comme c’est étrange, bien sûr tu es ma fille et je vais te genrer au féminin et t’appeler du prénom féminin” ça a été fini avec moi, il s’est complètement braqué contre moi. Donc j’ai dit que j’étais médecin, j’ai demandé à un ami qui est psychiatre dans la région, s’il ne connaissait pas quelqu’un et j’ai proposé à mon fils d’aller voir ce psychologue et en fait, mon fils n’a pas voulu revenir et ensuite, c’était une Maison des Adolescents, donc ils m’ont proposé que je vienne moi toute seule et en fait, je suis tombée sur un psychologue transaffirmatif qui m’a dit “mais si votre fils dit qu’il est une fille et que vous devez l’appeler en prénom fille, et bien vous devez le faire” mais je lui ai dit “mais écoutez, quand même quoi ! il n’a jamais montré aucun signe, peut-être il y a d’autres discussions, peut-être il a d’autres problèmes que finalement on ne sait pas et qu’il faudrait discuter”, “non, non, non, vous devez accepter ça” et je me suis dit que quand même ça serait bien peut-être que mon fils discute avec cette personne, il l’a appelé en visio, évidemment le psychologue a tenu le même langage, donc mon fils est allé voir sur Paris une fois, c’est lui qui l’a dit, une psychiatre qui a dit “mais oui, bien sûr vous êtes une femme vous devez prendre des traitements hormonaux” donc à cette époque, en 2020, il fallait encore un certificat d’un psychiatre.

Donc il a amené le certificat à une médecin généraliste très populaire sur Paris pour dire que de toutes façons elle ne demande même pas de certificat déjà à l’époque, même pas de certificat de psychiatre, qu’elle genre immédiatement dans le nouveau genre, le prénom et qu’elle prescrit sans problème des traitements hormonaux. Alors moi je suis complètement effarée quand il parle de ça parce que dans le cas des garçons, donc on va donner des œstrogènes alors que ce soit en comprimés ou en crème, là c’est plutôt en patch et il faut savoir que ce sont des traitements qu’on donne en traitement substitutif hormonal à la ménopause et qu’il y a une recommandation depuis des années de donner le traitement à la ménopause chez des femmes le plus court possible. Pourquoi ? Parce qu’il y a des risques thromboemboliques : donc de faire des phlébites, des embolies pulmonaires et puis il y a des risques de cancer. Or dans le cas de mon fils, il a commencé à 20 ans, on va dire qu’il a une espérance de vie actuelle de 80 ans donc ça veut dire 60 ans de prendre des traitements par œstrogènes et sans se dire “mais il y a quand même quelque chose qui va pas !” 

Donc toujours dans le cas général et dans le cas de mon fils, dans le cas général donc comme on dit les œstrogènes ont des risques thromboemboliques. Or le père de mon fils avait fait sur un simple claquage musculaire une embolie pulmonaire dont il a failli décéder. Enfin il serait probablement décédé si moi je n’avais pas été médecin et y penser. Et je lui ai dit ça, je lui ai dit “mais peut-être qu’il y a des facteurs de risque thromboemboliques” et il m’a dit que “c’était pas vrai, que je racontais n’importe quoi”. Or je sais que c’est vrai, je SAIS que c’est vrai. Et puis ensuite il a été mis toujours dans le cadre garçon transitionnant vers fille sous anti-androgènes, donc en l’occurrence du Bicalutamide. Et le Bicalutamide  est donné dans les cancers de la prostate métastatique. Cancer de la prostate métastatique et on donne ça à un jeune de 20 ans ! Et on ne voit pas où est le problème ! Or dans les cancers de la prostate métastatique on donne ce genre de traitement, on va le donner 3-4 ans c’est-à-dire, la personne va se stabiliser, guérir de son cancer ou bah parfois malheureusement on n’arrive pas à les stabiliser et donc on n’a aucun recul de le donner plus que 2-3 ans, on n’a aucun recul sur ce traitement et là de nouveau, il était parti aussi pour X années de traitement.

C’est un garçon très intelligent, qui fait des études d’ingénieur, qui a des hautes capacités. Je lui ai expliqué et comme il est bien embrigadé, il a dit que c’était pas vrai, qu’il avait demandé à  sa médecin et qu’ il n’ y avait aucun risque. Et je lui dit “demande à ta médecin qu’elle te donne des publications sur des oestrogènes donnés pendant 60 ans, sur du Bicalutamide donné pendant 10 ans et après on en rediscutera”

Evidemment il n’y a aucune publication de ce genre. Il n’y a aucune étude qui a été faite sur des prescriptions aussi longues de ces traitements puisque on sait très bien actuellement que surtout quand il a commencé en 2020, là on a encore une progression des cas, mais il n’y en avait pas tant que ça. 

RDG – Mais déjà à l’époque on connaissait  la contre-indication par rapport  à son état de santé en fait, à sa prédisposition génétique.

Françoise –  Alors on connaissait les contre-indications et donc elles n’ont pas été recherchées. Je l’ai dit à mon fils “dis-le à ta médecin”. Il se trouve que j’ai pu savoir le nom de la médecin, j’ai écrit à la médecin en lui disant “écoutez voilà, alors déjà je ne comprends pas du tout il n’a eu aucune tendance, ça serait bien qu’il voit un psychologue ou une psychologue ou psychiatre parce que peut-être qu’il est en souffrance mais que c’est pas la cause”. La deuxième des choses, j’ai expliqué les antécédents familiaux : donc le père qui avait fait une embolie pulmonaire et moi qui avais fait une phlébite pendant la grossesse. Alors, chaque cas pris séparément, ce n’est pas très grave, c’était le regroupement des deux, l’absence de recul. Et en fait il a fait une petite complication liée au Bicalutamide, il s’est retrouvé avec un énorme coup de soleil alors qu’il est très brun, il n’a jamais eu un coup de soleil de sa vie, c’est un effet secondaire du Bicalutamide. Il est porteur aussi d’une anomalie génétique bénigne au niveau du  foie qui est la maladie de Gilbert mais qui contre-indique par exemple de boire de l’alcool, même en petite quantité, parce qu’on peut se retrouver à être jaune, et que sûrement ce n’est pas très bon.

J’ai dit à la médecin aussi que si ça avait été une jeune femme à qui on prescrivait une pilule, on aurait fait toutes ces recherches là, et que lui il a eu la prescription comme ça quoi.

Et elle m’a répondu qu’elle s’occupait très bien des patients. Donc, il se trouve que, dans son cas, il y a eu une recherche secondaire des facteurs de risque et moi, j’ai demandé à mon ex-mari, donc son père, de faire la recherche génétique du risque thrombo-embolique. 

Il se trouve que mon ex-mari est porteur de ce risque là, comme dit en dehors d’une immobilisation, lui ne risque rien, mon fils de prendre des oestrogènes, il a des risques majeurs et donc il est porteur de la même mutation et toute la prescription a été faite sans recherche aucune. C’était “je suis transgenre” le certificat du psychiatre “oui, vous êtes transgenre” et le médecin “bam, on prescrit” ; et ça c’est un vrai scandale ! Voilà, c’est un vrai scandale ! 

RDG – Oui, c’est effarant … merci en tout cas de ces précisions, c’est la première fois qu’on a autant de science médicale qui nous est apportée et c’est vraiment troublant de voir à quel point, même des médecins vont faire abstraction de la science. Alors, la science la plus évidente qui est le constat du sexe à la naissance mais aussi l’administration de traitements, la réflexion sur les effets secondaires, sur le bénéfice risque etc, tout ça par dogmatisme en fait.

Françoise – Absolument ! Et, je voudrais parler juste du cas des filles qui veulent transitionner vers garçon, parce qu’il se trouve que j’ai des contacts avec d’autres parents qui sont concernés ; donc, les filles, en prenant de l’Androtardyl, sans parler de toutes les conséquences dramatiques qu’elles ont : la voix, les cheveux, l’acnée et tout ça, il y a une chose aussi : s’il y a des antécédents familiaux de maladies cardio-vasculaires, donc c’est infarctus, accident vasculaire-cérébral précoce,  on sait qu’il y a une surreprésentation masculine du fait du risque d’être un homme via les androgènes est un risque de maladie cardiovasculaire donc, une nouvelle fois : infarctus, avc et les médecins prescripteurs ne demandent absolument pas les antécédents “est-ce qu’il y a des infarctus précoces ou des AVC précoces dans votre famille qui contre-indiqueraient… ?”, et encore une fois, on peut être amené à prescrire, on a prescrit de l’Androtardyl chez des hommes qui ont un déficit de testostérone mais ils vont être prescrits à 50, 55, 60 ans et excessivement rarement chez des jeunes donc, aucun recul et un risque majeur de faire des AVC précoces et ça c’est “non, c’est plus important de les traiter et sans suivi psychologique et de donner de la testostérone et voilà”

RDG – C’est vraiment, c’est atterrant en fait, c’est atterrant … Et en plus, tout ça dans un contexte où il n’y a pas de protocole, enfin je dirais qu’il n’y a aucun contrôle de la Haute Autorité de Santé où en fait, on a des personnes qui font des expériences sur les enfants ! 

Françoise – Absolument ! Alors là, ce sont des majeurs. Je suis scandalisée par mes confrères et consœurs, là en l’occurrence la prescriptice de mon fils est une consœur, de dire “certes on prête le serment d’Hippocrate” où il est dit : primum non nocere : d’abord ne pas nuire, et on ne se dit pas “tiens voilà un jeune, dans le cas de mon fils, est-ce que vraiment je peux faire une enquête ? Est-ce qu’il a eu des antécédents d’avoir un sentiment d’être fille etc, est-ce qu’il n’a pas subi d’influence, est-ce qu’il ne peut pas voir un psychologue, je vais prendre le temps etc, j’ai demandé les antécédents médicaux, je lui ai expliqué les risques médicaux”. Non, non, rien, hop ! Prescription d’emblée. Moi, je ne dis pas que ça n’existe pas, les transgenres, que ce soit garçon ou fille, mais avant ils s’affublaient peut-être du genre opposé, avoir un comportement du genre opposé. Là, on donne des traitements pour lesquels on n’a aucun recul. Il faut savoir que seulement maintenant, il y a des études qui sont faites en laboratoire sur des animaux, que ça a été prescrit parce qu’on s’est dit “tiens, c’est ce qu’il faut prescrire” et sans aucune étude de laboratoire ; c’est-à-dire le moindre médicament mis sur le marché, en tout cas le marché français mais international aussi, enfin je pense états-unien, il y a des études sur des cellules, puis sur des animaux, puis sur un petit groupe de personnes, puis sur un grand groupe de personnes et le suivi à distance ; là, c’est prescrit hors autorisation de mise sur le marché parce que les laboratoires ils ne sont pas fous, ils ne vont pas dire “oui, oui, allez-y, on met ça dans les AMM, (autorisation de mise sur le marché), sans aucun test fait en laboratoire” ; c’est-à-dire qu’on a commencé en sens inverse, d’abord on donne aux êtres humains puis maintenant, on va essayer sur les animaux de laboratoire, en commençant par les souris, sans qu’on ait pu dire que nous sommes identiques au souris !

RDG – Donc en fait, ces jeunes sont des animaux de laboratoire.

Françoise – Absolument, absolument, c’est ça, 

RDG – C’est scandaleux !

Françoise – C’est scandaleux ! Et par exemple, dans le cas de mon fils et des jeunes hommes qui voudraient transitionner vers femme, donc il vont avoir des oestrogènes – alors il y a des opérations affreuses qui peuvent avoir lieu, mais il leur faudra toujours des hormones, donc c’est des oestrogènes – vont être prescrits à vie. Imaginons que, sans le savoir, on soit porteur d’une mutation génétique avec une prédisposition de risque de cancer du sein ; imaginons dans 5 ans, il fait un cancer du sein, il sera traité, les oestrogènes seront arrêtées et il n’a plus aucune hormone. 

Il n’a plus AUCUNE hormone, il fait quoi ? Enfin, je veux dire, c’est terrifiant ! 

Ou il fait une embolie pulmonaire aussi, puisque en plus, il est porteur de la mutation, ça s’appelle le facteur V de Leiden, il fait une embolie pulmonaire, il a une contre-indication aussi aux oestrogènes définitivement, ou alors il les continue, et puis il récidive, et il décède. Et c’est terrifiant que des médecins en arrivent à prescrire, être confiants dans leurs bonnes idées, dans leur bon droit et n’aient aucune remise en question ! 

RDG – Maintenant si tu veux bien, on va s’intéresser à la question des menaces que fait peser cette idéologie sur les droits des femmes, des enfants, sur nos droits aussi fondamentaux, sur la société… 

Françoise – Alors, ça aussi, je trouve que c’est un vrai scandale ! Parce que donc, des hommes qui transitionnent vers femme, bien sûr, il y en a qui, enfin je pense à mon fils, je ne pense pas qu’il irait agresser des femmes, mais il y en a d’autres qui vont raconter des mensonges, c’est-à-dire qui ne vont pas forcément prendre des traitements anti-androgène, c’est-à-dire ils peuvent avoir des oestrogènes mais pas d’anti-androgènes, ce qui leur permet encore d’avoir des érections et d’aller violer des femmes, partager les vestiaires de femmes, on parle aussi des prisons ; après, il n’y a plus de lieu sanctuarisé, où les femmes se retrouvent entre elles et discutent de leurs ressentis.

Enfin, je ne comprends pas, je ne comprends pas comment on en arrive là, aussi bien enfin dans les écoles, voilà les toilettes qui ne sont plus réservées aux femmes, tout ça c’est, je trouve que c’est très préjudiciable pour les femmes ; et d’ailleurs, c’est aussi des choses que j’ai argumentées à mon fils au-delà du changement vis-à-vis de lui, c’est toute cette idéologie, que chaque personne qui porte cette idéologie porte le reste avec, involontairement ou volontairement. 

Alors, vis-à-vis de ce que ça a donné au niveau familial, c’est terrible. Parce que moi, je n’ai pas vu mon fils depuis 3 ans, parce que, comme il dit, de toute façon pour lui, je suis la pire des mères… Alors que je m’entendais très bien avec mon fils. 

Puisque je n’ai pas accepté d’emblée. C’est d’emblée que j’aurais dû dire “ah oui, comme c’est merveilleux ! Enfin, tu as trouvé ta voie !” 

Et ça occasionne beaucoup de chagrin pour un tas de personnes : son père, moi, mais aussi son frère, sa sœur, mais aussi toutes les personnes qui nous sont proches, mon compagnon, la compagne de son père, les cousins, cousines, les oncles et tantes, sa grand-mère qui est encore vivante… Il a coupé les liens avec tout le monde, tout le monde !

Il y en a qui ont essayé de reprendre contact, mais il n’y a rien à faire, ils sont complètement mis (de côté ?), à partir du moment où on n’a pas dit “oui c’est merveilleux” et d’emblée, c’est fini. Son père a essayé aussi de dire “bon écoute, moi, j’accepte, ok je veux bien te genrer au féminin, t’appeler par le prénom”, notre fils est venu 24 heures chez son père, il a fait tout ça le père et finalement, il n’a plus contact non plus. 

Quand même, on sait qu’il a eu son diplôme d’ingénieur par son frère mais sinon, il n’a pas raconté qu’il avait fini les études, on ne sait même pas où il travaille ni où il habite, à Paris mais c’est vaste ! 

Alors moi j’ai décidé d’abord d’informer à l’époque l’Ordre des Médecins de Paris, donc celui de sa médecin, l’Ordre des Médecins de la région dont je dépends et, tout le monde a eu cette réponse “ah il est majeur, on ne peut rien faire”. 

Et puis, en rencontrant d’autres parents qui étaient concernés, j’ai aidé une maman aussi à déposer une plainte au niveau de l’Ordre des Médecins concernant sa fille ; parce que là, c’était contre le psychiatre qui avait délivré le certificat comme quoi la fille était transgenre. Or, sa fille avait des troubles psychologiques, psychiatriques, elle avait fait des tentatives de suicide, a été suivie depuis l’âge de 6 ans, donc je l’ai aidée à déposer une plainte au niveau de l’Ordre régional. Et par chance, la plainte avait été transmise à la Chambre Disciplinaire de l’Ordre régional ; parce que il y avait une avocate qui avait dit “oui, il y a quand même une possibilité, même si cette jeune fille est majeure, de porter plainte, donc il y a un médecin de la Chambre Disciplinaire qui a beaucoup aidé à la décision, c’est-à-dire que ce médecin, psychiatre, a été condamné à 3 mois d’interdiction d’exercice ferme, et 3 mois avec sursis. Et donc, on était très contents. 

Et moi, du coup j’ai engagé une vraie plainte, c’est-à-dire je porte plainte contre la médecin de mon fils pour mise en danger de la vie de mon fils à l’Ordre des Médecins de Paris, puisque cette médecin exerce à Paris. J’ai rencontré la médecin, je lui ai dit tout ce que j’ai dit avant sur la dangerosité, sur le fait qu’il n’a jamais été vu, que je ne retirerai pas ma plainte ; malheureusement, la mienne n’aboutira à rien parce que j’étais accompagnée d’une avocate mais elle était accompagnée d’un avocat protransidentité qui a trouvé la faille, c’est-à-dire que mon fils n’est ni sous tutelle ni sous curatelle, donc la plainte ne peut pas continuer. 

De nouveau, c’est extrêmement choquant de se retrouver face à une femme médecin qui dit “moi aussi j’ai des enfants”, je lui ai dit “et alors, vous voudriez qu’on fasse ça vos enfants ?” Evidemment, elle n’a rien répondu et la plainte s’arrête là. 

Et du coup, du côté de cet ami dont le psychiatre avait été condamné, alors malheureusement, le psychiatre a fait appel de la décision alors qu’il ne s’était même pas présenté aux audiences ; il faut savoir que la psychiatre de la jeune fille avait dit, la psychiatre habituelle avait dit “surtout il ne faut pas qu’elle transitionne, elle a des troubles psychiatriques qui doivent être pris en charge mais ce n’est pas ça le problème” ; et le psychiatre, la seule défense qu’il a c’est de dire “oui, la mère n’accepte pas que sa fille soit un fils et c’est scandaleux c’est moi qu’on attaque” alors que même l’Ordre des Médecins a dit “oui, ce n’est pas normal de ne pas avoir pris les considérations de la consoeur psychiatre, de demander un dossier médical, un avis au médecin traitant, et tout ça”. Il faut savoir que tout ça se passe avec des avocats et que c’est un coût très élevé. Ce sont des praticiens qui n’ont aucun remord de dire “je me suis trompé.e”

RDG – Ok, donc là on vient d’aborder la question des droits notamment, le droit d’avoir notre santé protégée, j’aimerais que, si tu veux bien, tu développes les raisons qui t’ont amenée à témoigner aujourd’hui, que tu développes aussi l’axe selon lequel “est-ce que tu te sens en sécurité ou pas pour parler librement ; est-ce que tu te sens en danger ou pas ?”

Françoise – Alors moi, je me sens pas libre de parler librement à plusieurs titres, c’est-à-dire que moi, je suis médecin libéral et donc, dans mon propre cabinet et je suis inquiète des fois de témoigner, et de ce qui peut se passer, d’être menacée parce que j’ai dit des choses contre, j’ai amené des arguments médicaux sur les traitements médicaux, enfin les risques des traitements hormonaux pardon ; ce qui m’amène à témoigner, c’est vraiment d’apporter cet éclairage là, de dire “mais comment on peut, en tant que médecin, prescrire alors que, enfin j’ai déjà “dit on n’a aucun recul, on n’a aucune preuve, on ne sait absolument pas combien de personnes sont concernées, qu’est-ce qu’ils ou elles deviennent”. Comment l’Ordre des Médecins peut laisser faire ça ? Dire “ah ben non, vous comprenez ils sont majeurs, on ne peut rien faire”. Et puis aussi, il y a eu déjà plusieurs émissions, ceux qui sont pro-transidentité dans les services disent “tout est sous contrôle, on sait très bien ce qu’on fait” ; Or, en fait il y en a plein, une fois qu’ils sont majeurs mais peut-être mineurs, qui ont des prescriptions en dehors de tout circuit et ils vont voir des généralistes ou des endocrinologues ou le Planning Familial 

RDG – Et qui te donne ensuite une ordonnance renouvelée, il y avait le témoignage d’Axelle, le témoignage 62, qui était vraiment très parlant pour ça,  un entretien avec le médecin, aucun antécédent médical, aucun antécédent psychiatrique, une ordonnance de testostérone. 

Françoise : Voilà et même moi j’ai eu contact avec un père qui dit que son fils a eu une téléconsultation, donc la prise de sang a été prescrite en téléconsultation. Donc même pas une mesure de tension, même pas une auscultation cardiaque, les antécédents on s’en fiche… Évidemment des jeunes ont toutes les chances de ne pas avoir de troubles métaboliques et hop la prescription derrière ! Alors que ce jeune homme, la mère de ce jeune homme, donc la femme de ce monsieur était décédée brutalement 2 ans auparavant et le jeune homme était déprimé mais il n’y a eu aucun questionnement sur ça.

Je suis extrêmement, mais vraiment extrêmement choquée que l’Ordre des Médecins tant qu’ils ne savaient rien, ben voilà, mais à partir du moment où les plaintes se multiplient et où il y a des parents qui disent dans des tas de régions “voilà ce qui se passe” et ils s’en débarrassent les mains en disant “ah bah ils sont majeurs, ils font ce qu’ils veulent”. Voilà, tant pis. C’est vraiment choquant, c’est vraiment choquant. 

RDG – Oui ils sont majeurs, ils font ce qu’ils veulent, on est vraiment dans une espèce de, comment dire, de relation ultra libérale à la santé. Genre : j’ai envie aujourd’hui, ben donc j’ai droit. Et comme si le médecin était une machine à prescrire et que finalement pour gagner des clients et non pas des patients, bah il faut prescrire. Effectivement il y a, on sait, il y a quand même des listes qui circulent de médecins qui sont trans affirmatifs et qui se sont fait des patientèles énormes justement grâce à ça.

Françoise :  Et bien celle de mon fils à Paris. Enfin bon après sur les médecins dans la majorité des régions, les médecins, en tout cas, généralistes endocrinologues, n’ont pas besoin de ça pour se faire des clientèles, mais je ne sais pas, je ne les comprends pas. C’est dire “ah bah oui”… Enfin c’est comme s’ils ne pensaient pas d’un côté il y a la médecine du reste c’est-à-dire “ah bah non on ne va pas prescrire ces traitement parce que c’est dangereux, parce qu’ils ont des contre-indications” et la médecine du genre “bah ok il demande, je prescris.” Voilà, bilan de base, il n’y a pas de problème, allez hop ! Et vous vous posez la question de la suite ? Non.

RDG –  Tu as raison de le préciser en fait, la plupart des médecins ne sont pas complices de ça on est bien d’accord, c’est une minorité hein évidemment. Mais une minorité qui n’a pas besoin de compétences particulières pour rédiger des ordonnances puisque apparemment, les études de médecine semblent ne pas très, comment dire, les compétences du médecin qui sont notamment d’établir un bilan médical ne sont pas tellement utilisées par ces médecins-là. D’autant que la consultation en visio, bon on peut en discuter mais ça ne semble pas d’une d’une fiabilité absolue quand même, on peut à peu près raconter ce qu’on veut. J’ai aussi d’ailleurs, je sais que sur les sites transactivistes, il y a en quelque sorte les scripts des entretiens qu’on doit avoir avec les médecins, c’est-à-dire on va te poser telle question, tu dois amener telle réponse, il faut que le médecin entende tel et tel mot clé et hop c’est bon pour ton ALD. Donc en fait les médecins…  Faire 10 ans d’études pour ça… Voilà. Heureusement les médecins ne font pas tous ça bien sûr, mais il en suffit d’un tout petit nombre pour arriver à développer ce scandale, à le rendre possible et c’est vrai que le Conseil de l’Ordre et la justice devraient vraiment s’intéresser à ça et je pense que la justice s’y intéressera plus tard, ça viendra. Et ces listes de médecins, elles serviront à la justice. Je pense qu’il faut quand même qu’ à un moment donné les complices sachent que ben on ne va pas les lâcher quand même, on ne va pas les lâcher.

Françoise –  J’espère bien ! Il faut savoir aussi qu’au niveau de la Caisse Nationale et donc Caisse Primaire d’Assurance Maladie, une personne qui vient voir un médecin et qui dit “je suis transgenre, je voudrais faire une transition, vous êtes mon médecin traitant, est-ce que vous pouvez demander une ALD transgenre ?” Bah la ALD, elle est donnée en 24 heures. Il n’y a rien qui est étudié.

Et pourquoi ? Pourquoi alors qu’ il y a des gens qui ont des pathologies qui demandent beaucoup de soins, je pense à des gens âgés qui ont des plaies variqueuses, j’ai le cas qui demandent beaucoup de soins, des soins coûteux alors ce n’est pas une ALD, c’est-à-dire ce n’est pas pris à charge à 100 %. ALD, affection longue durée, donc tout est pris en charge à 100 %. Et là, dans le cadre de la transidentité, un jour il y a quelqu’un qui a demandé que ça soit pris en charge à 100 % et c’est passé comme ça ! Alors qu’il y a des tas d’autres cas où il devrait y avoir des prises à charge à 100 % et que ça n’y est pas ! Tout le monde connaît les cas des problèmes dentaires, des problèmes auditifs et que là bah non on ne paye pas mais on paye des traitement non mis à l’épreuve dont on ne sait pas ce que ça fait. La chirurgie aussi est prise en charge partiellement…

RDG –  La reconstruction mammaire des femmes qui sont survivantes d’un cancer du sein n’est pas forcément prise en charge. Alors que le bonnet C de ces messieurs oui.

Françoise –  Il y a par exemple aussi  des femmes qui ont des phénomènes physiologiques :

avoir des enfants, allaiter, qui peuvent avoir des ptoses mammaires, donc les seins qui sont descendus, ce n’est pas pris en charge du tout. Et dans le cadre de la transidentité, à la fois les mammectomies et les reconstructions mammaires et enfin les constructions mammaires, les prothèses etc… Tout est pris en charge et c’est exactement la même cotation. Du coup c’est très difficile pour la Sécurité Sociale de savoir par exemple dans le cas d’une reconstruction mammaire chez une femme qui a eu des enfants, c’est la même cotation que chez des messieurs qui transitionnent et à moins de faire un croisement avec l’ALD, on ne peut pas savoir qui a été opéré. Mais les uns sont pris en charge, les autres non.

RDG –  C’est vraiment scandaleux ! En fait j’ai la réponse maintenant à “qu’est-ce que c’est qu’une femme ?” puisque apparemment personne ne sait. La femme c’est celle qui systématiquement sera maltraitée par nos institutions et qui ne sera pas remboursée pour des soins légitimes. 

Françoise – Voilà, c’est ça. 

RDG – Et qu’est-ce qu’un homme ? Ben c’est celui qui arrive à se faire payer n’importe quoi et tout le monde va applaudir. Mon Dieu, qu’il est courageux ! Oh comme il est brave ! Oh là là je l’admire ! Ouvrons-lui la porte grande de nos vestiaires et de nos toilettes !

Françoise – Voilà, voilà, c’est ça.

RDG – On va passer à la question suivante si tu veux bien. Donc est-ce que tu as une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant le mouvement transidentitaire ?

Françoise – Alors oui il se trouve qu’ étant médecin j’assiste à des formations médicales continues et donc dans ma ville il y avait un chirurgien plasticien au demeurant, connu comme excellent chirurgien plasticien, donc qui fait évidemment chirurgie plastique faciale, chirurgie des seins, enfin tout ce qu’on veut etc… Et qui vient présenter en direction des généralistes les suivis des interventions de chirurgie esthétique et quelle conduite à tenir en cas de complications. Donc il fait son exposé et après moi je voulais savoir ce qu’il faisait vis-à-vis de la transidentité. Alors mes confrères et consœurs ne connaissent pas mon cas parce que je n’en parle pas, je ne veux pas être étiquetée comme ça, je ne veux pas avoir des problèmes etc… Donc je pose la question au chirurgien “est-ce que tu as des demandes de mammectomie ?” Alors je lui dis “oui je sais qu’il faut dire torsoplastie pour les transgenres”. Alors il dit oui et je lui dis “est-ce que tu opères des majeurs ou des mineurs ?” Alors il me dit “non je ne prends que des majeurs”. Mais je ne suis pas tout à fait sûre de la réponse. Je lui dis “mais est-ce que tu demandes un certificat d’un psychiatre ?” Et il me dit que ce n’est plus obligatoire. Alors je lui dis “ben oui ça je le sais, mais du coup tu ne m’as pas répondu, qu’est-ce que tu fais ?” et il me dit “bah je vois bien s’ils sont transgenres”. Alors je lui ai dit “tu veux dire que tu es donc très bon chirurgien plasticien, ça on est tous d’accord, mais tu es aussi psychiatre pour savoir si la personne en une consultation va te dire je suis transgenre et faites-moi une chirurgie de réassignation et donc tu sais si la personne est transgenre ?” Et il me répond “ben oui”.

Et là alors je tiens à défendre grand nombre de confrères et de consœurs parce qu’ il se trouve que sur le groupe de médecins de la ville, tout le monde a dit “mais quoi ! quoi ? quoi ?” Et je lui dis “et donc c’est pris en charge par la Sécurité Sociale ?” Et il dit “ben oui, oui”

Et donc les généralistes étaient mais complètement abasourdis en disant “quoi ! Mais comment ? Mais il n’y a pas d’entretien ? Mais tu fais ça comme ça ? Mais c’est pris en charge ? Mais pourquoi ?” Et donc ils ne savaient rien. Mais le chirurgien se targuait d’être, comme je dis, excellent chirurgien plasticien c’est une certitude, mais il savait en un entretien avec la personne, que la personne était transgenre et donc qu’ il pouvait opérer et mettre tout ça sur le compte de la Sécu. Et c’est affreux.

RDG – Oui c’est édifiant et en même temps c’est aussi rassurant de voir que quand on en parle, la plupart des gens ont quand même encore du bon sens. Encore faut-il qu’on puisse aborder la question. Mais quand même, je pense qu’il y a des personnes qui ont une telle suffisance qu’ils sont dangereux tout simplement. “Moi je sais!”

Bah écoute,  moi je sais que je ne sais pas. C’est déjà beaucoup. 

Françoise – J’ai une autre anecdote du même acabit :  un gynécologue parisien qui a témoigné sur un des plateaux télé qui disait “de toutes façons, il n’y a pas d’intervention chirurgicale en dehors d’un protocole”, donc il parlait en particulier des jeunes filles qui subissaient des mammectomies. Or moi j’avais une preuve que si et j’ai contacté ce gynécologue par courrier en lui disant de me rappeler, que je voulais discuter avec et il m’a rappelé, je n’étais pas sûre qu’il le fasse et je lui ai dit “voilà ce que vous racontez sur un plateau télévision c’est faux, vous savez très bien que je vous ai envoyé la preuve qu’ il y a des interventions en dehors de tout protocole et de toute procédure”. Il me dit “non ce n’est pas vrai”. Je lui dis “regardez le courrier que je vous ai envoyé, si vous m’appelez c’est que vous l’avez lu quand même !” Et il me dit “ah oui, cet autre chirurgien plasticien ou gynécologue, je sais plus, sur Paris, ah oui ! ah oui ! Lui il fait des interventions en dehors de tout protocole, je le sais”. Et je lui ai dit “alors pourquoi sur un plateau télévisé vous soutenez que toutes les interventions sont faites dans le cadre d’un protocole et d’un processus et qu’il y a un temps de réflexion et là sur cet autre chirurgien plasticien c’est pareil, une consultation et hop il opère ?” Et là il me dit “je n’ai plus le temps, au revoir”.

RDG –  Voilà il a coupé court, son temps étant précieux. Je me souviens aussi d’une fois une émission où il y avait un  gynécologue je crois, qu’il disait qu’il créait des vagins parfaitement fonctionnels sur des hommes. Alors moi je ne sais pas, mais pour moi un vagin ce n’est pas un trou, ce n’est pas une cavité en peau de rectum ou en peau de poisson pas du tout, c’est autre chose, c’est quelque chose notamment qui conduit à un utérus et je vous invite vraiment à regarder le film “Mauvais Genre, un scandale sanitaire” qui vient de sortir, de Sophie Robert, qui justement détaille les différentes opérations. Attention il y a des images difficiles, mais quand même justement sur cette question des vagins parfaitement opérationnels, je pense qu’il faut quand même arrêter un peu là, arrêter avec les mensonges qu’ il y a quand même…  Bref, allez voir le film de Sophie Robert !

Françoise –  C’est sûr de toute façon, le premier mensonge c’est… Imaginons enfin tout le monde a entendu parler de ça, quelqu’un qui accidentellement en bricolant se coupe un doigt, voire la main, la réintervention après pour reconnecter les nerfs etc… Moi j’ai fait aide-opératoire étant étudiante sur de la microchirurgie de la main, c’est une intervention sous microscope etc pour reconnecter les nerfs, pour récupérer la sensibilité et là on va faire de la boucherie on va récupérer la sensibilité. Alors dans le cas des torsoplasties- mammectomies, en fait elles perdent la sensibilité du thorax, il n’y a plus de sensibilité du tout. Bah oui on est allé découper les nerfs, ils ne sont pas reconnectés en microchirurgie, alors les vagins fonctionnels… Et bien quand on a tout découpé là-dedans et coupé les nerfs et pas reconstitué, remis bout à bout les nerfs, non ce n’est pas possible quoi.

RDG –  Ouais il y a sur le plan sexuel mais même sur la “pénétrabilité” non plus en fait, c’est des heures de dilatation, c’est l’horreur ! Tout ça pour avoir… Enfin bref sachez, spoiler, mais pour la définition de femme ce n’est pas ne pas avoir de pénis. Ce n’est pas ça une femme. Tu te coupes le pénis, tu ne deviens pas une femme.

Alors on va passer à la dernière question du coup Françoise. Merci en tout cas de tout ce que tu as dit et maintenant, est-ce que tu as quelque chose à ajouter ?

Françoise –  (pleurs) Alors là ça va être émotionnel parce que cette histoire est un drame, moi ça m’atteint beaucoup. On est 4 ans après j’ai pas de nouvelle de mon fils qui est devenu fille, qui est devenue Madame à l’état civil, il n’a aucun contact avec la famille, ni avec son père, ça perturbe tout le monde en intrafamilial. J’ai une sœur et un frère qui ne sont pas dans la même région que moi mais des fois on se voit pour des fêtes familiales, personne ne parle de mon fils, personne n’ose demander. J’ai des amis aussi, il y a 15 jours on est allé manger au resto et des amis me demandent et ils disent “on le voit bien sur le visage”, ils disent “on est beaucoup touché pour toi” et voilà et on se dit que peut-être je ne reverrai jamais mon fils puisque de toutes façons il recule toujours pas. La plainte vis-à-vis de sa médecin c’était en janvier, il se trouve que la médecin lui a dit que j’avais porté plainte donc là il m’a appelé juste pour me demander de retirer la plainte. 

De se dire bah voilà, c’est quelque chose à laquelle on pense le matin, le midi, le soir, la nuit et que évidemment des tas de moments on garde pour soi parce que voilà, j’ai un conjoint, je ne veux pas l’attrister sans cesse vis-à-vis de tout ça et même si on voit des psychologues c’est vraiment un fléau à porter voilà.

RDG – Je suis un peu sans mot hein… Ça ne te dérange pas que je garde ce que tu viens de dire ?

Françoise –  Ah non non, au contraire !

RDG –  D’accord.

Françoise –  Parce que moi pendant un an j’ai essayé effectivement de contacter des psychologues, de dire mais qu’est-ce que je peux faire ? Qu’est-ce que je peux faire ? Enfin il y a tout : qu’est-ce qu’on a fait ? Qu’est-ce qu’on n’a pas fait ? Qu’est-ce qu’on a raté ? Est-ce que c’est parce qu’on a divorcé ? Enfin etc… Moi je pense que mon fils a des troubles du spectre de l’autisme, j’ai pensé après ça mais voilà c’était mineur donc on n’a pas cherché et je disais “mais ce n’est pas possible ! Vous n’en connaissez pas d’autres ?” Et à ce moment-là en 2020 c’était non, non, non, jusqu’à ce que je tombe sur Ypomoni mais c’est aussi une psychologue qui me l’a dit et que ça a été une délivrance de me dire que je ne suis pas toute seule, il y en a d’autres qui sont concernés, ils vivent la même chose.

Après la seule chose décevante que j’ai, c’est que moi je pense que tous les parents qui sont concernés et qui sont contre devraient tous porter plainte à l’Ordre des Médecins même sans avocats. Je leur avais expliqué : il suffit d’écrire “je porte plainte pour mise en danger de la vie de mon fils / ma fille et quelques articles et que s’il y avait des plaintes massives, peut-être on y arriverait mieux et mais ça il n’y en a presque pas qui le font en fait.

RDG –  S’il y avait beaucoup, beaucoup de plaintes, ils ne pourraient plus nous ignorer quoi.

Françoise –  Voilà c’est ça, ils ne pourraient plus se retrancher dans “ils sont majeurs ou ils ne sont pas sous tutelle”…

RDG –  Ouais c’est tellement facile alors qu’on sait parfaitement qu’à 18 ans… On a tous fait des conneries à 18 ans je veux dire ! (rires) Donc on sait très bien qu’à 18 ans, 19 ans, 20 ans, on fait des bêtises évidemment.

Françoise – Dans le cas de mon fils, moi j’ai rencontré mon compagnon, mon fils avait déjà 16 ans. Oui parce que je lui ai dit “écoute il faut que je te parle de mon fils qui est homosexuel, si c’est un problème il faut arrêter là”. Il a dit non, il se trouve que lui-même a son neveu qui est homosexuel et qui s’est marié avec son compagnon là il y a quelques mois. Mais qu’après je lui ai dit “est-ce qu’enfin de ce que tu as vu toi, est-ce qu’il y a des choses qu’on n’a pas vu et qu’on a raté ?”  Il dit “non, non, non” Enfin tout le monde est d’accord pour l’emprise quoi…

RDG – Ça s’est passé juste après le confinement quand même, il  y a vraiment eu un effet de masse au niveau du confinement. Je pense qu’il y a vraiment eu de la radicalisation en ligne pendant le confinement.

Françoise – Bien sûr !

Voilà merci d’avoir écouté notre parole, n’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible. S’il vous plaît signez la Déclaration des Droits des Femmes basés sur le sexe womensdeclaration.com

Rejoignez-nous, n’ayez plus peur. Ensemble nous ferons changer les choses.

Si vous souhaitez témoigner, contactez-nous et à bientôt pour un nouveau témoignage de Rebelles du Genre

Rebelles du genre – Épisode 92 – Salma

Rebelles du Genre – Alors aujourd’hui, on a un épisode un peu particulier, puisque je reçois à nouveau Salma, qui avait témoigné à l’été 2022 dans l’épisode que vous pouvez écouter, qui était l’épisode 38, parce que Salma m’a recontactée. 

Je pense qu’il y a beaucoup de femmes qui témoignent, qui réfléchissent longtemps à ce qu’elles auraient pu dire, ce qu’elles ont oublié de dire, ou à l’évolution de leur pensée critique du genre, et j’ai trouvé très intéressants les angles que Salma nous proposait de développer aujourd’hui. Donc je vais te laisser parler, Salma. À toi.

Salma – Alors, merci encore une fois de me laisser réenregistrer un épisode, pour compléter un petit peu ma pensée. Moi, à mon avis, ça fait 2 ans et demi que j’ai eu mon peak trans, que je suis rebelle du genre, et mon avis continue d’évoluer. Mais encore, juste approfondir mes pensées, en fait.

Il y avait une chose, je ne sais pas si j’en avais forcément parlé dans mon premier épisode, mais ça me paraissait tellement flagrant que je me suis dit pourquoi ne pas tenter et en reparler ?

Moi, j’ai 22 ans : je suis assez jeune. J’ai grandi dans un univers, en tant qu’adolescente, assez particulier, assez précis : j’ai, pendant des années, été sur Twitter, comme beaucoup de jeunes, et j’ai été sur un Twitter plus particulier qui est appelé aujourd’hui le Stan twitter. Stan, donc c’est une référence à une musique d’Eminem, enfin c’est un mot qui mélange “fan” et “stalking”, et c’est tout simplement la culture d’être fan. Les fandoms, être fan en général. La majorité, c’est de boys band, donc moi, à mon époque c’était les One Direction, aujourd’hui c’est majoritairement des groupes de K-Pop, donc ça c’est encore un autre univers, mais voilà. Moi, j’ai grandi dans cette culture. Alors, ce n’était pas juste, forcément, écouter son artiste préféré, aller aux concerts, partager les photos. Il y avait aussi ce qu’on appelle les fan fictions, donc c’est un phénomène qui existe depuis les années 70. Il me semble que les premières fanfictions ont été créées sur l’univers de Star Trek. 

Enfin bon, ça existe depuis des années, et c’est un monde dont les auteurs, c’est principalement des autrices, c’est principalement des femmes qui écrivent sur leurs personnages préférés. Et on retrouve dans ce monde une majorité, quand même, de fictions qui sont écrites sur des mecs. Et moi, dans la fan base dans laquelle j’ai grandi, en général c’est deux chanteurs du même groupe, ce genre de chose. Et il faut savoir que dans le monde de la fan culture, il y a énormément de “chip” tout le monde “chip” tel membre avec tel autre membre, et tout le monde pense que tout le monde est secrètement homosexuel caché, et cetera. Donc ça laisse le temps de penser, de réfléchir, de faire des théories, ce genre de choses. Et il y a énormément de fictions qui sont écrites sur ces personnages-là : on développe tout un univers. 

Et ce que j’ai remarqué, mais déjà il y a 10 ans, c’est qu’il y avait une fétichisation des hommes gays, voilà. Il faut savoir que la plupart des nanas qui écrivent ces fictions, c’est des jeunes filles, des jeunes ados qui, en général, n’ont aucune idée de ce que c’est que d’être un homme gay, hein! Mais malgré tout, qui écrivent des personnages – alors c’est pas juste une simple romance, où quelqu’un rencontre son amoureux dans un café et patati, patata, c’est mignon… – non, en général ça va plus loin. En général, il y a des scènes, des scènes… Des scènes de sexe qui sont écrites, quoi. Je vais le dire explicitement. Et des fois, ça part dans des délires, ça va hyper loin. Il y a des choses qui sont ajoutées, des fantasmes bizarres, des trucs surnaturels, fantasy, des mélanges de loups-garous / vampires, enfin bon… Chacun lit ce qu’il veut, mais il faut être accroché. Et en fait, moi j’ai baigné dans cet univers pendant super longtemps. Et il y avait plein de choses que déjà je trouvais bizarres à l’époque, mais je n’arrivais pas forcément à mettre les mots dessus, tu vois. 

Et l’année dernière, j’ai travaillé dans un café, et j’ai rencontré un collègue (je vais dire “un” parce que je ne suis pas là pour que la personne se suicide, moi je respecte les pronoms des gens…) c’est une personne qui avait transitionné de femme à homme. 

Et bon, on s’entendait très bien. C’était un collègue très sympa.  

RDG – Je voulais juste dire, en fait mégenrer quelqu’un, ça ne l’amène pas au suicide vraiment, ou alors il faut vite vite vite demander une hospitalisation d’urgence.

Salma – Oui, exactement, on veut nous faire croire ça, que voilà c’est pour le bonheur des gens qu’on utilise les pronoms, patati… Bon, ça c’est encore un autre sujet, j’en parlerai peut-être à la fin de l’épisode. Mais donc, en tout cas, je rencontre cette personne, on travaille ensemble, on discute, on se rend compte qu’on a fait partie en fait de la même fan base, et dès le premier jour qu’on se voit, on parle de lectures, et il me dit qu’il lit que des livres avec des histoires gay, et en fait, moi j’avais tout deviné, que c’était une personne trans identifiée. Parce que ça se voit physiquement, 

Et en fait ça tilte dans ma tête à ce moment-là. Et depuis ce jour-là, je n’arrêtais pas d’y repenser, et de me dire “mais comment j’avais pu omettre cet aspect?”  Et j’y avais déjà pensé, mais du coup, rencontrer des gens comme ça puis après, on s’est rendu compte que, voilà, on lisait à peu près les mêmes choses, enfin qu’on baignait dans le même univers, et ça m’a rappelé aussi, que pendant le confinement, j’étais retournée un peu sur Twitter, et je voyais – mais là c’était une autre chose, c’était avec les fans bases de boys band, de Khop – et c’est là où je dis que là, il y a encore une autre fétichisation, ce n’est pas juste raciste, il y a aussi beaucoup de, je ne sais pas comment on dit, mais on va dire, des, d’éventuels homosexuels, ou de choses comme ça, et dans ces fanbases-là, c’est encore plus intense, sachant que dans le monde de la Kpop, les hommes sont un peu plus “féminisés” : ils portent du make-up, ils sont moins, entre guillemets, “virils”, donc ça plaît énormément aux jeunes femmes ou aux jeunes, entre guillemets, “queers”, 

RDG – Donc si je résume bien, donc tu rencontres une jeune femme qui se transidentifie homme, évidemment tu le vois tout de suite, c’est assez flag, que c’est une femme, et qui fantasme sur des relations gays, et tu fais le lien avec toute cette culture.

Salma – Exactement.

Et en fait, j’ai vu pendant le confinement énormément de gens transitionner, changer leurs pronoms, patati patata, et de me dire : “ah ouais, mais c’est quand même des gens qui baignent dans ce monde-là au quotidien et qui en fait, à un moment donné je pense, arrivent à se convaincre que c’est mieux d’être un mec gay, quoi. 

Et je ne sais pas, peut-être parce que c’est ce que je te disais, je pense qu’il y a cette peur de l’hétérosexualité, ou alors de penser qu’être hétéro, c’est un truc de loser et donc, du coup, il faut absolument sortir de ces cases-là, et s’identifier tout et n’importe quoi. 

Ça, c’est un peu un truc de vouloir cosplayer les minorités et de s’inventer des combats à tout prix. 

Bon moi, je le dis cash, c’est un peu un problème d’occidental, je pense vraiment que si je parle de ce phénomène-là, qui arrive en Occident, avec ces histoires d’identité de genre, si j’en parle à mes cousines qui sont en Syrie, elles vont me dire : “Mais qu’est-ce que tu racontes? Qu’est-ce que c’est que ça?” 

Moi, je suis convaincue que c’est vraiment s’inventer des problèmes, en fait, comme si la société n’était pas assez compliquée. Allez! Rajoutons-on en un. Rajoutons des problèmes, rajoutons des conflits, parce que nous, on est là à perdre du temps pour des histoires de pronoms, ou des histoires d’identification…

Bref c’est dommage, mais bon, c’est quand même très important d’avoir des podcasts comme ça, et de juste en parler. 

Tu vois, on en parle, on en parle, et puis il y a un jour où les gens vont retrouver la raison.

Et en plus pour revenir à cette personne transidentifiée avec qui j’ai travaillé j’avais entendu deux autres collègues de la même entreprise quand elles ont découvert que c’était une personne transidentifiée, essayer de chercher des photos d’elle avant, et se moquer d’elle. Je les ai entendues, à côté de moi, et je me suis dit en fait, ça c’est de la c’est de la haine pure, c’est de la moquerie pure, que d’aller essayer d’embêter cette personne. Moi, je n’ai jamais rien fait, et je me suis dit par contre, que c’est moi qui serai taxéede grandes méchantes parce que ben je pense ce que je pense alors que pour le coup il y a vraiment des gens avec des mauvaises intentions qui sont là pour se moquer, pour trouver des photos, pour mégenrer, pour vraiment mettre mal la personne… Enfin, pas que mégenrer, c’est un crime, mais tu vois ce que je veux dire… 

Et je me suis dit à côté d’elles, j’étais waouh, je ne suis vraiment pas un problème en fait. 

RDG – On est d’accord : on passe notre temps à se défendre, enfin moi je ne me défends même plus des accusations de transphobie, alors que, en fait, c’est juste de l’esprit critique. Effectivement, par contre, pendant ce temps-là, on ne s’intéresse pas forcément aux vrais problèmes : la méchanceté, tout simplement…

Salma –  Oui c’est ça, de nous mettre à la même échelle que des gens qui sont vraiment méchants, qui cherchent à se moquer du physique de quelqu’un, qui… je me dis bon, c’est vraiment faire preuve de mauvaise foi, quoi. Parce que, et c’est pour ça que moi, je reste la plus neutre possible dans l’utilisation de pronoms, de trucs comme ça, parce qu’à la fois tu ne vas pas m’imposer d’utiliser des pronoms, voilà, et puis à la fois pour les personnes qui ont transitionné complètement, sexuellement. Je vois pas pourquoi, déjà, le mot transsexuel c’est pas un gros mot : ça reste la réalité… C’est des personnes qui essayent de changer leurs caractéristiques sexuelles secondaires pour paraître du sexe opposé, je ne vois pas en quoi c’est mal de dire transsexuel. Mais par contre, oui, il faut remplir les conditions. Moi je ne vais pas donner n’importe quel pronom à n’importe qui, sous couvert de “mais si, mais moi c’est ce que je veux”, et sous couvert, tu vois, d’auto identification. 

On nous impose des mots, c’est comme si on nous enlevait, en fait, des mots. 

Et moi, j’ai un problème avec ça.

C’est comme le pronom “iel” :  il est hors de question que j’utilise ce pronom, c’est une insulte à l’intellect humain, et j’ai rencontré des personnes non-binaires, et je préfère parler de façon la plus neutre possible, histoire de pas entrer, tu vois, dans des grandes disputes, parce qu’il y a des gens qui prennent ça à cœur, mais c’est pas de ma faute si tu n’es pas capable de prendre du recul et d’avoir un esprit critique.

Enfin je trouve que dans le transactivisme il y a vraiment beaucoup de victimisation, de “vas-y on ne veut pas discuter parce que tu portes atteinte à à mon existence en tant qu’être humain”. Ben non en fait c’est pas ça du tout moi j’ai jamais rencontré aucune critique de ce mouvement, enfin en tout cas en tant que féministe, qui était méchante ou qui était qui portait atteinte à quelconque être humain. Je ne parle pas des groupes d’extrême droite qui veulent mettre fin à tout, mais pas pour les mêmes raisons, en fait. Ils ne seraient même pas d’accord avec nous, ces gens-là. Donc voilà : je tenais à rappeler que les mots ont un impact, que leur utilisation ou la non utilisation de mots ou de termes, c’est aussi très important, et ça fait partie du combat au quotidien.

En réalité, moi je me rends compte, quand je parle avec des gens au quotidien, que tout le monde, en fait, exclut les trans de son discours.

Parce que, et tu vois, j’ai envie de dire, je suis presque limite plus inclusive que vous en faisant attention à ce que je dis, parce que je sais de quoi je parle, alors que la plupart des gens, les gens normaux, ils en ont rien à faire. Et même les gens qui se disent être activistes pour les trans, plupart du temps ils sont tout le temps en train de mégenrer. 

Il y a vraiment cette dissonance cognitive et en fait, ce ne sont pas nous les méchantes. 

RDG – C’est surtout qu’en fait, on fait la différence entre l’idéologie, qui est complètement mortifère et grave, et puis les personnes contre lesquelles on n’a vraiment ni haine ni rien du tout.

Salma – Mais oui. 

RDG – À condition qu’elles ne s’en prennent pas aux enfants et aux femmes, évidemment. Les idées et les personnes, ce sont toujours des choses différentes. Je me souviens que, dans ton premier témoignage, tu avais aussi parlé de la religion. Et donc c’est pareil, tu peux être anti religion et pas contre les personnes qui en ont une. Je crois qu’il faut aussi savoir faire la part des choses.

Mais effectivement, l’assimilation à l’extrême droite, c’est quelque chose de très courant, et effectivement c’est quelque chose qui est utilisé pour nous faire taire, en fait. C’est une très, très grande violence, d’attaquer notamment les féministes critiques du genre, qui luttent pour les droits des femmes en leur disant : “Vous êtes d’extrême droite, vous êtes des racistes, vous êtes des bigotes, et cetera…

Salma – Des fascistes…

RDG – En fait, on les met… Oui, des fascistes, bien sûr! 

En fait, moi je j’aurais tendance à dire : “écoute, si tu es féministe et qu’on ne t’a jamais traité de fasciste, de bigote, d’extrême droite, ou de raciste, c’est que tu as raté ta vie de féministe.”

Salma –  J’aime beaucoup  cette phrase.  C’est vrai

RDG – Voilà. Est-ce que tu veux ajouter d’autres choses?

Salma – J’avais parlé, mais je pense que j’en ai déjà parlé beaucoup dans mon premier podcast de la mise en danger des enfants. J’arrive 2 ans plus tard, je suis toujours opposée à la transition chez les enfants, et en réalité il y a beaucoup de personnes adultes qui ont transitionné, qui sont aussi opposées, en fait, à la transition chez les enfants, chez les jeunes. Ça, par contre, on ne leur donne pas la parole, dans le mouvement transactiviste. Les détransitionneurs et les adultes transsexuels qui sont contre plein de choses, on ne leur donne pas la parole. 

Donc à un moment donné, si dans ta propre communauté, que tu es censée défendre, tu réduis au silence une partie des gens, moi je ne vois pas pourquoi je devrais prendre au sérieux le transactivisme.

Donc voilà : je continue de penser que c’est un crime de vouloir faire transitionner les enfants.

Il y a plein de choses que je voulais dire mais vraiment, n’ayez pas peur des mots que vous utilisez. C’est par les mots, c’est par le langage qu’on manipule des foules, en fait. 

Et c’est par la peur aussi. 

Je sais qu’il y a beaucoup de gens qui ont peur d’être taxés de méchants, et en fait c’est exactement comme ça qu’ils arrivent à nous faire garder le silence : en nous faisant croire qu’on a toutes les phobies possibles. On nous fait croire que les gens meurent parce qu’ils sont trans, et cetera, alors que dans la réalité, quand on regarde les statistiques, c’est que la plupart des personnes trans qui meurent, c’est parce qu’elles sont dans des situations de prostitution. 

On nous fait croire que, d’ailleurs, la prostitution, le porno, c’est un truc super bien, ou alors que c’est libérateur, et tout. Mais ça encore, ça rentre dans le discours néolibéral, et pour moi ça n’a aucun sens. 

Parce qu’il y a beaucoup de gens qui disent être anticapitalistes dans ce mouvement, mais ça ça n’a aucun sens de supporter la prostitution, la pornographie, tout en disant oui mais “Vive Karl Marx, et vivement la fin du capitalisme.”

RDG – Oui, on a l’exemple du NPA, qui n’en est pas à une dissonance cognitive près. Le NPA qui parle de la prostitution comme d’un travail, et qui se prétend anticapitaliste.

C’est : “Je suis le chef d’entreprise, de ma petite entreprise : mon corps !” Haha

C’est tellement grotesque, vraiment. 

C’est à la fois grotesque et triste, parce que ces gens-là détournent de la gauche des personnes qui pourraient être sincères, alors qu’ils ont, en fait, un discours purement ultra libéral.

Salma – Oui, exactement. Et puis je crois que, je regardais une vidéo d’Antastésia l’autre jour, où, c’est vrai qu’elle disait : “ce mouvement n’a rien à faire à gauche”. Mais pendant un moment, j’ai même douté : “est-ce que moi, j’ai ma place à gauche, étant donné que je ne suis pas d’accord avec cette idéologie?” Et puis en fait oui, c’est eux qui n’ont rien à faire à gauche, sur le spectre politique à gauche. Mais bon, de toute façon aujourd’hui, tout est mélangé, tout est tellement compliqué. Il faut vraiment savoir prendre du recul, réfléchir, se poser, regarder des témoignages et vraiment à chaque fois que je tombe sur une personne transidentifiée, c’est toujours une question de physique. C’est toujours une question de se maquiller, de se coiffer, pour être perçu et traité comme le sexe opposé. 

Et à la fin de la journée, c’est vraiment ça. 

Donc pourquoi est-ce que moi, je vais venir et je vais dire : “ah bah tu aimes te maquiller, bon tu es une vraie femme.” 

Alors enfin, ça n’a pas de sens.

Je ne peux pas venir et dire : “non, les femmes n’ont pas à se maquiller si elles ne veulent pas, n’ont pas porter tel vêtement, et pour autant c’est quand même des femmes”, pour aller affirmer qu’un mec qui veut se maquiller c’est une femme ou une personne non binaire, ou une personne agenre, ou une personne… je ne sais pas quoi.  

RDG – Oui alors hier il y a eu le clown Dylan Mulvaney qui a sorti un clip vidéo, une chanson sur son… c’est…  enfin je ne sais même pas comment on pourrait le traduire, mais bon, sur ce qu’il considère être la féminité. 

Et pour lui, la féminité c’est ça : c’est traîner au lit, c’est n’importe quoi. 

Je vous invite à aller voir ce clip, mais c’est d’une, c’est d’un grotesque, c’est tellement insultant, franchement. Je mettrai les références de ce clip, mais si vous avez envie de, je dirais de rire, si vous acceptez de rire de quelque chose de vraiment grotesque, mais il faut voir ça, vraiment.

Par contre, si vous avez tendance à vous vexer, il ne faut pas, si vous êtes des femmes, parce que c’est vraiment affreux.

Salma – c’est absurde, et c’est presque ironique, en fait. On a l’impression que c’est une parodie, mais en fait non. C’est des gens qui pensent vraiment ce qu’ils disent. 

RDG – Mais en fait, ce gars c’est un acteur raté, au départ. Il a commencé à faire ça, genre pour se rendre intéressant, et puis il s’est pris au sérieux. Mais c’est juste ça.

Mais effectivement, c’est un acteur raté, et ça se voit.

Salma – Qu’est-ce que je voulais dire aussi? Ah oui la dernière fois… Enfin il y a quelques temps, j’ai une amie qui, elle m’a traumatisée à vie, elle m’avait envoyé des photos d’espèces de de greffe de pénis, enfin c’est pas vraiment… Enfin tu vois, des greffes de faux pénis. Et j’ai vu des choses qui font des tailles de canettes, tu vois? Et et de me dire waouh, même le chirurgien ne s’est pas dit “Pour cette personne, oui cette personne demande, me demande une chose d’une taille inhumaine, et je vais lui faire. En fait, il n’y a même pas ce truc de “Bon, je suis un bon médecin, je vais lui dire non, peut-être pas, c’est peut-être pas une taille idéale. Non. Vraiment pour rappeler que, ce n’est pas parce qu’on est dans le monde de la médecine que tout le monde est bienveillant. Il y a aussi des médecins qui sont là pour faire leurs sous.

RDG – C’est délirant. D’ailleurs, il y a quand même aussi beaucoup d’autogynéphiles dans ces métiers. Alors, par rapport à ça je vous invite à être un tout petit peu patientes. Peut-être même que, d’ailleurs, ton témoignage va sortir en même temps, mais le deuxième opus de “Mauvais genre” de Sophie Robert sort normalement le 22 mars, et justement, il est consacré à la, enfin aux chirurgies de réassignation sexuelle, aux hormones, et cetera. Et par contre, accrochez-vous bien pour regarder le film, prenez éventuellement un bol à vomi à côté, parce qu’il y a ce que tu décris, mais vraiment, regardez ce film, et surtout faites-le regarder, parce que, comment est-ce qu’on peut cautionner un truc pareil? Moi je l’ai vu parce que j’interviens dedans et justement, c’est sidérant. Et d’ailleurs, on parle de la sidération, justement, tu sais cette espèce de dissonance cognitive qui t’empêche de t’exprimer parce qu’on te dit “il faut dire elle” alors qu’il a de la barbe, ou même tout simplement parce que tu sais que c’est un homme. Donc elle développe vraiment tout cet axe-là, c’est super intéressant, et il y a aussi toute la partie chirurgie, et là, ce que tu décris-là, et plus. Honnêtement, voilà

Salma – Je ne sais pas si je serai assez forte psychologiquement…

RDG – Honnêtement, par moments, j’ai fermé les yeux hein.

Salma – Mais c’est c’est horrible, c’est horrible. Et je me dis, ces personnes-là, qui sont opérées, je n’ose même pas imaginer leur état aujourd’hui.

Et toute la dépression qui doit suivre après les opérations ratées… Et puis, et ce truc où elles vivent dans le mensonge, on leur dit il me faut juste ça pour être bien dans ma peau. N et wouh quoi j’espère qu’on leur apportera un vrai soutien psychologique parce que c’est, c’est, c’est détruire des corps. Et ces chirurgiens-là, ils devraient, il faudrait qu’ils soient poursuivis, ils devraient, pour moi, c’est des gens qui font des expériences sur des êtres humains, parce que ce n’est pas du tout marginal, en plus, les complications, à la suite des phalloplasties! C’est la norme, en fait. 

Il n’y en a quasiment aucune qui se passe comme il faut, et ce qu’on appelle aussi la vaginoplastie, c’est pareil. Elle développe bien, dans le film, et on voit qu’il n’y a quasiment aucune personne dite “femme trans”, qui va avoir un trou, appelé “vagin”, entre guillemets, “opérationnel”, c’est très, très bien développé dans le film. 

Et, ce qui est tout à fait normal, parce que ton corps, il ne veut pas ça. Ton corps, il n’est pas prévu pour ça

Salma – et malheureusement, on va faire croire aujourd’hui que c’est vraiment la solution miracle à tous les problèmes de santé mentale que tu peux avoir, ou au mal-être que tu peux ressentir, parce que la société nous fait tous… en fait, on passe tous par là à un moment donné. Mais oui. Moi, ça me fait la peine, les gens qui tombent dedans; Pparce que des fois je me disais en fait, que ça aurait pu être moi si j’avais pas eu un, je ne sais pas, si je n’avais pas eu des parents qui m’ont appris à être critique dès le plus jeune âge, ou… Mais il y a un truc chez moi qui a fait que je ne suis pas tombée dedans, et j’en suis très heureuse, parce qu’il y a plein de gens de mon âge qui sont tombés dedans, plein de gens qui ont baigné dans les mêmes, sur le même internet que moi, et qui sont tombés dedans. 

Et oui, je pense qu’il y a une une fétichisation des gays de la part de jeunes femmes, mais qu’il y a peut-être aussi ce truc de… ça fait rêver, les hommes entre eux, dans une relation amoureuse, ils sont plus égaux, parce que dans les relations hétérosexuelles, il y a peut-être une espèce de dynamique de pouvoir en place, et… Enfin, rassurez-vous, si vous êtes une femme, il n’y a pas avoir peur de l’hétérosexualité. Ce que je veux dire, ce n’est pas ce qu’on, enfin, dans ces mouvements-là, voilà, on nous fait croire que c’est nul d’être blanc, d’être hétéro, de patati, patata, et les gens donc vont s’inventer des combats, des minorités.

Mais comme je l’ai dit, c’est parce que il n’y a pas d’autres problèmes dans leur vie quoi.

RDG – Je connais très bien la question aussi des personnes qui s’inventent des grands-pères de telle et telle origine pour pouvoir se prétendre victime de racisme. C’est tellement grotesque et insultant pour les personnes qui sont vraiment victimes de racisme.

Salma – Oui.  Et moi, je veux le rappeler : c’est OK d’être blanc, c’est OK d’être hétéro. On s’en fiche! Enfin, c’est vraiment… Pas besoin d’aller s’inventer toutes sortes d’étiquettes, c’est grotesque et c’est offensant. 

RDG – Et ce n’est pas des trucs qu’on décide, en fait. Donc de toute façon il vaut mieux accepter et transformer la société, quoi.

C’est pareil de dire “j’ai un un grand-père hongrois, donc je suis racisée”. 

Lutte effectivement contre le racisme

Salma – C’est absurde! Moi j’espère, enfin je sais que c’est un mouvement qui est tellement contradictoire et idiot que d’ici quelques années, je ne sais pas quand, franchement moi je n’arrive pas à prédire quand est-ce que ça va tomber, mais voilà, moi je veux que dans le futur les gens se disent “wouh mais qu’est-ce que ça a été, les années 2010 et 2020, dans notre société, c’était catastrophique”.

RDG –  Oui. En fait, ce que ça m’évoque, j’enseigne l’économie, donc ça me fait penser à une bulle spéculative.

Alors, une bulle spéculative, c’est quoi?

C’est un mouvement, comment dire? Où les il va y avoir des anticipations irrationnelles et les agents économiques vont acheter, acheter, acheter un actif. Ça peut être de l’immobilier, ça peut être de l’or, ça peut être des bitcoins, ça peut être n’importe quoi en fait. Non pas parce qu’ ils pensent que c’est bien d’acheter, mais c’est parce qu’ils se disent “en revendant je vais devenir riche”. 

Voilà je vous ai fait mon petit cours d’éco là. 

Donc du coup ce mouvement-là, ça devient une sorte de mode, donc tout le monde se dit “je vais devenir riche sans rien faire”, et le mouvement augmente, augmente, augmente, augmente… Et on a les les cours qui s’envolent, et tout le monde se dit “ah bah regardez, tout le monde fait comme moi, c’est donc que j’avais raison.” 

Sauf qu’à un moment donné, eh bien qu’est-ce qu’il se passe ?

Il y a, BIM ! Il y a quelqu’un qui dit “ça pue un peu, là. Je vais peut-être me retirer du marché.” 

Et ce mouvement, c’est le début de la fin.

Et par contre, autant la hausse, au début, il y a il y a une pente qui augmente progressivement, et puis ça devient très rapide à la fin, et puis ça peut être massif. 

Mais par contre, la chute elle est aussi très, très violente. 

À partir du moment où tu ouvres les yeux : “le roi est nu!”, et là, tout le monde se… et et moi-même,  j’en ai été victime, puisque j’ai été millionnaire, théoriquement, en actions, et je n’ai pas vendu à temps ! Voilà, me voilà donc obligée de travailler.

Mais par contre, je ne me suis pas fait avoir pour le mouvement trans.

Salma – Une fois, pas deux, quoi !

RDG – Mais voilà : les crises ne sont jamais les mêmes. Ici, je pense qu’on est au début d’une crise, 

Salma – Et vraiment je me demande si la civilisation survit après les années 2100 ou 2200, comment les historiens et les archéologues vont voir ça. Enfin, ils vont se dire : “waouh ! Mais ils étaient stupides ! Est-ce qu’il y avait une espèce de drogue collective ? Enfin, pourquoi est-ce que les gens acceptaient ça ? Et on sera là  : “bah non, tout le monde n’acceptait pas ça, tout le monde n’était pas d’accord avec ce mouvement.

Et ils le disaient ! Parce que c’est bien de n’être pas d’accord, mais de ne pas se taire, c’est encore mieux en fait. 

RDG – Eh ben c’est pour ça que le podcast existe ! Dans les objectifs du podcast, je ne sais pas si je l’ai déjà exprimé publiquement, mais il y a trois objectifs. 

Premièrement, donner la parole aux femmes, parce que on nous claque la gueule tout le temps sur ce sujet.

Le deuxième objectif, c’est d’aider d’autres personnes à prendre conscience du problème, donc soit parce que les personnes se sentent seules, isolées, soit parce qu’elles doutent, soit parce que, voilà, elles sont comme tout le monde au départ, un peu “neuneu”, en se disant “oh les pauvres !”. Voilà.

Et puis l’autre point, très très important pour nous, c’est de documenter ce phénomène, parce que je pense que l’avenir jugera très sévèrement les personnes qui ont été complices de tout ça, comme aujourd’hui on juge sévèrement les complices, les Pivot, les gens qui ont été complices des Matzneff, et des Depardieu.  Demain, un jour. Et moi je veux être, toi et moi on veut être dans le camp de celles qui ont dit : “ Non, non, non. Nous, on n’est pas d’accord !”

C’est ça, Rebelles du genre.

Salma – Donner la parole aux féministes. Et puis vraiment, j’ai pensé hier, je me suis dit : “Pourquoi est-ce que c’est aux féministes de parler de ça ?” 

C’est pas au féminisme en fait, aux féministes et au féminisme de se farcir cette blague. Ce n’est pas à nous de parler de cette cause, de défendre les personnes transidentifiées ! 

Moi, je le dis toujours : que les hommes veuillent se maquiller, mettre des robes et cetera : liberté ! En fait, ça ne me dérange pas du tout. Mais alors, ce n’est pas mon combat au quotidien. Je ne me réveille pas le matin pour me dire aujourd’hui il faut absolument que les hommes puissent pleurer tranquillement et se maquiller tranquillement.

Faites-le, en fait ! C’est eux qui se sont qui ont mis en place un système, et qui, voilà… Pour moi, toutes les libertés qu’ils pourraient avoir si on met fin au patriarcat, c’est un bonus pour eux. Mais moi, enfin ça ne me regarde pas. Franchement, je suis égoïste et je ne pense qu’aux femmes. Mais ce n’est pas à moi de de lutter, quoi. 

RDG – Tu sais quoi ? Hier je suis sortie, j’étais dans pas loin de chez moi, dans un quartier j’habite dans le sud de la France et il y avait un collage sur un mur c’était marqué : “Le féminisme sera inclusif ou ne sera pas.”

Salma – Ouais ou je connais cette phrase.

RDG – Et là, je me suis dit : “bah en fait, c’est pas toi qui décide. C’est moi qui décide. Moi je suis féministe, vraiment, pour femmes en fait.

Ça veut dire quoi, quand on décortique cette phrase en fait ? Qu’est-ce que ça veut dire ?

Ça veut dire : le féminisme s’occupera des hommes qui ont un problème de sexualité ou d’identité, ou ne sera pas.

Le féminisme poussera des enfants à se mutiler et à se castrer, ou ne sera pas.

C’est une blague ! 

Le féminisme sera pour les hommes, ou ne sera pas !

Qu’est-ce que ça signifie d’autre, à part ça, “inclusif” ?

Inclusif des hommes ?

Salma – Ouais, mais c’est ça qui m’embête, et c’est ce que je me disais. Pourquoi est-ce qu’on embête les féministes, qu’on nous force à parler de ça, de tout ce truc de trans, pourquoi on va pas embêter, je ne sais pas, les antiracistes, ou les écologistes, ou les anarchistes. je sais pourquoi est-ce que c’est les femmes qu’on fait chier, encore une fois ? Pourquoi on n’a pas le droit d’avoir nos luttes, tranquillement, de notre côté ? On est censées porter toute la misère du monde sur nos épaules ? Et ça m’embête.

Donc voilà : vous n’avez pas à inclure les hommes dans votre féminisme, si vous ne le voulez pas. Enfin de toute façon, c’est un mouvement pour les femmes en fait. Les hommes n’ont rien à faire dedans, voilà. 

Je le répète, et encore une fois, je ne suis pas du tout contre les hommes qui souhaitent se maquiller, faire des activités jugées “féminines”. Tant mieux, tant mieux. Moi, je suis vraiment pour une société où le genre n’existerait pas. 

RDG – C’est ça : on est abolitionnistes du genre.

Salma – Exactement. Mais voilà, ce n’est pas mon combat quotidien. Je ne vais pas faire taire des femmes pour faire parler des hommes, en fait. Parce que ça, les hommes s’en chargent très bien. C’est mon rôle de féministe de donner la voix à toutes les femmes. Je ne sais pas pourquoi je suis en train de répéter des choses qu’on apprend en CM2, qu’on apprend en CP, mais apparemment on est revenus à ce niveau-là, et c’est très grave. Mais bon, je n’aurais jamais pensé il y a 15 ans que j’allais refaire des cours de SVT, des choses qu’on apprend à l’école primaire. 

RDG – Mais tu sais, il y a dans un établissement scolaire que je connais très bien une prof de SVT qui a l’air de penser sincèrement qu’elle est un homme.

Salma – Oh je n’ai jamais compris les gens censés être scientifiques qui défendent ça. Je ne comprends pas.

RDG –  Bah oui? Là, le problème c’est la sidération des élèves. Ce qu’elle, elle fait de sa vie, moi je m’en fous complètement. Mais tu ne peux pas être prof de science, avoir des élèves adolescents en face de toi, et puis tenir dans tout ton comportement, des des propos comme quoi tu peux te tromper de corps, quoi. Ce n’est pas possible.

Salma – Et rappel  de la définition de femme pour finir ce podcast.

C’est une personne adulte de sexe féminin, voilà. Tout simplement, c’est très facile. 

RDG – Merci d’avoir écouté notre parole, et n’hésitez surtout pas à la partager, le plus largement possible. S’il vous plaît, signez la Déclaration des Droits des Femmes basés sur le sexe : womensdeclaration.com 

Rebelles du genre – Épisode 91 – Blandine

Blandine – Bonjour, moi c’est Blandine. C’est ma voix que vous entendez dans les épisodes de Rebelles du genre, et aujourd’hui c’est à mon tour de témoigner. J’ai 55 ans, je suis professeuse, je suis féministe radicale et bien sûr, je suis critique du genre. Je vais aborder un angle mort du féminisme : c’est les limites qu’on se donne ou pas, entre nous, dans nos comportements vis-à-vis d’autres femmes. 

Je m’excuse à l’avance du tableau un peu triste que je vais dresser.

Je ne vais pas avoir un propos général, je vais parler de ce qui se passe aujourd’hui dans cette formidable association dans laquelle je milite depuis déjà plusieurs années qui est “Osez le féminisme”. 

Je ne vais pas être hyper sorore, parce que le mot sororité, ça a un sens, et il ne faut pas confondre la sororité et la bêtise, ou la naïveté.

Je crois profondément à la sororité. Mais je crois aussi profondément que beaucoup de femmes sont malheureusement tellement aliénées par leur vie passée, les violences qu’elles rencontrent, et cetera, qu’elles reproduisent des schémas de violence qui sont propres à la domination masculine.

Et ce n’est pas parce que ce sont des femmes que ça leur donne le droit de se comporter comme ça.

Voilà. Donc mon intention, c’est vraiment ça. Si vous n’avez pas d’intérêt particulier pour les questions vraiment féministes, passez votre chemin, je pense que cet épisode ne va pas vous intéresser. Pour les autres, et bien sachez que, bien sûr, j’ai des preuves de tout ce que je dis, et malheureusement, un dossier énorme que j’utiliserai, ou que je n’utiliserai pas, selon la façon dont les événements vont être pris dans les jours qui viennent.

Ah oui, il faut que j’ajoute que cet entretien a été filmé, donc mon témoignage est visible en vidéo, notamment sur Youtube. Si vous voulez voir ma tête, mais surtout les différentes pièces ou les différentes choses que j’ai ajoutées à la bande son : des copies d’écran, des photos, et cetera, pour appuyer ce que je dis, voilà. Donc si vous pouvez regarder la vidéo, à mon avis ce sera beaucoup plus parlant, même si je me suis astreinte à décrire oralement tout ce que je démontre également vidéo.

Et bien sûr, je remercie du fond du cœur Sophie Robert qui a, dans cet épisode, pris ma place, puisque c’est elle qui pose les questions pour que je puisse y répondre.

Ce podcast est là pour donner la parole à des femmes qui expliqueront pourquoi et comment elles sont devenues critiques du genre et qui témoignent de leur parcours. Écoutons leur parole.

Sophie – Et ben bonjour, je suis Sophie Robert, je suis réalisatrice d’une série documentaire dédiée au transactivisme, donc “Mauvais genre, une épidémie mondiale” et “Mauvais genre, un scandale sanitaire”, qui vient tout juste de sortir. À ce titre, j’ai eu l’honneur d’être interviewée par Blandine pour le podcast Rebelles du genre, et aujourd’hui on va un petit peu inverser les rôles, j’ai le grand plaisir d’interviewer Blandine.

Donc tu es fondatrice du podcast “Rebelles du genre” et tu as été, à ce titre, le premier interview. Et aujourd’hui, c’est l’occasion de revenir sur ton parcours, et de parler de ton parcours de féministe, avec des informations à compléter sur ton parcours.

Blandine – Merci Sophie, merci! Je suis très très honorée d’être interviewée par toi aujourd’hui.

Alors oui, je voulais revenir un peu sur mon parcours.

Alors déjà, une première raison, c’est qu’effectivement, quand on a fondé le podcast avec quelques amies, on a vite fait un brouillon, comme ça pour voir, si le format, etc… C’était mon témoignage. Et on l’a publié pour, vraiment, pour voir. Du coup, je n’ai pas vraiment creusé, je n’ai pas vraiment développé les axes que j’aurais voulu développer, et j’ai toujours ressenti beaucoup de frustration, puisque j’ai interviewé toutes les femmes derrière, les 90 suivantes, en leur laissant beaucoup plus de temps et de liberté pour s’exprimer. Et donc, je suis très contente de pouvoir aujourd’hui développer davantage les raisons pour lesquelles je peux dire fièrement que je suis rebelle du genre.

Voilà. 

Sophie – Donc c’est l’occasion de revenir sur ton parcours de féministe, et sur tes raisons, les raisons pour lequelles tu t’es intéressée à un certain nombre de sujets : l’abolitionnisme de la prostitution, l’influence du transactivisme…

Blandine – Oui. Alors en fait, comme je je l’ai déjà dit, je pense, en fait je crois que je suis née féministe. C’est-à-dire que, toute petite, je ne me souviens pas d’un moment où je n’ai pas été indignée par la situation qui est faite aux femmes : les violences masculines, et cetera. Vraiment, de toute ma vie, je crois que je n’ai jamais eu un moment où je n’étais pas féministe.

En revanche, j’étais féministe “dans mon coin”, c’est-à-dire que je lisais, je réfléchissais, je parlais beaucoup aussi, et j’ai toujours été connue comme féministe. J’ai retrouvé des des livres que mes parents m’offraient quand j’avais 12 ans, c’était des livres sur les droits des femmes, en fait. C’est hallucinant quand j’y repense. 

Donc j’étais féministe, mais féministe optimiste, féministe qui pense que ça va mieux, que ça va de mieux en mieux, que ça s’arrange. 

Féministe dans mon coin, un peu égoïste, aussi. Comment dire ? Occupée à construire ma vie, ma famille, mon métier, et cetera.

Un très fort sentiment de sororité, mais en même temps, je ne le mettais pas forcément en actes. D’abord parce que j’avais un un métier de cadre dirigeante dans une entreprise, une grande entreprise publique à l’époque, et que donc j’étais manager, je devais, un peu, appliquer les règles, et la sororité, le féminisme, ne faisaient pas partie des règles. 

Comment dire ? Ce n’était pas notre angle, je le dis comme ça. Mais bon voilà. 

Alors je n’étais pas non plus misogyne, ou méchante. Mais ce que je veux dire, c’est que, bien sûr, je recrutais plutôt des femmes, quand je pouvais, mais ce n’était pas au cœur de ma vie, quoi. 

Et puis, à un moment donné, dans ma vie, je me suis dit : “Mais qu’est-ce que tu,  qu’est-ce que tu veux faire dans ta vie, quoi ?” 

Et donc j’ai quitté l’entreprise, je suis devenue enseignante, et ça m’a permis d’avoir un métier beaucoup plus raccord avec mes mes valeurs, avec ce en quoi je crois, les choses importantes, le contact des adolescentes et des adolescents, les aider à construire un esprit critique, à réfléchir par eux-mêmes, les outils, et cetera. 

Sophie – Transmettre, en fait ? 

Blandine – Transmettre, mais transmettre, au sens de “faire grandir”, pas faire grandir réellement, faire développer la conscience de soi, la conscience aussi des autres, l’empathie, et cetera, toutes ces choses-là sont des choses vraiment très importantes pour moi. Bien sûr, je leur donne aussi ce que je suis supposée leur donner en classe, mais ça va au-delà, pour moi, le rôle de l’enseignant, de l’enseignante plutôt, d’ailleurs. 

Mais je n’étais toujours pas engagée, comment dire ? Militante. 

J’adhérais à des associations féministes pour, quelque part, dire je fais ma part, voilà. J’adhérais au Planning Familial, j’adhérais aux Chiennes de garde, j’envoyais un peu des sous, comme ça, mais c’est tout ce que je faisais, à mon niveau.

Et il y a environ 5 ans, 6 ans, il y a eu… Il y a eu #MeToo. Il y a eu #MeToo.

Et moi, qui étais dans une logique où je pensais que les choses allaient de mieux en mieux, bah ça m’a ouvert les yeux d’un seul coup. Ça m’a ouvert les yeux sur beaucoup de choses, sur le fait que ce n’était pas du tout gagné, que la parole des femmes et des enfants n’étaient pas entendue, ça ne voulait pas dire qu’ils ne s’exprimaient pas, ça voulait dire qu’on ne les entendait pas, que ces violences, elles étaient massives, elles étaient systématiques. 

Et aussi, ça m’a permis comprendre que ce qui m’était arrivé à moi, enfin donc victime d’un religieux pédocriminel, c’était arrivé à beaucoup d’autres filles, garçons aussi, et que j’avais grandi, en fait, avec un sentiment de culpabilité et de honte, alors qu’en fait la honte, c’était pas, elle n’était pas pour moi, quoi.

Et c’est devenu insupportable, vraiment insupportable. Je ne pouvais plus vivre comme ça. Et donc,  je me suis dit : “Il faut vraiment que j’agisse.” 

Et là, je suis devenue militante.

Donc là… et là je suis partie, je ne sais pas, une sorte d’explosion, j’ai adhéré à plein d’associations. Aucune ne correspondait vraiment à ce que je cherchais, dans la mesure où j’avais quand même, je suis, par exemple, très critique du voile. Pour moi, le voile, c’est, on ne peut pas dire “mon voile, mon choix”. Enfin, c’est complètement absurde, évidemment. Avec le temps, j’ai vite compris que la prostitution, c’était quelque chose d’épouvantable, épouvantablement misogyne, violent, raciste, et cetera.

J’ai compris qu’être mal à l’aise par rapport à la pornographie, c’était tout à fait normal, en tant que femme, finalement, voilà. 

Donc j’ai compris un certain nombre de choses.

Et j’ai cherché une structure qui pouvait m’accueillir, pour que j’amène mon énergie, et puis mes idées, parce que j’en ai pas mal, en fait. 

Et je n’ai rien trouvé, dans la ville où j’habitais. Il n’y avait rien. Enfin, rien qui correspondait.

Donc j’ai cherché un peu ce qu’il y avait sur le, sur le marché. J’étais avec une amie, on était deux à vouloir faire ça, et j’ai regardé les différentes, les mouvements. 

Il y avait deux mouvements qui se détachaient.

Le premier, c’était NousToutes. 

NousToutes, parce qu’il y avait un dynamisme, il y avait vraiment un mouvement, il y avait eu des grosses manifestations organisées, on sentait qu’il y avait vraiment beaucoup, beaucoup de femmes qui se mobilisaient, et NousToutes donnait l’impression d’être… d’être moderne, d’être à l’avant-garde du féminisme, une sorte de nouvelle vague. Et puis, en creusant, parce que quand même, je ne m’engage pas comme ça, je me suis rendu compte que, effectivement, il y avait la question du voile qui se posait, qu’il y avait des discours un peu chelous, par rapport à la prostitution, que c’était, qu’il ne fallait pas en parler, parce qu’il fallait ne vexer personne, et cetera. À l’époque, elles n’étaient pas encore complètement ouvertement pro-prostitution comme aujourd’hui, mais à l’époque, c’était déjà un peu, un peu limite, quoi.

Sophie – Féminisme libéral.

Blandine – Oui, c’est ça, féminisme libéral. Mais moi, à l’époque, j’étais un peu dans cette mouvance-là, je dirais, de ma culture professionnelle, avant d’être prof, de mon histoire, aussi, parce que je me suis émancipée par le travail, vraiment.

Bon, bref, tout ça, ça me choquait beaucoup moins que ça me choque aujourd’hui quand même, je dois dire. 

Et donc il restait une autre, une option qui était  “Osez le féminisme”, qui correspondait vraiment, au niveau des valeurs, à toutes celles que je partageais et que je partage toujours. Donc : l’universalisme, la laïcité, et bien sûr l’abolitionnisme. 

Donc c’étaient vraiment les valeurs dans lesquelles je me reconnaissais profondément, et donc, j’ai, avec une amie, fondé une antenne de “Osez le féminisme”. 

Et ça a été un succès assez rapide. On a fait des réunions, des actions, et cetera.

Au début, on se réunissait dans le pôle LGBT dans ma ville, qui nous prêtait une salle. Et puis, à un moment donné, il y a une petite musique qui a commencé : “Oui, mais à OLF, vous êtes  putophobes”! Hein? euh. Mais alors, bon, je comprends ce mot, parce que bon évidemment on peut, il ne faut quand même pas avoir fait Polytechnique pour comprendre “puto” et “phobe”… Mais alors là, du coup, je me dis, mais non. Nope.

Sophie – Non! Et puis c’est un contresens

Blandine – En fait oui, oui c’est exactement le contraire, en fait. Quand on est aux côtés des personnes  en prostitution, et qu’on se bat contre cette horrible, épouvantable exploitation de la misère des femmes, ce n’est pas être putophobe.

Et après on m’a dit : “Tu es transphobe.” 

Alors pareil, mot inconnu. Qu’est-ce que ça veut dire ? Quoi ? Quoi ?

Et donc : “Oui regardez, vous avez publié, il y a un article sur votre site…” 

Alors effectivement, sur le site d’Osez le féminisme, il y avait un article de Meghan Murphy qui parlait de ça, qui avait été traduit, et qui y avait été posté. Donc je regarde, et puis je lis l’article, et puis je ne me trouve pas en désaccord, en fait, avec ce qu’elle écrit. Et à l’époque, je n’avais, vraiment, jamais réfléchi à cette question-là. Pour moi, c’était vraiment un truc… Quand on me disait : “les personnes transsexuelles…” Je disais “Peuchère, les pauvres…” Parce que j’avais un peu de pitié, quand même. En plus, c’est notoire, c’est des personnes qui devaient se prostituer pour payer leurs opérations, enfin en tout cas, c’est ce qu’ils disaient.

Bon bref, donc moi j’avais plutôt de la compassion, et de la naïveté. Beaucoup de naïveté, à l’époque. Mais bon, je n’ai pas fait plus attention que ça. 

Par contre, on s’est fait jeter du pôle LGBT, voilà. 

Donc on s’est fait jeter, on a dit “ce n’est pas grave, on va trouver un autre moyen”. 

Et on a trouvé des salles, et cetera. Et puis la structure s’est montée, et puis on a monté une antenne qui, aujourd’hui, a une cinquantaine de membresses, qui fonctionne très bien, et qui produit beaucoup, beaucoup de choses, beaucoup de contenu, beaucoup de joie, beaucoup d’actions communes, et dont je suis très fière. 

Sophie – Ludiques aussi, des actions ludiques ! 

Blandine – Des actions ludiques, oui, des actions artistiques, en fait, on fait beaucoup de choses, et, pour moi, je suis pleinement en accord avec les valeurs de l’association Osez le féminisme.

Mais, il y a un mais. 

Très rapidement, quand même, j’ai commencé à aller dans les réunions parisiennes de l’association, et puis assez vite, il y a des personnes qui m’ont dit : “non mais, le pôle LGBT, c’est normal qu’il vous ait virées, parce que LGB T, tu ne comprends pas l’arnaque ? LGB T, pourquoi le T il va avec les LGB, tu ne comprends pas qu’il y a un truc, là, qui ne va pas ? 

Effectivement, je me suis rendu compte que le mot LGBT, c’était une grosse arnaque. Enfin, ça n’a rien à voir, une éventuelle identité de genre avec l’orientation sexuelle. Rien à voir, pour moi, rien à voir, effectivement. 

J’ai compris. 

Et puis je me suis documentée, je me suis renseignée, et puis plus ça allait, plus j’étais épouvantée de voir les différentes dimensions que ça pouvait avoir, et qui impactaient les femmes, les vies des femmes, les vies des enfantes, les adolescentes, les lesbiennes, les violences sexuelles contre les femmes, les femmes qui perdent leur mari qui, subitement, devient une femme, et cetera. 

Sophie – Et les espaces féminins…

Blandine – Oui, voilà. Les prisons, et puis moi, en tant que sportive, (je suis ceinture noire de judo)  j’étais horrifiée à l’idée qu’on mette en face de moi, en compétition, un homme se disant femme. Et pourtant, ça arrive maintenant. Bref il y a plein, plein, plein de choses qui m’ont alertée. 

Sophie – Et c’est au sein d’OLF que tu entendu ça, ce discours. 

Blandine – Voilà. C’est au sein d’Osez le féminisme que j’ai pris conscience de ça, et je ne les remercierai jamais assez pour m’avoir éveillée à ça, à la critique du genre. Parce que, effectivement, quand on est féministe, on est nécessairement abolitionniste du genre, on ne peut pas être autrement. 

Je veux dire, considérer que si tu aimes le rose et que tu aimes être dominé, tu es une femme… 

Voilà : c’est, c’est… des sottises. 

Alors donc voilà, je me retrouve dans cette association qui, non seulement est complètement en accord avec ce que je pense, et mes mes convictions les plus profondes, et c’est toujours le cas aujourd’hui, mais en plus, m’ouvre des nouvelles pistes de réflexion, et effectivement, la question du genre, d’un coup, me me saute au visage. Non seulement la question du genre, mais aussi toutes les violences qui vont avec, et notamment la silenciation des femmes et des féministes en particulier. En tant que féministe, et en tant que femme, je ne peux plus supporter qu’on essaie de nous fermer la gueule tout le temps, ce n’est plus possible, en fait. Là, je suis arrivée à un moment de ma vie où j’ai un besoin de pouvoir dire les choses, et donc vraiment, ça m’a vraiment choquée de comprendre qu’il y a une espèce d’emprise, une espèce de terreur…

Le truc, c’est que moi, je suis assez résistante à la terreur, en fait. 

Je ne dis pas que je  n’ai pas peur, mais je n’ai pas peur de la peur. Et puis je peux vivre avec. 

Et en fait, pour moi, c’est bien pire de me taire parce que j’ai peur, plutôt que de subir les conséquences de ce que j’ai dit. Vraiment, c’est presque une souffrance. 

Il faut dire qu’en même temps que j’ai fait tout ça, ce chemin, je me suis aussi aperçue que j’avais, effectivement, un mode de fonctionnement un peu différent.

 Donc j’ai reçu un diagnostic d’autisme, donc un pré-diagnostic il y a 2 ans, et un diagnostic confirmé l’été dernier. Ça m’a effectivement éclairée sur mon besoin, effectivement, de dire la vérité, ou peut-être, comment dire, d’avoir un besoin de congruence, c’est-à-dire d’avoir des actes qui soient cohérents avec la réalité, et que la réalité ne soit pas déformée.

Je ne supporte pas du tout les personnes qui sont dissonantes, et les menteurs.

Je ne supporte pas non plus les personnes qui essayent de me faire taire. 

La première fois qu’on m’a dit “ça sera notre secret”, je n’aurais jamais dû accepter. J’avais 5 ans. 

Et depuis, je n’accepte plus, c’est fini.

En fait, quand on me dit “ça va être secret”, c’est le meilleur moyen, pour moi, d’agiter un petit drapeau rouge, et de dire “Ola, il y a un problème, il va se passer quelque chose.” Et moi, quand on me dit “Il faut se taire”, j’ai juste envie d’ouvrir la bouche. 

Donc ça n’a pas du tout marché, les injonctions au silence.

Et alors, justement, quand j’ai commencé à, un peu, à dire : “Mais alors, on fait quoi, à OLF, par rapport à ça?” Puisque il y a quand même un gros silence. 

Tout de suite sont arrivées les premières injonctions au silence. 

Bon. Ok, j’entends. OLF ne se sent pas prête à prendre une position critique du genre. Il y a des personnes qui doutent peut-être, il y a aussi, peut-être, la peur, et on peut le comprendre, parce qu’il y a des personnes très violentes dans le milieu transactiviste, voilà. Tu l’as bien démontré, Sophie dans tes différents films. 

Mais moi, personnellement, que OLF ne se positionne pas, c’est une chose. Que moi, personnellement, ça me fasse taire, c’est autre chose. Et je n’ai jamais signé, en entrant à Osez le féminisme, un texte ou un règlement, ou… qui n’existe pas, disant que je n’aurais pas le droit de, moi, de m’exprimer sur ces questions-là. 

Je ne suis pas porte-parole d’Osez le féminisme, je suis seulement administratrice du CA national. Donc à ce titre là, effectivement, je participe aux discussions et je respecte la confidentialité des échanges, quand il s’agit de sujets sensibles. En revanche, je n’ai pas, moi, à me taire parce que je suis entrée à Osez le féminisme, certainement pas. 

Et d’ailleurs, le mouvement féministe ne peut pas se permettre de se passer des personnes qui ont quelque chose à dire. Parce que si on ne met dans les associations féministes que des femmes qui sont OK pour se taire, et qui n’ont rien à dire, bah on est mortes. 

Sophie – Le militantisme.

Blandine – On est mortes, voilà. Donc il faut des militantes, il faut des militantes qui ne soient pas forcément d’accord sur tout, pas de problème. Il y a d’ailleurs, à Osez le féminisme, il y a des femmes de gauche de tous les partis, et ce n’est pas un problème. 

Alors du coup, moi, qu’est-ce que je fais?

Le premier petit voyant rouge qui s’est allumé, c’est quand Pauline Arrighi a écrit une une tribune qui disait “Suffit-il de s’autoproclamer femme pour en être une ?” 

Cette tribune, elle a été signée par beaucoup, beaucoup de femmes dans le milieu féministe. La première signataire, c’est, quand même, Christine Delphy. 

Et cette tribune, elle a été déplateformée immédiatement par le Huffington Post, disant qu’ils n’étaient pas transphobes, qu’ils ne voulaient pas mettre des choses comme ça, que c’était trop horrible, les pauvres personnes trans qui sont trop opprimées, qui meurent par milliers, et cetera.

Donc du coup, elle a été déplateformée, et a été republiée dans Marianne. 

Et moi, j’ai signé. J’ai signé avec mon nom, je n’ai pas marqué que j’étais à Osez le féminisme, mais j’ai signé avec mon nom.

Et on est nombreuses de Osez le féminisme à avoir signé cette tribune. 

Mais apparemment, il n’y a que moi qui ai recueilli les foudres de la censeure en cheffe, qui n’est même pas au Bureau, mais qui lit tout, et qui, de temps en temps, nous tance, un peu comme si on était ses enfants.

J’ai signé cette tribune, et là ça a commencé : “Oui, vous vous rendez compte, la mise en danger des femmes, etc…” Mais moi, je ne mets personne en danger ! Le danger, le danger de la violence, c’est les personnes violentes ! Je veux dire, moi je ne tue personne, j’ai…  je ne suis même pas transphobe, je ne suis pas transphobe, je suis pas, rien du tout ! Et je n’ai mis jamais, personne en danger. Sauf quand je suis très très, très énervée sur un tatami, là il faut pas être trop en face de moi. Le reste du temps, en général, je…

Sophie –  Ils ne meurent pas, ils ne sont pas blessés. ils se cassent la figure parfois…

Blandine – Oui, sauf si tu m’énerves beaucoup, mais bon. Non, non. Non, non, je suis gentille !

Alors je dis “je suis gentille…”  Je ne suis pas gentille, en fait, comme femme. Ce que je dis toujours à mes élèves, c’est qu’il ne faut pas être gentilles. La gentillesse, ce n’est pas une qualité, c’est, c’est… Il faut être intelligentes, il  faut être combatives, il faut travailler, il faut avoir de l’empathie pour les autres. Mais être gentilles, c’est juste se faire tondre. Donc non, les filles, il ne faut pas être gentilles. Gentilles, c’est seulement quand on a tout le reste, voilà.  C’est le luxe.

Sophie – Oui voilà, c’est ça peut être une conséquence.

Blandine – Bref, je reviens à Osez le féminisme. Donc je comprends que dans le l’association, bah c’est un sujet un peu tabou, en fait. On n’est pas prêtes, il faut qu’on prépare, il faut qu’on travaille sur des textes, et cetera. Avec des amies, on crée un groupe de travail, dont une qui était très, très chère pour moi, qui s’appelait Marie- Paule. Donc on est dans ce groupe de travail, et on produit un texte, une analyse, très intelligente, de : “Qu’est-ce que c’est le genre ? Pourquoi nous, féministes, nous sommes abolitionnistes du genre ? En quoi est-ce que le mouvement transidentitaire est dangereux pour les femmes et pour les enfants ?” Bref, on produit. Mais en fait, il y a des résistances, c’est… c’est mou, c’est c’est vaseux, on sent qu’il n’y a pas une forte envie d’avancer sur ce sujet-là. Et donc, avec quelques amies, dont Marie-Paule, que j’ai déjà citée, on va s’organiser autrement. On apprend qu’il y a un groupe mondial qui s’appelle WDI women’s declaration international, qui peut avoir des antennes dans tous les pays. On se met en relation avec eux, et on crée WDI France. Voilà.

Donc WDI France, c’est des femmes qui font des actions, notamment vers les politiques, vers les médias, notamment actuellement on sollicite la Miviludes, ou certains ministres. Et cet objectif, c’est de défendre l’idée que les droits des femmes doivent être basés sur le sexe, et qu’être une femme, ce n’est pas une idée, mais c’est une réalité, voilà. 

Alors du coup, ça me permet de concilier la non-envie d’olf d’avancer sur la question du genre, et mon besoin absolu, compte-tenu de l’urgence que je ressens sur ce sujet-là, donc mon besoin de faire avancer la question. Et je trouve que c’est assez positif. En plus, on entraîne pas mal de femmes, notamment des femmes d’olf, ça c’est marrant, mais bon, toujours pareil. Donc voilà, on avance. Et puis on fait des réunions, et un jour, en réunion, on se racontait notre, un peu nos parcours de comment est-ce qu’on on s’était rendu compte de l’arnaque, en fait, du truc, que ça n’allait pas le faire, quoi. Voilà et euh et on s’est raconté ça, et moi je me suis dit “mais c’est vraiment intéressant, parce que toutes ces femmes qui parlent, il n’y en a pas une qui a la même histoire, on est arrivées à la même conclusion, il faudrait pouvoir dire ça à l’extérieur.” Et c’est comme ça que j’ai eu l’idée de créer le podcast Rebelles du genre. Et à ce moment-là, j’ai proposé dans la réunion : “qui veut venir avec moi ?”  Et on a été quatre ou cinq à faire ça tout de suite, et voilà. 

On a créé le podcast comme ça, et on est parties sur l’idée qu’il fallait donner aux femmes la possibilité de s’exprimer, et documenter ce phénomène qui est complètement ahurissant, sidérant, mais qui sera sûrement, pour les historiens, source de beaucoup de réjouissance. Voilà, voilà.

Et aussi l’idée, c’était de permettre à d’autres femmes d’entendre des témoignages aussi, pour se sentir moins seules. Voilà. Donc on a créé le le podcast, je ne m’en suis jamais cachée, hein comment dire, je n’ai pas honte du tout de l’avoir fait, j’ai tenu OLF au courant de ce que je faisais, en disant : “On ne peut pas le faire à l’intérieur, je le fais à l’extérieur, pas de problème.” Donc j’ai fait en sorte aussi, que jamais, jamais le nom de Rebelles du genre soit associé à celui d’Osez le féminisme.

Donc je faisais très attention à tout ça.

Et puis ensuite, il y a eu l’an dernier. J’ai été invitée, donc par Karine Lemarchand, à une émission qui s’appelait “Trans uniques en leur genre”. Et avec un débat à l’issue d’un documentaire outrageusement complaisant. Un débat, donc, avec un médecin transaffirmatif, on va dire pour être gentilles…

Sophie – Serge Hefez !

Blandine – Serge Hefez, voilà, qui notamment dans le débat a soutenu que les bloqueurs de puberté n’ont aucun, sont absolument, totalement réversibles, qu’il n’y a pas d’effet secondaire, qu’on a des identités multiples, voir gazeuses, et cetera. 

Enfin, c’était un peu hallucinant comme moment.

Je suis allée… À ce moment-là, je crois que j’étais la première féministe à être allée sur un plateau télé pour débattre de cette question-là. 

Et j’y suis allée avec un pseudo et, c’est pareil, j’ai bien fait attention de ne pas parler d’Osez le  féminisme, pour ne pas mélanger.

Bien sûr, ça a été très difficile pour moi de faire ça, de faire cette émission. Parce que je suis, j’ai du mal avec les situations que je ne connais pas, vous avez compris pourquoi si vous avez suivi. Et puis, et puis que j’avais peur, parce que c’est des, il y a des, il y a des violents, en fait, en face de moi. Il y a des gens qui disent “Ce n’est pas grave de couper le pénis d’un enfant, ce n’est pas grave si on brûle un peu les terfs”, hein, parce qu’on nous appelle comme ça. C’est pas grave, parce que ce n’est pas vraiment des êtres humains, quoi. Déjà qu’on n’est pas vraiment des féministes, ni vraiment des femmes, mais on n’est pas non plus des êtres humains. Brûlons les terfs. 

Enfin bref, donc tout ça fait que j’ai fait cette émission en ayant quand même la peur au ventre.

Sophie – Tu l’as bien mouché, hein. Et puis c’est des gens qui manient le langage en lui faisant dire des choses complètement différentes, en tordant la réalité en permanence, c’est, c’est flippant pour tout le monde. Mais tu l’as extrêmement bien mouché ! Tu t’en es très très bien sortie.

Blandine – Merci…  C’était… en fait, quand je suis sortie de de l’enregistrement, j’avais peur. Je me disais : “Bon, j’ai essayé de mon mieux de répondre à des arguments”.  Mais il avait des arguments d’autorité, du genre “Moi je suis médecin, vous, vous n’êtes pas médecin, comment est-ce que vous pouvez me dire que les bloqueurs de puberté ont des effets secondaires?” 

Bah c’est vrai que je ne suis pas médecin, mais je sais lire. Je sais lire les études, et j’ai le minimum d’intelligence. Quand tu bloques la puberté d’un enfant, et qu’ensuite il transitionne, il y a des effets irréversibles, c’est vrai, c’est tout à fait évident. Bon bref, donc il mentait éhontément et moi, je me suis battue comme je pouvais. 

extrait : “Qu’est-ce que c’est qu’être un homme ? Qu’est-ce que c’est qu’être une femme ? Comment tu t’imagines comme femme ? À quelle femme est-ce que tu t’identifies ? Quelle transformation tu imagines dans ta vie ? À partir de tout ça, on passe nos journées à ça.

Et sinon, vous dormez bien la nuit après avoir mutilé des enfants?”

Et ensuite, j’ai passé un mois à flipper. Le documentaire n’a été diffusé qu’un mois après, et et ça a été difficile, parce que je ne savais pas du tout si le montage allait être favorable, défavorable, ou… Voilà. Bon, on va dire que ce n’est pas un montage fabuleux, mais globalement, les principaux arguments que j’avais avancés ont été conservés quand même, donc on va dire que comme tu le dis, je l’ai mouché, je ne sais pas si on peut le dire vraiment, mais en tout cas, c’était pas, c’était… Ça aurait pu être pire, voilà. Et j’avais fait le job. Et ça m’avait énormément coûté, mais j’avais fait le job et j’étais fière.

Sauf que.

Sauf que la veille de la diffusion, je reçois un premier appel d’une porte-parole d’Osez le féminisme, puis un deuxième appel, me disant “oui, au bureau, tu te rends compte, comme tu nous mets en danger, on va avoir une shitstorm, c’est sûr. Tout le monde va nous attaquer parce que, quand même, à cause de toi… Mais je leur ai dit : “Mais vous avez juste à dire qu’OLF n’est pas du tout impliquée là-dedans. Parce que c’est vrai. OLF n’est pas impliqué là-dedans. À aucun moment, je n’ai cité OLF, et vous avez juste à le dire”.

“Ah oui, mais si on dit ça, tu te rends compte, toutes les féministes radicales, elles vont dire qu’on te lâche.”

Sophie – Donc quoi que tu fasses tu as tort.

Blandine – En fait, c’était “oui, on ne peut quand même pas te lâcher, parce que si on dit que tu y es allée indépendamment de nous, c’est comme te lâcher”. “

“Bah oui, oui c’est me lâcher, mais ce n’est pas grave, lâchez-moi, ce n’est pas grave, ce n’est pas grave”. 

“Oui mais quand même, nous on veut quand même que les féministes radicales soient avec nous”. 

Ah ouais. Mais là, du coup, tu veux les deux en fait, et là, ce n’est pas possible, voilà. et ça c’est pas possible.

Bon, là, ça a été quand même la première, le premier moment où, vraiment, je me suis dit mais là, nous avons un problème sérieux, et donc ça, c’était en septembre l’an dernier. Vraiment un problème très sérieux.

Et puis, en fait ça n’a fait que se dégrader. 

C’est-à-dire que, dans la foulée, on a remonté un groupe de travail, pour retravailler sur une sorte de document pour expliquer la notion de “sexe et genre”, aux militantes pour qu’elles se sentent un peu armées. Parce qu’effectivement, il y a des violences, effectivement. Il y a des personnes qui viennent dans nos antennes, et qui nous traitent de transphobes. Moi, personnellement, quand je suis allée mettre le bazar à l’entrée du dernier concert de Depardieu, au lieu de venir chanter avec nous, il y en a une, elle est arrivée vers moi, et elle m’a dit “TRANSPHOBE!” 

Mais… Mais ce n’est pas la question ! De quoi tu me parles ? Moi, je veux juste qu’on arrête de couper des organes sains à des enfants, voilà. Donc ce n’est pas moi, je n’ai pas de haine, pas du tout ! Certainement pas contre les personnes trans qui sont, la plupart du temps, des victimes d’un système qui les broie, qui les massacre. Regardez le film de Sophie, c’est absolument monstrueux, ce qu’on fait, notamment aux enfants. Bref.

Donc je sentais quand même qu’il y avait une cassure, mais bon, je continuais ma vie parce que, de toute façon, je ne pouvais pas faire autrement. Et puis, on a fait un groupe de travail, on a fait ce texte, et puis au mois de mars-avril, le texte était prêt, sachant qu’on a tenu au courant (alors je dis “on” parce qu’on était quatre dans ce groupe de travail) donc on a tenu au courant le conseil d’administration d’olf en permanence de ce qu’on faisait, avec copie du document, proposition de faire des modifications, et cetera. 

Et donc, à la fin, on a fait une réunion pour dire : “Bon, on valide, on ne valide pas, qu’est-ce qu’on fait ?”

“Bah non, non on ne valide pas,  c’est pas le moment, et puis il y a le procès du porno, si jamais on sait qu’on est critiques du genre, on va perdre toutes nos subventions, ce sera de ta faute…” 

Encore un rejet sur le sujet.

Donc là, une énorme frustration, parce qu’on est quand même nombreuses à dire que ce n’est plus possible. Mais bon, on laisse passer les choses. 

Donc les relations se tendent un peu avec le bureau d’Osez le féminisme, les femmes du bureau, plutôt, parce que ce n’est pas un truc, ce n’est pas une entité désincarnée, c’est des femmes qui sont dedans, et qui commencent à avoir des pratiques un peu, un peu, un peu opaques.  Bon, des insinuations et cetera. Voilà.

Après, on prépare notre assemblée générale qui a lieu en juin, et j’ai une femme qui me propose de constituer une liste avec elle, je refuse. 

Après, du coup, elle a été élue avec les autres, donc voilà. Mais j’ai appris qu’elle a contacté pas mal de de femmes en fait pour essayer de faire une liste parallèle. Mais ça n’a pas marché, donc du coup, elle a, voilà… 

On a un bureau qui est un peu le mariage de la carpe et du lapin : reconnaissez-vous, les carpes et les lapins ! Bref. 

Donc il s’est passé ça. 

Mes positions critiques du genre étaient toujours toujours problématique en fait pour ces femmes-là.

Sophie – Céline Piques, elle a eu quand même des propos critiques du genre ? Il y a un mail qui circule encore, ou un post sur les réseaux sociaux, d’elle ?

Blandine – Ah oui bien sûr ! mais il suffit de faire un tout petit peu d’archéologie, dans Twitter notamment, et on peut trouver des posts très intéressants de chacune des membresses du bureau, qui sont critiques du genre, donc qui sont vraiment, en théorie en tout cas, féministes. Non, non bien sûr. Après, moi je… voilà, mon idée ce n’est pas de régler des comptes avec les personnes, mais c’est vrai qu’il y a eu… Oui, Céline Piques elle avait aussi… C’est elle qui avait publié l’article de Meghan Murphy sur le site d’Osez le féminisme, par exemple. C’est vrai.

Bon, après, je ne peux pas lui reprocher, c’est finalement, quelque part, elle, qui m’a aidée à avoir mon peak trans. Donc merci Céline !

Ensuite pour poursuivre, parce qu’on est quand même, vraiment, dans la question du rapport entre le féminisme et la question de la transidentité, il se trouve que, dans la foulée, enfin à peu près au même moment, je suis contactée par le groupe de travail qui va travailler sur la transidentité des mineurs au Sénat. Voilà. Au Sénat ! 

Et c’est vraiment, pour moi, quelque chose de super important, parce que, effectivement, Rebelles du genre et WDI, notre but, c’est vraiment de pouvoir faire un plaidoyer par rapport à tout ça, donc pour les droits des femmes, pour les droits des enfants. Et donc j’accepte immédiatement cette invitation.

C’est un groupe de travail qui est mené par une sénatrice du groupe Les Républicains, qui n’est pas ma famille politique, mais bon, moi je parle avec tout le monde, ce n’est pas quelque chose qui me choque particulièrement. J’aurais bien aimé être invitée par d’autres partis, notamment à gauche.

Malheureusement, à chaque fois qu’on les a contactés, avec WDI, on s’est fait traiter transphobes. Donc bon. Je dirais que ça coupe un peu le débat. 

Et donc bien sûr, tout de suite, j’accepte.

Et en plus de ça, je propose à l’organisatrice de venir avec Kathleen Stock, la philosophe anglaise qui a témoigné à Rebelles du genre, avec qui je suis restée en contact, et et qui viendra, du coup, avec moi au Sénat, pour porter la voix des femmes et des féministes. 

Donc j’accepte immédiatement.

Je n’ai…  à aucun moment je ne me suis dit que j’allais demander l’autorisation à quiconque : je suis une grande fille. Donc j’étais non seulement tout à fait d’accord pour y aller, mais enthousiaste. Et si c’était à refaire, je le referais.

Et du coup, le 12 juillet, je suis allée au Sénat. Et donc là, il y a un épisode que je viens de sortir, vous pouvez l’écouter (donc du podcast) où c’est l’intégralité de mon audition au Sénat que j’ai mise en ligne. Donc vous pourrez voir ce que, enfin entendre, plutôt, ce que j’ai dit, ce que j’ai fait concernant les droits des femmes, ce que j’ai dit. 

Et en fait, j’ai essayé d’être la plus fidèle possible au voix des femmes qui se sont confiées à moi dans le podcast.

À l’époque, j’avais fait environ 70 épisodes, et aujourd’hui j’en suis à presque 100, donc j’ai continué depuis.

Donc je suis allée au Sénat. J’étais extrêmement impressionnée.

J’avais conscience des enjeux. C’est la première fois que, enfin, des parlementaires se posent la question à ce sujet-là.

Donc pour moi, c’était une forme d’aboutissement, parce que tout ce que je fais, c’est pour pouvoir, ce n’est pas moi qui vote les lois, donc. Ce n’est pas moi qui écris les articles dans les journaux. Donc si tout ce que je fais permet que les médias ou les politiques se saisissent de la question, bah je considère que mon rôle, je l’ai joué comme il faut.

Je suis une porteuse d’eau, en fait.

Ou plutôt une porteuse de voix.

Et donc j’ai fait cette audition, qui s’est très bien passée.

J’ai vraiment été entendue, vraiment. C’était très émouvant. Écoutez le témoignage, vous verrez : j’ai donné tout ce que je pouvais donner. Vraiment.

Donc je n’ai vraiment aucun regret.

Et le rapport est sorti cette semaine, le rapport du Sénat. Et les préconisations sont tout à fait dans le sens de ce que j’espérais, voilà.

Le problème, c’est qu’on a la gauche la plus bête du monde, donc qui va sûrement voter contre ça, parce que c’est la droite qui la propose. Enfin, je veux dire, peu importe en tout cas. Pour moi, j’ai fait le maximum. 

J’avais une cartouche, j’ai utilisé ma cartouche, voilà.

Sophie – Je l’ai trouvé magnifique.

Blandine – Merci Sophie. En fait, je suis un peu émue d’y penser, parce que c’était vraiment, pour moi, un moment… Je n’aurais jamais imaginé que j’allais devoir, enfin pouvoir, dire les choses au Sénat. Enfin, parler comme ça. Et puis c’était vraiment très, très impressionnant, et je me demandais si j’allais être à la hauteur. Toujours ce problème d’être une impostrice. Et non, en fait. Non, je suis absolument légitime, comme dirait mon amie Maryne Bruneau, bien sûr. Achetez son livre!

Je suis légitime.

Et le 3 août, je reçois un mail, signé “le Bureau”…

Sophie – “le politburo” haha.

Blandine – … Me disant, me convoquant,  me demandant un rendez-vous dans la quinzaine, c’est-à-dire entre le 1er et le 15 août,  on croirait les lois qu’on fait passer entre Noël et le jour de l’an, pour, par rapport à des “problèmes” que j’aurais eus. Alors il n’y a aucune pièce, il n’y a aucune explication, il n’y a rien. 

Et le ton est tellement violent que j’ai besoin de consulter en urgence, une psy, qui qui me fait une attestation comme pourquoi j’ai des symptômes d’un stress post-traumatique. 

Je suis en état de choc, parce que l’association pour laquelle j’ai tant donné (parce qu’en fait je ne l’ai pas dit, mais j’ai aussi piloté les travaux du groupe Abolition, j’ai j’ai fait plein de choses, en fait, j’ai organisé beaucoup, beaucoup de choses, donc j’ai énormément donné à l’association) et d’un coup je suis convoquée parce que subitement, je suis euh… je ne sais pas. 

Il faut me, il faut m’effacer, quoi. 

Donc je réponds que non, je ne suis pas en état de participer à un entretien avec six femmes en face de moi, seule, sans connaître ni le motif, ni les raisons, ni rien du tout. Enfin, je réponds que non. Par contre, que j’attends qu’elles m’écrivent pour me donner des pièces, pour me donner des choses, des informations, et cetera, enfin les raisons de ce courrier. Et je n’ai jamais de réponse, en fait.

Donc ensuite, il y a eu toute une série d’événements dans la foulée, on va dire. 

En septembre, beaucoup d’amies administratrices d’olf écrivent quand même au bureau pour dire “ nous on veut bien faire une médiation, parce que, quand même, vous ne pouvez pas traiter Blandine comme ça.” 

Donc pas de réponse. 

En novembre, mes amies réécrivent en faisant une liste un peu de tout ce qui s’est passé, et elles écrivent, non pas au bureau, mais aux autres administratrices d’osez le féminisme.

Alors oui, ce que j’ai oublié de dire, c’est qu’en juin, alors sans doute pour préparer un peu l’affaire, il y a eu une vingtaine de nouvelles administratrices qui sont arrivées, qu’on ne connaît pas. Donc le jour venu elles vont devoir presser un bouton. Alors je comprends maintenant quel était le bouton, puisque le bouton, c’est ma radiation. Donc il y a eu toute une série de courriers auxquels j’ai répondus, ou d’autres répondus. J’ai fini par prendre une avocate, ne comprenant pas du tout pourquoi j’étais accusée de “mettre en danger l’association”. Donc là, on me rajoute que je tiens des propos racistes, et que, en plus, je suis en collusion avec l’extrême droite. Donc apparemment, Madame Jacqueline Eustache-Brinio, c’est l’extrême droite.

Alors moi, je ne partage pas toutes ces idées, évidemment pas. 

Mais je parle avec qui je veux en plus

Sophie – Le ton de ces courriers, le ton de ces lettres, de ces documents est d’une violence ! C’est, c’est stalinien, en fait ! C’est des propos, un dossier qui est argumenté,  c’est des propos complètement staliniens, c’est presque historique, en fait. On a l’impression de… J’ai eu l’impression de lire un truc qui aurait pu être sorti dans les années 50. On imagine le Parti Communiste dans les années 50, avec des gens qui se faisaient descendre, et qu’ils faisaient faire de l’auto flagellation en public. C’est d’une violence.

Blandine – Par des femmes en plus.

Sophie – Oui oui, tout à fait, par des femmes.

Blandine – Qui en plus utilisent tout le temps le mot sororité, voilà, pour faire passer la pilule… Qui aussi se prétendent victimes de procès “bâillon”, et je veux bien le croire, effectivement Girard c’était un procès bâillon…

Mais elles me font la même chose, en fait. Elles m’attaquent, elles m’envoient des lettres recommandées, elles m’envoient des mails, et même elles me coupent l’accès aux mails du collectif. En tant qu’administratrice d’olf, elles ont censuré mes messages.

Donc j’ai cessé de m’adresser à elles.

Et maintenant, c’est mon avocate qui est en contact.

Sophie – Je me permets d’ajouter un truc, parce que, donc elles t’accusent effectivement d’être d’extrême-droite, ce qui… En fait, elles se sont approprié la rhétorique transactiviste en fait.

Blandine – Oui, c’est ça ! C’est fou.

Sophie – Voilà, c’est la rhétorique des hommes en jupe, qui doivent diriger tout… Et donc, elles t’ont accusée de racisme, des choses comme ça… Mais en fait, aussi, dans les documents que tu m’as donnés à lire, elle te reprochent ton féminisme, c’est ça qui est frappant. C’est-à-dire qu’il y a des alinéas, effectivement, sur l’extrême droite, et tout ça. Mais elles détaillent, sur un ton accusatoire extrêmement violent, toutes tes actions féministes. Quelque part, c’est même dommage, en fait, parce qu’elles montrent, elles révèlent à travers ce document, que tu es une féministe extrêmement engagée, extrêmement concrète. Tu ne te contentes pas d’être dans des groupes sorores, mais tu agis, tu es une femme d’action, tu fais énormément de choses. Et elles te reprochent ton féminisme, c’est un réquisitoire, en fait.

Blandine – Le dossier que j’ai reçu là, qui fait donc une pile comme ça, vous voyez il est là. On ne voit pas très bien, mais bon voilà. En fait, il y a de tout dedans. Mais c’est même grotesque. Moi, si mes élèves me rendaient un dossier comme ça ils auraient 02/ 20!

Il y a… elles ont mis, par exemple, non mais un truc de fou… Attendez, je regarde. Elles ont mis la biographie Wikipédia, on ne sait pas trop pourquoi, de Thaïs d’Escufon. Je ne sais pas… je suppose que c’est ma meilleure amie.

Sophie – C’est qui ?

Blandine – Alors, moi je ne la connais pas personnellement mais il paraît que c’est une, tu sais, c’est une femme d’extrême droite, qui est, genre, antiéministe.

Sophie – D’accord.

Blandine – Donc elles m’ont mis la biographie de Thaïs D’escufon

Sophie – Déshonneur par association, comme d’hab.

Blandine – Exactement, c’est ça. Voilà. Alors il y a aussi la biographie, alors il y en a d’autres. Il y a aussi la biographie de, comment il s’appelle, alors attends, je vais… Julien Rochedy!!!

Sophie – Genre, c’est ton pote! hahah

Blandine – Il n’y avait tellement rien dans le dossier qu’elles sont allées prendre des des biographies, de Julien Rochedy, et puis un autre que je ne connaissais pas non plus, qui s’appelle… Damien Rieu ! Damien Rieu, voilà. Damien Rieu. Damien… Attends, voilà. Tu le vois ? Ah pardon, on ne voit pas bien. 

Damien Rieu, croyez-moi sur parole, c’est la biographie de Damien Rieu.

Mais d’autres choses, par exemple elles ont recopié à la main, ça a dû les occuper, le générique de Rebelles du genre, disant quand même, qu’on manque un peu d’empathie pour les personnes trans qui souffrent beaucoup. Bref. 

Voilà, voilà.

Donc j’ai gardé, bien sûr, tout ça. 

Ah oui, elles ont aussi eu une taupe qui est venue à WDI et qui a copié des compte-rendus de réunion, et qui d’ailleurs, récemment, vient d’adhérer à l’antenne locale d’osez le féminisme que je préside. Je pense qu’elle a tellement d’admiration pour nous qu’elle a vraiment, vraiment envie de nous fréquenter. 

Bref.

En fait, les femmes d’Osez le féminisme ne sont pas devenues stupides, parce qu’elles sont quand même, elles ont bien conscience que le genre, c’est l’oppression, évidemment. 

Par contre, elles sont devenues méchantes.

Et elles s’en sont prises à moi, personnellement, en me dénigrant, en me harcelant, en n’entendant pas le fait que non, il y a des choses qu’on ne fait pas, il y a des choses qu’on ne dit pas. En m’insultant aussi, en insultant également, en parlant de moi à des endroits où je ne suis pas, mais il y a des personnes qui viennent ensuite me le dire. Par exemple à la manifestation du 25 novembre, il y a des femmes d’Osez le féminisme qui racontaient, qui parlaient de moi en fait, et une autre femme qui était derrière, s’est ensuite renseignée pour savoir qui j’étais, et m’a donné l’information. Donc voilà : il y a du dénigrement.

Donc c’est pour ça que là, j’ai pris la décision de porter plainte, en fait, pour harcèlement et pour diffamation. 

Parce que là, c’est allé trop loin, sachant quand même que, de toute façon, il va y avoir ma radiation qui va être votée le 12 avril à 19h30. 

Tous les presses boutons seront présents.

Sophie – Quelles sont leurs motivations, à ton avis ? 

Blandine – Alors, les motivations…

Sophie – Si on fait une aparté : le mouvement transidentitaire, comme tu le dis, elles ne peuvent pas être innocentes au point de ne pas se rendre compte à quel point ça remet en question tous les acquis du féminisme.

Blandine – Alors pas toutes, mais il y en a au moins une, au moins une dans le bureau qui n’a pas compris.

Sophie – Le mouvement transidentitaire, il est pro-prostitution. OLF en a fait son combat, c’est le combat contre la prostitution et contre la pornographie. 

Le mouvement transidentitaire, il est pro porno.

Blandine – Absolument.

Sophie – Il est pour l’empowerment de… En fait, quand on lit…

Blandine – Il est pour le BDSM aussi, et les violences sexuelles en général.

Sophie – C’est ça : pro BDSM. Il est anti-abolitionniste, il est, il est complètement contraire aux valeurs, même si on…C’est sans aucune ambiguïté. Tout le mouvement transidentitaire en bloc. Donc c’est complètement absurde, ça n’a aucun sens en fait ! Parce qu’en fait, elles luttent, en luttant contre toi, elles luttent contre leurs propres valeurs. Non seulement, en plus elles luttent,  et elles agressent aussi, à travers toi, toutes les féministes radicales de…

Blandine – En fait oui, c’est pour ça que j’ai choisi de parler aujourd’hui. Parce que ça fait trop longtemps que je me tais, trop longtemps que j’accepte les choses, en me disant que je ne vais pas faire la politique du pire, parce qu’il y a quand même le procès du porno, parce qu’OLF, c’est quand même une association qui a une histoire, et cetera. 

Mais en fait, OLF, c’est pas elles. Là, on a des parasites qui sont en train de faire n’importe quoi, qui me traitent extrêmement mal moi, personnellement, mais plus globalement, je veux dire, on a une bonne dizaine d’administratrices qui ont démissionné récemment, parce que ce n’est plus possible, en fait. Dès qu’on dit quelque chose qui ne plaît pas aux femmes du bureau, on commence à recevoir des vocaux… Alors moi, j’ai, par contre, un dossier béton. J’ai tous les vocaux, j’ai gardé tous les mails, les SMS, et cetera. Vous n’imaginez pas le nombre de fois où il y a des pétages de plombs ! Et il y a notamment une femme dans le bureau, quand elle pète les plombs, c’est sévère !

Sophie – Enfin, c’est inadmissible. Il y a une chose aussi, si tu me permets, auquel ça me fait penser. La direction d’OLF, c’est un gros panier de crabes. Ce sont des femmes, et le fait de… Elles cherchent à faire de toi un bouc émissaire. Et le bouc émissaire, le rôle du bouc émissaire, c’est de créer une unité factice. Le fait de combattre ensemble sur ce bouc émissaire, ça leur permet d’avoir l’impression de former un groupe, de former une tête. 

Blandine –  Alors c’est tellement vrai.

Sophie – Je pense que c’est à ça que tu leur sers. Tu leur sers à se créer une unité factice.

Blandine – Exactement. Parce qu’en fait, c’est des femmes qui n’ont rien en commun, en dehors de leur envie de me faire dégager, ou de m’abattre.

C’est la honte.

Sophie – Donc si tu n’étais pas là, en fait, si elles n’étaient pas en train d’engager leur énergie contre toi, elles seraient en train de …

Blandine – Elles ne peuvent pas se supporter, elles ne peuvent pas se supporter ! Comme je te l’ai dit, il y en a une qui m’a contactée, pour faire une liste contre elles, parce que ça se voyait trop, quand même. Alors du coup, maintenant, elles sont obligées de fonctionner ensemble, et je pense que c’est l’explication à la fin de, voilà. Mais bon, tout ça, moi, le but ce n’est pas de régler mes comptes. Là, je dis la vérité, je dis ce qui s’est passé. Ce que je veux, c’est qu’on en sorte, de ça. Le mouvement féministe ne peut plus fonctionner comme ça. 

Sophie – Et puis il y a une trahison vis-à-vis du gros de la troupes d’olf aussi. 

Parce qu’il y a une chose qui est très importante : c’est que tout ce que tu racontes, ça s’est passé en, pas en privé, mais au sein de groupes, en faitn le gros d’OLF, là tu es en train de les informer avec ce qu’il se passe.

Blandine – Absolument. 

Sophie – Elles ne sont pas au courant, ça se passe dans leur dos.

Blandine – Absolument. Il y a une injonction au silence en permanence, c’est-à-dire que, dès qu’il y a un truc qui est dit sur la boucle mail du conseil d’administration d’OLF, c’est réputé être secret. Mais en fait, ça ne fonctionne pas comme ça.

Et en fait, les choses ne sont jamais faites ouvertement. Dans chaque courrier que j’ai reçu, il y avait une injonction au silence. C’était : “On te demande de ne pas en parler.” Et moi, à chaque fois je disais : “Mais non ! Moi je tiens à ce que ça reste public.” Et c’est pour ça, aujourd’hui, que je fais ce ce ce témoignage. 

Je pense qu’il faut savoir tirer les enseignements de nos erreurs, reconnaître qu’on en a fait, et ensuite essayer de faire mieux. 

Parce que là, en fait, ce qui se passe avec moi, il faut quand même le savoir, il y a eu des dizaines de femmes avant. Parce que, quand même, je fais un peu connaître le problème, et il y a plein de femmes qui m’ont contactée en disant : “moi aussi, ça m’est arrivé, moi aussi ça m’est arrivé.” Que ce soit d’autres administratrices, que ce soit des salariées, que ce soit des stagiaires, que ce soit des femmes en service civique. Donc on ne peut pas continuer comme ça. Cette association, qui a de bons fondamentaux quand même, parce qu’ il y a les valeurs, et qu’il y a une vraie base militante, elle doit absolument faire le ménage aujourd’hui, et cesser d’excuser ou de valoriser des comportements violents et antiféministes, tout simplement. 

Alors on pourrait me dire : “Oui mais ce n’est pas féministe que tu parles contre Osez le féminisme, et cetera.” 

Moi, je n’ai rien contre Osez le féminisme.

Par contre j’ai contre les pratiques violentes qui s’y passent aujourd’hui. 

Et si l’association, elle doit continuer sur cette tendance-là, il vaut mieux qu’elle disparaisse, en fait. Parce qu’aujourd’hui, c’est une machine à broyer les militantes.

Sophie – Et des pratiques dont on ne tolérerait pas le quart du 10ème, du 20ème si c’était de émis par des hommes.

Blandine – Absolument. On ne peut pas, on ne peut pas être, justement, dans une incongruence pareille. On ne peut pas avoir des mots d’un côté et des pratiques de l’autre, ce n’est pas possible.

Donc moi, voilà. Je préfère dire les choses ouvertement. Bon, après, Rebelles du genre, c’est quand même assez confidentiel, comme diffusion. Mais au moins, je dis ce que j’ai à dire, sachant que je suis censurée à chaque fois que je veux m’exprimer au niveau d’OLF. Elles me reprochent de ne pas avoir voulu discuter, mais je sais pas, toi Sophie, mais moi, quand je suis convoquée à une réunion où je vais être toute seule face à six femmes…

Sophie – Tu n’as pas voulu t’auto flageller.

Blandine – Non, non je n’ai pas voulu!

Sophie – Dans ce pseudo tribunal ! Alors qu’en plus de ça, enfin je veux dire, le fait est qu’en plus, au moins deux d’entre elles savent, pour mon autisme, parce que là, je le dis ouvertement, mais ce n’était pas du tout un truc officiel. 

Elles le savent.

Et donc elles, enfin je veux dire, il suffit d’être un tout petit peu au courant pour comprendre que ce genre de situation, ça fait vriller une personne neurotypique. Et pour une personne autiste, ce n’est carrément pas possible, voilà. 

Donc me convoquer et me traiter comme ça, c’est juste inhumain.

Donc voilà. Bon, après, je n’ai pas de haine. 

Moi, je veux juste continuer ma vie de féministe, et je vais continuer.

En fait, c’est même pas “je veux”, c’est “je vais” continuer ma vie de féministe, parce qu’elle ne dépend pas de ces femmes.

Parce que si OLF se relève de ça, tant mieux, c’est vraiment mon désir le plus cher, vraiment. Mais si, par contre, ça continue comme ça, bah en fait ça va s’effondrer et puis ce sera bien mérité.

Et les femmes qui veulent militer, elles vont perdre quelque chose de formidable, on va perdre un matrimoine, mais après tout, il y a beaucoup de femmes qui ont déjà quitté Osez le féminisme. Par exemple à l’antenne de Lyon, elles sont maintenant allées à Femmes Solidaires, et elles y sont très bien. 

Sophie – De toute façon, les troupes de Osez le féminisme doivent être au courant de ce qui se passe, et ça ne peut pas se passer, ces agissements ne peuvent pas se passer sans qu’elles aient conscience de ce qui se passe.

Blandine –  C’est ça. Et puis aussi, euh moi ce que je voudrais aussi, c’est diffuser, que les administratrices qui vont voter ma radiation, ça ne fait pas l’ombre d’un doute pour moi, comprennent quand même que, dans les histoires qu’on leur raconte, il faut avoir un peu d’esprit critique. Il faut un peu accepter de réfléchir, et que dans cette affaire, le fond du fond, c’est que ces femmes, elles ont peur. Elles ont peur de la peur. Elles n’ont même pas peur de moi, évidemment, enfin peut-être qu’elles ont peur de moi maintenant, un peu parce que je suis un peu énervée maintenant, mais elles ont peur des transactivistes. Elles ont peur de tout, en fait. Et on est plutôt dans une relation de gestion de leurs peurs qui les rend méchantes. J’ai de la peine pour ça, parce que je… Mais la peur n’efface pas le danger en fait. Ce n’est pas parce que tu as peur des transactivistes que ça va les rendre gentils, en fait. C’est juste qu’ils vont avancer plus loin, ils vont avancer plus loin et le moment où tu vas te réveiller, ce sera trop tard.

Sophie – C’est ça, ça leur donne de l’énergie, ça leur donne… ça sape complètement les fondements du féminisme, et les combats d’OLF.

Blandine – Regardez par exemple, en Irlande, les féministes, elles ont marché main dans la main avec les transactivistes. Maintenant, il y a tous les violeurs, ils vont dans les prisons pour femmes. 

Mais, mais à quel moment on ne défend plus les femmes en fait ? À quel moment le féminisme c’est prendre soin des hommes, de leur ressentis et de leur… ?

Sophie – Et à quel moment on peut combattre le porno et la prostitution, et toute l’exploitation sexuelle des femmes lorsque on prête allégeance à un mouvement qui cherche à valoriser l’exploitation sexuelle des femmes et le porno ? Ça n’a aucun sens!

Blandine – C’est totalement absurde, et c’est désespérant. Enfin, pour moi, c’est quelque chose qui est extrêmement douloureux, j’ai vraiment du mal. Enfin je veux dire, j’ai morflé dans tout ça.

Ça ne m’a pas fait tomber, hein.

Je suis sous anti dépresseurs et sous anxiolytiques, mais je suis debout. Je suis debout et peut-être qu’elles se seront écroulées, et je serai encore debout. Et j’aurai arrêté les anxiolytiques et les antidépresseurs.

Je voulais, je voulais juste finir, enfin je ne sais pas si… finir tu as d’autres questions Sophie ? Est-ce que tu as des points dont tu penses qu’on devrait les développer plus?

Sophie – Alors je voulais dire bravo. Bravo. Moi, je suis vraiment honorée, je suis très fière, honorée de t’avoir rencontrée… Je trouve que, en fait, c’est le paradoxe de la situation, c’est que ce combat tellement injuste qu’elle mènent contre toi et c’est vrai ça ça explique… en fait c’est aussi un épisode du fait que c’est tellement difficile, en tant que féministe radicale, de combattre le transactivisme, parce qu’en fait, on est obligées de se battre constamment de l’intérieur, dans les milieux de gauche, les médias de gauche, la mine et là, avec ce qui se passe à OLF, c’est un avatar de plus. Mais du coup, je suis d’autant plus honorée et ravie d’avoir fait ta connaissance, comme d’avoir fait la connaissance de quelques autres personnes, on n’est vraiment pas nombreuses, à ne pas avoir peur de de la peur, et j’adore cette expression, parce que c’est tellement juste.

Blandine – Oui. C’est exactement ça. Donc je te remercie pour, et pour toutes celles qui ont eu le la patience d’aller jusqu’au bout, je vais vous partager une citation d’Audre Lorde, cette magnifique poétesse afro-américaine : 

“J’écris pour les femmes qui ne parlent pas, pour celles qui n’ont pas de voix parce qu’on les a tant terrorisées, parce que l’on nous apprend à respecter la peur plus que nous-mêmes. 

Nous avons appris que le silence nous sauverait, mais il ne le fera pas.”

Pour conclure, je vous remercie d’avoir écouté. 

Je suis vraiment désolée pour celles que ça a pu mettre mal à l’aise. 

Je suis vraiment triste d’avoir été contrainte, finalement, de faire ce moment, et heureuse de le faire avec toi, Sophie. Merci encore.

Donc vous voyez, je suis très, très partagée.

Je suis aussi très soulagée d’avoir pu dire les choses, j’imagine que le dénigrement va s’implifier, évidemment, je ne me fais aucune illusion. Enfin déjà, quand on dit que je suis raciste, je ne sais pas sur quelle base, mais apparemment je serais raciste, et d’extrême droite et je pense que ça va continuer.

Bref, je vous remercie, en tout cas beaucoup, d’avoir écouté. Je suis désolée de vous dresser un tableau du féminisme qui n’est quand même pas top. 

Mais je veux quand même vous faire part de ma conviction profonde : je pense que c’est important d’avoir des valeurs. C’est important de savoir pourquoi on se bat. 

Moi, je me bats pour les femmes, et je me bats pour les filles. Et je n’en démordrai pas. Et je pense que c’est ce qui fait que je suis debout.

Et je pense qu’il y a beaucoup de nous qui avons besoin d’être debout. Et moi, le féminisme, ça m’a redressée, ça m’a permis d’être debout, vraiment.

Donc : organisez-vous. Vous n’avez pas besoin d’être 50. Vous démarrez à deux, puis un jour il y a une troisième qui arrive, une 4ème, et à ce moment-là vous arrivez à faire un groupe.

Et contactez-nous. Je vous mets en relation les unes avec les autres. Ne restez pas seules dans votre coin.

Féministe, toute seule, c’est trop horrible, en fait : on a des lunettes, on voit bien. Comme disait René Char : “La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil”. Donc féministe, ça fait mal.

Mais par contre, quand on est ensemble, c’est merveilleux ! 

Et moi, depuis que je fais le podcast par exemple; j’ai rencontré des centaines de femmes merveilleuses, voilà. C’est une chance, et vous pouvez vous créer ces chances, il y a plein de choses à faire, il y a tellement de choses à faire.

Donc allez-y. 

Dans la sororité, par contre.

Générique – Merci d’avoir écouté notre parole, et n’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible. S’il vous plaît, signez la Déclaration des Droits des Femmes basés sur le sexe : womensdeclaration.com 

Rebelles du genre – Hors Série – Audition au Sénat

Blandine – Aujourd’hui, je vais vous proposer quelque chose d’un peu différent de d’habitude.

La semaine dernière, vous avez sans doute entendu parler du rapport qui est sorti par le groupe de travail au Sénat sur la transition des mineurs, ça a été quand même beaucoup repris par les médias, il y a eu pas mal d’articles là-dessus, avec évidemment, toujours pareil, un clivage entre les médias bien-pensants qui pensent que, évidemment, si on empêche les enfants de transitionner, c’est qu’on veut leur mort, et puis, peut-être, d’autres qui commencent un peu à ouvrir les yeux.

J’ai contribué à ce travail puisque j’ai été auditionnée par ce groupe de sénatrices au mois de juillet dernier.

Et je vais vous partager ce que j’ai dit, puisque je l’ai enregistré.

Générique – Bonjour et bienvenue sur le podcast “Rebelles du genre”. Nous sommes des femmes, militantes pour l’affirmation et la protection des droits des femmes basés sur le sexe, et donc notre biologie. Le sexe est la raison de notre oppression par les hommes, et le genre en est le moyen. Nous sommes les rebelles du genre.

Nous observons aujourd’hui avec fureur des hommes qui envahissent nos espaces, agressent nos sœurs, revendiquent nos droits.

Conditionnées à la gentillesse et touchées par leur victimisation, les femmes mettent en général un certain temps à comprendre l’arnaque du mouvement transactiviste, et commencent souvent par soutenir cette idéologie. Puis elles ouvrent les yeux, constatent sa violence, et la refusent.

Ce podcast est là pour donner la parole à des femmes qui expliqueront pourquoi et comment elles sont devenues critiques du genre et qui témoignent de leur parcours. Écoutons leur paroles.

Blandine – En effet, il y a énormément de ragots qui sont colportés, que ce soit dans le milieu transactiviste – ce qui n’est pas une surprise – mais aussi dans le milieu féministe. Et d’ailleurs, j’en profite pour vous annoncer mon témoignage personnel, puisque j’ai fait le premier témoignage de Rebelles du genre, le numéro 1, qui était, en fait, une sorte de brouillon. C’était pour voir si on était capables de faire un podcast… Et puis on l’a mis en ligne, et tout de suite il y a eu des personnes qui se sont abonnées, et cetera. Donc on a laissé mon témoignage publié, c’est le numéro 1. Et depuis bientôt 3 ans maintenant, il y a beaucoup beaucoup de choses qui ont changé, et pas qu’en bien, et j’ai beaucoup de choses à dire, et notamment sur les mouvements féministes et leurs relations à la transidentité. Et c’est pour ça que je vais très très prochainement témoigner aussi des ravages du genre dans le milieu féministe.

Je ne vais pas en dire plus aujourd’hui parce que je prépare tout ce que j’ai à dire. 

Donc, pour revenir au sujet d’aujourd’hui, j’ai été auditionnée le 12 juillet dernier au Sénat. J’ai utilisé lors de mon témoignage, de mon audition, les informations que j’ai récoltées tout au long de ce travail que je mène depuis maintenant 3 ans avec le podcast “Rebelles du genre”, que j’ai créé au départ avec quelques amies. Ma participation à ce groupe de travail, c’est le résultat d’une expertise que j’ai développée en me renseignant énormément, en lisant à peu près tout ce qu’on pouvait lire en français et en anglais sur la question de la transidentité. J’ai écouté des centaines de femmes témoigner : des jeunes filles, des femmes adultes, des féministes, des femmes qui se disent pas féministes, des mères, des filles qui ont transitionné puis détransitionné, et cetera. 

J’ai aujourd’hui une vraie expertise sur cette question, et d’ailleurs le podcast est aujourd’hui une sorte de référence sur la question, même si notre diffusion est assez confidentielle, compte tenu du caractère sensible du sujet. C’est comme ça. J’aimerais bien que on nous entende plus, mais en tous les cas, j’ai cette expertise-là. C’est pour ça que, quand j’ai été sollicitée pour être auditionnée au Sénat, en fait je n’ai pas du tout hésité. Je ne me suis pas du tout posé la question, premièrement, de ma légitimité. Parce que je suis légitime : j’ai cette expertise, et je porte la voix des femmes.

Et je ne me suis pas non plus posé tellement de questions sur le groupe de travail, qui est donc issu du groupe “Les Républicains”. Effectivement, pour les féministes, Les Républicains, ce ne sont pas nécessairement les plus grandes féministes qu’on connaisse.

Mais si on ne devait parler qu’avec les personnes qui se disent féministes, et qui ont en plus une pratique féministe, parce qu’il y a quand même un gros écart entre les deux, en gros on parlerait avec à peu près… personne. Parce qu’aujourd’hui il faut bien reconnaître que, à gauche, il n’y a aucun parti pour défendre les droits des femmes de manière féministe. Tous les partis de gauche, aujourd’hui, ont des postures, on va dire… au minimum “ambigues” sur les droits des femmes, que ce soit sur les questions de pornographie, de prostitution (qui serait un travail, par exemple, pour le NPA ou pour Europe Écologie Les Verts) et bien sûr pour la question du genre.

L’autodétermination du genre, par exemple, qui est prônée par la France Insoumise qui a déposé un un amendement pour que les hommes qui se disent des femmes puissent être incarcérés avec les femmes… Voilà.

Donc sur tous les points qui sont les points du combat le plus vif aujourd’hui pour les féministes, et je suis viscéralement féministe, donc les questions de GPA, les questions de pornographie, de prostitution, et la question du genre, et plus globalement la question du sexisme et des violences sexuelles, il n’y a aucun parti à gauche qui peut dire qu’il a une posture véritablement féministe. 

Il n’y en a pas à droite non plus. Mais au moins, ce groupe de travail m’a invitée, et j’ai pu dire ce que j’avais à dire. Je n’ai pas refusé d’invitation de parti de gauche. Je n’ai pas été invitée, c’est tout. Évidemment, la question se serait complètement posée, enfin non, elle ne se serait même pas posée si j’avais été invitée par le Rassemblement National ou n’importe quel parti d’extrême droite. Je n’aurais pas accepté.

Voilà. Donc je tenais à faire cette mise au point. On est aujourd’hui dans une démocratie qui est en train de perdre pied, et en particulier la liberté d’expression est énormément mise en danger, la liberté de conscience aussi. Le fait de croire qu’on n’est pas une femme quand on a un pénis, ça, c’est aujourd’hui quelque chose que la société nous interdit. Et moi, je me bats avec la dernière énergie pour pouvoir continuer à dire que 2 et deux font 4. Libre à vous si vous voulez penser le contraire, ou faire semblant de penser le contraire. Moi pour ma part, 2 et de font 4, et les femmes sont des adultes femelles humaines, et les filles sont des futures femmes. Point à la ligne.

Donc je vous livre l’enregistrement que j’ai fait au Sénat, puisque je me suis enregistrée quand j’ai parlé. J’ai coupé les interventions des femmes qui ont parlé avant moi, qui étaient Michèle Vianès et Kathleen Stock. 

Et j’ai également coupé les questions/réponses après, puisque je n’ai pas demandé l’accord des personnes qui sont intervenues.

Donc je ne prends que ma voix et l’introduction par Madame Jacqueline Eustache Brinio, qui est la sénatrice qui a organisé ce groupe de travail au Sénat.

Je vous souhaite une bonne écoute.

J’ai réécouté tout ce que j’ai dit, et je dois dire que je suis encore à 100 % d’accord avec ce que j’ai dit.

Et je tiens à remercier du fond du cœur toutes les femmes qui m’ont fait confiance,  qui ont témoigné, et dont j’espère avoir porté la voix correctement.

Quand une femme a souhaité témoigner à Rebelles du genre, c’est pour que sa voix soit entendue. 

Et ici, j’ai porté les voix de ces femmes. 

J’ai porté vos voix.

Jacqueline Eustache-Brinio – Il y a à peu près maintenant un mois et demi, nous avons mis en place un groupe de travail qui s’appelle : “Transidentité : devons-nous légiférer ?” Parce que nous sommes un certain nombre de sénatrices, d’ailleurs, plutôt que de sénateurs, à s’interroger sur un phénomène de société qui, en France, nous inquiète vraiment. Donc il n’y a pas de jugement moral pour nous. Enfin, ce n’est vraiment pas le sujet, juste un projet, enfin, un questionnement de société, et probablement du regard des jeunes sur un certain nombre de sujets, qui nous interrogent en tout cas. Donc nous avons mis en place ce groupe de travail, l’objectif étant, probablement à la faveur de tout ce qu’on aura pu poser, écrire, de faire une proposition de loi, voilà. Donc c’est un groupe de 18 sénateurs et sénatrices, essentiellement des sénatrices, d’ailleurs. 

Alors on a, aujourd’hui, souhaité faire une table ronde avec, probablement, des interrogations sur les conséquences sociales de ce que nous vivons. 

Après, chacune pourra se présenter. 

Ce que je vous propose, c’est d’entendre d’abord ces trois intervenantes sur ce qu’elles ont à dire sur ce sujet, et évidemment nous échangerons, et nous vous interrogerons sur vos propos. 

Voilà, je vous laisse la parole, et ne vous inquiétez pas : vous avez le temps dont vous avez besoin.

Blandine – Merci, merci Michèle, merci Kathleen, merci à vous.

Bonjour à toutes et à tous.

Je suis professeuse, j’appartiens à un groupe de femmes qui s’organisent au plan mondial pour défendre l’idée que les droits des femmes doivent être basés sur le sexe :  c’est la WDI, women’s declaration international.

Et donc, en France nous avons WDI France qui s’appelle également Noues Femmes, puisque c’est la question de l’effacement des femmes dont nous parlons. 

Le podcast Rebelles du genre, que j’ai créé, en est une émanation. Vous nous trouverez sur toutes les chaînes de podcast, et nous recueillons des témoignages de filles et de femmes qui décrivent la réalité de l’idéologie du genre pour les femmes et pour les enfants, enfantes. 

Notre objectif, c’est donner la parole aux femmes et aussi documenter un phénomène qui est jusque-là ignoré par les médias et par les politiques. 

Tout mon propos sera donc basé sur les témoignages que j’ai recueillis personnellement, qui sont 63 publiés à ce jour, avec une dizaine en préparation, et que je tiens à votre disposition. Ils sont disponibles aussi en ligne.

Il y a des femmes, des filles de toutes origines, de toutes les régions, de beaucoup de pays dans le monde, de tous les métiers. Des détransitionneuses, des ex transactivistes, des parents d’enfants qui se disent trans, et cetera. 

Et je suis très heureuse de m’exprimer ici aujourd’hui.

Merci beaucoup.

Merci de créer cet espace de discussion et de réflexion.

Je suis un peu, un peu émue de pouvoir m’exprimer.

Je vais poser une analyse politique de cette question, parce que la question qui nous réunit ici n’est pas seulement un sujet psychologique et individuel, mais bien une question sociale, et donc collective, à la fois sur le plan des causes et sur le plan des conséquences.

Et ce sont les valeurs universalistes aujourd’hui que les activistes des droits des trans, comme vous l’avez bien dit, Michèle, remettent en question et fragilisent ainsi les droits des femmes et des filles.

En préalable, je vous demande de garder bien à l’esprit qu’il n’y a aucune démonstration scientifique, aucun début de preuve, qu’il existe quelque chose qui ressemble de près ou de loin à ce qu’on appellerait une “identité de genre”.

Tout cela n’existe au départ que dans la tête de quelques penseurs post-modernes qui ont réussi à convaincre, d’abord quelques dizaines, puis des milliers, puis des millions de personnes, d’une sottise telle que : “il est possible d’avoir une identité séparable du corps”. 

Et en France, plus d’un siècle après la loi de 1905 instituant la laïcité en France, c’est pour le moins inquiétant.

Pas plus qu’il n’existe la moindre preuve que les traitements médicaux et chirurgicaux aient un rapport bénéfice/risque acceptable.

Je vais développer dans un premier temps pourquoi cette idéologie est dangereuse pour les enfants, en particulier pour les filles. J’essayerai de faire vite, puisque ça a déjà été dit.

Ce sera ma première partie. Ensuite, je démontrerai comment cette idéologie totalitaire attaque les droits des femmes et, bien sûr, celles qui les défendent, c’est-à-dire les féministes, et plus généralement comment cette idéologie sape notre lien social, met en danger nos institutions, nos libertés fondamentales, et, partant, notre démocratie.

Donc tout d’abord, l’idéologie du genre est un danger pour les enfants, et plus particulièrement, on l’a vu déjà, pour les filles. 

Parce que pour les filles, ce sont des pertes d’opportunités, des pertes de repères, des pertes de modèles pour les jeunes filles. 

La protection de l’enfance se base sur l’idée que les enfants ne sont pas des adultes. Cette réalité, pourtant évidente, doit être réaffirmée, notamment lorsque des mouvements prétendument progressistes essayent de l’effacer. Les transactivistes développent l’idée incroyable qu’un enfant pourrait consentir de manière éclairée à une décision d’une telle gravité qu’un changement de sexe, avec tout ce que ça implique, et là je vais utiliser les vrais mots : castration, stérilisation, handicap définitif.

Cette démarche s’apparente beaucoup à celle des propédophiles des années 1970, 80 qui expliquaient que l’âge était une construction sociale.

D’ailleurs, nous avons désormais, en plus des hommes qui se transidentifient femmes, des hommes qui se transidentifient… petites filles.

Les transactivistes ne nient pas l’enfance, mais la considèrent comme secondaire par rapport à la transidentité.

Par exemple, une petite fille qui arrache ses barrettes serait capable, dès quelques mois de vie, de déclarer de cette façon qu’elle serait “née dans le mauvais corps”.

Alors à chaque fois, je vais vous citer des numéros de témoignage. 

Ici, c’est le témoignage numéro 44, de Sophie Robert, qui permet de de vérifier ça.

Donc je vais vous citer à chaque fois le nom des témoines, voilà.

Donc la transition, c’est une évidence, elle est mauvaise pour les enfants, sur le plan de leur santé comme sur le plan de leur intégration sociale. Elle fait peser sur eux des décisions qu’ils ne sont pas en mesure de prendre. On a le livre d’Abigail Schraier, “Dommages irréversibles”, qui en parle très bien.

Parmi les enfants, certains sont particulièrement vulnérables, et nous devons les protéger spécifiquement. Et ce sont les filles, qui représentent selon les études, entre 75 et jusqu’à 83 % des enfants qui transitionnent.

Pourquoi ce chiffre ?

Alors, on a quelques explications qui ont déjà été citées. Je vais y revenir, parce que le fait est que j’ai eu des témoignages là-dessus.

Donc on a les violences sexuelles qui ont été subies antérieurement.

Le fait de vivre dans un environnement pornifié, où l’hypersexualisation des filles, parfois dès le plus jeune âge, est la norme, et il en découle un grand malaise pour ces filles en début d’adolescence, au moment où leur corps change, et au moment où le regard des hommes pèse sur elles. Elles essayent de fuir la féminité qui est perçue comme source de violences et d’attentes sociales insupportables. 

Deuxième fait, le fait d’être attirées sexuellement, ou romantiquement, par les filles. Parmi les jeunes filles qui transitionnent, on a 90 % de lesbiennes. 70 % de lesbiennes et 20 % de filles qui se disent bi. Donc on a vraiment une prévalance de l’homosexualité féminine, qui est énorme, et qui doit nous interroger.

Pourquoi ? Pourquoi ? 

Eh bien parce que ces jeunes filles, qui sont attirées par des filles, vont sur les réseaux sociaux, se posent des questions. Et elles vont tomber sur des groupes transactivistes qui vont les maltraiter, qui vont leur apporter des réponses purement homophobes, parce qu’ils se font passer pour des progressistes, mais c’est purement homophobe. La première phrase, ça va être : “Tu aimes les filles, tu es donc un garçon, donc il faut que tu transitionnes.” Il n’y a plus de lesbiennes aujourd’hui dans les collèges et dans les lycées, il n’y a plus que des filles qui se disent trans.

Et l’autre violence faite aux lesbiennes, enfin parmi tout le panel, parce qu’il y en a beaucoup, la deuxième c’est le fait que refuser de relationner avec une “femme trans lesbienne”, c’est-à-dire un homme hétéro, ce serait transphobe, et donc c’est source de violences sexuelles. Et ce n’est pas du… Vraiment, on n’est pas dans quelque chose de virtuel, c’est réel ! 

Ils appellent ça le “Cotton ceiling”, le le plafond de coton. Bon, je ne vais pas développer, mais on est quand même dans, purement, dans de la violence sexuelle. Ils vont harceler les lesbiennes, exiger d’elles qu’elles remettent en question leur “refus du pénis”, au motif que ce refus exclurait les hommes qui se prétendent être des femmes.

Les adolescentes lesbiennes sont particulièrement vulnérables, parce qu’elles sont jeunes, et elles sont les premières victimes de ce harcèlement.

On a deux témoignages que vous pourriez écouter : le numéro 32, de Floriane, qui a été transactiviste, et qui est lesbienne, et qui a été également victime de ce harcèlement.

Et le témoignage de Marie, 4e témoignage, lesbienne, qui a été militante au planning familial, harcelée par des militantes du planning familial d’Ille et Vilaine où elle était bénévole, à cause de son refus du pénis.

Troisième cause, donc ça a été déjà dit, mais on voit dans les études qui montrent qu’entre 35 et 40 % des adolescentes transidentifiées se situent sur le spectre autistique.

Et j’ai, par exemple, deux témoignages : le numéro 48, de Chloé, qui est désisteuse et autiste asperger, et également le témoignage 31, de Danièle,  étudiante en médecine, autiste et désisteuses également.

Il y a d’autres facteurs de risque encore, comme le trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité. 

Certains troubles psy, et bien sûr, le fait d’avoir été victime de harcèlement scolaire, qui est à la fois une cause et une conséquence, d’ailleurs, de tous ces problèmes.

On pourrait écouter le témoignage d’Éléonore (51) qui a un trouble bipolaire, ou le témoignage 37, de Mel, qui a été hospitalisée pour dépression et, du coup, s’est retrouvée hospitalisée avec énormément d’enfants transidentifiés.

Comme tous les jeunes aujourd’hui, ces jeunes filles qui souffrent, elles cherchent des réponses sur Internet, elles tombent sur des groupes transactivistes qui sont particulièrement actifs sur TikTok, on l’a dit tout à l’heure, sur Instagram, ou encore sur des réseaux. Et là, vraiment, on a énormément de témoignages qui parlent de réseaux de type Discord, qui sont des forums de discussion en ligne dans lesquels il y a vraiment, vraiment, un activisme très, très puissant.

Voilà, j’ai encore d’autres témoignages que je pourrais citer.

Les transactivistes vont promouvoir la violence, vont inciter certains jeunes, comme, par exemple, Axelle, témoignage 62. Si vous devez en écouter un seul, écoutez celui-là. Il y a tout dedans. Il les incitent à érotiser leurs souvenirs traumatiques, à pratiquer le BDSM, à se livrer à la prostitution, tout ça en étant mineures. 

Les corps mutilés présentent aussi un marché pour le système prostitueur, voilà. Pour Axelle, je vous raconte vite fait son parcours : elle a été victime de violences sexuelles dans l’enfance. À l’adolescence, elle est dans, elle est à la rue. Elle tombe entre les mains de pédocriminels, puis de transactivistes. Poussée par le Planning Familial de Grenoble qui ne lui pose aucune question sur les causes de son mal-être, alors qu’elle est suicidaire, anorexique, et qu’elle s’automutile, elle transitionne après UN rendez-vous, socialement, médicalement, puis chirurgicalement, alors qu’elle vit à la rue, et qu’elle a des cicatrices sur son corps, parce qu’elle se scarifie.

Ensuite, elle sera prostituée, violée par des manipulateurs qui se font passer pour des femmes et qui sont amateurs d’enfants prépubères.

Alors évidemment, ce témoignage, je vous invite à l’écouter, mais accrochez-vous, il est quand même très dur. 

Finalement, elle sera aidée par une psychologue, et sa détransition lui a sauvé la vie. Et là, je passe aussi sur tous les effets sur son corps : l’acné, les accès de violence à cause de la testostérone, la vulvodynie, c’est-à-dire l’inflammation de la vulve et du clitoris à cause de la prise de testostérone, qui parfois peut amener à l’excision pour pour rendre les choses supportables et qui, évidemment, interdit toute sexualité.

Bref. Et aujourd’hui, Axelle vit sous les menaces de représailles de la communauté trans. Elle vit cachée pour échapper à cette violence dont elle a été à la fois témoin et victime.

Ces filles, elles ont besoin d’être soignées, d’être aidées, d’être accompagnées.

Pas de changer de sexe.

En empêchant de parler des violences qui sont spécifiquement vécues par les filles, les activistes des droits des trans bloquent tout autre piste d’exploration des causes du mal-être, qui peuvent donc être dues à ces violences sexistes et sexuelles. 

Tout serait dû, selon eux, à la transphobie.

Ce discours empêche toute possibilité de soin en psychotrauma. Une approche raisonnable, lorsqu’une jeune fille se dit trans, semblerait pourtant être de chercher la cause de son mal-être. Pas d’empêcher sa puberté. Pas de la mutiler.

Vous pouvez écouter, notamment, deux témoignages de psychologues, le 63 de Clara et le 67 de Fanny.

En conclusion, pour ce qui est des droits des enfants, les filles perdent leurs repères, elles perdent leurs modèles, elles perdent leurs opportunités.

Tout simplement parce qu’il y a aussi de nombreuses filles qui ne correspondent pas aux stéréotypes attendus de leur sexe. Elles sont plus résistantes que la moyenne à la socialisation sexiste, et on les appelle “garçon manqué”.

Le discours transactiviste sur lequel ces jeunes filles tombent sur les réseaux sociaux leur fait croire que, si elles ne se comportent pas en conformité avec les stéréotypes, c’est qu’elles sont, sans doute, des garçons. Ce qui les incite à transitionner et, bien sûr, renforce les stéréotypes.

C’est l’exemple du camion : “Je joue avec un camion, forcément je suis un garçon”.

Les transactivistes sapent aussi les avancées des femmes dans le sport…

J. E-B –  Et les dinosaures !

Blandine – Et les dinosaures, et les legos ! Imaginez un peu, les Lego.

Voilà. Les femmes, aujourd’hui, ont un accès au sport, ce qui n’a pas toujours constitué une évidence. C’est quand même assez récent que les femmes puissent faire tous les sports, et c’est un droit qui est encore à défendre aujourd’hui. 

Et pourtant, pour les filles, les jeunes femmes, cette pratique du sport par les femmes est mise en péril par l’ouverture aux hommes des clubs et des compétitions sportives. D’où une perte d’opportunités, de récompenses pour les jeunes filles.

En athlétisme alors aujourd’hui, déjà en athlétisme, en natation, en cyclisme et dans les sports d’équipe, chaque fois qu’un homme monte sur un podium, c’est une femme qui en descend. Chaque fois qu’un homme entre dans une équipe, c’est une fille qui en sort. 

Et on a également une mise en danger, notamment dans les sports impliquant des contacts physiques, comme, par exemple, les sports de combat et le rugby.

Très récemment j’ai assisté à un match de rugby de femmes où il y avait quand même une “femme” qui faisait deux têtes de plus que les autres, et qui plaquait tout le monde très violemment.

Vous avez le témoignage 68, de Mélissa Plaza, qui est une ex-joueuse internationale de foot, de l’équipe de France, et qui est également doctoresse en sociologie.

Maintenant, je vais parler de, plus généralement, des droits des femmes. 

L’idéologie trans est un danger pour les femmes. 

Elle s’attaque frontalement aux féministes qui défendent leurs droits, et elle sape le lien social. Elle menace la démocratie.

D’abord, la discrimination à l’égard des femmes, elle est définie dans l’article 1er de la CEDEF, comme “toute distinction, exclusion ou restriction, fondée sur le sexe, qui a pour effet ou pour but de compromettre ou de détruire la reconnaissance, la jouissance, ou l’exercice par les femmes des droits de l’homme, et des libertés fondamentales.”

Les concepts de “femme” et d’”homme” sont compris par tout le monde, sauf les transactivistes. Et ceux-ci tentent d’imposer leur propre définition à l’ensemble du monde. Pourtant, c’est cette définition commune qui a permis des avancées pour les droits des femmes. Ces avancées, qui se basent sur la réalité des violences subies en fonction du sexe, et non en fonction de leur sentiment d’être des femmes.

Je vous invite à écouter les témoignages numéro 9, d’Audrey, et 12, Jeanne, qui est sociologue et qui parle de l’importance d’avoir des statistiques basées sur le sexe pour mesurer les inégalités et également pour mesurer les violences et la criminalité.

En affirmant qu’une femme est “toute personne qui se sentirait femme”, les transactivistes invisibilisent la spécificité des violences faites aux femmes. 

En France, comme partout dans le monde, excision, mariage forcé, mais aussi féminicides, viols conjugaux, et cetera.

On a également le témoignage numéro 35, de Bito, qui a été elle-même victime de mutilations sexuelles, repassage des seins, et dont la sœur a été victime d’un féminicide. Je pense que ça remet les idées en place.

Donc on a, derrière, les féministes qui ne restent pas inactivent face à ces attaques. Et donc, nous sommes la cible de violences et de menaces à chaque fois que nous prenons la parole pour défendre les femmes. Parfois, nous perdons notre emploi. Souvent, nous sommes insultées. Et très souvent, nous sommes menacées de mort, de viol.

Et nous sommes systématiquement ostracisées. 

On a le cas de deux professeuses, professeures de philosophie, qui sont bien documentés : la professeure Stock, qui est ici également, et  Annie-Eve Colin, témoignages 50 et témoignage 15, de professeuses de philosophie qui ont été ostracisées, et qui ont perdu beaucoup d’opportunités à cause de leur position critique du genre.

Les transactivistes tentent de faire taire avec violence celles qui parlent du vécu des femmes. Appellent à tuer ou à brûler sur les bûchers, sur les bûchers!!!!  Les féministes qui n’adhèrent pas à leur idéologie ou qui refusent d’adopter leur vocabulaire. 

Il s’agit de violences de masse contre les femmes.

Vous avez le témoignage 72, de Frann, qui est une militante écooféministe, et qui explique comment, pendant le mouvement MeToo, un groupe transactiviste a organisé une batucada à côté de la tente où les femmes s’étaient organisées pour pouvoir partager sur les violences sexuelles qu’elles avaient subies. Donc ils organisent une batucada pour couvrir le son de leurs voix, parce qu’elles avaient souhaité se réunir en non-mixité.

Nous ne pouvons plus manifester en sécurité. Ça fait plusieurs 8 mars que nous ne pouvons plus manifester en sécurité sans craindre pour notre intégrité physique. Les féministes qui résistent à cette idéologie ont, peu à peu, été exclues des mouvements pour les droits des femmes. 

Je ne vous parle pas de NousToutes ? Non, je ne parle pas de NousToutes…

On a les témoignages numéro 7, d’Anissia, qui est activiste féministe parisienne, ou numéro 13, de Muriel, féministe à Bruxelles, qui ont toutes les deux été molestées par des militants qui se prétendent antifascistes.

Alors, évidemment, la conséquence c’est que ça pose un problème pour notre société. Le transactivisme détruit des familles, s’acharne sur le lien parent/enfant, sape le lien social, met en danger nos libertés fondamentales.

Il y a une stratégie pour gagner les enfants, les isoler de leurs parents.

On va avoir, par exemple, un vocabulaire qui va devoir être adopté par les enfants et qui va progressivement les amener à croire, à penser, que leurs parents sont leurs ennemis. 

On a le témoignage d’Esther, le numéro 22, qui est particulièrement intéressant : elle explique comment elle passait des heures et des heures à apprendre de nouveaux mots (elle est désisteuse), de nouveaux genres, de nouveaux pronoms ; les choses qu’il fallait, dire les choses qu’il ne fallait pas dire, sachant que ça bouge tout le temps. Donc un truc qui est ok un jour, le lendemain c’est transphobe. Et elle a été encouragée à se méfier de ses parents qui étaient qualifiés de transphobes. Et petit à petit, elle a cessé de leur parler.

Et d’ailleurs elle avait une amie qui a été incitée à fuguer, et qui a fugué, en fait, dans ce cadre-là.

On a également des témoignages de mères d’enfants, de trans. Je ne vais pas aller plus loin, vous en avez assez entendu. Le témoignage 42, Clara et Catherine, 36. Malheureusement, si certaines histoires se terminent bien, d’autres se terminent mal, et dans le cas de Catherine, les services sociaux lui ont retiré la garde de son fils. Voilà.

Alors, en plus de ça, les enfants finissent par perdre la confiance dans les institutions qui sont supposées les défendre. Et, victimes de violences sexuelles, par exemple Elisabeth (41) a été violée par un homme qui ensuite s’est déclaré trans, et elle n’a pas été soutenue par son entourage. “Oui, tu te rends compte, c’est une femme, et cetera.” Et du coup elle n’a pas pu porter plainte, et n’a pas pu se reconstruire après son agression. Et ça c’est quelque chose qu’on voit de façon assez récurrente.

Le témoignage d’Axelle aussi. 

Donc on assiste, sidérées et sans réagir, à un mouvement qui est en pleine dérive sectaire, qui développe des sottises dans un argumentaire délirant et que nous laissons gangrener nos institutions.

Le projet de cette idéologie post-moderne, c’est de saper les fondements de la société et de faire en sorte que les individus n’appartiennent plus qu’à des communautés, comme l’a bien dit Michele tout à l’heure. Et dans cette logique, on constate un entrisme extrêmement performant dans les institutions qui sont en lien avec les adolescents et les adolescentes. 

Par exemple, dans l’éducation nationale, la circulaire Blanquer du 21 septembre 2021. Elle est complètement lunaire :  elle encourage, par exemple, à mettre les enfants dans les dortoirs, ou dans les vestiaires, selon leur identité de genre, concept sans définition. Et bien sûr, à les appeler par le prénom de leur choix. 

Dans cette administration, où je travaille, on constate aussi un entrisme forcené du Planning Familial, ce qui serait une bonne chose si cette association subventionnée avait vraiment à cœur l’intérêt des enfants, par exemple pour faire ce pourquoi ils sont payés, c’est-à-dire de la prévention ou de l’éducation à la vie relationnelle et affective. Or ils interviennent, à leur demande, hors de toute présence d’adultes tiers. Dans mon lycée, ils obtiennent qu’il n’y ait aucun témoin, et les faits, les propos rapportés, sont largement inquiétants. On y parle davantage du choix de son sexe et des centaines de genres possible, que de désir, de respect, ou de consentement. Par ailleurs, on peut s’interroger : dans quelle mesure cette idéologie est-elle compatible avec la Charte de la laïcité à l’école ? 

Mon avis d’enseignante est que cette idée, qu’on aurait un esprit distinct du corps, c’est une notion complètement religieuse, et que l’école n’a pas à promouvoir cette idée, c’est même le contraire de son rôle émancipateur. 

On a le témoignage 27, de Laurine, qui a 16 ans décrit une intervention dans son lycée.

Voilà. Je pourrais citer d’autres institutions qui sont complices de ce scandale, comme la CAF qui publie un guide pour les parents : “comment accompagner mon enfant trans?” 

Le ministère de la Justice qui forme des éducateurs de la PJJ à la transidentité, témoignage à venir, que je suis en train de faire. Le ministère de la Justice qui incarcère des hommes dans les prisons pour femmes s’ils ont changé d’État civil au mépris des droits les plus élémentaires des femmes pour leur sécurité et leur dignité. Et d’ailleurs, la semaine dernière, un amendement a été déposé par La France Insoumise pour permettre d’amplifier ce phénomène puisque ces hommes n’auraient aucune démarche particulière à faire pour obtenir d’être incarcérés dans les prisons pour femmes, sachant que nombre d’entre eux sont incarcérés, soit pour proxénétisme, soit pour des crimes sexuels. On a le témoignage numéro 71 de Banshee qui est irlandaise et qui explique comment en Irlande les transactivistes et les criminels sexuels ont fait en sorte que ces gens-là soient incarcérés dans les prisons pour femmes où ils commettent aujourd’hui des viols. Voilà. Et il n’y a pas seulement qu’en Irlande…

Le ministère de la Santé valide des parcours de soins des remboursements grâce à une ALD31 qui est obtenue après une consultation en visio. Donc on a une consultation en visio, et on a 100 % pour tout. C’est un véritable scandale, et c’est aussi un coup de canif dans notre contrat social, notre bien commun à tous, la sécurité sociale, elle permet ce scandale. Ça veut dire qu’on en est tous complices, sachant qu’en plus, il y a des fraudes à la sécurité sociale. Le témoignage 69, de Muzhghan, témoine de fraude par des médecins qui réalisent des épilations (parce que, évidemment, une femme ça doit être épilée, évidemment) moyennant un remboursement par la Sécurité Sociale d’hommes transidentifiés, parfois d’ailleurs avec bracelet électronique. Donc on a fait un petit calcul comme ça, le cabinet où elle travaillait rapportait au médecin qui ne mettait jamais les pieds dans le cabinet environ 2 million d’euros par an, juste pour les poils de ces hommes. 

La police, elle accepte d’enregistrer des plaintes pour “mégenrage”, comme récemment contre Dora Moutot. Ça préfigure ce qui se passe déjà dans beaucoup de pays amis, comme le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande, les États-Unis, l’Australie, mais aussi l’Espagne, la Belgique, plusieurs pays d’Amérique latine ou centrale, qui vont punir jusqu’à plusieurs années de prison le fait d’utiliser le sexe de naissance, c’est-à-dire le vrai sexe d’une personne, pour la décrire.

Sur la liberté d’expression, on a le témoignage de Claire, numéro 29, qui est anglaise et numéro… non, Kate qui est anglaise et Claire qui vit en Écosse, voilà : témoignages 28 et 29.

Pour conclure, je dirai que les droits des femmes et des filles sont en danger.

Je pense que vous avez compris, on a : castration, stérilisation, amputation, médicalisation à vie, réduction d’espérance de vie, destruction des familles, violences sexuelles, violences, menaces de viol, menaces de mort, harcèlement des lesbiennes, lesbophobie, dépenses de santé énormes pour créer des personnes handicapées, atteintes à la liberté d’expression, à la laïcité, à la liberté de manifester, à la liberté de s’associer.

Nous sommes collectivement responsables de laisser faire ou d’arrêter cette folie.

Laisser faire, c’est se taire. C’est être complice.

Pour terminer, je vais vous lire quelques lignes de Graziella, qui a témoigné (témoignage numéro 10). Elle vient en Guyane, et elle a écrit, elle décrit assez bien notre combat.

Prière fémaliste.

Petite sœur, tu es parfaite.

Tu n’as besoin ni d’être belle ni d’être féminine pour ça.

Tu as le droit d’aimer qui tu veux, comme tu veux, le droit de n’aimer personne, aussi, sans que quiconque ne te méprise, ne t’insulte, ne te menace ou ne te fasse de mal pour ça.

Tu as le droit d’être égoïste.

Tu as le droit d’être fragile.

Tu as le droit de penser à ton confort et à ton corps d’abord, sans que personne ne cherche à te faire culpabiliser pour ça.

Tu as le droit de dire non. 

Tu as le droit de dire non.

Tu as le droit de dire non à qui tu veux, pour la raison que tu veux, de la manière que tu veux, au moment où tu le veux, sans que personne ne te fasse le moindre reproche, ne t’insulte, ou ne cherche à te faire brûler pour ça.

Nos corps sont comme notre mère la terre.

Nos corps sont des cadeaux : elles sont planètes, uniques, irremplaçables et magnifiques.

Et j’aimerais tant qu’ensemble, on apprenne à l’apprécier, à le célébrer pour ça.

Petite sœur, tu es parfaite.

Tu n’as besoin ni d’être belle, ni d’être féminine pour ça.

Merci de votre attention, merci.

 [Applaudissements]

Merci d’avoir écouté notre parole, et n’hésitez surtout pas à la partager le plus largement possible.

S’il vous plaît, signez la Déclaration des Droits des Femmes basés sur le sexe : womensdeclaration.com 

Rebelles du genre – Épisode 90 – Caroline

Caroline –  Bonjour, je m’appelle Caroline et je suis maman d’une jeune fille de 13 ans qui croyait être trans, il y a à peu près 1 an et demi. Donc, pour donner un petit peu de contexte, j’habite dans le sud de la France et je suis partie vivre aux États-Unis il y a plus de 20 ans. C’est là que ma fille est née, à San Francisco, et il y a à peu près 2 ans et demi, mon époux et moi-même, nous avons décidé de revenir en France. Ma fille est rentrée en 6e donc, pour elle c’était une période un petit peu charnière, puisqu’elle entrait en 6e, elle changeait de pays et en plus, elle entrait dans la puberté, donc c’est le moment où elle a eu ses premières règles et c’était une période très difficile pour elle, un petit peu pour nous aussi, puisque il y avait tous ces changements qui arrivaient au même moment. 

Donc moi, je n’avais aucune idée de ce qu’était le mouvement transgenre avant de m’y être plongée dedans à cause de l’expérience de ma fille. En fait, j’habite à San Francisco, donc c’est une ville très libérale, il y a beaucoup de personnes qui sont en transition là-bas. Je travaillais, je travaille toujours pour une boîte de la Silicon Valley. Dans ce style de boîte, on peut choisir son pronom, le pronom qu’on a sur sa carte quand on arrive au bureau ; il y a des toilettes pour les hommes, il y a des toilettes pour les femmes, il y a des toilettes pour les gens non binaires. J’ai moi-même travaillé avec une personne qui était en transition donc, qui était un homme au début et qui, petit à petit, s’est transformé. Il n’y avait aucun problème et je n’ai toujours aucun problème avec des personnes qui sont transgenres. Par contre, ce qui est arrivé à ma fille, donc mon expérience en tant que mère, m’a complètement bouleversée et je dirais que ce qui est arrivé à ma fille ça m’a vraiment permis de creuser dans ce dossier et de comprendre exactement ce qui se passait, parce que j’ai fait des recherches, parce que je ne comprenais pas ce qui se passait et aussi, parce qu’en fait, je me suis rendu compte que mon instinct me disait d’agir un petit peu contre le courant et contre ce que me disait pas mal de gens dont des amis autour de moi. En 2021, c’est quand ma fille, en fait le corps de ma fille commence à changer : elle a ses premières règles, elle se transforme, elle commence à avoir de la poitrine, comme je l’ai dit, elle rentre en 6e, elle a du mal à se faire des amis, elle est dans un nouveau pays, une nouvelle ville etc. Et, elle vit très mal tous ces changements. Moi et mon mari, de notre côté, on a beaucoup de travail à cette époque et on passe beaucoup de temps le soir à bosser et notre fille se retrouve un petit peu toute seule, elle passe beaucoup de temps sur son iPad en fait, à faire des recherches en tout cas, c’est ce qu’elle nous dit. On lui a bien entendu dit qu’elle ne pouvait pas aller sur Youtube et elle y va quand même et en fait, elle va aussi sur un site de musique qui s’appelle Soundcloud pour télécharger de la musique, écouter de la musique. Et là, on s’est rendu compte de tout ça après, elle fait quelques rencontres de gens qu’elle ne connaît absolument pas, elle échange en particulier avec une personne qui se dit trans. Et, on pense que là, c’est là où tout commence en fait. Elle échange avec cette personne et puis, on ne sait pas trop ce qui se dit, mais toujours est-il qu’un jour, j’ai une discussion avec elle et là, elle m’avoue qu’elle se sent mal dans son corps, ce que je comprends tout à fait ! Je lui dis que moi, à son âge, je me sentais mal dans le mien aussi, et elle me dit de but en blanc qu’en fait, elle n’aime pas être une fille et qu’elle préférerait être un garçon. Et donc, ça c’est la première étape en fait, et là, je me dis qu’il y a quelque chose qui ne va pas très bien et comme elle a des idées noires, qu’elle se renferme de plus en plus, je contacte une amie à moi, à San Francisco, qui est psychologue et qui me dit que si elle a vraiment des idées noires et qu’elle se dit préférer être un garçon, il faudrait quand même la prendre au sérieux parce qu’elle sait mieux que quiconque qui elle est et qu’elle est son identité sexuelle. Entre-temps, ma fille part à San Francisco pendant 2 semaines, donc là, c’était les vacances d’été, donc à la fin de la 6e, et elle part donc, voir sa meilleure amie à San Francisco qui se trouve être la fille de la personne à qui j’ai parlé, ma meilleure amie. Elle passe 2 semaines là-bas, elle ne nous contacte pas fréquemment, moi et son père, et puis au retour, on la trouve encore plus déprimée que quand elle est partie et on ne comprend pas pourquoi. Et là, je recontacte mon amie chez qui ma fille est restée, qui me dit qu’effectivement, elle a remarqué que ma fille était un petit peu déprimée, qu’il y avait plein d’activités qu’elle aimait faire avant qu’elle n’aime plus faire etc. Entre-temps, je reprends le dialogue avec ma fille ainsi qu’avec mon mari et là, on s’aperçoit qu’elle a changé son pseudo sur Soundcloud et qu’elle a masculinisé son pseudo. Elle est de plus en plus déprimée et lorsque mon mari constate qu’elle a changé son pseudo, il interpelle ma fille et il lui dit de but en blanc que ce n’est pas quelque chose qu’il va accepter, qu’elle doit reprendre son pseudo féminin, enfin celui qu’elle avait avant. Et là, je vois que c’est une expérience difficile pour ma fille et comme je suis de plus en plus inquiète à son sujet en fait, je vais dans son journal et je lis ce qu’elle a écrit dans son journal et là, on s’aperçoit avec mon mari, parce que lui il y est aussi, qu’elle pense que son père est transphobe. Et là, on découvre un petit peu toute une vie qu’on n’avait pas soupçonnée : en fait, elle se dit trans, donc elle dit qu’en fait elle voudrait être un garçon, que ses parents sont transphobes, qu’elle aimerait mourir, que sa famille ne la comprend pas et qu’elle souhaiterait en fait disparaître et nous quitter parce qu’en fait, ce qu’elle vit est trop dur. Quand je découvre tout ça, je suis en fait, j’ai très peur, j’ai très très peur parce que j’ai vraiment l’impression que ma fille a des idées suicidaires et je ne la reconnais pas dans ce qu’elle écrit, donc je reparle à mon amie qui est psy à San Francisco et là, mon amie me dit que je devrais aller voir un psychiatre, que chez les enfants qui sont trans, le risque de suicide est très élevé et qu’elle peut m’orienter, si je veux, chez un psychiatre qui comprend les trans et qui pourra l’aider. Donc, je l’écoute, je lui fais confiance parce que c’est une amie, elle est psy mais je, en fait avec mon mari, on parle beaucoup et on décide de ne pas aller dans cette voie-là et c’est à partir de ce moment-là, que je commence à faire beaucoup de recherches. J’ai passe énormément de temps sur internet et je tombe sur le livre de Céline Masson “la fabrique de l’enfant transgenre”. Et, je dois dire que c’est en fait ce livre qui nous a sauvé, qui m’a vraiment ouvert les yeux sur ce qui se passait. C’était vraiment le premier livre avec un esprit critique sur la situation qui me faisait comprendre qu’en fait, mon instinct de mère et mon instinct de femme n’étaient pas tout à fait à côté de la plaque, il y avait effectivement quelque chose de complètement fou qui est en train de se passer ; et même si mon amie à San Francisco me disait que si ma fille pensait être trans, elle l’était déjà, je savais que ça résonnait faux et que je devais avoir un esprit beaucoup plus critique par rapport à tout ça. Donc, je lis le livre de Céline Masson et en fait, je la contacte. Je la contacte parce que je sens que c’est la bouée de secours et que c’est elle qui va pouvoir m’orienter vers une porte de sortie et vers des solutions. Je la contacte et elle me répond, et là, je comprends que c’est une femme formidable qui comprend tout à fait la détresse dans laquelle certains parents se trouvent et la gravité de la situation dans laquelle on se trouve dans notre société. Elle me donne le nom d’une association, “Ypomoni”, que je contacte et là, je commence à me mettre en relation avec des parents et je comprends qu’en fait, le phénomène est énorme, puisqu’il y a tellement de familles en France et de par le monde qui sont confrontés au même problèmes. Tellement de familles et bien sûr tellement d’enfants et tellement d’ados. Céline Masson me donne aussi le nom d’un psychiatre que je pourrais contacter, je le contacte, la personne n’est pas disponible, il me donne le nom d’un autre psychiatre à côté de là où j’habite. Ce psychiatre n’est pas disponible avant des mois mais en fait je suis tellement anxieuse à ce moment-là, et je me fais tellement de soucis, que j’arrive à avoir un rendez-vous en urgence avec lui ; et c’est là, qu’on a décidé d’emmener notre fille. Entre-temps, j’ai fait plein d’autres lectures évidemment, puisque à partir du moment où j’ai lu le livre de Céline Masson, ça m’a conduit vers d’autres lectures. J’ai aussi parlé aux parents sur Ypomoni qui m’ont orientée vers d’autres pistes. Un autre livre que j’ai lu, c’est le livre d’Abigail Shrier “Dommages irréversibles” qui m’a aussi ouvert les yeux sur le phénomène, que ça soit aux États-Unis ou de partout dans le monde. Et donc, les choses se passent, ma fille est toujours aussi déprimée mais le jour où on doit l’amener chez le psychiatre en fait, j’éclate, l’abcès se perse en fait, parce que, à partir du moment où on doit l’amener chez le psychiatre, elle nous demande évidemment pourquoi, et là, c’est comme si le en fait, tous les efforts que j’avais fait pour me retenir sur le sujet sont réduits à néant et je lui dis véritablement ce que je pense et je lui dis qu’en fait, toutes ces vidéos qu’elle a vues sur Youtube, parce qu’entre-temps avec mon mari, on s’est aperçu qu’elle était tombée sur des influenceurs sur Youtube, des influenceurs trans, américains qui en fait lui avait fait un espèce de lavage de cerveau. On s’est aussi rendu compte entre-temps, que ce qu’elle écrivait sur son journal, c’était un petit peu comme un script et que ce script venait directement de ce qu’elle entendait sur internet de la bouche de ces influenceurs et de toutes les autres vidéos qu’elle avait pues regarder. Donc en fait, c’était plus notre fille, c’était comme si elle était sous l’influence totale de ce qu’elle avait entendu 

RDG – En fait, les influenceurs portent bien leur nom, ils sont là pour influencer des personnes influençables ! Cette mode des influenceurs, je ne  comprends même pas qu’on puisse regarder des influenceurs, c’est-à-dire que quand une personne, elle annonce la couleur, elle annonce : je suis un influenceur ou une influenceuse, mais pourquoi tu regardes ça ? Du coup, tu as envie d’être influencé, c’est ça ? 

Caroline – Le terme lui-même ! Le terme lui-même et ce qu’il indique est tout à fait absurde 

RDG – Au moins, ils annoncent la couleur ! 

Caroline – Oui, c’est vrai. Du coup, juste avant de l’amener chez ce psychiatre, c’est comme une espèce de crise et un abcès qui est percé et je lui dis que tout ce phénomène dans lequel elle est tombée, c’est des bêtises, que ces influenceurs qu’elle a écouté, c’est des, et je m’excuse pour mon langage, mais c’est des connards et des petites merdes, qu’il ne faut absolument pas qu’elle les écoute, que tous ses problèmes de mal-être ne vont pas être réglés en prenant de la testostérone ou en mutilant son corps, et qu’en fait, c’était non et qu’on l’amenait chez un psychiatre pour qu’elle puisse parler de tout ce qui se passait. Donc, on l’a amenée un soir à 8h, je m’en rappellerai toute ma vie, chez ce psychiatre qui a bien voulu nous recevoir et qui ensuite la donc prise toute seule pendant à peu près 5 séances. C’était des séances qui étaient dures pour ma fille, je n’y ai pas assisté mais d’après ce qu’elle me disait, d’après ce que lui nous a dit ensuite, c’était terriblement difficile pour elle de parler. C’était un vrai psychiatre c’est-à-dire pas forcément quelqu’un qui allait dans le dialogue mais en fait, il s’est aperçu au bout de 5 séances, qu’elle n’avait pas de problème spécifique, c’est-à-dire elle passait par une phase de déprime mais ce n’était pas quelqu’un qui était … elle n’était pas dépressive, il ne voyait pas des problèmes d’autisme ou d’autres problèmes psychologiques graves, donc on a eu une réunion pendant laquelle on a discuté, mon mari et moi sans ma fille parce qu’on pensait que ça serait un petit peu trop difficile pour elle, pendant laquelle il nous a dit qu’il pensait que c’était en fait un moyen pour elle, donc ce phénomène et cette transidentité, de se forger une identité à un moment où dans sa vie, elle avait besoin justement de se créer une identité, que ça soit une identité sexuelle ou une identité dans un nouveau pays, dans une nouvelle école et dans dans un nouveau corps. 

RDG – Donc en fait, selon lui c’était une réaction de défense finalement à un monde qui était trop changeant, donc ça lui donnait le sentiment peut-être de décider. 

Caroline – Voilà c’est ça ! Oui exactement, c’est un petit peu une bouée de sauvetage en quelque sorte et un moyen de se forger une identité puisqu’elle est en train vraiment de se chercher. Entre-temps, j’ai aussi amené ma fille chez une psychologue pour faire une évaluation complète, je voulais avoir en fait … comme j’avais un petit peu peur après tout ce qui s’était passé, je voulais avoir l’avis d’une seconde personne qui était une psychologue. Donc, ma fille a suivi plusieurs sessions avec cette personne et là encore on nous a dit, enfin elle nous a dit, que tout allait bien, qu’en fait tout allait bien ; tout n’allait pas si bien dans le sens où, quand on devient adolescente, les choses sont difficiles et qu’il est normal de passer par des périodes de déprime voire de dépression, de remise en question, on se cherche à l’adolescence. On se rappelle toute en tant que femme que ce n’est pas une période facile. Tout ça m’a permis d’avoir une discussion avec ma fille à propos des règles, à propos de son corps, comment s’accepter ; ma fille m’a d’ailleurs posé une question, elle m’a dit : ”mais combien de temps ça t’a pris pour que ça aille mieux et pour que tu acceptes ton corps ?” Et là, je lui ai un petit peu menti parce que je lui ai dit que ça avait pris 1 an, 2 ans voire 3 ; mais en fait, ça m’a pris beaucoup plus longtemps. Quand j’y repense, s’accepter, devenir femme c’est difficile, s’accepter c’est difficile, accepter le regard des autres sur soi c’est difficile, trouver sa sexualité c’est super difficile, faire face à ses désirs etc. C’est un challenge et je pense qu’on ne peut pas, ce que proposent les influenceurs trans et ce que propose en fait ce mouvement, enfin pas ce mouvement mais certaines des solutions qui sont proposées dans ce mouvement, c’est une solution rapide à ce problème d’acceptation du corps féminin en particulier puisque je pense qu’il y a plus de transition de femmes qui veulent devenir garçons que l’inverse.

RDG – Oui, oui, il y en a beaucoup plus, il y a à peu près trois fois plus voire quatre fois plus de filles qui transitionnent que de garçons à l’adolescence.

Caroline – Voilà, c’est ça ! Ca ne veut pas dire que c’est facile d’être un garçon, parce qu’il y a aussi beaucoup de changements dans son corps, mais je pense qu’être une femme vient avec des difficultés particulières. Donc, j’ai pu parler à ma fille de tout ça, j’ai pu me rappeler de tout ce que ça avait signifié pour moi et j’ai compris qu’en fait les influenceurs proposaient sur Internet une espèce de solution rapide, du genre tu te sens mal dans ton corps ou tu n’aimes pas ton corps de femme, tu penses que tu serais mieux si tu étais garçon, ça veut dire que tu es trans. Et, je pense que c’est sur ça que ma fille est tombée, elle est tombée dans ce piège là et en fait pour elle, ça représentait une solution au problème qu’elle était en train de vivre et je suis persuadée, après avoir parlé à d’autres personnes et après avoir lu tout ce que j’ai lu, que ça se passe dans de nombreux cas où les filles se sentent mal dans leur corps où elles ont du mal à s’accepter à accepter le regard que les hommes même posent sur elles, et elles se disent qu’elles sont trans et qu’en fait elles serait mieux si elles étaient des garçons. 

RDG – Oui, c’est quelque chose que la société nous dit tout le temps de toute façon, être un garçon c’est mieux qu’être une fille.

Caroline – Il y a ça et puis, on nous a aussi … je pense que le mouvement Metoo, avec tout ce qu’il a eu de positif, a peut-être eu aussi un effet pervers, dans le sens où, ça fait peur d’être une femme parce qu’en fait les hommes sont des prédateurs et c’est des prédateurs auxquels il faut faire vraiment très attention, donc être une femme, c’est encore plus difficile.

RDG – Je ne suis pas trop trop d’accord avec ce que tu dis, on va en discuter parce que en fait, Metoo n’a fait que mettre en évidence des choses qui existaient, donc est-ce que la parole est dangereuse ou est-ce que c’est pas plutôt les violences masculines qui sont dangereuses ?

Caroline – non, non, non, je suis tout à fait d’accord avec toi, je ne pense pas que la parole est dangereuse, au contraire, je pense que ce mouvement a permis à plein plein de vérités de surgir et à libérer la parole des femmes, mais je pense qu’il y a peut-être eu un effet pervers, dans le sens où les ados n’ont pas réussi à filtrer véritablement l’information et à comprendre exactement ce qui se passait et peut-être – alors ça, c’est ma théorie à moi ! – peut-être qu’en fait, il y a cette espèce de peur d’être femme et peut-être que c’est ce message que certaines ont en fait reçu après avoir entendu parler de tout ce qui s’était passé dans ce mouvement, voilà.

RDG – Oui, après moi, je pense qu’on peut aussi compléter par rapport à tout ce que tu dis, il y a probablement un élément que l’on a aujourd’hui qui n’existait quand même pas du tout dans ces mêmes proportions quand c’était notre tour d’être des adolescentes, c’est la pornographie, qui aujourd’hui est absolument présente partout. On a des jeunes filles qui sont en permanence jugées, notamment par les garçons de leur âge, avec des critères épouvantablement misogynes. Et  je pense que ça implique un rejet de leur corps, parce qu’elles ne veulent pas être ces filles-là, quoi. Celles qu’on maltraite dans ces vidéos.

Caroline – Tout à fait, oui. Oui, j’en suis persuadée. Personnellement, je ne pense pas que ma fille ait vu de la pornographie puisque, son père a réussi à trouver tout ce qu’elle avait visionné sur le iPad. Dans son cas, c’étaient vraiment des des vidéos sur YouTube d’influenceurs…

RDG – Oui,  alors bien sûr. Après, il y a ce qu’on visionne nous-mêmes, volontairement. Mais il y a aussi le fait que ça imprègne la société. Je veux dire, elle va à l’école avec des garçons qui, eux, regardent quotidiennement, probablement, ces images-là. Et même si elle ne les regarde pas, malheureusement on ne peut pas échapper à ça. C’est un cancer, en fait, la pornographie, aujourd’hui. Et les premières victimes, ce sont vraiment les jeunes, et notamment les jeunes filles. Mais même les jeunes garçons, qui sont complètement tétanisés par ça. C’est ce qu’on appelle un viol psychique, en fait.

Caroline – Tout à fait. 

RDG – Donc forcément ça impacte aussi l’estime de soi des jeunes filles, et leur non-désir de devenir des femmes. Ce n’est pas pour autant qu’elles veulent devenir des garçons, en fait. C’est juste qu’elles veulent échapper à ça.

Caroline – Tout à fait.

RDG –  Bref, on va poursuivre. Comment va ta fille, finalement? Parce que là, on était dans ton parcours, aujourd’hui?

Caroline – Ma fille va beaucoup mieux. Elle va bien. C’est une ado, donc elle a des hauts et des bas, évidemment. Mais elle va beaucoup mieux. Elle a réussi à se faire des amis à l’école, elle a réussi à, plus ou moins, accepter son corps. Alors je n’irais pas jusqu’à dire qu’elle aime son corps, qu’elle s’adore, et que, voilà, qu’elle se trouve magnifique, et cetera, loin de là. Mais par contre, il y a une nette, nette amélioration, et progression par rapport à il y a 2 ans, ou même un an et demi. On est sur la bonne voie.

Par contre, on n’a plus jamais reparlé du sujet. Parce que l’épisode a été, je crois, traumatisant. C’est quelque chose que je regrette, et j’espère que je vais pouvoir en reparler avec elle. 

Quand je m’exprime sur le sujet, il y a quelque temps je parlais de ce sujet avec ma nièce, justement, et donc ma fille était à côté. Alors je ne cherche pas à cacher mes idées, je suis complètement honnête et ouverte par rapport à ce que je pense, parce que je pense vraiment ce que je dis, et je ne veux pas que ma fille ne sache pas ce que je pense. Mais on n’a jamais eu de dialogue à propos de ce qui s’était passé chez elle. 

RDG – Mais c’est peut-être un peu trop tôt tout simplement? Je veux dire, il y a des âges où tu peux revenir sur des choses qui se sont passées, tu peux soigner des plaies, même longtemps après, en fait. Je pense que ce n’est pas parce que, dans l’année qui suit, ou dans la semaine qui suit, vous n’avez pas forcément complètement épuisé le sujet, que vous ne pourrez pas revenir dessus. Au contraire, je pense. Parce que c’est quelque chose d’important. 

Mais quand même, à l’occasion, je pense que le jour où vous ferez ça, essaie d’aller dans cette direction, de la question de son exposition au porno, parce que vraiment, moi je pense qu’il y a, il y a probablement un truc à creuser  aussi, je trouve que notre société ne sait pas protéger les enfants, et  leur fait des violences. 

Caroline – Tout à fait.

RDG – Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour les droits des femmes, pour les enfants, pour la société, ou même carrément pour la démocratie? Tu développes les axes que tu veux.

Caroline – Je pense que c’est une idéologie qui, comme la plupart des idéologies, est fondée sur des mensonges et sur une manipulation des définitions, et de la terminologie, autour des termes “sexe” et “genre”. 

Quand on sait qu’en fait, les activistes trans prétendent que le sexe de chaque personne est “assigné à la naissance”, c’est ce qu’ils disent, ça n’a aucun sens! Ça n’a absolument aucun sens. 

Le sexe, c’est quelque chose qui est biologique, c’est dans l’ADN, il n’y a pas de discussion à ce sujet. Donc dire que le sexe est “assigné à la naissance”, c’est une bêtise qui est avalée par un nombre très, très important de personnes qui tombent dans cette idéologie. 

Moi je pense que le sexe, c’est biologique. 

Le genre, c’est autre chose. 

Je veux dire, de tout temps, même quand on remonte des siècles en arrière, il y a eu des hommes qui étaient plutôt efféminés et qui exprimaient leur “féminité” en se maquillant en s’habillant de manière plus féminine que masculine. Moi, je me rappelle, dans les années 80, il y avait des groupes de musique comme Indochine : les mecs se maquillaient. Ils exprimaient leur féminité de plein de manières possibles. Donc je veux dire, son genre, on peut l’exprimer comme on veut. Si on se sent plus “féminin”, on peut l’exprimer de manière “féminine”, et quand on est fille, on peut se sentir un peu “masculine”. 

Je pense que dans chacun d’entre nous, en fait, il y a un côté “masculin” et il y a un côté “féminin”, et je pense qu’il est important de cultiver les deux aspects de sa personne, sans sombrer dans ce que j’appellerai des clichés. 

Enfin moi, je pense que, en fait, les féministes pensent qu’en tant que femme, on peut faire pratiquement tout ce que font les hommes, mais en restant femme. C’est-à-dire qu’on a un sexe féminin, mais on peut s’exprimer librement et approfondir notre côté “masculin” si on a envie de l’approfondir et ça devrait être la même chose pour les hommes. Il devraient pouvoir explorer le côté “féminin” de la personnalité comme ils le souhaitent. Et je pense que ça, c’est une approche qui est saine. Parce que dans chacun d’entre nous, il y a du “masculin” et il y a du “féminin”, et il faut explorer ces deux aspects de sa personnalité.

RDG – En tant que féministe, je vais intervenir. En fait, les féministes… Bon, il y a beaucoup de courants dans le féminisme, donc il y a beaucoup de façons de dire les choses. Mais ce que disent les féministes radicales, c’est que notre sexe ne doit pas déterminer notre vie, et qu’il y a pas de qualité “masculine” ou de qualité “féminine”. Il y a juste des qualités humaines. Et qu’on doit pouvoir s’épanouir dans le sens de ce qui nous plaît, et de ce qui nous fait plaisir.

De la même façon qu’il y a pas d’activité masculine ou d’activité féminine.

En revanche, il y a bien la biologie. Et la biologie qui dit qu’il n’y a aucun enfant, jamais, aucun, zéro, qui soit né d’un homme, du ventre d’un homme. Ça n’existe pas.

Et vouloir nous faire croire le contraire, c’est à la fois sidérant et un gros, gros mensonge, voilà.

Et par contre, ça ne veut pas dire,  ce n’est pas parce qu’on a un ventre où, dans lequel on peut éventuellement faire des bébés, qu’on DOIT  le faire et qu’on DOIT  aimer ça. C’est ce que disent les féministes.

Caroline –  Je suis tout à fait d’accord avec toi. Par contre, je ne suis pas d’accord avec toi, ou pas tout à fait d’accord avec toi sur un point : je pense que, en tant que femme, et pourtant je suis, enfin je me considère comme étant quelqu’un de “féministe”, entre guillemets, mais je pense que les hommes et les femmes ont des qualités différentes, et je pense qu’il y a certaines qualités qui sont typiquement féminines et qu’il faut reconnaître, accepter, et surtout aimer. Par exemple, on parle souvent de l’instinct féminin.  Je ne pense pas, personnellement, que dire que les femmes ont un instinct qui est plus fort que les hommes, ça soit non féministe. Je pense que c’est vrai. Et je pense qu’il y a plein de qualités comme ça qui sont propres aux femmes, qu’on peut découvrir et qu’on peut aimer et cultiver, parce qu’elles sont effectivement propres aux femmes. Ça ne veut pas dire que les femmes sont inférieures aux hommes, ou quoi que ce soit. Ça veut juste dire qu’en fait, chaque sexe peut avoir des qualités qui lui sont propres, et qu’il est bon de les accepter et de les cultiver et de les apprécier. Ça, c’est mon avis. Ça ne remet pas en question le fait que les femmes peuvent faire tout ce que les hommes peuvent faire, et vice-versa.

RDG – Oui. Après, les féministes peuvent dire aussi, effectivement cette question de l’instinct, par exemple, d’être capable de de réagir vite, et cetera, c’est aussi des qualités qu’on a développées face aux agressions masculines en fait. Savoir à quel moment tu peux te sentir en danger, c’est des qualités qu’on a été, malheureusement, obligées de développer. Parce que malheureusement, dans notre société, dans toutes les sociétés, les femmes doivent apprendre à survivre aux violences, et notamment aux violences masculines. Bon voilà. 

Caroline – Donc oui, ou bien protéger protéger leur enfants.

RDG – Aussi protéger leurs enfants. Oui, c’est clairement le lien qui se crée quand on materne un enfant : nous développons, je dirais, des qualités qu’on n’a pas forcément tant qu’on n’a pas cet enfant.

C’est aussi parce que l’enfant dépend de nous, et qu’on a besoin, absolument, de garantir sa sécurité. Mais je pense, en fait, l’instinct maternel. 

Caroline – voilà on appelle ça de l’instinct.

RDG –  Je pense que c’est plus quelque chose qui va être lié au fait de materner, y compris un père qui serait extrêmement présent auprès de son bébé aurait, à mon avis, les mêmes qualités, par exemple. Ressentir  qu’il a faim, ou qu’il a besoin d’être changé et cetera. C’est probablement lié à, là, alors je ne sais pas, je ne suis pas biologiste, mais il y a, à mon avis, des échanges hormonaux, et cetera, qui font qu’on développe ces qualités-là. 

Enfin, bref, on ne va pas épiloguer là-dessus, je pense que globalement, sur l’essentiel, on est d’accord de toute façon.

Caroline – Comme je l’ai dit tout à l’heure, je pense que pour les ados, le danger c’est de croire que devenir trans, et donc prendre des hormones, subir des opérations chirurgicales, peut apporter une solution rapide à son mal-être. Surtout si l’ado en question a des problèmes psychologiques lourds. Et comme je l’ai dit tout à l’heure, ce qu’il faut donner, c’est du temps à ses enfants, et leur expliquer que devenir homme, ou femme, c’est une transition de l’enfance vers l’âge adulte, qui est lente, qui est difficile, mais qui, en fait, est à l’image de la vie :  il n’y a pas de pilule ni de solution miracle pour grandir et pour se développer, pour exister. 

Je pense aussi que l’idéologie trans est nuisible à la communauté gay, pas uniquement à nos ados ou à nos enfants, mais à la communauté gay. Parce que d’après ce que j’ai lu et ce que j’ai vu, il semblerait qu’il y a de plus en plus de jeunes ados qui ont peur d’avouer, et même de découvrir leur homosexualité, et qui préfèrent se dire trans, parce que, apparemment, ça serait devenu plus acceptable.

Pour conclure, je pense que cette idéologie, c’est comme une drogue. C’est peut-être même une nouvelle drogue dans notre société, un mensonge qui fait croire que les adolescents, ou même les adultes, peuvent trouver une solution rapide à leur mal-être en changeant de sexe (même si on ne peut jamais changer de sexe c’est une chose sur laquelle je pense qu’il faut insister, on peut prendre toutes les hormones du monde et on peut subir toutes les opérations du monde, on en changera pas de sexe), donc c’est un mensonge à la base, et je suis effarée, je suis aterrée, et je suis dégoûtée par tout ce qui passe, par cet activisme. 

Je tiens à dire que je ne suis absolument pas transphobe.

Comme je l’ai indiqué au début de l’entretien, j’ai travaillé avec une personne qui est en transition, je respecte ces personnes-là, j’ai de l’empathie pour ces personnes-là. 

Par contre, ce que je ne supporte pas, c’est le mouvement idéologique derrière ce phénomène, qui souhaite influencer nos ados, nos enfants, et qui est un mensonge, et qui est une aberration totale, voilà.

RDG – En fait ce que tu dis ça m’évoque tu sais le la fameuse phrase de Karl Marx qui dit “la religion est l’opium du peuple”. On est dans une religion, et le pire c’est qu’on est dans une espèce de religion ultra libérale, qui au lieu de changer les choses qui ne vont pas dans la société, allez ! Modifie ton corps !

Qu’est-ce qui t’a décidée aujourd’hui à témoigner ?

Est-ce que tu te sens, par rapport au fait de témoigner, en danger ou pas du tout? Est-ce que tu te sens libre de parler ?

Caroline – Alors, je n’ai pas peur de parler. Par contre, j’aurais peur de parler publiquement si mon nom, si mon adresse étaient divulgués, parce que, oui, je pense qu’il y a un danger à faire ça, étant donné qu’il y a des personnes, dans ce mouvement, qui sont extrémistes, et qui sont prêtes à tout. On l’a vu quand Céline Masson ou d’autres personnes se sont exprimées sur le sujet dans des lieux publics : elles ont été attaquées. Donc oui, je pense qu’il y a un danger à le faire.

Par contre, non, je pense que de s’exprimer, c’est crucial. Il faut partager son expérience, il faut aider les autres parents qui vont peut-être passer par la même chose, qui sont déjà passés par la même chose. 

Donc en fait, il faut témoigner. 

Il faut influencer les lois. 

Il faut protéger nos enfants.

Il faut éduquer sur ce qui se passe vraiment, voilà.

RDG – As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?

Caroline –  Ce n’est pas vraiment une anecdote, mais je voudrais dire que lorsque j’ai visionné certaines des vidéos que ma fille avait regardées sur Youtube, donc des vidéos d’influenceurs trans, j’ai littéralement eu envie de vomir. Ça m’a… Le contenu m’a dégoûtée. Et je pense que laisser ces influenceurs s’exprimer sur des plateformes publiques, honnêtement, ça devrait être interdit. Parce que ce qu’ils disent peut vraiment mettre la tête d’un gamin à l’envers, et vraiment faire un lavage de cerveau. et comme leur nom l’indique, ce sont des influenceurs. Et ils ont beaucoup, beaucoup d’influence sur des jeunes sur des gamins qui n’ont pas encore assez de jugeote pour se faire un avis critique sur ce qu’ils entendent. Donc ce n’est pas une anecdote mais, vraiment, ce que j’ai vu, ce que j’ai entendu, certaines choses m’ont retourné le cœur. 

RDG – Tu veux développer? C’est quoi, les choses que tu as vues? C’est des opérations, des choses comme ça, ou plutôt de la manipulation?

Caroline – J’ai vu, par exemple… C’est un influenceur américain, donc en fait une fille qui était en train de prendre de la testostérone… Et les influenceurs font beaucoup ça : ils se filment à des moments, mois après mois, pour montrer l’effet de la testostérone sur eux. Et j’ai vu, donc, une vidéo de cette fille qui s’était fait enlever les seins, qui montrait sur la vidéo, et en fait je me rappelle qu’il y avait sa mère qui était derrière, dans la cuisine, et qui avait l’air de penser que c’était normal de faire ça, qui était même fière, en fait, c’est ça.

Ils donnent l’image, cette image d’eux, qui n’est peut-être pas du tout vraie :  ils sont bien dans leur peau, ils prennent ces hormones, ils se font lever les seins, mais ils sont tellement bien! Ils sont tellement heureux! Ils font vraiment… Voilà. Et c’est cette image qu’ils projettent à travers des vidéos que peuvent regarder des gamins, qui vont y croire, et pensent que s’ils font la même chose, eux aussi vont être euphoriques, eux aussi vont se sentir finalement bien dans leur peau, ils vont avoir une solution à leurs problèmes. 

Je trouve ça dégoûtant, dégoûtant.

Comment, quand on est parent, on peut être dans la cuisine d’à côté et écouter son gamin faire une vidéo comme ça sans se poser la question, et sans se dire : “est-ce que vraiment, là, c’est la bonne solution pour mon gamin?”

RDG – Oui, en effet, c’est… Tout est tellement à l’envers.

Bien, maintenant, on va passer à la dernière question : est-ce que tu as quelque chose à ajouter?

Caroline –  Oui. Alors, ce que je voudrais ajouter, c’est que, en fait, quand on est parent, il faut tenir le cap. 

Déjà, il faut creuser le sujet, parce qu’on ne peut pas parler du phénomène transgenre, on ne peut pas parler de cette idéologie, sans avoir vraiment creusé son dossier, et comprendre exactement ce qui se passe. Ça, c’est quelque chose que j’ai appris. Et je l’ai appris en lisant beaucoup, en m’informant et en n’écoutant pas nécessairement ce que me disaient les gens autour de moi.

Et parfois, c’étaient des amis qui me disaient que si ma fille pensait qu’elle était trans, c’est qu’elle l’était vraiment, et que si elle était dépressive, “il fallait faire attention, parce que la plupart des gamins trans font des tentatives de suicide, si les parents ne sont pas à leurs côtés pour les épauler”.  

RDG – Tout de suite, j’interviens parce que cette semaine, ou la semaine dernière, il y a une étude scientifique qui est sortie, qui montre que c’est, en fait, c’est faux. C’est un mensonge, donc c’est un truc qu’on nous propage. Les parents sont complètement tétanisés à l’idée d’avoir leurs enfants qui se suicident. Mais sachez que non seulement, c’est de la manipulation, mais en plus c’est faux. Il n’y a pas de de taux de suicide plus élevé chez les enfants qui se pensent trans que chez les autres adolescents qui ont différentes difficultés. Voilà.

Donc n’imaginez pas, ce n’est pas parce qu’on vous dit quelque chose, que c’est vrai, voilà. Je tiens à le dire, parce qu’en fait, c’est vraiment le truc qui fait peur aux parents, et c’est, c’est c’est l’arme atomique!

Caroline –  Je suis tout à fait d’accord. Entendre son enfant dire qu’il a des idées, ou qu’elle a des idées suicidaires, c’est grave, ça, par contre. Il faut le prendre au sérieux. Mais il ne faut pas croire que son enfant a des idées suicidaires et que, en pensant qu’il est ou qu’elle est effectivement trans, et en la mettant sur la voie du transgenre, on va régler le problème. Les idées suicidaires, elles sont là, ça c’est sûr. Donc il faut les écouter. Mais par contre, il faut essayer de comprendre pourquoi exactement. Il faut savoir ce qui se passe. Et pour ça, je pense qu’il ne faut pas avoir peur d’aller contre le courant, et se former son propre avis, et rester objectif, même si on vous dit qu’en fait, “ce que tu fais c’est pas cool, tu n’écoutes pas ton gamin, tu utilises ton autorité au lieu d’aller dans le sens de ton enfant qui, lui ou elle, sait exactement ce qui se passe chez lui ou chez elle”.

Je pense que non, en fait. 

Être un parent, ça vient avec des responsabilités, ça vient avec une autorité, et il faut exprimer cette autorité, il faut vraiment, pour moi, être… 

Je n’aurais pas été responsable si j’avais suivi les conseils que me donnait mon amie, qui était tout à fait bien intentionnée par ailleurs. Je n’aurais pas été responsable si j’étais allée dans cette voie sans me questionner, et sans essayer de comprendre vraiment ce qui se passait. Et ça c’est super difficile, c’est super difficile, et on peut se trouver isolée quand on fait un choix pareil. Par contre, avoir un mari qui est en accord avec soi-même, et qui va dans le même sens, ça c’est super utile, parce que j’imagine que, quand deux parents sont en conflit sur le sujet, ça peut amener à des situations très, très difficiles à gérer. 

Donc en gros, il faut tenir la route, il faut tenir le cap. C’est dur, mais on peut y arriver. 

RDG – Merci d’avoir écouté notre parole, et n’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible.

S’il vous plaît, signez la Déclaration des Droits des Femmes basés sur le sexe :  

womensdeclaration.com 

Rebelles du genre – Épisode 89 – Laëtitia

Laëtitia –  Je suis Laëtitia, j’ai 42 ans. Je suis psychologue, j’exerce dans la région de Montpellier et je pratique les thérapies cognitives et comportementales depuis 15 ans. Et c’est en tant que psychologue, aujourd’hui, que je voudrais vous parler.

En fait, au début, tout ce qui concernait la cancel culture, le wokisme et tout ce qui concernait la transidentité, je regardais ça de loin. J’avais même un regard plutôt positif vis-à-vis de ça. Je me disais, bon ben… On débattait des droits des uns et des autres, on débattait de l’égalité, voilà. Je trouvais ça plutôt intéressant. Mais voilà, je regardais de loin, je ne m’en occupais pas tellement. Et c’est mon conjoint, qui traîne pas mal sur Internet, c’est un petit peu un geek, il était sur des sites majoritairement masculins, d’ailleurs, où ils critiquaient ça. C’est-à-dire que c’est lui qui a commencé à me dire : “Mais regarde, je trouve ça anormal qu’il y ait des hommes transidentifiés femmes, mais qui biologiquement, sont des hommes, avec la musculature d’hommes, qui gagnent des compétitions, à la place de femmes. Du coup, là, j’ai commencé à me dire : “Oui, c’est vrai que c’est c’est suspect, c’est dangereux, c’est pas normal.” Et puis c’est lui aussi qui disait : “Regarde, c’est des hommes qui peuvent accéder au vestiaires des femmes, c’est des hommes qui peuvent accéder aux toilettes dans les écoles, dans les collèges, etc.” Et il m’a dit : “Renseigne-toi !” Parce qu’il voyait bien que je ne me renseignais pas profondément sur le truc. 

Donc ça, c’était il y a environ 2 ans, 2 ans et demi. 

Et du coup, je me suis renseignée, et donc là j’ai commencé à fouiller un petit peu sur internet. Comme je connaissais Sophie Robert, j’avais déjà vu des interviews de grande qualité, n’est-ce pas, et du coup j’ai vu qu’elle avait fait un documentaire sur ça. Donc j’ai regardé son documentaire, “Mauvais genre”, le premier, et là… Ça a été incroyable de voir ça. Donc j’ai vérifié un peu les sources, j’ai regardé Christina Buttons, etc… Et j’ai découvert qu’il y avait cette loi, de janvier 2022… Donc à l’époque, elle venait de tomber, cette loi.

Cette loi qui m’a provoqué une crise d’angoisse.

Alors que franchement, je ne suis pas quelqu’un qui fait des crises d’angoisse, je ne suis  vraiment pas quelqu’un qui panique facilement mais alors là, quand j’ai vu cette loi…

RDG –  Est-ce que tu peux développer ?

Laëtitia – Alors la loi de janvier 2022, qui “condamne les pratiques et les comportements, et les propos (je l’ai noté), les propos répétés visant à modifier ou à réprimer l’orientation sexuelle, ou l’identité de genre, vraie ou supposée d’une personne, et ayant pour effet une altération de sa santé physique et mentale. 

Punis de 2 ans d’emprisonnement, et de 30000 € d’amende”. 

Et d’ailleurs, il y a quand même la suite : “Les faits mentionnés, ça peut être 3 ans d’emprisonnement et 45000 € d’amende si c’est au préjudice d’une personne mineure, ou qu’un mineur est présent, et par ascendant ou toute personne ayant sur la victime l’autorité ou de droit, ou de fait.” 

Il a aussi, quand même, marqué que : “Lorsque l’infraction est commise par une personne titulaire de l’autorité parentale sur un mineur, la juridiction de jugement se prononce sur le retrait total ou partiel de l’autorité parentale, ou sur le retrait de l’exercice de cette autorité.”

Moi, quand j’ai vu ça, je me suis dit : “Mais comment ça se fait qu’il n’y a pas eu débat public ? Comment ça se fait qu’on n’en a pas parlé? Comment ça se fait que, sur les réseaux professionnels de psychologues, personne n’en parle ? 

Et là, du coup, j’en ai parlé à des collègues, et je me suis rendu compte à quel point les gens s’en fichent, en fait. C’est-à-dire qu’il n’y a eu aucune réaction. Il y a un peu ce côté où mes collègues, j’ai l’impression, se disent “Bah ça ne me concerne pas moi, personnellement.” Ce qui peut être une grosse erreur, quand on a des enfants, je pense. Et ça ne me concerne pas, moi, en tant que psychologue, psychothérapeute. 

Alors, je n’ai pas compris parce que c’est carrément une intrusion dans notre pratique, où on nous empêche de faire notre travail correctement. Parce qu’en fait, on nous dit : “Vous ne devez pas discuter une dysphorie de genre, vous ne devez pas le questionner.” Alors qu’on peut, comme tout psychologue, psychothérapeute, tomber sur des gens qui ne comprennent pas, qui ne savent pas pourquoi ils ne vont pas bien, qui ne comprennent pas pourquoi ils ont un rejet de leur corps, de leur personne, de toute leur personnalité, qui peuvent avoir des symptômes, comme dans l’autisme, où il y a une espèce de, des sensations des fois corporelles qui sont absentes ou alors qui sont très fortes, une libido qui peut être absente, énormément de choses au niveau de l’anxiété sociale, de la difficulté à entrer en lien avec les gens, dans les relations intimes, affectives, etc,  et surtout en dehors de ça aussi, pour toute personne adolescente, ce questionnement vis-à-vis de son corps, de son identité en tant que fille, garçon. Les filles qui ont le corps qui change, qui très souvent rejettent les règles… Quelle fille, quelle adolescente n’a pas dit : “Les règles, ça m’embête, je préférerais être un garçon !” Et maintenant, avec les réseaux sociaux, hop ils ont cette hypothèse qui leur vient très facilement.

Il y a toutes les personnes, bien sûr, qui peuvent être traumatisées, qui peuvent avoir des traumatismes d’agressions sexuelles, ou ne serait-ce qu’un parent qui va juger qu’il y a une sexualité qu’il ne faut pas avoir, et qui peut provoquer du dégoût sur le corps d’un jeune ou d’une jeune, bien évidemment souvent les femmes, puisque c’est toujours sale, pour les femmes, alors que c’est une grande fierté que son fils ait une sexualité.

Il y a énormément, dans les troubles du comportement alimentaire, enfin il y a énormément de choses, de sensations qui peuvent expliquer le fait qu’il y ait une forme de, ne serait-ce que la dissociation émotionnelle. En fait, vous avez des personnes qui, de par leur anxiété, vont avoir ce qu’on appelle la dissociation émotionnelle, cette impression d’être dégagé de son corps, de s’observer faire, de se regarder agir, qui déjà peut être questionnée, et amener malheureusement, du coup, les jeunes, les adolescents, à se tromper sur leur problématique. 

Et en fait, on nous interdit de faire ça, en tant que psychologues. Voilà.

Et moi, je ne comprends pas que mes collègues, ça ne les affole pas, cette loi  de janvier 2022.

RDG – Au départ, ça partait d’un bon sentiment, en plus. Puisque l’idée, c’était de lutter contre les thérapies de conversion, c’est-à-dire, justement, les parents qui se mêlent de l’orientation sexuelle de leurs enfants, et qui leur font subir des choses pas normales, parce qu’ils sont gays ou lesbiennes.  Et aujourd’hui, avec cette transformation de l’intention de la loi, qui était de protéger ces jeunes, on en arrive exactement au contraire, puisqu’on finit par dire : “Mais non, tu n’es pas lesbienne, tu es un homme trans. Ou, pareil, tu n’es pas gay, non, non, non. C’est juste que tu es une femme trans.” Et donc en fait on pratique une thérapie de conversion, en ayant cette fameuse loi pour protéger contre les thérapies de conversion. Donc elle est peut-être pas transphobe cette loi mais elle est extrêmement homophobe.

Laëtitia – Tout à fait. Et d’ailleurs, les personnes trans que j’ai, donc ce sont toutes des femmes transidentifiées hommes, et elles sont toutes avec des femmes transidentifées hommes, quoi. Voilà. Moi je me dis, ce sont des  lesbiennes, en fait, voilà. 

Et au bout d’un moment, ça pose question.  Déjà, il y a toute cette problématique où, en fait, on a tout un vocabulaire où on est obligés de marcher sur des œufs dès qu’on parle. Là, j’ai deux patientes, enfin trois actuellement, et elles sont toutes les trois avec un TDAH et de l’autisme, voilà. Donc par exemple, les petites filles TDAH…

RDG – Est-ce que tu peux développer TDAH s’il te plaît ?

Laëtitia – Alors le TDAH, c’est le trouble de l’attention, avec ou sans hyperactivité. Donc ça veut dire que ce sont des enfants qui ont des difficultés à rester concentrés, qui ont des difficultés attentionnelles, c’est-à-dire que l’attention elle est là, mais elle est mal régulée, donc ça donne des difficultés de concentration. Il peut y avoir une hyperactivité mentale, qui est difficile à canaliser, et il peut y avoir, alors surtout dans l’enfance, une hyperactivité aussi comportementale. Et donc, les petites filles Tdah ont souvent un un besoin de bouger qui est très intense, et du coup, elles, souvent elles s’entendent davantage avec les petits garçons parce que très souvent, dans la cour d’école, les petits garçons, ils ont tendance à plus jouer au foot, courir, faire des jeux un peu plus sportifs, quoi. Donc c’est quelque chose de relativement fréquent. Si, en plus, il y a de l’autisme, il peut y avoir aussi des enfants autistes qui se sentent plus à l’aise avec les garçons, parce que les garçons sont davantage dans l’action que dans des conversations et des choses qui impliquent davantage des relations sociales et des choses de l’ordre de la compréhension sociale. Donc il y a tout profil.

Mais quand ma patiente me dit “Je me suis toujours plus entendue avec les garçons”. Et là en fait, parce que pendant un moment, j’étais quand même relativement naïve sur cette problématique de la transidentité, je ne savais pas quels étaient les arguments avancés pour dire “J’ai une disysphorie de genre, et je suis vraiment un homme dans le corps d’une femme.” 

Je me suis rendu compte que les arguments étaient d’une platitude presque ridicule, en fait. C’est-à-dire que l’argument c’est “Je m’entendais mieux avec les garçons.” Ah. Et donc une petite fille, ça ne peut pas bien s’entendre avec les garçons ? Ok.

Donc c’est ce qu’on dit dans la transidentité, c’est ce qu’on dit. Ok ? Ça, j’ai trouvé ça tellement ridicule… et en fait, bon, elles me disaient ça et moi, je disais, je fronçais les sourcils, et je disais “Ben oui. Mais c’est fréquent qu’il y ait des petites filles qui s’entendent très bien avec les garçons. Et il y a beaucoup de petites filles Tdah qui s’entendent vachement mieux avec les garçons. Parce qu’elles sont très sportives, parce qu’elles ont besoin de courir, parce que, voilà. Les arguments, souvent, ne vont pas plus loin que ça, quoi. J’entends des arguments de garçons qui disent “Je préfère discuter avec les filles, et je n’aime pas jouer au foot.” Euh oui, d’accord. Mais pour autant, non. Tu es un homme.

Mais non, s’ils vont traîner sur Internet, on va leur dire : “Mais tu dois être une femme dans le corps  d’un homme.” 

Et puis cet argument que j’ai découvert il y a pas longtemps, qui est “le ressenti d’être une femme”, alors ça, j’adore. 

Est-ce que tu as le ressenti d’être une femme ? 

Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’est-ce que ça veut dire, avoir le ressenti d’être une femme ? Avoir le ressenti d’être un homme ? 

C’est pas un ressenti, quoi. Je veux dire, on est une femme, ou on est un homme…

RDG – C’est le grand mystère.

Laëtitia – C’est d’une abstraction… Et c’est là où je me dis que les personnes autistes peuvent, d’autant plus que d’autres, que n’importe quelle personne, et n’importe quel adolescent, – ça fait partie de l’adolescence d’avoir beaucoup de questionnements existentiels,  de se poser énormément de questions sur la norme, sa norme, quelle est la personne qu’on veut être, le fait de se trouver un groupe de pairs avec qui on s’entend bien, avec qui on partage les mêmes idées, les mêmes goûts musicaux, c’est des questionnements qui sont vraiment fondamentaux, très importants, et il y a beaucoup de questionnements existentiels – donc si on commence à se dire : “Est-ce que j’ai un ressenti de femme ? Non.” 

Et c’est exclusif. Je n’ai pas de ressenti de femme, je suis un homme, ça y est, hop c’est fini ! C’est très rapide, et surtout ça donne là, du coup, un groupe d’appartenance avec beaucoup d’attention, beaucoup d’affection. Et moi, ce que je vois dans mes patients, c’est ça, et surtout avec l’autisme. C’est qu’en fait, j’ai pas mal de patients autistes, et j’en ai beaucoup des adultes qui me font part du fait que dans leur adolescence, dans leur enfance, c’était très compliqué, pour eux, de savoir à partir du moment où le questionnement est “comment se comporter, que dire, quoi faire, qu’est-ce qui est la norme, déjà dans la communication”… Mais aussi ils me font part de cette idée du genre. Voilà.

Moi, j’ai un homme autiste qui m’a dit : “J’ai rencontré un homme il n’y a pas longtemps, qui n’avait pas ce côté très caricatural, masculin, de la virilité, on va dire stéréotypée, et ça m’a rassuré, parce que je me suis dit mais ok, ça va. Donc c’est bon, j’ai des comportements d’homme normaux, entre guillemets. C’est-à-dire que ce questionnement, il est encore plus fort chez les personnes autistes. 

J’ai des patientes qui me disent : “Oui, moi, quand j’étais ado, je ne savais pas, je ne savais pas si j’étais attirée par les femmes ou par les hommes, je n’arrivais pas à avoir les codes vestimentaires des femmes ou des hommes. Je me perdais là-dedans. 

Et le problème, avec l’autisme, c’est : un problème → une solution. Stimulus → réponse. Il faut quelque chose d’assez pragmatique pour répondre à un questionnement, et il peut y avoir très vite ce côté “je suis une femme, je veux être copine peut-être avec ces filles, j’aimerais, en tout cas je ne sais pas trop comment faire, j’ai très peur que ça ne marche pas, donc je vais partir dans les codes vestimentaires, je vais essayer de coller à cette idée de la femme qu’on me renvoie”, mais de manière très obsessionnelle, très rigide. Et elle se perd là-dedans. 

J’ai une patiente qui s’est perdue là-dedans, par exemple, et elle est partie dans quelque chose de très féminin, et beaucoup trop féminin, mais juste parce qu’elle ne savait pas comment faire, et qu’elle avait besoin d’être acceptée par ses copines. Et au final, elle s’en est dégoûtée, parce qu’elle s’est rendu compte qu’en fait, ça ne correspondait pas à elle, et puis surtout, ne sachant pas, et ne comprenant pas son autisme, c’est ça aussi. 

C’est-à-dire que c’est diagnostiqué tard, le TSA, le trouble du spectre autistique. Et du coup, ne sachant pas ces problématiques, pourquoi c’est difficile pour elle de sentir bien, pourquoi elle se sentait si différente, pourquoi elle se sentait si en dehors d’une norme… Mais en fait c’est à cause de son autisme, surtout, et ces difficultés aussi, sociales, anxieuses etc. 

Mais, ne le sachant pas, elle cherche quelque chose, et là… pouf !  Il y a le bouton “rapide” de dysphorie de genre avec, “il suffit de”. 

Il suffit de prendre des hormones, il suffit de dire qu’on est trans, il suffit de mettre un peu de vernis, un autre stéréotype en plus, c’est tellement ridicule, ils créent un autre stéréotype de ce qu’il faut faire si on est trans… Enfin bref.

Donc elle rentre là-dedans, et quelque part c’est comme si ça devenait un nouvel outil de gestion des émotions, c’est-à-dire que quand on a des problématiques anxieuses, pour n’importe qui, s’il y a beaucoup d’anxiété beaucoup, d’angoisse une insécurité pour X raisons : des difficultés de relations parentales, sociales, avec les parents, des relations sociales, peut-être des traumatismes, des agressions, peu importe, ou de par l’autisme, aussi, une certaine insécurité, une anxiété, qui est de base, qui est là, on va chercher une solution, on va chercher une solution pour gérer ses émotions.

Très souvent, par exemple, il peut y avoir des TOC ou de l’hypocondrie, c’est-à-dire que les enfants, les adolescents autistes peuvent développer des TOC, par exemple. C’est-à-dire que le cerveau crée, de par toute cette angoisse, cette insécurité, qui crée un trouble anxieux, qui va donner une cohérence à toute l’angoisse qui est là, et à toute l’insécurité qui est présente. Mais qui va donner un sentiment de contrôle, parce que dans le TOC, “il suffit de”. Je suis très angoissée, j’ai peur qu’il y ait un cambriolage chez moi, je vais vérifier si la porte est bien fermée, voilà. Vous voyez ce que je veux dire ? Du coup, c’est ce que les psychanalystes appellent des défenses, un système défensif, ou un trouble anxieux défensif, eh bien oui, c’est ça. C’est-à-dire que, à un moment donné, on a besoin d’un sentiment de contrôle, et de pas avoir ce sentiment qu’il y a beaucoup d’angoisse. On ne sait pas d’où ça vient, on ne sait pas quel est le problème, et quand on ne sait pas, il y a un trouble anxieux qui arrive, et qui va être d’autant plus fort. Là, c’est comme si leur solution, c’était : “C’est la dysphorie, donc je vais avoir ce bouton magique sur lequel appuyer.” Parce que ce qu’il y a aussi, avec les troubles anxieux, ou avec le mal-être psychologique, c’est que les gens cherchent une solution rapide et efficace, et chez eux, ça peut être encore plus présent. Ce sont des personnes qui fonctionnent en “tout ou rien”, qui ont malheureusement, du coup, un sentiment de vulnérabilité qui est fort, et ils savent, et ils ressentent même, si ce n’est pas totalement conscient, et même s’ils ne savent pas pourquoi, qu’ils ont cette difficulté de gestion des émotions qui est là, qu’ils ont cette hypersensibilité, et du coup ils ont besoin d’un sentiment de contrôle, voilà. 

Et là, c’est comme si on leur donnait cette solution, et ça les détourne de leur véritable problématique. Et ce que je vois avec mes patientes, c’est qu’en fait, elles vont toujours aussi mal, elles ne règlent pas leurs problèmes. Ça les éloigne du rétablissement, quoi.

RDG – Oui, tu amènes une mauvaise réponse à une vraie question. 

Laëtitia – Exactement, ça amène une mauvaise réponse à une vraie question.

RDG – Donc c’est de la maltraitance en fait, finalement. Je dirais étymologiquement, de la mal-traitance.

Laëtitia – Oui oui, c’est de la maltraitance. Donc on traite mal, le mal ! On ne le traite pas, donc on traite une forme de symptôme, mais on ne traite pas le bon symptôme, souvent, bien sûr, et on ne traite pas la cause. Et d’ailleurs, enfin voilà, moi je pense qu’en plus, au-delà de ça, étant donné que ça leur donne ce sentiment d’appartenance à un groupe, elles s’enferment dedans. 

Moi, mes patientes, elles ne voient que des trans. 

Il y a ce côté aussi, bien évidemment, avec toute l’idéologie, tout le vocabulaire, ce côté “secte et dogme”, bien sûr. Parce que c’est une croyance auquelle il faut absolument adhérer. Il y a tout un vocabulaire. Elles ne sont qu’entre elles, ils ne sont qu’entre eux. Il y a beaucoup d’isolement.

Et là, dernièrement, j’ai une patiente qui ne voulait pas retourner voir son grand-père. Son grand-père de 84 ans, en me disant : “Il ne comprend pas ma transition, il est transphobe.” 

Mais elle me dit quand même “Je culpabilise, parce qu’il est vieux, il va peut-être mourir bientôt, et puis quand je le vois…”

Je lui dis :  “Oui, comment il est quand vous le voyez ?”

Elle me dit : “Il est affectueux, il est gentil, il pleure de joie de me voir. Mais bon, voilà, il me mégenre,  il m’appelle par mon deadname…”

Enfin, et là, non mais c’était horrible, et là, mais je me suis dit “bon tant pis”, je lui dit “Vous savez, à 83 ans, c’est normal en fait, qu’il ait du mal à comprendre.” Je lui ai dit : “Mais même moi, ce n’est pas forcément facile de dire, de tout accorder au masculin, en fait, quand on vous voit.”

Tu vois : j’ai dit la vérité.

RDG – Oui, oui, c’est juste que…

Laëtitia – Il faut que je l’aide, ce pauvre grand-père ?

RDG –  Oui, c’est d’un narcissisme incroyable. “Mon grand-père il est transphobe !”

Laëtitia – C’est ça, elle dit : “mon grand-père, il est transphobe, mon grand-père est transphobe”, avec l’argumentation derrière : de toute façon toute sa vie il a été assez réac quoi ! Et là, je lui dis : “mais vous l’aimez, cette personne ? Vous avez envie de la voir ? … si vous pouvez pas lui pardonner ça” je dis, “ça va être aussi compliqué de rentrer entre guillemets dans votre vie professionnelle parce que je ne sais pas ce que vous voulez faire mais …”  

Voilà le problème, c’est que ce sont des personnes qui restent dans le même cercle social, amical et qui essaient de trouver une voie professionnelle qui concerne la trans identité parce qu’au final, au-delà de ça, elles ont quand même très, très peur d’aller dans la “vraie vie” entre guillemets et dans le monde avec la diversité de pensée et la diversité de fonctionnement. Et alors ça aussi, c’est aussi très fréquent, chez les troubles de personnalité, chez les personnes qui ont eu des traumatismes, chez les autistes, chez toute personne qui peut avoir des difficultés, toute personne TSA et autiste différente, bien sûr, il a des personnes qui ont davantage de problématiques de gestion des émotions et quand les difficultés sont massives, il y a tellement un sentiment de vulnérabilité et d’incapacité à gérer ses émotions que les gens attendent que ce soit les autres qui règlent leurs problèmes et qui s’adaptent à leurs besoins et de manière massive ; c’est à dire qu’il y a souvent ce qu’on appelle une stratégie de dépendance voire de dépendance affective : je vais en parler à mon mari, j’espère qu’il va me rassurer, s’il ne me rassure pas, moi, je ne vais pas réussir à être bien, cette espèce de gestion des émotions par le biais de l’autre ; et, il y a aussi ce côté où il ne faut absolument pas que les autres me mettent mal en disant quoi que ce soit qui pourrait heurter ma sensibilité mais des fois avec un autoritarisme très fort. Donc là, avec la transidentité, je trouve qu’on voit ça à l’échelle personnelle, à l’échelle d’un individu mais aussi à l’échelle de cette communauté qui nous dit : “vous n’avez pas intérêt de dire le moindre truc qui va à l’encontre de ce qu’on pense parce que sinon, vous nous agressez.” Et qui ne remettent pas en cause leur hypersensibilité et leur problématique à mal gérer leurs émotions et à accepter que les autres ne pensent pas pareil et ne vont pas se soumettre à leur besoin. Il y a un côté tout m’est dû qui est très fort et j’ai l’impression qu’il y a quand même dans cette génération, une interaction entre une espèce de forte rigidité, un sentiment d’injustice qui est très fort et quelque chose de très narcissique qui est renforcé par les réseaux sociaux où il y a vraiment ce côté “tout m’est dû, on doit me respecter à tout prix, on doit gérer les émotions à ma place”.

RDG – Mais c’est même renforcé par la loi, ils ont raison ! Quand on regarde la loi que tu viens de citer, ils ont eu gain de cause ; la circulaire Blanquer qui dit qu’il faut mettre les jeunes dans les vestiaires, les dortoirs etc de leur identité de genre, si tant est que ça signifie quelque chose, quand tu vois les personnes qui vont quasiment convulser au sol si tu les appelles par leur nom de naissance, en fait, finalement, tout est fait pour les conforter.  On a nos politiques qui sont d’une servilité incroyable par rapport à ça parce qu’ils font peur, parce qu’ils sont très gonflés de leur propre importance aussi et qu’ils stérilisent complètement le débat avec leurs menaces.

Laëtitia –  Oui, tout à fait ! Et en faisant ça, en leur donnant raison, on se rend coupable, on se rend coupable !

RDG – On est complice tout fait …

Laëtitia – On se rend coupable et nous, responsables ! Un travail important en psychothérapie, c’est de rendre aux gens leur responsabilité, c’est de leur dire : “c’est vous qui avez le choix, c’est vous qui avez le pouvoir de choisir. Est-ce que vous voulez essayer d’aller mieux ? Est-ce que vous voulez essayer un autre chemin ?” 

Pour n’importe quel cercle vicieux, de problématiques, de trouble anxieux, de troubles de personnalité, tout, à moment donné on dit aux gens : “Voilà la solution c’est ça : c’est à vous de choisir ce que vous voulez faire, ce que vous vous sentez de faire”. C’est le travail motivationnel pour les addictions c’est tout, c’est aux gens de prendre leur responsabilité de faire leur choix et de s’engager dans leur rétablissement et il n’y a qu’eux qui peuvent le faire ; on peut les aider, il n’y a qu’eux qui peuvent le faire. Là, ce qu’on fait c’est qu’on se rend coupable : oui, oui, oui, venez donc, on prend le bâton, on s’est tapé sur la tête et on se dit : “oui, effectivement c’est notre faute, personne ne croit vraiment à ce que vous dites effectivement et ce n’est pas grave mais bon, comme vous souffrez et que vous pleurez…” C’est comme si on disait à un parent : ”votre enfant a une anxiété de séparation”, une anxiété de séparation c’est quoi ? C’est le classique : je ne veux pas me séparer de ma maman, on m’emmène à l’école, à la maternelle, je crie, je hurle, je fais un caprice parce que je ne veux pas aller à l’école ; et là, qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce qu’on se plie à la crise et au sentiment d’insécurité qui n’est pas adapté de l’enfant ou est-ce qu’on lui apprend que son insécurité elle n’est pas adaptée que c’est une émotion inadaptée qu’il ne faut pas renforcer, et on le laisse aller à l’école. Et on lui dit : “Non, tu es en sécurité, tu vas voir. Et ton émotion, elle va monter, elle va redescendre, et après, ce sera fini.” Eh bien non, là, on ne fait pas ça. On dit aux gens : “Effectivement, votre mal-être, il est catastrophique, il est insupportable, vous ne pouvez pas, vous êtes trop fragile, et effectivement c’est grave et OK, et c’est notre faute, et on va faire en sorte que la société change complètement pour s’adapter à vos petits besoins.”

C’est n’importe quoi ! 

RDG – Raconté comme tu l’expliques, c’est très effrayant! Et qu’est-ce que ça nous prépare pour l’avenir, c’est vraiment très, très inquiétant.

Laëtitia – Au lieu de leur apprendre à mieux gérer leurs émotions et à trouver les bonnes solutions, ils cherchent, eux, à s’adapter par la non-acceptation de leur corps, par des mutilations, par des traitements qui peuvent les rendre stériles et qui peuvent provoquer des cancers sur le long terme, en outils de gestion des émotions. Il faut que la société s’adapte comme si on disait au gamin avec qui il y a une anxiété de séparation, “Tu ne veux pas aller à l’école, ce n’est pas grave, on va prendre la maîtresse, on va lui dire laisser tomber les autres enfants, et puis elle va venir à la maison faire le cours pour toi.

RDG – Oui ! Ou : “Maman va venir à l’école avec toi”. 

Laëtitia – “Et maman va venir à l’école avec toi, si tu veux elle va rester à côté de toi toute la journée; parce qu’effectivement, tu es fragile et dépendant, et tu ne peux pas gérer tes émotions”. Donc on envoie des mauvais messages, on augmente leurs problèmes, voilà ce qu’on fait : c’est qu’on augmente leurs problématiques, et on les rend malades ! 

On les rend malades mentalement, et physiquement, possiblement, sur le moyen et long terme. 

Et en plus c’est remboursé par la Sécurité sociale.

C’est-à-dire qu’au niveau sociétal, c’est catastrophique aussi, quoi. Voilà, c’est le trou de la sécu, quoi.

Bon ok il y a des gens qui n’arrivent pas à avoir d’ALD, eux ils ont une ALD, enfin bon… 

RDG – Tu as cité en début de ton témoignage Sophie Robert, qui a fait un documentaire qui s’appelle “Mauvais Genre”, partie 1. Et alors la partie 2 va sortir, c’est imminent, je l’ai déjà visionnée en avant-première, j’interviens dedans plusieurs fois.

Laëtitia – Oui, je t’ai vue. 

RDG – Et justement, c’est assez effrayant et donc je vous invite vraiment à visionner ce documentaire, pour voir jusqu’où ça peut aller, parce que c’est quand même gravissime : c’est des enfants, c’est des adolescentes qu’on mutile.

Laëtitia – Tout à fait, c’est impressionnant. Parce que c’est vrai qu’en fait, c’est tellement horrible qu’on ne va pas se renseigner jusqu’au détail des opérations. Sophie Robert nous montre ce qui se passe : c’est affreux.

RDG – Par contre, gros trigger warning. Il y a des moments… oh là là.

Laëtitia – Ah non, mais moi il y a des moments où je n’ai pas pu regarder.

RDG – Hein oui, c’est très, très dur. Mais en fait, on devrait être capables de le regarder, parce que, comme tu l’as très justement dit, juste avant, on est responsables de ça, et on est complices de ça. Donc il faut être capable de regarder aussi les enfants qu’on mutile. Regardez-les ! 

Laëtitia – Tout à fait. Moi, je suis choquée par mes collègues, en fait, mes collègues psychologues qui ne se renseignent pas, qui ne s’y intéressent pas. Et je trouve que c’est leur responsabilité de psychologues, de psychothérapeutes, surtout ceux qui sont spécialisés enfants et adolescents, je trouve que c’est vraiment grave. Je ne comprends pas que les gens ne prennent pas leurs responsabilités de soignants, aussi. C’est catastrophique, quoi.

RDG – Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société, pour la démocratie ? Tu as déjà un peu développé, est-ce que tu veux développer davantage ?

Laëtitia – Pour les enfants, il y a tous les dangers, en fait. Pour les enfants on ouvre la porte, potentiellement, à des pervers, à des pédophiles, à des personnes, des hommes, qui vont se transidentifier “femmes” pour de mauvaises raisons, pour des raisons pratiques, enfin je veux dire, c’est du pain béni pour eux. Alors ça, c’est vrai aussi, les gens ne savent pas, ou ne s’intéressent pas forcément… 

C’est-à-dire que, dès qu’on parle de pédophilie, dès qu’on parle d’agressions sexuelles, ah là là, c’est trop dur, on ne regarde pas, on ne s’y intéresse pas vraiment. Il y a toujours une forme de déni, ou d’évitement, parce qu’on ne veut pas voir l’horreur. On ne veut pas voir l’horrible. Mais là, c’est ce qui est en train de se passer : c’est-à-dire  qu’on permet à des hommes d’être en contact avec des jeunes personnes. On permet à des agresseurs d’avoir accès à des personnes vulnérables, et voire même, à des enfants !

Et puis surtout, au-delà de ça, c’est le nombre d’enfants qui peuvent dire : “oh moi j’aurais préféré être une fille, moi j’aurais préféré être un garçon…” Et hop ! Ça y est. Si on commence à le dire, ça y est : “ouh là là, à l’école on ne va pas dire aux parents que cet enfant a dit ça, au collège, sans dire aux parents, cet enfant, cet adolescent peut faire la transition sociale, sans que les parents ne soient au courant. 

Là aussi, quel message on transmet aux enfants et aux adolescents ? On leur dit : “C’est adapté de mentir à tes parents, c’est adapté de ne pas dire ce qui se passe à tes parents. Et nous, on va accepter ta transition sociale sans en parler à tes parents. Et si, par malheur, Papa et Maman ne sont pas d’accord avec le fait que tu prennes des hormones, peut-être aussi qu’on va commencer à faire un signalement. 

Voilà donc on arrive à ça. C’est catastrophique, les enfants, donc, maintenant peuvent croire au Père Noël et, en même temps se dire qu’ils sont dans le mauvais corps, et on va les croire !

Voilà, c’est incompréhensible, c’est catastrophique.

C’est évidemment, extrêmement dangereux pour la démocratie. C’est une catastrophe, parce que c’est carrément une idéologie, ce sont des croyances, c’est fondé sur rien, aucune preuve scientifique, ou des hypothèses pourries. Et non, il faut que tout le monde adhère à ça, et sinon, on censure. Censure, Voilà.

Moi, je veux dire, j’essaie de discuter de ça avec mes collègue sur Linkedin : tout le monde s’en fout, voire même personne… même si les gens regardent, on voit les impressions, même les gens les gens regardent, je vois énormément d’impressions sur certains posts, mais personne ne republie, personne ne met un commentaire, personne ! Voilà : c’est l’omerta.

Et j’arrête de publier maintenant, parce que, du coup, je pense que je dois être catégorisée comme la meuf alarmiste, transphobe, et ça me désole, quoi. 

Donc, pour les droits des femmes, pour les droits des enfants, comme je l’ai dit, c’est dangereux.

Pour la société, c’est un coût en plus, voilà.

Et pour la société aussi, je pense que ça fractionne, au sein-même des familles, des choses importantes, puisque mes patientes, elles s’isolent. Et comme je l’ai évoqué tout à l’heure, elles rejettent leur famille massivement. Et ça, je ne vois pas en quoi ce soit bon pour l’individu, autant que pour la société, quoi. 

Je veux dire, évidemment que, quand on a une famille toxique, il faut s’en éloigner. 

Évidemment qu’il ne faut pas se forcer à maintenir des liens avec un père ou une mère alors qu’il y a vraiment une toxicité, de la maltraitance ou des abus.

Mais là, moi, j’ai des cas où ce n’est pas vraiment le cas, et ça fractionne les gens, quoi. C’est grave.

RDG – C’est vraiment, tellement triste, en fait, cette rupture du lien social à cause d’une idéologie, alors qu’on est dans une société laïque. 

C’est ça qui est incroyable : c’est que personne ne reconnaît la dimension mystique de cette idéologie, c’est terrifiant, 

Laëtitia – Oui, terrifiant.

RDG – Alors, qu’est-ce qui t’a décidée aujourd’hui à témoigner ? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces? Est-ce que tu te sens en sécurité ou pas, par rapport à cette question ?

Laëtitia – Alors, j’ai mis du temps à vouloir m’exprimer sur ça, autant au niveau de mes relations sociales proches, que sur le plan professionnel, notamment. Mon conjoint qui, du coup s’était renseigné avant moi sur cette question, m’a dit : “Mais regarde à quel point ils sont agressifs !” et d’ailleurs il y a un une des premières j’ai oublié c’est un premierè élément qui m’avait marqué et qui m’a fait aussi me renseigner sur cette question là c’est qu’il y a un humoriste aux États-Unis qui s’appelle Dave Chapelle, qui est noir si je peux le dire, si j’ai le droit de dire qu’il est noir, et ce monsieur, dans un de ses spectacles, explique que lui, il veut rire de tout. Et donc il a fait des sketchs où il se moquait des trans. Et il a eu beaucoup d’attaques de la part des trans, très agressives. Et il y a une personne trans, un homme transidentifié femme, qui le soutenait, qui venait à ce spectacle, qui rigolait et qui disait : “Ouais, je ne suis pas d’accord avec ce que pensent les personnes trans.” 

Et cette personne a été tellement maltraitée sur Internet qu’elle s’est suicidée.

Et ça, plus toutes les manifestations féministes, toutes les lesbiennes qui sont agressées par les trans, et toute personne qui va émettre un jugement et vouloir discuter et qui être agressée, blacklistée, enfin, voilà. C’est, c’est violent.

Mon conjoint, pendant longtemps, mon conjoint a eu peur pour moi. Il me dit mais ouh là là… Mais, ça l’inquiète, en fait. 

Je lui ai dit : “bon, écoute-moi. Il y a des personnes qui écrivent des livres, elles sont très courageuses, je vais quand même, je peux bien, quand même parler un petit peu, quoi. 

Donc je le fais. Mais c’est vrai qu’on sent… voilà. On le fait avec, à chaque fois que je poste quelque chose sur Linkedin, il y a toujours du stress, quoi. On se dit : “ à minima, je vais être catégorisée comme une facho, une transphobe quelqu’un qui n’est pas ouvert, une mauvaise personne, quoi, voilà. 

Donc heureusement, dans mes relations sociales, amicales, au final quand j’en parle, les gens sont tellement pas au courant que, quand on leur dit, eux ils ont l’impression que je leur raconte le scénario d’un gros nanard, d’un film surréaliste, de science-fiction, ou d’anticipation plutôt, où tout le monde se dit : “Mais, mais non, ce n’est pas possible, ça. Ça n’arrivera jamais. 

Et si ça arrive ! Et ça s’incruste dans le cerveau… Et on a des médecins qui mutilent, des gens, des gens qui ont fait des études, des gens qui sont à un niveau intellectuel élevé. Dans les universités, ça s’incruste. Dans les universités, c’est incroyable ! 

Et nous, en fait, on vit un vrai film d’horreur. Et du coup, au bout d’un moment, Ce n’est plus possible de ne rien dire, quoi. Voilà. Moi, je n’arrive plus à m’en empêcher. Et d’ailleurs, avec mes patientes, je ne sais pas combien de temps je vais réussir à me retenir de dire ce que je pense vraiment. Donc je marche sur des œufs, parce que je n’ai pas envie de les perdre, parce que je n’ai pas envie de les brusquer. Mais c’est très dur, c’est très dur. 

Voilà, donc ça me pousse à parler, parce que ça fait du bien, parce que c’est important, et parce que je pense qu’à un moment donné, il faut dire les choses.

Et j’en veux beaucoup à mes collègues de ne rien faire, de ne rien dire.

RDG – Merci de le faire, en tout cas, parce qu’en plus, c’est important de parler, mais il faut savoir aussi que, pour toutes celles qui nous écoutent, pour tous ceux qui nous écoutent, c’est aussi très important. 

Je te l’ai dit en off, tout à l’heure, mais on a quand même des personnes qui nous écoutent, qui ont besoin d’entendre ce que tu dis, donc merci pour elles.

Merci à celles qui parlent, mais aussi merci à celles qui écoutent et à qui ça peut donner du courage ou la force de supporter des choses difficiles. 

Est-ce que tu as quelque chose à ajouter ?

Laëtitia – Oui. Alors j’aimerais passer un petit message, essentiellement aux jeunes filles, puisque a priori, c’est plus de 75 % de filles chez les personnes qui pourraient se dire trans, ou non-binaires, ou autre… C’est une évidence que l’apparition des règles, de la poitrine, tous les changements dans le corps qu’il y a à l’adolescence, ça pose des questions pour beaucoup de jeunes filles. C’est normal de ne pas aimer son corps à cette période-là, et donc de le rejeter. Et donc, d’emblée, ça va créer une forme de dissociation en fait, on va commencer à ne pas aimer son corps. Je ne connais aucune jeune fille qui s’est dit à l’apparition de ses règles : “C’est super, je vais saigner tous les mois.” Je pense qu’il y en a beaucoup, comme moi, et comme beaucoup de filles, qui se sont dit : “Je préférerais être un garçon.” Et puis ensuite, il y a tous les changements, et toutes les perturbations qu’il peut y avoir à l’adolescence. Donc il y a plein d’études qui montrent, qui prouvent qu’un adolescent sur deux peut avoir des symptômes dépressifs, anxieux, de l’anxiété sociale notamment, avec la peur du jugement sur soi, sa personnalité, son corps. C’est plus que fréquent, à l’adolescence, c’est vraiment massivement que les adolescentes ressentent cette anxiété sociale, donc c’est “normal”, entre guillemets. Et donc c’est important, si jamais, vraiment, il y a des questions, d’aller voir un psychologue pour explorer les raisons de son mal-être avant de partir sur une autre piste qui pourrait provoquer des changements à vie, et qui seraient très mauvais pour la santé, en plus ! Notamment des troubles du comportement alimentaire, c’est pareil, ça va provoquer aussi un rejet du corps, des comportements un peu, du coup, de contrôle alimentaire, d’obsession, qui vont augmenter le mal-être vis-à-vis de son corps. Et là, c’est pareil, ça peut un petit peu se mélanger avec la dysphorie quoi. C’est comme si, voilà, avec la dysphorie, on rend pathologique une période qui est normalement perturbée, quoi. Voilà. C’est comme s’ il ne fallait pas se poser de questions à l’adolescence, c’est comme s’il ne fallait pas être perturbé à l’adolescence, alors que ça fait partie de l’adolescence, donc c’est une période d’adaptation. Qui dit une période d’adaptation, mais c’est une période de perturbations, et il y a des recherches qui montrent que, en fait, le meilleur remède naturel à la dysphorie de genre, c’est la puberté ! Donc c’est d’attendre que l’adolescence se termine, puisque majoritairement, une fois que l’adolescence et les perturbations dues à l’adolescence se calment, et qu’on s’adapte, et qu’on devient un jeune adulte, et bien ça disparaît, tout simplement.

S’il y a des traumatismes et qu’on a un passé d’agression sexuelle, là il faut aller voir un psychologue, traiter les traumas. Ça se traite, ça se soigne, il faut tester toutes les autres solutions avant de partir sur ça.

Et puis bien sûr, mes collègues psychologues : ce serait bien de se renseigner davantage, pour être sûrs de bien encadrer ces jeunes, tout simplement. 

Voilà, je ne peux pas souhaiter mieux.

RDG – Merci d’avoir écouté notre parole, et n’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible.

S’il vous plaît, signez la Déclaration des Droits des Femmes basés sur le sexe :  

womensdeclaration.com 

Rebelles du genre – Épisode 88 – Alexandra

Alexandra –  Bonjour, je m’appelle Alexandra. Je suis une femme de 35 ans qui vit au Québec, dans le beau pays qui est le Canada. Je suis aussi coordonnatrice d’un organisme féministe qui s’appelle “pour les droits des femmes du Québec”. Je suis quelqu’un qui vient d’un milieu de campagne, j’étais dans un milieu qui était féministe sans forcément que ce soit voulu. En vivant à la campagne, on avait une mini ferme, nous donc on était quand même assez en autonomie. Donc nous, tout ce qui était tâches ménagères, s’occuper des animaux, du jardin, ça a toujours été mixte, donc mes frère et moi, et puis ma mère et mon père. On faisait toutes les tâches. Donc on a été élevés d’ une façon telle qu’il n’y avait pas de tâches de fille ou de tâches de gars : tout était équitable. Donc on se gelait le derrière, à -30° dehors, pour corder du bois, et tu étais obligée de le faire parce qu’il fallait le faire de toute façon, sinon on ne pouvait pas chauffer la maison. C’est la même chose pour les tâches ménagères, en fait : on se battait pour les faire, comme ça, ça nous évitait de faire des tâches comme ramasser le caca des poules, ou courir après les dindons qui se sont sauvés. Donc j’été élevée dans une éducation qui était comme féministe, mais sans le savoir.

Donc j’ai décidé de témoigner à “Rebelles du genre” parce que je trouvais ça important de le faire, surtout en vivant au Québec, après avoir écouté les épisodes de Marie et de Florence, qui sont des Québécoises qui ont témoigné sur leur expérience. 

Je trouvais ça important de, moi aussi, en parler en tant que femme, mais aussi en tant que coordonatrice d’un organisme féministe qui est à contre-courant dans notre pays, dans notre province. Donc nous on est un regroupement de féministes, qui est mixte, et on est un groupe féministe universaliste et non intersectionnel. Donc je trouvais ça important qu’on puisse en parler, parce qu’on est censurées partout. Et “Rebelles du genre” est beaucoup écouté au Québec, parce que c’est un des rares balados dans lesquels on est écoutées, et qu’on n’est pas censurées par les médias.

Donc ce qui m’a amenée à devenir critique du genre… En fait, moi, mon parcours professionnel, j’ai toujours travaillé dans des organismes où on était en relation d’aide. J’ai longtemps travaillé comme animatrice, avec des personnes qui vivaient avec des handicaps : des enfants, des adultes, des autistes, des personnes déficientes intellectuelles… Donc j’ai toujours été quelqu’un qui avait énormément d’empathie et de compassion. 

Mon cercle d’amis, si on parle même du secondaire, CEGEP et puis même un petit peu l’université, j’ai toujours été dans les arts et lettres. Au secondaire, je faisais partie de la gang qui faisait du théâtre, donc on était les extravertis. On était aussi le groupe qui avait le plus de personnes gays, aussi forcément, on est tout le temps ensemble. 

Au CEGEP, c’était la même chose. Donc moi, la plupart du temps, les amis que j’aime encore d’ailleurs beaucoup, font partie de la communauté LGB. 

On rajoutera le “TQ+” plus plus tard, parce qu’à ce moment-là, euh mon cercle d’amis, c’étaient principalement des homosexuel.les. Et il y avait pas ça encore, des personnes trans, c’est très très très marginal en fait j’en avais jamais rencontré avant je pense 2018, c’est que un phénomène qui est assez récent dans ma vie. Donc moi c’est ça : mon secondaire, mon CEGEP,  la Gay Pride j’y allais à chaque année. Tous les événements… Ma série préférée c’était RuPaul’s Drag Race, qu’on écoutait comme si c’était nos jeux olympiques,  littéralement…  Il s’agissait de trouver quelle était la candidate qui allait gagner, c’était vraiment profond, ça faisait partie de mon identité, aussi, parce que c’est ça : moi quand je sortais, j’allais dans des bars gays, ça a toujours été dans ma culture aussi, un peu aussi parce que mon cercle d’amis est là-dedans, on les suit, et  puis tu sais, c’est une communauté qui accepte tout le monde, aussi. Quand tu es un artiste,  tu t’habilles bizarre, tu vas avec des gens qui vont t’accepter comme tu es. Et puis je suis quelqu’un qui est très extravertie. À ce moment-là, je pense que j’avais des cheveux rasés, bleu-mauve, des piercings un peu partout, le look que tu comprends pas c’est quoi… Écoute, les gens qui m’ont toujours acceptée, ça a toujours été cette communauté-là. Donc pour moi ça a toujours été logique, ce qu’on revendiquait : l’égalité, le mariage pour tous. J’en ai défendu, des amis  homosexuels qui se faisaient écoeurer… Et puis ça a toujours été pour moi quelque chose d’important, l’équité, aussi le respect de la dignité, le respect des gens, peu importe leurs choix. Tu sais, ça a toujours été dans mes valeurs profondes. Donc c’est ça, ça fait que j’ai longtemps évolué dans le milieu communautaire.

Dans le cadre de mes emplois, j’ai travaillé auprès des adolescents. J’ai été aussi dans les premières à dire que “les femmes trans sont des femmes” parce que pour moi, ça faisait parfaitement du sens, parce que c’est des personnes qui sont opprimées. 

Et ce qui m’a amenée, vraiment, à changer ma réflexion par rapport à tout ça, c’est que je travaillais dans un organisme jeunesse qu’on appelle des “maisons des jeunes”, au Québec, donc c’est un lieu par les jeunes, pour les jeunes. C’est une maison, littéralement, où les jeunes se rassemblent. Quand je parle de jeunes, je dis de 12 à 17 ans. Les jeunes viennent, comme on dit par chez nous, “chiller”. Ils viennent passer du temps. Tu as des animateurs et des intervenants qui sont là. On va parler d’éducation sexuelle, de faire son budget, faire les devoirs, apprendre à cuisiner… C’est vraiment un milieu de vie pour les jeunes. Nous, normalement, quand on travaille en “maison des jeunes”, on va inviter d’autres OBNL (organisations à but non lucratif) on va inviter des intervenants, parce qu’on veut que les jeunes apprennent plein de choses. Donc nous, ce qui était parfaitement normal, ce que je faisais aussi, c’était pas rare qu’on faisait venir un conférencier d’un OBNL LGBTQ+ pour venir parler de “c’est quoi être une personne homosexuelle?” C’est quelqu’un qui vient partager son expérience. Et puis là cette fois-là, l’intervenant qui est venu, en fait l’intervenante, c’était une femme trans qui venait parler de son expérience à ma gang d’adolescents. En fait moi je vends ça,  “l’activité ça va être super, vous allez triper…” Tu sais, la personne arrive, et puis elle est cool. Tu sais, dynamique, elle prend le temps de s’intéresser aux jeunes,  elle fait toute sa présentation, elle parle de son parcours de femme trans, comment la transition s’est faite, toute sa vie. Les jeunes trouvaient ça super intéressant. Puis l’activité se finit.  Une couple de jours plus tard, j’ai mon groupe de filles qui vient me voir dans mon bureau pour me parler. C’est ça : nous, des fois, les jeunes veulent nous parler “un à un”,  parce que il y avait quelque chose de bien important.

Là, ma gang de filles se questionnaient sur le fait qu’elles n’étaient peut-être pas des filles, finalement, parce qu’ elles avaient compris qu’avec leurs champs d’intérêt, elles étaient peut-être des garçons. Parce qu’il faut se situer : nous, on était dans un milieu rural, à ce moment-là. Il n’y a pas de ville proche, c’est un village de, comme, 2000 personnes, même pas. Tu sais, les loisirs pour les gens, là-bas, c’est la chasse, la pêche, faire du VTT. Tu sais, il n’y a pas vraiment de truc de fille ou de truc de gars. Et puis tout le monde s’habille en jogging, il n’y a pas de style vraiment propre à des individus, comme on pourrait en trouver en ville, à Montréal par exemple. Donc c’est ça en fait. Pour elles, elles n’étaient pas des filles parce qu’elles aimaient les films d’horreur, elles n’aimaient pas se maquiller, elles n’aimaient pas se peigner les cheveux, et puis elles n’aimaient pas s’habiller de façon féminine, surtout qu’elles ont comme 13, 14 ans, là. C’est c’est des jeunes ados.

Donc tout ça, suite à la conférence de l’intervenante qui est venue, mais ça les avait amenées à cette réflexion-là qu’elles étaient pas des filles. Moi, ça m’a fait tomber de ma chaise, parce que avec ce groupe d’ados-là, on travaillait tellement fort pour donner de l’autonomie aux filles, tu sais, leur donner de l’assurance de l’estime de soi que c’est pas parce que tu es pas dans l’image de ce que tu vois sur Instagram que tu es que tu n’es pas une super cool fille, là. Tu sais, tu n’es pas obligée d’être dans le moule, tu peux être toi et puis c’est correct, tu sais on était beaucoup dans l’acceptation de soi.  L’intervention de cette personne-là, de cette conférencière-là venait de scrapper 2 ans d’intervention.

RDG – Oui donc en fait, tu as donc un homme trans identifié qui vient, qui dit qu’il est une femme, qui te sort tout un tas de stéréotypes sexistes, et du coup les filles se disent “bah moi je ne suis pas comme ça, je ne suis pas comme ça, je suis pas comme ça, donc… je suis un gars!

Alexandra – Ouais. Et puis tu comprends, nous ça nous a jetés à terre, parce que justement, on travaillait tellement fort pour, justement, combattre ces stéréotypes sexistes! On avait une couple de filles qui venaient faire de la boxe avec les animatrices le dimanche matin, parce qu’on voulait justement qu’elles apprennent à se défendre, qu’elles  apprennent, tu sais, que les filles peuvent faire du sport… On avait plein, plein, plein d’activités comme ça. Et puis là, voir que tout ça, tu sais c’est des heures et des heures d’intervention, là, qui venaient de se faire scrapper par UNE personne qui est venue parler UNE heure ! Et puis c’est pas quelqu’un qui est proche de ces jeunes-là, tu sais. C’est quelqu’un de l’extérieur qui vient parler ton expérience, et puis en une heure ça a semé le doute auprès de ce groupe de jeunes-là. Il a fallu qu’on passe je ne sais pas combien de jours et de semaines à réexpliquer que ça, c’est des stéréotypes sexistes. Les filles ne sont pas obligées de se maquiller pour être des filles, ne sont pas obligées de s’habiller sexy pour être des filles, tu peux t’habiller comme tu veux, tu peux être de la grosseur que tu veux, tu sais. Tu peux avoir les cheveux courts, les cheveux longs, ça change pas, rien, là. Tu peux être une fille quand même. Ça m’a vraiment amenée à me questionner sérieusement sur ce que je connais depuis des années. 

RDG – Est-ce que ces jeunes filles, elles sont allées jusqu’au bout? Finalement comment ça s’est passé pour elles?

Alexandra –  Non dans le fond on a discuté beaucoup, on a passé beaucoup de temps avec elles, et ça juste été passager, c’est plus revenu après. Mais tu sais, je n’ai plus fait revenir cette personne-là non plus, parce que je me disais “écoute, si moi, elle eu cet impact-là dans mon organisme que je connais, ces enfants, ces jeunes-là quasiment comme si c’était ma famille, imagine dans un école secondaire!” 

RDG -Oui c’est ça, c’est vraiment le problème : tu fais rentrer le renard dans le poulailler, quoi!

Alexandra – Oui, c’est ça. Et puis je ne peux pas dire que l’intention de cette conférencière-là était de justement brainwasher tout le monde, je ne pense pas que c’était ça son intention. Son intention, c’était de venir partager sa vie. Mais l’impact de son intervention, moi c’est ce qui m’a inquiétée le plus, là. Ok le discours que tu as eu, ça a fait en sorte que là tu as un paquet de jeunes qui se posent des questions existentielles assez importantes, là.

RDG – C’est-à-dire qu’en fait, c’est aussi l’histoire d’un homme qui pense qu’il est une femme, ou dit qu’il est une femme, je sais pas, en fait, son niveau de sincérité dans sa démarche, mais si on part du principe que penser qu’on est une femme parce qu’on coche un certain nombre de cases des stéréotypes sexistes…

Alexandra – Ouais, c’est ça. Tu sais, c’est assez hallucinant. Moi, après ça, j’ai eu d’autres événements avec cette personne-là, on était dans un petit milieu, là, j’avais à côtoyer cette personne, tu sais, cette conférencière là. Ce que je comprenais c’est que sa vie n’était vraiment pas très facile. J’avais énormément d’empathie aussi pour elle. Tu sais, ce qu’elle vivait, ce qu’elle nous racontait, à l’extérieur, tu sais c’était difficile. Mais à force de côtoyer cette personne-là,  cette personne-là m’a expliqué que j’étais probablement une non-binaire qui ne s’assumait pas. Parce que je ne me maquillais pas, parce que je ne prenais pas soin de mes cheveux comme une vraie fille, ou des fois mon look faisait très butch, pas comme une vraie femme. Mes intérêts aussi, ça fittait pas dans ce que ça devrait être, une femme, parce moi j’aime la politique, j’aime l’histoire, je fais beaucoup de sport, et j’aime ça jouer dehors, et tout ce qui est typiquement féminin, moi ça ne m’intéresse pas. Et puis de voir que pour cette personne-là, vu que moi je suis moi, ça ne fonctionnait pas pour elle que je sois une femme, ce qui fait que j’étais une personne non binare qui ne s’assumait pas. Elle m’a aussi expliqué comment ça fonctionnait les menstruations. Tu sais, ça sort de nulle part, là! Je me fais expliquer, c’est quoi être menstruée, par quelqu’un qui a pas d’utérus!

RDG – Ça s’appelle une pénisplication,

Alexandra – Oui!

RDG – Une pénisplication, ou une mecsplication.

Alexandra – Oui. Et puis tu dis, pourquoi? Je peux accepter, là, qu’un homme porte une robe, tu sais j’ai pas de problème avec ça. Tu t’identifies comme une roche, là, tu t’ identifies comme une roche. Mais là, que ma présence en tant que moi, Alexandra, vienne toi, démolir ce que tu penses ce que c’est une femme, pour ça faut que tu essayes de me convaincre que je ne suis pas ce que je suis…  Là, là ça ne fonctionne pas pour moi, là. Tu  as le droit d’être toi. Toi, sois toi. Moi, je veux être moi. Mais ne viens pas essayer de me convaincre que je ne suis pas ce que je suis pour te conforter, toi, dans la validation de ce que tu t’identifies.

C’est à ce moment que je me suis dit ça suffisait, parce que c’était c’était tellement absurde ces discussions-là, puis de voir que si tu t’opposais à cette personne-là ;mais là tu étais pas correcte. Parce que, tu sais, il y avait cette personne là qui dit que tu es pas correcte, mais il y avait tout l’entourage aussi, là. “Faut que tu fasses attention, ça va lui faire de la peine…”  Puis tu sais, cette personne-là créait un malaise général, mais on se laissait toutes comme… ben qu’est-ce que tu veux… la personne la plus victime du groupe, donc on va accepter ça. Puis là, je me suis dit que ça c’était assez pour moi, et puis que le TQ+, du LGBT faisait pas du tout, pour moi, de sens, avec moi, ce que j’avais connu avec le côté LGB, mettons. Et puis là je me suis mise à essayer de trouver des gens qui pensaient comme moi, parce qu’il ne faut pas oublier que, dans ce temps-là, (c’était en 2018) le fait qu’en 2016 au Québec il avait eu l’espèce de scandale avec l’annulation de la conférence de la philosophe Rhéa Jean qui avait été cancellée par des transactivistes. On avait eu plusieurs événements comme ça. Donc tu sais pour moi si tu osais critiquer l’identité de genre, tu étais quelqu’un de bien haineux. Mais là, en ayant côtoyé ces activistes-là de plus proche, puis en ayant vu aussi l’impact que ça avait eu sur ma gang de jeunes, je me suis dit “ok, c’est assez, là, on va essayer de trouver du monde qui pense comme moi, c’est pas facile.”

Donc le déclic de comment j’ai réussi à trouver des gens qui pensent comme moi, c’est en allant à la bibliothèque. Il y avait un livre dans les nouveautés qui s’appelait “pour les droits des femmes du Québec” qui parlait des droits des femmes, de l’impact de l’intersectionnalité dans la société québécoise, de la laïcité, qui critiquait aussi l’identité de genre. Et là, j’ai vu que c’était un vrai groupe organisé, et je suis allée chercher ma carte de membre deux semaines plus tard.

C’est ce qui m’a amenée à militer activement pour rétablir le, là j’utilise un slogan conservateur au Canada, mais “le gros bon sens” dans la société québécoise. Parce qu’on était on est rendus dans un point que c’est assez euh…

RDG – Oui, il y a un certain manque de bon sens, ou de sens des réalités, tout simplement.

Alexandra – Oui, c’est ça. Donc c’est ce qui m’a amenée à prendre action. Pas juste de, de chialer dans mon coin, là, mais vraiment de faire quelque chose de concret, parce que je trouvais que ça n’avait plus de de sens, tu sais, de voir l’impact qu’un individu peut avoir sur un groupe de jeunes influençables, ça m’a vraiment choquée. 

En m’impliquant pour PDF Québec, puis en faisant beaucoup de recherches aussi sur tous ces groupes-là, toutes les OBNL, des organismes à but  non lucratif, je ne sais pas si c’est comme ça en France, mais au Québec, nous les organismes à but non lucratif, sommes largement financés par le gouvernement. Donc toutes les OBNL reçoivent (pas toutes mais ceux qui sont admissibles) ont du financement récurrent du gouvernement pour fonctionner. Et puis là, ce que j’ai constaté, c’est que dans les dernières années, le gouvernement fédéral, le Canada, s’est mis injecter des millions et des millions de dollars dans le volet LGBTQ+ du pays, on parle de 125 millions de dollars sur 5 ans, c’est quand même pas un petit montant, et le gouvernement provincial du Québec aussi a augmenté le financement dans les dernières années. Ce qui fait que là, on s’est ramassés avec un groupe d’OBNL LGBTQ+ qui avait presque pas de personnel, il y a 5- 6 ans. Ils ont reçu énormément d’argent, ce qui fait que maintenant, ils sont partout. C’est assez hallucinant comment ça fonctionne, c’est que presque chaque OBNL va offrir des formations dans les écoles, ont des conférenciers qui vont faire le tour des écoles du Québec, qui vont aller parler d’identité de genre, comment ça fonctionne. Les écoles les font venir parce que c’est gratuit, et j’ai trouvé un OBNL, en une année ils sont allés à 1200 endroits, dans une région. C’est fou! 

Puis ça, c’est tout gratuit!

RDG – Quand on voit l’effet que ça a eu sur ton groupe de jeunes, on multiplie ça par des milliers… Mais c’est, c’est vertigineux. 

Alexandra – Oui. C’est fou. Et puis il n’y a personne qui a vraiment un droit de regard sur le contenu qui est donné. On prend pour acquis que l’organisme qui vient de parler, c’est lui qui a la vérité. Donc là, ça nous donne des formateurs qui vont venir t’expliquer à l’école que ça se peut qu’il y ait des lesbiennes à pénis, euh…

RDG – La fameuse lesbienne à pénis! C’est tout aussi introuvable que la lesbienne qui aime les pénis…

Alexandra – Oui, c’est ça! Et puis si tu aimes pas ça, si tu es lesbienne et que tu n’aimes pas les pénis, et bien tu es transphobe. Ils vont venir t’expliquer, “c’est quoi, être une femme?” “c’est quoi être un gars?” Et puis si tu ne te sens pas totalement ça, ben tu es peut-être de l’autre sexe. Tu sais, c’est hallucinant de voir à quel point ils sont partout, dans tous les paliers de gouvernement on a vu des plans faits pour la santé, pour les écoles, écoute même j’ai même vu un plan qui était fait pour des coroners, là : comment inclure l’identité de genre dans ton analyse, quand tu constates le décès d’un individu. C’est hallucinant, ils sont vraiment à toutes les souches de gouvernement. C’est aussi eux qui vont donner, en grande majorité les formations “équité, diversité, et inclusion”.  Je ne sais pas si vous avez ça, l’équivalent en France, mais nous c’est des fondations, et des OBNL qui vont les donner. Tous les gens, dans les milieux de travail, qui reçoivent ces formations-là, c’est des militants qui vont les donner.

RDG – Nous, en France,  c’est un peu différent : il y a des associations, il y a des organismes de formation, ça va vraiment dépendre du contexte. Mais il y a aussi beaucoup, beaucoup d’entrisme de la part d’associations transactivistes dans les écoles, enfin plus particulièrement dans les collèges et dans les lycées. C’est assez clair, avec des associations qui vont te parler d’identité de genre, alors qu’ils sont supposés, normalement, par exemple faire de l’éducation à la vie affective et sexuelle. Et en plus ils demandent à intervenir sans les enseignants, pour s’adresser aux enfants. Alors on peut comprendre que les enfants n’aient pas envie de parler sexualité devant leurs profs, mais cette espèce de  huis clôt, de “ça va être notre secret, on va se raconter des choses”, eh bien c’est l’occasion de glisser dans leur oreille que, effectivement, on peut avoir plein de genres différents, que le sexe, ça ne dit pas qui on est, etc. Et en fait, c’est la perversion du message féministe. Nous, les féministes, on a toujours dit que le sexe ne doit pas déterminer notre vie. Mais on ne peut pas dire non plus que, parce que tu décides d’être un garçon, tu peux en devenir un. Ce n’est pas possible, en fait. 

Alexandra – Non, c’est ça. C’est de voir à quel point c’est rendu tellement partout, c’est tous les mêmes groupes qui les font, toutes ces formations-là. Là, ce n’est plus juste dans les écoles, c’est dans les milieux de travail, c’est partout. Et puis je serais vraiment curieuse, si tu as des auditrices québécoises ou des auditeurs québécois qui regardent dans leur propre milieu de travail qui donne la formation. Et puis je te dis, ça va être trois ou quatre noms, là. Et toutes ces formations-là sont financées par le gouvernement, et aussi par des institutions financières qui donnent des sous pour soutenir ces programmes-là, parce que c’est entendu qu’il t’en faut des formateurs pour faire le tour de la province, ça leur prend de l’argent. Donc tu sais, on est dans ce climat-là. Au Québec, quand on est critique du genre, ça rend les choses très difficiles, parce que tu te cognes à un mur, là. Parce que là, ce que tu dis , c’est tu es contre tout ce qui est propagé partout comme la bonne nouvelle. Tu sais, c’est vraiment comme ça que je les vois, là : c’est des missionnaires, en mission, qui font le tour pour propager la bonne nouvelle, qui est l’identité de genre, la révolution… et puis si tu oses critiquer ça, tu es étiqueté de personne haineuse. On est là-dedans.

RDG – Ça va m’amener d’ailleurs à la question suivante, parce que ce que tu dis, c’est… Le rapport, il est vraiment très, très net, par rapport à la religion, c’est le sujet, d’ailleurs, qu’avait développé Florence, cette jeune femme si intelligente, qui faisait le lien entre religion et transactivisme. Et effectivement, c’est d’autant plus choquant que, effectivement, on présente des croyances, des idéologies, comme des faits incontestables, et avec mauvais traitements si tu es apostate ou hérétique.

Alexandra – Oui puis il ne faut pas une séance pour “backer” tout ce qu’il disent. Je trouve ça assez fascinant, parce que “Oui, oui, on a une étude”… Et on se rend compte que les études qu’ils  vont citer, c’est des sondages faits sur facebook. Tu sais leur science c’est pas tant  scientifique… Leur science, elle est idéologique, c’est tellement loin que même nous, de plus en plus d’organismes féministes de défense des droits des femmes qui sont embarqués dans ce mouvement-là. C’est pas rare de voir des organismes qui défendaient les droits des femmes depuis des décennies, qui sont embarqués dans ce bateau-là. Donc là, on va défendre la “queerphobie”…  J’ai vu un autre organisme qui, eux, ils étaient contre le glyphosate… on détourne la lutte féministe pour ces sous-luttes-là. Donc la queerphobie, la transphobie… Ils sont pour le transféminisme… Donc on oublie les femmes en général… 

RDG – C’est exactement ça en fait. On traite tout le monde, on éponge toute la misère, et on s’oublie au passage.

Alexandra – Oui. Et puis ça va tellement loin. Il y a un nouveau plan de lutte contre la transphobie, l’homophobie qui est sorti il y a pas longtemps au Québec, d’ailleurs on a annoncé qu’on doublait le financement de ce bureau, qui était de 11 millions, maintenant il va être à 24 millions. Dans ce plan-là tu sais, il y a des choses qui sont très bien. Parce que oui, l’homophobie il y en a, et puis tu sais, je pense qu’il faut quand même continuer de se battre contre ça. Mais il y a des sections, dont une qui m’a vraiment frappée, qui visait l’intégration des “femmes trans” dans les milieux de travail qui sont exclusivement féminins. Donc on veut inclure les “femmes trans” et les personnes non-binaires dans des milieux de travail qui seraient exclusivement féminins.

RDG – Oui, par exemple les soins aux petits enfants, la gynécologie…

Alexandra – Les centres d’hébergement pour les femmes qui vivent de la violence à la maison. Les prisons, les fouilles à nu. Même les centres jeunesse, aussi. Il y a des milieux, tu sais, quand tu dois fouiller un jeune, il faut que tu sois du même sexe, mais là est-ce qu’on va troquer ça pour l’identité de genre de la personne? Les revendications, on les voit dans ce plan-là.

RDG – Ça fait froid dans le dos.

Alexandra – Écoute, ça passe, et tu ne le vois pas venir. On a eu au Québec une situation, l’automne passé, je pense en septembre 2023. Le scandale des toilettes mixtes.  On a découvert qu’il y avait une école qui avait décidé, qui voulait enlever toutes les toilettes séparées selon les sexes, pour mettre juste des toilettes mixtes. Donc là ça a créé un scandale, parce que les parents n’étaient pas au courant que c’était ça, le projet de l’école. Notre propre ministre de l’éducation n’était pas au courant non plus de ce projet-là. Comme il a été mis au courant, il a décrété que non, il n’allait pas y en avoir, que les toilettes allaient rester séparées pour accommoder les personnes non-binaires ou trans mais qu’il allait y avoir quelques petites toilettes individuelles pour ces personnes-là. Et là, des gens qui travaillent pour son gouvernement “Oui mais on avait déjà mis un plan en place pour ça, là, qui avait déjà été approuvé par le gouvernement.”

Donc là, on s’est rendu compte collectivement qu’il y avait comme plein de plans pour l’inclusion qui avait été mis en place, mais que personne ne le savait, personne n’était au courant. Nous, la société, on n’avait pas notre mot à dire, parce que là, tu as des experts dans l’ombre qui ont décidé que c’était ça, les lignes directives, et puis il fallait aller de l’avant, là.

RDG – Ce que tu décris, ça m’est arrivé dans mon dans mon établissement scolaire, puisque un jour, je me suis quand même étonnée du fait que les filles me demandent systématiquement d’ aller aux toilettes pendant les cours. Et donc un jour, en fin de cours, je leur ai demandé de rester, et puis qu’on en discute un peu. Et elles m’ont emmenée visiter les toilettes qui étaient devenues mixtes sans que les parents soient informés, sans qu’il n’y ait une consultation de qui que ce soit. Et les toilettes de mon établissement sont toutes mixtes, sauf des toilettes qui sont au rez-de-chaussée, c’est-à-dire qu’il faut vraiment traverser l’établissement, c’est très long, c’est très loin, il y a plusieurs étages, etc. Et donc elles sont toutes mixtes. Et quand je dis mixte, ça veut dire que tu entres, il y a deux urinoirs, ensuite tu avances, et ensuite il y a deux toilettes avec des portes qui ne ferment pas complètement, ni en haut ni en bas, et tu entends tout ce qui se passe. Voilà. Donc les filles, évidemment, elles ne veulent plus, sachant qu’on sait très bien, et dans mon établissement il y a eu des agressions sexuelles et des viols, et donc les filles ne veulent plus aller aux toilettes, évidemment, avec les garçons à côté. Et tout ça, dans la plus parfaite absence de transparence. 

Alexandra – Waouh. Oui mais c’est ça que je déplore beaucoup, c’est qu’il commence à arriver de plus en plus d’incidents. À chaque fois que les gens dénoncent, les parents dénoncent, même des fois les ministres, même dénoncent ces situation-là. Et il y a toujours une équipe d’experts qui dit “oui mais là on a établi un plan pour ça, qui a été approuvé par le gouvernement.” 

Et puis ce que je dénonce, c’est justement le manque de transparence. Tu sais on a eu plein de plans qui existent, comment ça se fait que personne n’en a  jamais été informé? Comment ça se fait qu’ils sont déjà mis en application? Si tu envoies ton enfant dans une école, et il y a plein de changements qui sont faits,  faudrait être minimalement informé.

RDG – En fait, en France, il y a une géographe spécialiste de la question de la mixité à l’école. Et je lui ai posé la question, justement. Je lui ai dit “Mais comment ça se fait qu’on puisse faire des choses comme ça?” Et elle m’a répondu vertement “Oui, mais quand même, il faut bien qu’ils s’habituent, notre modèle de société, c’est un modèle de mixité, et donc il faut bien que les garçons apprennent à bien se conduire.” 

Et moi j’ai répondu “Oui, mais quand les garçons arrêteront de violer les filles, il n’y aura plus de problème, on pourra avoir des toilettes mixtes. Mais en attendant, on fait quoi?” 

“Oui, il faut bien qu’ils s’habituent”.

Alexandra – Ouais c’est ça. Moi je suis passée à la radio à QUB radio pour parler, justement des toilettes mixtes quand il y a eu ce scandale-là. C’est ce que j’expliquais, c’est que les filles et les garçons ont besoin aussi d’être séparés, par rapport aux toilettes. Les femmes ont besoin de leur propre espace pour se sentir en sécurité, pour leur dignité, pour leur intimité. C’est pas à nous de devoir faire ces sacrifices-là. On ne peut pas se dire “ah oui mais les gars vont apprendre”. Oui mais écoute, on n’est pas en 2300, on est en 2024, et puis en 2024, des agressions sexuelles, ça existe encore. 

RDG – Quand les garçons arrêteront de violer et d’agresser les filles, de les filmer dans les toilettes, etc. Oui. Pourquoi pas? Et quand globalement, la culture du viol ce sera fini, au contraire. Mais on ne peut pas mettre la charrue avant les bœufs.  

Alexandra – Non c’est ça, ça va être extraordinaire, mais là on n’est pas rendus là, malheureusement. Et quand j’écoutais les autres personnes qui passaient à cette radio-là, qui parlaient, un directeur d’OBNL LGBTQ, le discours c’est toujours ça, c’était “Eh bien là, il va falloir que les filles apprennent à se forcer un peu. Il va falloir qu’elles prennent. Il faut qu’elles fassent un sacrifice. On fait juste ça, nous, les femmes, se sacrifier. Depuis tout le temps, on se sacrifie pour nos enfants, on se sacrifie pour nos conjoints, on se sacrifie pour la société, on est des bonnes mères, on se sacrifie, on fait des efforts pour rester minces, on fait des efforts pour être belles, on fait juste ça, des efforts, nous les femmes! Et là le mini peu d’espaces qu’on a, soit des maudites toilettes, puis des vestiaires… Ah mais là, il faut faire encore un effort. 

RDG – C’était qui, qui l’avait dit?

Alexandra –  C’était dans une émission de radio. Cet argument-là est sorti à plusieurs reprises. Et les intervenants c’est pas des ticounes, là, comme on dit au Québec. C’est des directeurs, c’est des spécialistes, c’est des experts. Et puis ce qu’on nomme comme message, c’est que là, les femmes, faut qu’elles fassent un effort pour l’inclusion. Parce que tu vois, la communauté trans souffre tellement que, maintenant, c’est à nous, les femmes, de faire encore un effort. 

RDG – C’est juste insupportable, en fait, de nous demander un effort, quoi, tout simplement. Parce que les pauvres, les pauvres, les pauvres!!!! Il faut leur valider leur identité.

Alexandra – Oui c’est ça. Le besoin de valider leur identité prime sur notre sécurité à nous. C’est hallucinant de constater ça. 

Quand tu oses, comme moi, ou comme d’autres personnes de PDF Québec, dénoncer ça, mais là tout de suite on va être étiquetés de transphobes, de haineuses. Mais tu  sais, pourtant la très grande majorité des gens sont quand même d’accord avec nous là-dessus. Mais l’attention médiatique n’est pas mise sur monsieur ou madame tout le monde. C’est mis sur les,  là je mets plein guillemets, là, sur les “experts” et puis sur le 1 %, là qui crie. En fait, non : nous, ici, c’est 0,3%,  qui crie tout le temps, dans la rue, qu’ils sont victimes de transphobie.

RDG – C’est exactement l’objectif, c’est pour cette raison que le podcast existe, en fait : c’est pour qu’on puisse le dire, parce qu’on a nulle part. Dès que les personnes sont un peu au courant de ce qui se trame, et de ce qui se passe, et de ce qui est déjà acté, ils hallucinent complètement. Mais le problème, c’est que l’information ne leur arrive pas, parce qu’elle est complètement filtrée par les médias.

Alexandra – Oui c’est ça. C’est hallucinant. Au Québec, en avril 2023, on a eu une motion, c’est le ministre de la Justice Simon Jolin-Barrette, qui a pris la peine de faire une motion pour rappeler que “les femmes sont celles qui portent les bébés et qui accouchent”. Parce qu’on a eu une commission parlementaire, le projet de loi 12, qui légalisait les grossesses pour autrui. 

Nous, on a participé d’ailleurs à PDF Québec. On faisait partie des groupes qui étaient contre la pratique. Écoute, je pourrais faire un épisode juste là-dessus, la GPA. On faisait partie des personnes qui étaient contre la légalisation des grossesses pour autrui. Nous, ce qu’on voulait, c’est que la loi reste telle quelle, parce que nous, dans le fond, tout contrat est nul de nullité. 

Mais là, ça allait changer. Dans les commissions parlementaires, il y a un groupe qui est venu parler…

Dans le fond, comment ça fonctionne au Québec? On va avoir un projet de loi, il va y avoir une commission parlementaire. Donc les députés vont proposer des groupes, qui vont écrire des mémoires et qui vont parler de ce projet de loi aux députés. 

Pour les grossesses pour autrui, tu vas avoir des groupes féministes, tu vas avoir des parents adoptifs, tu vas avoir toutes sortes de personnes qui vont venir donner leur opinion là-dessus, pour que les députés puissent se faire une tête sur l’ensemble des opinions sur un sujet.

Donc nous, c’est ça. Nous, on a participé à ça.

Il y a un groupe qui a participé, et qui était supposément progressiste. Dans ce qu’il demandait au gouvernement et puis aux députés, il y avait le premier point, c’était le définancement total de PDF Québec. C’est ça, ça a pas de rapport pantoute avec le sujet, mais ça c’était un point très important : définancer PDF Québec. Et après ça, c’était enlever le mot “femme” de la loi.

Tu sais, c’est la réforme du droit de la famille, ok? Enlever le mot “femme” parce que c’était “trop lourd dans le texte”, puis de garder juste “personne”. Donc là on se ramassait à une réforme de la famille où plus “homme”, plus “femme” juste des “personnes”. Ce qui fait qu’on parlait de “personne enceinte”. Cette recommandation-là lorsque les députés votaient pour la loi, il y a un un parti politique qui a proposé d’amender, d’enlever le mot “femme” pour juste garder “personne”. Suite à ça, le ministre de la Justice a fait “Non, on garde le mot femme. On ne commencera pas à enlever ça”. Et puis il y a eu une motion qui a été déposée le 4 avril 2023, c’est pour démontrer à quel point le lobby est loin, juste pour qu’un parti politique croie que c’est une bonne idée, et propose d’enlever le mot “femme” des textes de loi. C’est un recul pour les droits des femmes, de quoi, 400 ans, là. C’est parce nous, au Québec, au Canada, ça n’a pas été fait du jour au lendemain, vous les femmes on vous met dans les textes de loi. Il a fallu se battre juste pour mettre les femmes dans les textes de loi.

RDG – Oui, je crois que vous êtes des personnes seulement depuis 1938, non, c’est ça ?

Alexandra – Ouais. Et là, pour la diversité et l’inclusion, parce que c’est ça le prétexte, on va enlever le mot femme.

RDG – Oui, c’est complètement absurde. Donc tu es en train de développer “pourquoi tu penses que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour les droits des femmes, pour les enfants, pour la société, et pour notre démocratie?” 

Est-ce que tu veux continuer à développer?

Alexandra – Oui je peux continuer à développer. Écoute, tu sais, nous au Québec on est passés à à ça qu’on enlève le mot “femme”, parce qu’un groupe trouvait qu’il fallait l’enlever. Et ça va tellement loin que je parlais du mot femme, là, c’est vraiment au niveau provincial. C’est vraiment au niveau du Québec. Mais au niveau du Canada, on a eu aussi C16, qui faisait en sorte que l’identité de genre pouvait rentrer dans les critères discriminatoire, dans le langage haineux. Donc mégenrer une personne, ça peut être considéré comme un acte haineux. Nous, à PDF Québec, on a participé, on est allées parler au Parlement canadien de pourquoi on était contre, parce que là ça ouvrait la porte à toutes sortes de dérives. Là, ce qu’on constate, c’est qu’ au Canada, on est en plein dedans. Ce projet de loi a permis que si tu te sens femme, tu en es une, donc tu as juste à le dire, tu en deviens une. Donc là, ça ouvre la porte à ce qu’on voit, qui fait souvent scandale, mais plus à l’international qu’au niveau local : des athlètes trans dans les sports féminins, les hommes qui se sont transférés dans des prisons de femmes. On est là-dedans, parce qu’ils ont juste à dire qu’ils se sentent femmes, qu’ils sont transférés. Ils sont supposés analyser les risques, le niveau de dangerosité des détenus avant de les transférer. Sauf qu’il y a des lobbies qui se battent pour qu’on ne fasse plus ça, pour que le transfert se fasse automatiquement. Et puis même on se ramasse avec des prisonniers qui sont des pédophiles, des meurtriers de femmes, des violeurs, qui sont présentement dans des prisons de femmes, parce que leur identité de genre, leur validation, est plus importante que la sécurité des prisonnières. 

C’est fou.

Même au niveau de la liberté d’expression, juste avec C16, tout ce que tu peux dire peut être considéré comme de la transphobie. C’est inquiétant. Oui c’est grave. On a eu un événement, nous à l’automne dernier, il y a eu les manifestations de “One Million March”. Donc c’était des parents, et puis des groupes religieux, qui voulaient qu’on sorte l’identité de genre de l’école. Et puis l’éducation sexuelle aussi en même temps. Il y a eu des affrontements dans plusieurs villes canadiennes, des groupes trans et les groupes de parents, des affrontements. Tu sais, même nous, à Montréal, on voyait les images, tout le monde se criait dessus, et puis ce qui était vraiment fou, c’était de voir que c’était des femmes voilées, principalement avec des poussettes, qui criaient sur des “femmes trans”. Tu sais normalement nous, en tout cas au Québec, c’était des alliés. Là, je veux dire avant. Et puis là, pour ça ils étaient contre. 

Donc notre gouvernement a décidé de mettre en place, pour calmer le jeu, un “comité de sages”. Le mandat de ce comité-là, c’est d’évaluer toutes les mesures qui ont été prises par rapport à l’identité de genre au sein de notre gouvernement, mais aussi d’évaluer ce qui a été fait ailleurs. Puis de faire une analyse de la situation ici, puis de voir qu’est-ce qu’on fait avec ça après.

Là, je le résume très vaguement, mais en gros, c’est ça parce que même nous, on ne connaît pas encore exactement le mandat, donc on est très curieuses de voir ce que ça va donner. Parce que présentement, le climat actuel, c’est que ben on entend que le TQ+ du LGBT n’est pas content, donc les OBNL se mobilisent. C’est assez hallucinant. Il y a des coalitions de groupes LGBT et “féministes” qui se ramassent ensemble, et leur but c’est de faire sauter le comité de sages, qu’il n’y en ait pas. 

Donc là, dans les prochaines semaines, prochains mois, il va y avoir des manifestations. Il y a toutes sortes de campagnes qui sont lancées sur les réseaux sociaux, c’est hallucinant. 

Donc ça va être de voir si le gouvernement québécois ne va pas céder à la pression de ces groupes, parce qu’il l’a déjà fait dans le passé.

Nous, quand ils ont décidé de… On a eu un projet de loi qui s’appelait le projet de loi 2, donc on révisait les mentions de sexe sur les documents officiels. Initialement, dans le projet de loi, on mettait, on ajoutait la mention de genre, mais on gardait la mention de sexe. Je te le résume très très brièvement là parce que le projet de loi 2, c’est un affaire de 600, 700 pages, qui touche plein de sujets. Mais il y avait ce volet-là. 

Le ministre de la Justice a annoncé ça. Je pense qu’en 24 heures, toutes les OBNL parlaient qu’il allait y avoir un génocide trans, des suicides partout, que les lignes d’écoute étaient saturées de monde suicidaire… Donc en même pas 24 heures, le ministre a fait un 180°, et là, le sexe et le genre, c’est devenu la même chose. Donc c’est pour ça que moi, j’ai hâte de voir si le comité de sages va survivre, parce que les groupes mettent la pression comme jamais. C’est assez fou de voir ça.

RDG – Surtout que vous avez un Premier ministre, qui, on va dire, c’est pas un grand résistant à cette idéologie… 

Alexandra – Notre ministre provincial, c’est François Legault.

RDG – Oui, moi je parle du Premier ministre du Canada…

Alexandra – Ah mon Dieu! Justin Trudeau. Écoute, c’est sûr que Justin Trudeau, on a vu avec ce qui s’est passé en Alberta, je ne sais pas si vous avez suivi ça un peu, mais en Alberta, la Première Ministre, elle a décidé que les transitions chez les mineurs, c’était fini, là. Tu sais, les bloqueurs d’hormones, tout ça, tu sais ils ont encadré les choses, c’est plus free comme avant. Et là, Justin Trudeau est monté aux barricades, avec tout son lobby pro identité de genre. Donc j’ai hâte de voir comment ça va se passer au Québec, parce que c’est sûr que ça ne va pas dans le sens des activistes. Écoute, c’est sûr que ça va barder, là. Et puis je veux dire, Justin Trudeau ne peut pas se mettre à poursuivre toutes les provinces, on a le droit, nous, les provinces ont une autonomie. Puis Justin Trudeau ne décide pas tout pour tout le monde. Le fédéral a des compétences qui ne peuvent pas aller jouer dans les compétences provinciales. Donc ça va être une lutte entre les deux.

Donc depuis ce qui se passe en Alberta, je suis pas mal sûre que le gouvernement québécois doit regarder attentivement ce qui va se passer, parce que là, tu as des organismes qui poursuivent le gouvernement de l’Alberta. Donc tu sais, c’est un peu comme un laboratoire, là, pour toutes les autres provinces, parce que la Saskatchewan aussi veut faire quelque chose, je pense le Nouveau Brunswick, la Nouvelle Écosse. Il y en a de plus en plus qui veulent encadrer parce que ça dérape. C’est ce qui arrive là.

RDG – À partir du moment où tu commences à castrer des enfants, oui. Il faut peut-être se poser des questions, quand même.

Alexandra – Ben… oui. Les parents aussi se questionnent, et posent des questions, n’ont pas de réponse.  

RDG – Oui, c’est normal.

Alexandra –  C’est c’est hallucinant. 

RDG – Ils sont perçus comme des ennemis, en fait. Donc, c’est terrible.

Alexandra – Ils sont perçus comme des ennemis du système. Je sais, moi, j’en connais des parents que leur jeunes ont voulu transitionner. Et puis tu sais ce qu’on constate? C’est que même les parents, dans avec toute la bienveillance de la planète, il ont suivi tout le protocole établi par le lobby, de se renseigner… en fait c’est pas vrai : de s’éduquer sur la question, on va dire les vrais termes, de s’éduquer sur la question, d’aller voir des spécialistes. Et puis ce qu’ils m’ont expliqué, c’est que quand ils sortent de ces rencontres-là, ils ont juste encore plus de questions, et puis de la méfiance. Parce que on est toujours dans le “Si tu vas pas de l’avant avec tous ces traitements-là, mais ton enfant va peut-être se suicider.”

RDG – Et on te retirera la garde de ton enfant aussi, il y a aussi ça.

Alexandra – Oui, c’est ça. Mais là, tu peux avoir des menaces d’avoir des signalement à la DPJ. Donc qu’est-ce que tu fais? La pression aussi de l’école, l’éducateur spécialisé de l’école, le travailleur social de l’école, qui voit ton enfant une fois, peut faire un signalement parce que, selon lui, faut qu’il avance dans la transition sociale. Il peut même le faire sans que les parents le sachent.  

Donc on est vraiment dans une espèce de climat… Tu as des parents qui sont, qui se ramènent avec des jeunes qui ont des grosses problématiques de santé mentale, qui pensent qu’ils sont peut-être trans, mais tu sais, ils sont peut-être autistes, ils vivent la dépression, il y en a qui sont anorexiques, tu sais… Il y a beaucoup de choses. L’adolescence, c’est compliqué, aussi. Donc ils sont méfiants envers les spécialistes!

Imagine, tu es un parent, il faut que tu te méfies des spécialistes qui sont supposés aider ton enfant. Donc il faut que tu trouves quelqu’un qui n’est pas un militant, c’est pas évident. 

Il y en a qui vont juste voir…  maintenant quand il vont dans les signatures des courriels qui a des pronoms, tu sais qu’il faut que tu te méfies un peu, c’est peut-être un activiste. Ça ne devrait pas être comme ça, quand tu vas consulter un spécialiste de la santé, tu ne devrais pas faire des heures de recherche pour savoir si c’est un activiste ou pas.

Il y a eu des sondages qui ont été fait à grandeur du Canada sur les transitions chez les mineurs etc, et ce qu’on constatait, c’est que la population canadienne est contre les transitions chez les enfants. Donc le vent est en train de tourner.

C’est très difficile, il y a tellement d’organismes qui se sont spécialisés pour les LGBTQ, qu’il y a des fois, tu ne sais même pas quels sont les organismes LGBTQ qui sont activistes. 

La même chose pour les cliniques : tu ne sais pas jusqu’à ce que tu sois dans le bureau. 

Donc il y a un gros travail à faire pour toutes les répertorier.

Donc pour les risques… c’est sûr que moi, personnellement, les risques sont là. Nous on a reçu des menaces de mort, c’est sûr que moi après, c’est pour PDF Québec c’est mon employeur, donc c’est sûr que si jamais je change de domaine, je suis brûlée partout, parce qu’écoute mon nom est associé à l’organisme le plus, là je mets des guillemets, le plus transphobe du Canada, donc c’est sûr que c’est pas évident, là. Nous on a des membres qui qui vont se promener dans le métro masquées pour être sûres de ne pas se faire reconnaître parce qu’ells ont pris la parole publiquement contre l’identité de genre. 

Et puis tout ce qui se fait au Québec et au Canada, pour moi c’est un peu la même chose aussi, là, moi je ne vis pas en ville, donc je le vis moins, mais tu sais, c’est sûr que dès que je vais en ville, faut que je fasse attention, parce qu’ils sont un peu partout, les activistes. Sans parler de la censure aussi, là c’est difficile de pouvoir parler ouvertement de ce sujet-là. 

Les médias ne veulent pas forcément nous parler, et puis même quand les politiciens aussi vont vouloir nous rencontrer, mais il faut que ce soit secret, il ne faudrait surtout pas être associé à PDF Québec. C’est, tu sais, c’est assez particulier comme climat. 

Tu sais, moi je ne suis pas très active sur les réseaux sociaux, je l’étais beaucoup plus avant, mais maintenant, tout est privé, parce que je ne veux pas me faire harceler, parce qu’il y a aussi ça maintenant : ils vont te retrouver, ils vont retrouver ta famille, ils vont faire des menaces à ton employeur. Moi, mon employeur se fait déjà menacer, ce qui fait que ça, c’est une menace de plus ou de moins, mais ça reste que c’est quand même comme ça, c’est pas normal d’avoir un milieu de travail qui se fait menacer constamment pour des positions politiques. 

RDG – Et ça demande beaucoup de courage, et beaucoup de force. Donc brava à PDF Québec.

J’aimerais qu’en France on puisse avoir une association qui prendrait la parole sur ce sujet. Malheureusement, c’est le grand vide.

Alexandra – Oui. Mais c’est parce que c’est pas évident. Je mets ma voix, je mets mon nom, je le fais publiquement parce que c’est important. Il faut qu’on casse ça, cette espèce de climat de peur et de censure. 

Les Québécois, on n’est pas un peuple qui est reconnu pour aimer se chicaner et se battre. On est une nation qui est assez pacifique. La seule révolution qu’on a s’appelle la Révolution tranquille, ça te donne une idée là, haha. On a toujours été capables d’avoir des discussions sur la laïcité de l’État, sur l’immigration. Depuis les dernières années, là je parle de 3, 4 ans, le climat est tellement polarisé, on importe des idéologies qui viennent des États-Unis, on essaie d’implanter ça au Québec, avec tout ce que ça vient d’extrême. C’est hallucinant. Normalement une opinion comme j’ai, ça m’aurait pas mené à avoir peur de marcher dans les rues de Montréal, on ne devrait pas être là, mais là on est rendus là. Ça ne nous ressemble pas à nous, les Québécois, d’être comme ça. On est des gens qui n’aiment pas ça, la chicane, tout le monde dit. Au Québec on n’aime pas ça la chicane, on va trouver des compromis. Nous, ce qu’on demande, à PDF Québec, c’est ça :  on demande de pouvoir discuter et puis de trouver des compromis. Mais avec les transactivistes c’est quelque chose qui n’existe pas, on pose toujours ça à l’extrême, c’est très difficile. 

Tu veux discuter ? Tu es quelqu’un de haineux.

Tu es contre la GPA ? Tu es homophobe.

Tu es pour la laïcité ? Tu es islamophobe! 

Toutes les phobies de la planète… et  puis nous, il  faut qu’on vive avec ces étiquettes-là, on n’a pas le choix, on n’ira pas travestir nos principes pour être populaires. C’est important qu’on se tienne. Et puis c’est important que tout le monde commence à en parler.

RDG –  Aujourd’hui, qu’est-ce qui t’ as décidée à témoigner? 

Alexandra – Ce qui m’a vraiment décidée à témoigner, c’est le… c’est quand que tu as reçu Florence. Quand  j’ai écouté Florence, j’étais comme… “Elle est courageuse, cette fille-là.” Je veux dire,  c’est une citoyenne qui a décidé qu’elle prenait la parole et qu’elle  dénonçait ce qui se passe au Québec. Je l’ai trouvé très courageuse. Je me suis dit : “Écoute, si elle a le courage de le faire, mais moi je travaille pour un organisme, pour le seul organisme qui défend les droits des femmes au Québec et qui dénonce ouvertement l’identité de genre partout. 

Ça serait la moindre des choses que j’aille justement raconter mon histoire à Rebelles du genre. Tu sais je l’écoutais et j’étais comme “ah courageux cette fille là, c’est bon ben moi aussi je vais y aller. Et puis c’est justement en étant de plus en plus de femmes à dénoncer, à parler, qu’on va arriver à quelque chose. C’est de se donner le courage entre nous. Écoutez, plus on va être à dénoncer, plus il y a de chances que ça change, parce que là, on joue beaucoup comme si on était des minorités, qu’on était un petit groupuscule à ne pas être d’accord. Mais ce n’est pas vrai. On est pas mal plus qu’on ne pense.

RDG – Oui, c’est tout à fait vrai. Donc en tout cas, merci. Et et merci à nos amies québécoises et canadiennes en général, parce que, effectivement, elles sont inspirantes. Leur courage nous inspire beaucoup.

Maintenant je pose la question suivante, c’est “est-ce que tu aurais une anecdote à raconter sur un événement qui t’aurait marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?”

Alexandra – Écoute, j’en ai tellement nommé. Je pense que vraiment, moi ce qui, ce qui me marque le plus, c’est pas tant une anecdote qu’en général, les arguments c’est que tu les valides pas assez.

Pour moi, valider, ça ne veut rien dire. 

Qu’est-ce que ça implique de valider quelqu’un ?

Car c’est souvent ça, quand que nous, quand moi, je dénonce des choses, ce qu’on nous répond c’est qu’on ne valide pas leur identité.

Depuis quand tu as besoin que quelqu’un te valide pour exister?

Si tu n’es pas d’accord avec moi, je n’arrête pas d’exister du jour au lendemain. 

Non mais c’est un peu comme ça que c’est amené, comme si tu ne valides pas, il n’existent plus. Mais il n’y a personne qui t’empêche de vivre, tu n’as pas besoin de la validation d’autrui pour exister.

RDG – Oui, c’est très vrai! Une fois, j’ai une mère qui m’a dit “quoi, mais vous pensez que mon fils n’existe pas?”

“Euh, bah non.” 

“Donc vous voulez sa mort!”

 “Non. C’est juste que je ne crois pas que c’est un garçon.”

Alexandra – Mais c’est ça! Et puis ça ne l’empêche pas d’exister, de vivre et d’être heureux. On a le droit de ne pas être d’accord sur certaines choses dans la vie. 

Moi c’est ça. C’est toujours ça, l’argument qui revient, c’est “halala, vous ne validez pas nos existences…”

Depuis quand il faut valider l’existence des individus pour qu’ils existent ou qu’ils n’existent plus? Ça me fascine à chaque fois, c’est quelque chose qu’on voit de plus en plus…

Avant, les intervenants disaient “j’entends ce que tu dis.” Maintenant, c’est : “Je te valide dans ce que tu dis.” 

Mais ça n’amène rien.

RDG – C’est comme s’il fallait un certain nombre de likes pour pouvoir avoir dit un truc vrai, tu vois?

Alexandra – Oui, ça me fait vraiment penser à ça, c’est tout le temps un argument principal que, à chaque fois, qui me subjugue parce que je suis… comme, oui, c’est absurde. Je ne te valide pas? Pourquoi je devrais être obligée de te valider? me valides-tu, moi?

RDG – C’est ça… Tu imagines dans la rue : “Bonjour, je te valide. Est-ce que tu me valides? Oui, je te valide. Bon, on s’est validés. Allez, bonne journée!”

Alexandra – Oui, c’est ça, c’est comme si on se croise : validation, validation, c’est bon, on continue. Pourtant, c’est un argument très fort, qu’on entend tout le temps, qui me, qui me me à chaque fois, je suis comme… Mais que je te valide ou que je ne te valide pas, qu’est-ce que ça change, concrètement? Tu existes quand même!

 Ouais ça serait ça mon anecdote.

RDG – Merci, c’est très parlant, oui, ce terme “validation”. Est-ce que tu as quelque chose à ajouter pour terminer?

Alexandra – Je pense que non, qu’on a fait le tour.

RDG – Alors très bien, c’est parfait comme ça. 

Merci d’avoir écouté notre parole, et n’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible.

S’il vous plaît, signez la Déclaration des Droits des Femmes basés sur le sexe :  

womensdeclaration.com 

Rebelles du genre -Épisode 87 – Unita

Unita –  Je me présente sous le nom de Unita, j’ai 46 ans. J’ai été diagnostiquée autiste très tard, à l’âge de 40 ans, et je suis féministe radicale. Je ne le savais pas. Je l’ai découvert, justement, suite aux événements dont je vais parler. 

Et puis j’ai tout un parcours de vie qui m’a amenée vers le féminisme, et j’ignorais, comme beaucoup de femmes qui s’intéressent au féminisme, au début, qu’il y a plusieurs courants de féminisme. Donc j’ai commencé mon parcours de féministe d’une autre manière, et je vais en parler tout à l’heure. 

Et j’aimerais parler de deux expériences que j’ai eues par rapport au transactivisme, sous ces deux aspects-là  : par rapport à l’autisme et par rapport au féminisme. 

Je vais reprendre un peu ce que j’ai écrit, parce que ça me permet de garder un petit peu la ligne claire pour moi. Donc, je veux parler de deux expériences que j’ai vécues dans deux associations distinctes qui traitent de deux questions différentes, l’autisme et le féminisme. Je ne vais pas mentionner le nom de ces associations, parce que je tiens à conserver mon anonymat et puis j’ai occupé des positions assez identifiables dans les deux, donc je vais rester très vague sur de quoi on parle, et puis je pense que ce n’est pas non plus très important de quelles associations on parle. 

Donc je vais commencer par ce qui concerne l’autisme.

Donc, comme je l’ai dit tout à l’heure, quand j’ai eu 40 ans, j’ai reçu mon diagnostic d’autisme. Dans ma vie personnelle aussi, il y a eu beaucoup d’événements qui m’ont fait prendre un virage. Ma vie, elle a changé du tout au tout, très rapidement, de manière très importante. Mais pour le bien! À cette époque, j’ai retrouvé une rage de vivre que je n’avais pas connue depuis longtemps, et toute cette rage de vivre, je ne savais pas trop bien quoi en faire. Et je me suis tournée vers le militantisme. Il est devenu très important pour moi de faire entendre ma voix, en fait. C’était vraiment ce qui était au cœur de toutes mes préoccupations à cette époque-là : c’était de faire entendre ma voix. Et la première chose à laquelle j’ai pensé, puisque je venais de recevoir mon diagnostic, c’était le militantisme en faveur des personnes autistes. Alors, j’en profite pour dire une première chose qui est très importante à mes yeux, et qui va déterminer beaucoup de choses par la suite : c’est la question de l’identité. Peut-être par rapport à mon autisme, je ne sais pas, c’est une question qui n’a jamais été ni très claire ni très importante pour moi. Plus tard, dans mes réflexions, j’en suis même arrivée à la considérer comme dangereuse. Alors, pas l’identité en tant que telle, en tant que individu, j’ai envie de dire. L’identité dans mon for intérieur, comment je me sens, parce qu’on sait que cette identité-là, elle est vraiment comme, c’est un ressenti. C’est quelque chose qui bouge dans le temps, qui est flexible. Je veux dire, on ne se sent pas de la même manière quand on a 20 ans, quand on en a 40. Enfin voilà. Je séparais cette question-là de l’identité sociale, parce que l’identité sociale, c’est ce sur quoi se base la société pour entrer en rapport avec moi. C’est comme ça que je la définis. Et donc cette question-là m’a semblé devenir dangereuse, dans le sens où elle devient essentialiste. Donc voilà : c’est quelque chose que je voulais poser, parce que l’essentialisme, ça a la fâcheuse habitude de convoquer beaucoup d’excès, on le sait. Il suffit de repenser à l’histoire, toutes les répressions, toutes les dominations sont basées sur l’essentialisme. Donc j’ai toujours refusé, plus ou moins consciemment, plus ou moins vigoureusement, l’idée d’une identité. Et on pourrait trouver une contradiction avec le fait que je me sois engagée dans une association de défense pour les personnes autistes, parce qu’il s’agit d’une certaine manière d’une question d’identité, mais moi je ne vois pas les choses de cette façon. Pour moi, un diagnostic comme l’autisme, ou le rapport avec mon sexe biologique, qui est féminin, ça constitue plutôt un collectif d’individus qui sont concernés par le même problème, par les mêmes questions. 

Pour moi ça fait une différence énorme. Donc, la manière dont j’aborde cette question-là.

Enfin bon. Donc je vais revenir au propos principal. Donc je suis entrée dans cette association de défense des personnes autistes, afin de défendre de promouvoir les droits des personnes autistes dans une société validiste. C’est à cette époque que j’ai entendu parler pour la première fois de l’intersectionnalité. j’ai trouvé cette idée intéressante, à nouveau parce qu’elle contournait la question essentialiste et identitaire. Que l’individu soit un croisement de différents “problèmes” (entre guillemets), ça correspondait bien à ma manière de voir le monde, donc j’ai tout de suite adhéré à cette idée. L’association dans laquelle je suis entrée avait subi un remaniement de bureau récent, et la personne qui chapeautait l’ensemble, c’était un homme. Donc il était autiste, évidemment, mais aussi très préoccupé par la question trans, sur laquelle je ne connaissais absolument rien à l’époque. Donc, comme tout le monde j’ai un peu fait l’amalgame entre la question trans et la question homosexuelle, bisexuelle, etc,  le LGBT machin. A priori j’avais rien à y redire, bien au contraire. 

La première chose qui a été évidente pour moi, c’est la manière dont cet homme menait tout son petit monde à la baguette. Il était très directif et omniprésent. il y avait un certain nombre de femmes dans l’association et aucune, y compris moi, n’osait bouger le petit doigt sans son consentement. J’ai mis ce problème sur le dos de problèmes culturels, parce que moi j’habite à l’étranger, et je sais que la culture hiérarchique en France, elle est visible, elle est assez forte. Donc j’ai mis ça un petit peu sur le dos de cette question-là. Mais bon, ça ne me plaisait pas du tout, et surtout j’étais très déçue de constater cet état de fait dans une association qui aurait dû, à mon sens, en théorie, être très bienveillante. Donc j’ai mis ces doutes de côté. J’ai continué à m’investir, parce que pour moi, c’était vraiment encore une fois très essentiel de faire entendre ma voix,  d’être active, de faire quelque chose. Mais plus le temps passait, plus cet homme faisait de la question trans, la question centrale de son ou de notre action, puisque en fait, donc notre action devenait la sienne, tout ça au nom de l’intersectionnalité. Lorsque des manifestations trans s’organisaient, par exemple, il souhaitait que notre association y participe. Dans ses contacts avec des organisations externes, et de manière interne, la question trans revenait régulièrement sur le tapis, et on a été un certain nombre à s’en irriter, et à ne presque pas oser le dire, tellement cet homme semait la terreur autour de lui. De plus, on était tous autistes, ce qui rend la communication encore plus difficile. Ce n’est pas qu’on ne reconnaissait pas le fait que les personnes trans subissaient des discriminations, ou pouvaient en subir en tout cas, (de toute manière tout le monde doit pouvoir défendre son droit à exister tel qu’on est) c’était le fait, pour revenir à ce que je disais, que bien que le problème de fond soit le même, la domination patriarcale d’une société validiste et excluante de toute individu qui ne soit pas, en gros, le mâle blanc de 40 ans, les problèmes quotidiens et de droit ne l’étaient pas. Ce n’était pas les mêmes! On ne pouvait pas, selon moi, et selon d’autres personnes qui faisaient partie de cette association, qui avaient aussi un problème avec ce leader de groupe, mélanger tout ça, tout défendre en même temps. D’autant plus que, comme je le disais, pour moi la question trans avait tendance vraiment à devenir très, très, très dominante. Donc voilà. J’ai eu un malaise toujours croissant dans mon expérience avec cette association, et j’ai fini par la quitter.

Mais j’avais toujours en moi, vraiment, l’envie d’apporter ma pierre à l’édifice, de devenir activiste pour une cause. 

Toute ma vie, en fait, j’avais subi l’oppression masculine, comme la plupart d’entre nous, les femmes. J’avais subi de la violence, du harcèlement moral, à certaines occasions même de la violence physique. Petit à petit, il m’est devenu évident qu’une cause à défendre absolument, c’était la cause féministe. 

Donc je me suis rapprochée d’une autre association, une association féministe, cette fois, dite “progressiste”, même si à la base j’étais mal à l’aise avec certaines idées. 

Pour donner un exemple, cette association faisait la promotion (enfin je ne sais pas si la promotion c’est un mot très adapté, mais enfin) parlait du “travail du sexe” (entre guillemets) et l’idée répandue, c’était que si on n’y était pas favorable, en gros, on était antisexe. Bon, c’est un résumé de l’enchaînement d’idées, mais c’était bien ça. Bah moi, je n’ai pas de problème avec le sexe, quoi. 

RDG – Je voulais juste dire, effectivement, le terme lui-même, tu as l’air d’hésiter en disant “apologie, pas apologie”… Bien sûr, le terme “travail du sexe”, en lui-même, est une apologie du “travail du sexe”, c’est-à-dire que si on considère que, dans notre société, on se définit notamment par notre travail, que c’est quelque chose qui nous permet de vivre, etc.,  eh bien, considérer que le sexe peut être un travail, alors qu’en fait la prostitution n’est que de la violence, ça entérine cette idée-là, et donc ça en fait la promotion. 

Unita – Ouais

RDG – Ça valide ça. Après tout, pourquoi essayer de faire autre chose? Quand on parle de “travail du sexe”, ça veut dire… Bah à ce moment-là, il faut, pourquoi pas, créer des filières en lycée professionnel. Je dirais qu’il n’y a pas de raison de considérer que ce serait un travail qui ne serait pas accompagné des mêmes droits, des mêmes devoirs. Donc à ce moment-là, on fait quoi? On nomme des délégués du personnel ? On définit les pratiques autorisées et les pratiques pas autorisées? Donc du coup…

Unita – Il y avait un sketch absurde sur internet, je ne sais pas si tu l’as vu, avec des parents qui venaient pour orienter leur fille, il y a…

RDG – Oui c’était Osez le féminisme qui avait fait cette vidéo, c’était dans les années 2000, 2012-2013, je crois. Effectivement, allez allez voir cette vidéo, elle est assez marrante, puisque c’est des parents qui vont chez la conseillère d’orientation qui fait le détail de “qu’est-ce qu’on peut faire quand on est travailleuse du sexe”. Et voilà c’est ça. 

Unita – C’est absurde, mais en fait c’est cette idée qui est poussé à l’absurde. C’est la logique, c’est la logique. 

RDG – Oui, tout à fait voilà. Excuse-moi de t’avoir interrompue. 

Unita – Non non, il n’y a aucun souci. Donc en plus, vraiment, il y avait cette idée que, si on n’adhérait pas à cette idée-là, on était anti-sexe, voilà. Et puis moi, je ne me reconnaissais pas du tout là-dedans, parce que je n’ai pas de problème avec le sexe du tout. Donc bon, encore une fois, et comme pour la première fois en fait, j’étais tellement axée sur l’idée de vouloir être active que je me suis dit “on ne peut pas adhérer à tout de toute façon”, donc j’ai mis, encore une fois, mes doutes de côté, et puis la seule chose qui m’importait, c’était de faire avancer la cause. 

Donc alors, comme je l’ai dit tout à l’heure, j’habite à l’étranger, et j’ai commencé à être active avec un courant, une branche internationale de l’association. 

Les premiers temps, j’étais très très heureuse de faire quelque chose d’utile à mes idées. Enfin, en tout cas, je le croyais. Et puis, progressivement à nouveau, la question trans est revenue sur le devant de la scène. Alors cette fois, parce que j’avais eu la première expérience, j’ai porté plus d’attention à ce qui se passait, et j’ai vu que des débats ont commencé à avoir lieu, même des disputes. 

Est-ce qu’on devait cesser de compter les féminicides parce que les chiffres ne prenaient pas en compte les femmes trans?

Dans les manifestations, comment est-ce qu’il fallait rédiger les banderoles pour qu’elles ne heurtent pas les sensibilités trans? 

Bon, tout d’un coup, j’ai revu cette question redevenir le centre du problème, et ça effaçait progressivement tous les autres problèmes.

Donc je ressentais profondément que quelque chose n’allait pas.

Je me suis alors intéressée de plus près à la question trans, au transactivisme spécialement.

Et c’est de cette manière que je suis devenue critique du genre, justement parce qu’il me semble à la fois aberrant et contre productif, et surtout dangereux, de considérer le genre comme une identité pour les raisons que j’ai données.

RDG – Donc tu as fait ce chemin et d’un coup tu t’es dit “mais tout ça, ça ne va pas être possible”.

Unita – Non, tout ça, ça ne va pas être possible. Et puis je voyais vraiment qu’on était en train de reculer par rapport à aux luttes sociales dont le transactivisme se fait le fer de lance. 

C’est le contraire qui se passe en fait. De par leur présence, leur agressivité, on est en train de régresser sur ces questions de manière très, très, très inquiétante et très, très rapidement.

RDG –  D’accord. Donc là, tu t’aperçois que ça ne va plus. Est-ce que tu vas développer la question de, du coup, qu’est-ce que tu as fait dans cette association? Parce qu’à un moment donné, quand tu te rends compte que là, c’est radicalement opposé à ce que, à tes convictions, comment tu le vis? 

Unita – Quand j’ai commencé à me renseigner sur le transactivisme, sur ce qui se passait, parce que j’avais vu deux fois noyauter, en gros, une association dans laquelle j’étais, donc j’ai commencé à me renseigner sur ce que c’était. J’ai beaucoup étudié la question de la transidentité, etc.,  et en fait, je me suis dit “Non, mais ce n’est pas possible, je ne vais pas pouvoir continuer comme ça, c’est vraiment aux antipodes de ce que je veux défendre, parce que ça met en danger les femmes. Donc c’est complètement le contraire de ce que je veux faire”. Donc j’ai quitté cette association, voilà.

Et je me suis dit “bon, il va falloir que je trouve, à nouveau, un autre moyen de défendre mes convictions”, et c’est un peu ce que je suis en train de faire maintenant. 

RDG – Et on t’en remercie 

alors alors du coup on va passer à la question suivante : pourquoi est-ce que tu penses que cette idéologie est une menace pour les femmes? Tu as commencé à le dire. 

Donc pour les femmes, sur le plan de leurs droits, aussi peut-être pour les enfants, et puis plus globalement pour la société, pour nos libertés?

Unita – Oui donc pour moi c’est clairement une idéologie. Je veux dire, ce n’est pas, c’est vraiment, c’est tout ce qu’il y a avec l’idéologie. C’est un courant de pensée, et c’est surtout très dissocié du réel. C’est ça que je trouve déjà très dangereux, à la base. On commence à agir comme si le réel n’existait pas. Je veux dire, il y a des mots qui ont été inventés par l’humanité au fur et à mesure de sa progression, comme le mot “femme” qui désigne, à la base, un réel. Il ne faut pas oublier que le réel, ça existe. Et le réel, c’est la matière. C’est la biologie. Si on commence à faire dévier ces mots-là, pour moi, c’est déjà un signal d’alarme très important. Donc pourquoi est-ce que je pense que c’est une menace? D’une part, parce que la question des droits des femmes basés sur leur sexe devient une question inentendable dans le contexte actuel, et donc insoluble. 

Donc ça c’est vraiment problématique. 

Et d’autre part, parce que dans quelques années, à mon avis déjà, toutes les statistiques… Alors, je crois que c’est le dernier épisode que tu as publié qui en parle déjà, et je suis totalement d’accord avec ça. Les statistiques qu’on a actuellement, sur lesquelles nous nous basons pour nos revendications, pour souligner la violence des hommes que, entre parenthèses, ils montrent bien en tant que transactivistes, ils montrent bien tous les jours que ce sont des hommes, parce qu’ils sont violents, donc voilà. On revient à cette question-là. Donc toutes les statistiques que nous avons, qui sont claires et nettes, sur le fait que la violence est majoritairement, statistiquement, du côté des hommes, dans quelques années ça ne voudra plus rien dire. Le pourcentage de viols commis par des hommes, le pourcentage de violence attribuable aux hommes. Étant donné qu’on comptera dedans les hommes transidentifiés, autrement dit les femmes, ça va faire baisser ces statistiques, ça ne voudra vraiment plus rien dire. Donc on ne pourra plus les utiliser pour montrer que la violence est masculine, en grande, grande majorité.

Aussi, les problèmes médicaux spécifiques aux êtres humains de sexe féminin, qui sont déjà sous-étudiés à la base dans la société patriarcale, sous-traités, vont finir par tomber de facto complètement dans l’oubli. Et puis évidemment si on s’intéresse à cette question, on sait que le sujet a déjà été traité 1000 fois, mais je crois qu’il faut le répéter, les injustices dans le monde du sport, l’enfer carcéral lorsque des détenus masculins et féminins sont mélangés…  

Je veux dire, tout ça, il faut continuer à se battre pour que ça n’existe plus. 

Donc la menace pour les femmes est certainement très, très, très réelle. 

Je considère que la société est en danger de manière globale. Et certainement la démocratie.

La démocratie est en danger chaque fois qu’on commence à confisquer des mots, comme le mot femme voilà.

Les enfants, évidemment, parce que c’est la société de demain. Enfin, je veux dire, ça touche absolument tout le monde! 

RDG – Pour revenir sur la question du mot femme, et la question de la santé, ce que tu dis m’évoque la question de l’endométriose. C’est parce que c’est une maladie spécifique aux femmes qu’elle est si mal soignée, si mal étudiée. Que cette semaine, on a encore refusé le remboursement du test qui, enfin, permettrait de détecter l’endométriose. Il faut savoir que les femmes qui ont de l’endométriose, elles ont, c’est comme les autistes, une errance diagnostique très, très longue, plus de 7 ans en moyenne, alors que ce test, il permettrait d’avoir une réponse dans la semaine, et de façon très fiable. Et bien apparemment, le bénéfice n’est pas suffisant, donc il ne sera pas remboursé. Et ça, c’est parce que c’est des femmes, parce que nous sommes des femmes. L’endométriose, on aurait trouvé une solution si elle s’attaquait aux couilles, ça fait longtemps que ce serait réglé. Donc voilà. 

Maintenant, le pire du pire, c’est que ces associations de lutte contre l’endométriose commencent à être noyautées de l’intérieur par des personnes qui leur disent “arrêtez d’utiliser le mot femme”, et on commence à avoir des “personnes avec utérus”,  des “personnes avec endomètre”. Donc on est encore en train d’effacer cette maladie des femmes, enfin on est en train d’effacer la visibilité de cette maladie. Elle est déjà tellement mal prise en compte, et maintenant on n’a même plus le droit de dire que c’est une maladie spécifique aux femmes. Autrement dit, les femmes qui souffrent d’endométriose,; qui sont quand même, on estime que c’est plus d’une femme sur 10 qui souffre d’endométriose, et bien elles vont continuer à souffrir en serrant les dents, et puis c’est pas grave. Parce que ce sont que des femmes.

Unita –  Absolument. Et puis d’ailleurs, ça me fait penser, là, ce que tu viens de dire, à un des événements qui a eu lieu dans ma vie, qui m’a fait vraiment prendre conscience qu’il y avait un problème sérieux. C’est, j’étais en France à un moment donné, et j’ai vu dans le métro des affiches du planning familial qui parlait de “personnes à utérus”. J’ai regardé ça, je me suis dit “mais on est où ? Mais on est où, quoi? Je ne suis pas une personne avec utérus. Je refuse de me faire définir par mon utérus. Enfin, c’est quand même incroyable d’en arriver à des trucs pareils, hallucinant!

RDG – Et le pire, c’est qu’ils vont nous accuser d’être essentialistes en parlant de nos organes, alors qu’en fait, ils nous ramènent à nos vulves et nos utérus. 

Unita – À nos organes 

RDG – C’est complètement effrayant.

Unita – C’est juste incroyable, incroyable.

RDG – Et puis ce holdup aussi, sur tout ce qui a trait aux femmes, et notamment, cette affiche impardonnable du planning familial, “Au planning familial, on sait que les hommes peuvent être enceints.” 

Non, non, non, non.

La maternité est un état exclusivement féminin.

Signez, s’il vous plaît la Déclaration des Droits des Femmes basés sur le sexe, qui rappelle notamment que “la maternité est un état exclusivement féminin”. On ne peut pas invisibiliser les femmes comme ça. Non il n’y a pas d’homme qui donne la vie.

Unita –  Mais c’est exactement ce qui se passe : on invisibilise les femmes, voilà. Et donc on leur ferme la bouche, puisqu’elles n’existent pas. 

Par rapport au fait que les femmes sont invisibilisées, par exemple l’autisme. Donc le diagnostic tardif de beaucoup de femmes autistes, je sais que ça, c’est c’est très fréquent malheureusement. C’est encore un un autre exemple, à quel point le fait d’être une femme est invisibilisé par tout ce qui est médical, parce que le diagnostic d’autisme est basé sur des critères enfin, était surtout il y a quelques temps, basé sur des critères qui étaient masculins. On sait que l’autisme se présente de manière différente chez les femmes et chez les hommes. Donc tout ce qui était population autiste féminine était sous-représenté dans les diagnostics, et souvent les femmes passent sous les radars parce qu’on on s’y est pas intéressé pendant très longtemps.

RDG – Sur Asperger, qui ne s’était intéressé qu’à des garçons en fait, déjà. Donc ce syndrome n’était basé que sur des constats faits sur des garçons déjà rien que ça.

Unita – Tout à fait, tout à fait. Et on commence juste maintenant, je crois que c’est Tony Atwood qui a recommencé à s’occuper des femmes, et qui a dit clairement qu’en fait, toute la population autiste féminine se présente différemment des hommes, que c’est pour ça qu’elle passe sous les radars, surtout quand il s’agit d’autisme, euh de type asperger – alors, on a plus le droit d’utiliser ce mot-là, parce que, enfin bon bref – mais que du coup on passe vraiment sous les radars, et que c’est responsable des sous-diagnostics par rapport à l’autisme. C’est pour ça que beaucoup de femmes sont diagnostiquées très tardivement, c’est encore un exemple.

RDG –  J’ai lu que la la prévalence de l’autisme, elle est indifférente au sexe. Donc il y en a autant chez les filles que chez les garçons. Sauf que les filles sont quatre ou cinq fois moins diagnostiquées que les garçons. Donc en fait, on est des autistes sauvages, et on souffre en silence. 

Unita – C’est ça. Pendant très, très longtemps, jusqu’à ce que, dernièrement, on commence à s’occuper de ce problème-là. Et il y a beaucoup de femmes qui se font diagnostiquer sur le tard et qui, tout d’un coup, se retournent sur leur vie et se disent : “ah mais c’est pour ça que…” 

RDG – Exactement. Donc toujours pareil : l’invisibilisation des femmes. Et si le mot femme n’existe plus, déjà que c’est une catégorie qui est mal prise en compte, et bien on ne peut pas imaginer que ça va nous arranger. 

Unita – Non. Clairement, non. 

RDG – Alors, est-ce que tu veux développer d’autres arguments sur les menaces de l’idéologie du genre? Notamment sur les questions de démocratie ou de liberté, ou est-ce que on passe à la question suivante ?

Unita – C’est vraiment cette impossibilité de parler des problèmes qui sont vraiment féminins qui est une des grandes menaces je trouve, cette confiscation des mots. Je pense qu’on n’est jamais, jamais arrivées à ce stade-là… Je ne me souviens même pas d’exemple de ce niveau. Enfin, je veux dire, je sais que, par exemple, il y a des mots qu’on a invisibilisés, comme “chômeur, chômage” : c’est devenu des “demandeurs d’emploi”, parce que, quelque part on masque la violence sociale qui va avec. 

Donc, il y a des récupérations de mots depuis quelques années. C’est le néolibéralisme qui impose cette récupération des mots. Mais pour moi, là, on atteint un stade jamais atteint avant. Confisquer le mot “homme” ou “femme”…  Bon, on va dire “femme” parce que je pense qu’il n’y a personne qui parle même des hommes, je n’entends jamais, jamais, jamais parler de ce problème là au masculin… 

RDG – Imaginez un peu une femme qui se met à la tête d’un mouvement de défense des droits des hommes… Rien que l’idée est grotesque. 

Unita – Mais absolument. Enfin, je veux dire… Et puis qui définit les hommes comme des personnes avec des couilles? 

RDG – Haha, à part nous, tu veux dire?

Unita – Mais, je veux dire… Mais ça, ça n’existe pas dans l’espace public! ça n’existe pas dans l’espace public. Est-ce que ce n’est pas symptomatique? 

RDG – Mais bien sûr. 

Unita – Est-ce que ce n’est pas symptomatique du fait qu’il y a un problème? Enfin, je veux dire, les gens, réveillez-vous! 

RDG – Alors qu’on a des hommes en jupe à la tête de tas d’associations dites “féministes”, ou de centres pour les femmes survivantes de violences sexuelles, etc., on dirait que c’est la validation ultime, la consécration. Les masculinistes, soit ils adorent manger des féministes, soit carrément prendre leur place.

Unita – C’est une façon de les manger, tout à fait! Le noyautage dont j’ai parlé dans mes dans mes témoignages, c’est ça! C’est, on envahit cet espace et on récupère… et bah alors là mais c’est un coup de maître, j’ai envie de dire. Bon, je ne suis pas comploplo, hein il ne faut pas exagérer, parce que je déteste cette idéologie, aussi mais quand même, je veux dire : c’est quand même vachement pratique, ce qu’ils sont en train de faire. Là, pour le coup, pour fermer la bouche des femmes, il n’y a pas plus efficace.

RDG – Oui. En Afghanistan, on les cache. Et dans notre monde, on les cache aussi, pas de la même façon. 

Unita – Pas de la même manière, c’est la même haine des femmes, tout à fait. 

RDG – Qu’est-ce qui t’as décidée à témoigner aujourd’hui, et ce de façon anonyme? Je pense que tu l’as déjà un peu abordé. Tu peux, peut-être développer? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, est-ce que tu te sens menacée, est-ce que tu peux parler librement de ta position critique du genre ou pas ?

Unita – Alors bon, moi je me suis décidée à parler parce que, en fait, je n’en peux plus de rester silencieuse. Je l’ai déjà dit au tout début, pour moi, faire entendre ma voix, c’est devenu très important, ces dernières années. Donc j’ai vraiment besoin de le faire. Donc la fermer, c’est juste pas possible pour moi . Et je trouve que la menace, elle est de plus en plus grande. On voit, en fait, on sait très bien que la France reprend globalement ce qui se passe aux États-Unis, au niveau sociétal, avec quelques années de retard. Quand on s’intéresse à ce qui se passe là-bas, on se dit bon, on va y arriver nous aussi, donc autant préparer la résistance tout de suite. 

Bon, pourquoi je le fais de façon anonyme? Pourquoi je ne vais pas jusqu’au bout de la démarche? C’est parce que, justement, je suis autiste et que certaines choses sont difficiles à supporter pour moi. Je ne veux pas m’exposer à des pressions que je ne pourrais pas supporter, et c’est pour ça que je veux absolument rester anonyme. J’ai pu constater dans mes deux expériences et dans le monde, j’ai envie de dire, “réel”, dans les événements qui s’y passent, l’agressivité incroyable des transactivistes et de leurs alliés. Je veux absolument m’en préserver, voilà. C’est pour ça que, donc, j’ai besoin de parler, et en même temps je ne vais pas jusqu’au bout, parce que je reste anonyme, mais j’essaie de me préserver aussi quoi. Voilà. 

RDG – Alors, je tiens à te remercier déjà, pour ton courage. Parce que tu dis “je ne vais pas jusqu’au bout…” Bah si : tu dis la vérité. Ne pas donner ton nom, c’est juste ne pas se mettre en danger, c’est la règle de base qu’on a, noues à Rebelles du genre, on ne se met pas en danger. Et j’invite vraiment les femmes qui, aujourd’hui, sont dans la même position que toi, dans la même réflexion que toi, à prendre contact avec moi pour envisager de témoigner. La vérité, c’est que ça soulage aussi de parler. Il n’y a pas de honte à le faire de façon anonyme et de façon discrète parce que la honte elle est, c’est par rapport aux agressions qu’on risque de subir en fait. On n’a pas à se mettre en danger non plus, on l’est déjà suffisamment tout le temps, voilà.

Donc au contraire, vraiment, je te remercie beaucoup de le faire, et il n’y a absolument aucun problème et si d’autres femmes veulent le faire de façon anonyme. Sachez que dans Rebelles du genre, on a à peu près les deux tiers de nos témoignages qui sont anonymes. Ça en dit long, malheureusement, sur le niveau de violence de ce mouvement.

Unita – Clairement. Mais moi, je voudrais te remercier aussi, parce que c’est vraiment important. Tu offres une plateforme pour que les témoignages existent, parce que c’est une façon de devenir audible sans se mettre en danger, justement. Donc je te remercie beaucoup d’exister, vraiment.

RDG – Oui, en fait c’est une façon de résister, tout simplement. 

Étre féministe, c’est d’abord être une résistante, et ne pas céder à la peur. 

Et je pense qu’il y a beaucoup de féministes qui, aujourd’hui, hésitent. De grosses associations féministes, aujourd’hui, sont gouvernées par la peur. Des femmes, féministes, restent dans des associations où on les fait taire. Et vraiment, je vous invite, soit à quitter ces associations, soit à exprimer des positions critiques du genre.

Tenir une position critique du genre, c’est être féministe.

Les féministes sont critiques du genre, par définition :  le genre, c’est l’oppression des femmes par les hommes, c’est la domination masculine. Si vous n’êtes pas critique du genre, désolée mais appelez-vous autrement : féministe c’est déjà pris, voilà.

Et donc les associations féministes, et je m’adresse notamment aux dirigeantes des associations féministes, ne pensez pas que ne pas aborder ce problème-là, c’est quelque chose qui est tenable sur du long terme. Il faudra prendre position. Parce que c’est la seule position féministe possible, et qu’aujourd’hui nos droits sont vraiment en danger. Donc se taire, c’est être d’accord avec nos opposants 

Unita – Tout à fait 

RDG – Est-ce que tu as une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme ?

Unita – Oui. Alors, en fait c’est juste une anecdote, ça peut paraître bizarre, mais c’est vraiment pour moi le moment qui a fait un déclic. J’avais une réunion avec l’association féministe dont je faisais partie, et on m’a demandé par quels pronoms je me définissais. Alors j’avais déjà entendu parler de cette question des pronoms avant, bien sûr, mais en fait c’est la première fois que cette question m’a été adressée directement. Alors ça a provoqué une sorte d’électrochoc en moi, et j’ai réalisé à ce moment-là jusqu’où on en était arrivés avec cette question d’ identité de genre. Je devais en quelque sorte “décliner mon identité”, tu vois, avec les guillemets qui s’imposent.

Et je crois que c’est à ce moment-là que, pour la première fois, j’ai vu le lien avec le totalitarisme. C’est vraiment à ce moment-là que j’ai compris le danger, et que j’ai commencé à aller me renseigner. Parce que ça m’a choquée. Enfin, j’ai envie de dire, mais en fait cette question est censée être respectueuse, mais pour moi elle est offensante. Et je crois qu’en fait il y a certains, si on va jusqu’au bout du truc, je suis absolument certaine, si on va du côté des trans, qu’il y a des trans qui sont aussi offensés de cette question, je veux dire s’ils font tout ce qu’ils font c’est bien pour qu’on ne leur pose plus la question de comment s’adresser à eux?

RDG –  Comme le fameux : “Mais qui vous dit que je suis un homme, monsieur?” 

Unita – À l’origine, enfin il me semble que toute la question pour eux et elles, c’était justement pour qu’on leur pose plus la question enfin je… On marche complètement sur la tête.

RDG – Ça n’a strictement aucun sens.

Unita –  Déclinez votre identité… Et puis, enfin bref, ces histoires de pronoms, ça devient du coup…

RDG –  Tu te couds une petite étoile sur la gauche sur ta poitrine, rose si t’es une fille, bleu sinon…

Unita – Mais je vais mettre un badge quoi, enfin, non. Mais c’est ça, bientôt on va se balader avec des badges…

RDG – Il y en a qui se font tatouer leurs pronoms : “elle”, “iel” ahaha…  Bref juste tu as dit “je suis allée me renseigner”. Est-ce que tu peux juste développer comment tu t’es renseignée? Est-ce que tu as des ressources à conseiller?

Unita – Et bien écoute, je crois qu’il y a, que toutes les personnes qui sont passées sur ce podcast que tu animes ont, plus ou moins… je suis tombée sur ton podcast déjà. Et puis on a toutes plus ou moins… Antastésia :  j’ai écouté ce qu’elle avait à dire, alors je crois que c’était une vidéo, dans ton podcast précédent il a été parlé aussi cette question, je ne sais plus quelle vidéo c’était, où elle parlait de vraiment , clairement, de son, de sa position. 

RDG – Je crois que le sujet c’était : “Est-ce que je suis une vilain terf?” On peut même écouter directement le témoignage d’Antastésia,  qui a témoigné dans le podcast, dans les tout premiers épisodes.

Unita – Oui. Et ça m’a fait tilt. Et j’ai commencé à chercher des tas de choses. J’ai écouté plein de vidéos, plein de podcasts, des deux camps, je veux dire, mais je ne me suis pas limitée. Mais vraiment, pour moi, le seul truc qui faisait sens, c’était d’être critique du genre, il n’y avait pas d’autre…  C’est aussi de réaliser, parce que j’aime beaucoup la musique, et j’ai toujours été fan de figures pop des années 70, David Bowie, etc. Et je me suis dit : “Mais il faut voir d’où on vient! A cette époque-là, ces figures étaient androgynes, donc étaient critiques du genre, en fait. Quelque part,  je veux dire, elles étaient critiques du genre. Elles disaient : “Ouais, je suis un homme, je m’habille comme je veux, etc.” Et je trouvais ça génial. Et là, maintenant, si Bowie était encore là, mais on ferait quoi? On le forcerait à s’identifier comme femme? Je veux dire, qu’est-ce qu’on fait avec Bowie? Enfin, j’ai envie de dire, mais on est revenus à des positions des années 50! 

RDG – Un gigantesque bond en arrière 

Unita – C’est incroyable, c’est ce genre de réflexion, ce genre de… Donc : tous les podcasts que j’ai écouté, je n’ai pas quelque chose de spécifique à recommander, à part ton podcast, à part celui d’Antastésia, que je trouve toujours très intelligent, très bien fait. Elle a vraiment des réflexions qui me parlent. Bref, il y a vraiment des ressources pour qui veut bien se donner la peine de les chercher, et surtout des réflexions personnelles. Je veux dire, pour ceux d’entre nous qui ne sont pas nés très récemment, on a tout un passé, par rapport au genre, réfléchissons à ce qu’on a connu. J’ai envie de dire, on était quand même dans une société, alors il y a du bon et du mauvais dans toutes les sociétés, mais on était quand même arrivés à un point où, justement, la question du genre devenait pas importante. Où, justement, seule la question du sexe comptait. 

Pourquoi la question du sexe compte? 

Pourquoi la société existe? C’est pour protéger les plus faibles. On est dans un contrat social qui n’a pas d’autre vocation, à mon sens, que de protéger les plus faibles. Et statistiquement, biologiquement parlant, les femmes sont faibles. Elles doivent être protégées, et c’est en vertu de leur sexe qu’elles doivent l’être, c’est la source de la faiblesse. 

RDG – Merci. Merci de l’avoir rappelé, oui. Est-ce que tu veux ajouter encore quelque chose? 

Unita – je crois que j’ai dit beaucoup de choses. J’espère que j’ai été claire, parce que, pour moi c’est vraiment des idées très complexes, et surtout elles sont embrouillées à volonté par l’ambiance actuelle : on embrouille tout ça, alors que les choses sont très claires à la base. Donc j’espère que, moi-même, j’ai échappé à cette malédiction de l’embrouillage et de l’enfumage, que mes idées ont été claires, aussi claires que possible et je pense que j’ai dit tout ce que je voulais dire. Et je te remercie de m’avoir donné l’opportunité de le faire surtout.

RDG – Merci à toi Unita.

Merci d’avoir écouté notre parole, et n’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible.

S’il vous plaît, signez la Déclaration des Droits des Femmes basés sur le sexe :  

womensdeclaration.com 

Rebelles du genre – Épisode 86 – Selim

Selim – Alors si je dois me présenter, je suis Selim, j’ai 27 ans, je suis étudiante en philosophie. 

J’habite Paris et je souhaitais témoigner parce que ça fait plusieurs années que je suis complètement sortie du transactivisme et de l’idéologie transgenre, et je prends un peu cette occasion pour sortir, une bonne fois pour toutes, des illusions que j’ai eues pendant des années, liées à d’abord une dysphorie que j’ai ressentie, puis une prise de conscience qui fait qu’aujourd’hui je suis ce qu’on pourrait appeler “critique du genre”.

Au niveau de mon parcours, au départ, donc si on remonte vraiment à l’enfance, il y a la prise de conscience d’une attirance pour les filles, j’ai mis énormément de temps à comprendre que j’étais bisexuelle. Donc je me suis déclarée lesbienne pendant longtemps. Depuis cette bisexualité mal comprise, et ce désir homosexuel, je me suis mise à considérer que, en fait, mon désir pour les femmes impliquait que je me sentais homme, ou que j’avais quelque chose de masculin en moi, ce qui a fait que j’ai ressenti pendant deux ans une forte dysphorie de genre et que j’avais cette sensation que ma bisexualité, c’était une sexualité non légitime, qui cachait un mensonge,et que en fait au-delà de la question de l’orientation sexuelle, c’était surtout la question du genre qui était importante et que je devais traiter. Je pense qu’il y a eu aussi, comme impact, toute une éducation, parce que j’ai 27 ans donc moi je suis vraiment la génération qui a grandi avec l’avènement des sites pornographiques vraiment quand on consomme du contenu pornographique on peut vite passer de “je suis attirée par les filles”, à “donc j’ai une sexualité de garçon”. C’est comme ça que ça a semé le trouble, en fait, dans mon esprit, et j’étais persuadée que j’avais un problème, et donc j’ai gardé pendant des années, tout le collège, tout le lycée, cette une dysphorie douce sur laquelle j’arrivais pas vraiment à mettre de mots. Et puis, quand je suis arrivée à Paris, j’ai découvert, par le biais de contenus sur les réseaux, j’ai découvert le transactivisme, l’idéologie transgenre, et ça m’a complètement happée. J’ai eu l’impression de renaître, d’avoir une révélation, et c’est ce qui m’inquiète sur le caractère sectaire de cette idéologie : c’est parce que c’est tellement soudain, on a l’impression qu’on a découvert la vérité. C’est suspect aujourd’hui avec le recul, je trouve que tout ce parcours est très suspect. Ça a été plutôt bien accueilli par mon entourage, parce que j’ai un entourage assez “de gauche”, “progressiste” donc on est tous très enclins à accepter ce genre d’idée au nom du progrès.

RDG – Juste une question : tu dis “ça a été très bien accepté”. Ça veut dire que tu as fait un coming out trans dans ta famille?

Selim –  Alors pas dans ma famille. Dans ma famille, j’ai seulement fait un coming out au niveau de mon orientation sexuelle. Donc maintenant, mes parents savent que je suis bisexuelle, et ça ne pose plus trop de problème. Mais par contre, j’ai entamé une transition sociale auprès de mes amis et de mon entourage plus ou moins lointain. Donc voilà : transition sociale. Je ne suis pas allée plus loin, heureusement. Et je considère que je suis une rescapée de l’idéologie transactiviste, parce qu’il y a un moment, ça prenait tellement de place dans mon esprit, que j’étais vraiment prête à entamer des démarches pour une transition médicale.

RDG –  Donc, quand tu dis “une transition sociale”, ça veut dire que, donc, tu te faisais genrer au masculin. Tu avais pris un prénom masculin?

Selim –  Oui. J’avais pris le prénom qui est devenu mon pseudo, du coup, le pseudo avec lequel je parle. J’avais demandé à ce qu’on me nomme de cette façon, qu’on me genre au masculin. Ça a duré quelques mois, et puis c’est devenu très bizarre. Je me suis rendu compte, au bout d’un moment, que ce n’était pas du tout, ça ne correspondait pas du tout à ma réalité, et qu’il y avait des raisons beaucoup plus profondes qui faisaient que je détestais le fait d’être une femme, et que c’était ça qu’il fallait interroger, et pas mon identité de genre.

RDG – D’accord. Quand tu dis “des raisons beaucoup plus profondes qui te faisaient détester le fait d’être une femme”, ça a trait à ta bisexualité, ou il y a d’autres raisons complémentaires? 

Selim – Là, je pensais, je pensais plutôt à…  c’est un peu délicat d’en parler et puis ce n’est pas vraiment le sujet… mais, mais des, des traumatismes. Enfin, des… Il m’est arrivé ce qui arrive malheureusement à, à énormément de femmes, encore beaucoup trop de femmes, et voilà. Ça fait partie des expériences traumatiques qu’on peut vivre quand on est une femme. Ça m’est arrivé, et ça a déclenché chez moi un espèce de rapport bizarre à mon corps et à la sexualité. Et donc l’idée d’une transition m’a paru à un moment très apaisante, en me disant “bah ça y est, quoi. Je vais me débarrasser de ce fardeau d’être une femme, d’être inférieure. Je vais enfin être forte en devenant un garçon, quoi.

RDG – Alors… Donc tu n’avais pas prévu d’en parler, donc tu restes libre, (si tu le souhaites on pourra couper), mais je trouve que c’est très important, en fait, ce que tu viens de dire. Tu expliques, en fait, que tu échappes à ce que ça signifie d’être une femme, c’est-à-dire d’être agressée. Ce qui est important, quand on parle avec des jeunes filles, des femmes qui sont comme toi, qui ont été dans le trouble, elles ont presque toutes le même parcours, en fait. L’agression nous range dans le camp des proies, et on a envie d’en sortir, en fait. Donc la fuite de la féminité, le mouvement transgenre, il joue quand même sur la détestation, non pas du fait d’être des femmes, mais la détestation d’être des proies, et d’être faibles, comme tu dis, “je voulais être forte”, comme si, par un coup de baguette magique, on pouvait changer qui on est, quoi. Donc ce que je veux dire par là, c’est que si, on peut la garder, cette partie..

Selim – Je n’ai aucun problème avec le fait qu’on le garde. Ce que j’ai dit, je l’ai dit donc voilà. 

RDG – Mais en tout cas, je vais te dire ce que… Moi, j’ai été agressée sexuellement enfante, très jeune et je pense que j’ai aussi eu une dysphorie, j’ai eu aussi des troubles du comportement alimentaire et des traumatismes, une amnésie traumatique, etc. Et le jour où je suis devenue vraiment forte, c’est le jour où je me suis rendu compte qu’en fait, ce n’était pas moi personnellement, que je n’étais coupable de rien, d’abord, mais aussi que les hommes le font parce qu’ils peuvent. Ils peuvent! Parce qu’on est des filles ou des femmes, et qu’ils le peuvent, et qu’il ne leur arrive rien. Et que si on ne s’unit pas, si on ne se bat pas, eh bien ça continuera. Donc voilà. Et c’est vrai que la réponse individuelle pour sauver, s’échapper à ça, c’est la transidentité. La réponse collective, c’est le féminisme.

Selim – Oui. Ça m’amène à un point que je voulais absolument défendre, plutôt dans les raisons philosophiques de rejeter le transactivisme, et le délire, en fait, transgenre et tout ça, c’est qu’en fait, ça repose sur un idéalisme, et ça propose une réponse identitaire et individualiste à des problèmes collectifs, à des problèmes politiques. Et quand on n’a pas le courage de faire de la politique, on explique aux gens que c’est à eux de s’adapter, en fait, de la même manière qu’on va expliquer à des ouvriers qu’il faut qu’ils s’adaptent, et qu’il faut qu’ils fassent des formations pour aller faire du travail complètement fractionné, qui n’a aucun sens. On explique aux gens : “Si vous vous sentez mal dans votre peau, c’est vous le problème, c’est parce que vous êtes né dans le mauvais corps.” Et c’est ce truc de “né dans le mauvais corps” qui est un non-sens absolu, puisque je suis moi, à partir du moment où je suis mon corps. Ça repose sur un dualisme que rien ne justifie dans la théorie. Ce n’est jamais expliqué. Dans toutes les théories queer, on ne nous explique pas en fait. Par exemple, quand Judith Butler parle du genre comme performance, alors c’est très bien, c’est une idée qui peut être novatrice et qui peut être progressiste, mais elle ne nous explique pas du tout pourquoi est-ce que ça justifie des transitions, le fait que le genre soit une performance? Enfin si le genre c’est un éventail, c’est un spectre, comme ils disent, pourquoi est-ce qu’il y a besoin de transitionner? Pourquoi est-ce qu’il y a besoin de dire “je suis une femme”, “je suis un un homme”, alors que ça contredit la réalité biologique? C’est ce qui me pose question.

RDG – C’est vrai que puisque c’est performatif “je suis un homme” ben alors pourquoi du coup tu veux changer ton corps?

Selim – Enfin il y a quelque chose de pas logique, de fondamentalement pas logique, dans le transactivisme, dans l’idéologie transgenre. En fait, le genre, moi je considère qu’à la base, tel qu’il a été formulé par un premier féminisme, c’était une notion parce qu’elle était constructiviste, parce que ça venait nous expliquer que il y avait des attentes, liées au au sexe, qui n’avaient rien de biologiques. C’était ça le moment progressiste et réellement révolutionnaire de la notion genre, c’est quand on nous explique qu’il y a des choses qu’on attend des femmes et des choses qu’on attend des hommes, qui n’ont pas de fondement biologique. Ça n’a pas de fondement biologique, donc c’est construit. Mais là, on se retrouve avec un une notion de genre où ça s’est complètement retourné, c’est-à-dire que c’est construit. Donc je peux le construire et le déconstruire comme je veux. Et donc, c’est mon corps qui va s’adapter à une idée. C’est mon corps qui va s’adapter à l’idéal féminin ou masculin que j’ai dans la tête. Soit dit en passant, quand on se projette dans une transition, moi pour l’avoir vécu avec la dysphorie que j’ai ressentie, il y a quand même quelque chose de marrant, c’est qu’on se projette toujours comme des super beaux gosses et des super belles meufs, quoi! On a toujours une image de, enfin on va devenir un homme grand athlétique, barraqué, ou une femme super féminine, élancée et aucune fille qui a ressenti de la dysphorie n’envie la calvitie ou la bedaine des hommes. Pourtant, ça fait partie de la masculinité, ça fait partie de la virilité, ça fait partie de ce qui attend un homme dans le cours de sa vie.

Sur ce point, les hommes transidentifiés, donc qui se considèrent, qui pensent être des femmes, il y a quelque chose d’un peu bizarre, parce que eux, ils arrivent à développer une espèce de fétichisation de tout ce qu’il y a de plus dommageable ou embêtant dans la condition féminine : les règles (bon, là ils ont carrément un problème avec ça)…

RDG –  Oui, mais ça c’est l’autogyophilie. L’autogynéphilie, c’est ça. oui, oui, on a des hommes qui se prétendent trans, parce qu’en fait, ils ont ils ont ce fétiche sexuel : ils fantasment les règles, même les avortements. Ils fantasment…

Selim – En fait, oui. J’ai entendu des hommes dire  “je rêverais d’être enceinte pour pouvoir avorter”. 

RDG – Voilà. L’allaitement, l’accouchement aussi. Il y a même des, on peut trouver sur Internet des bébés de taille quasiment réelle, qu’ils se mettent dans le rectum pour simuler des accouchements. Bref.

Selim – Ouais. si on nous dit que le genre n’a rien à voir avec l’orientation sexuelle, il faut nous expliquer ce genre de dérives, alors qui ont là, pour le pour le coup, rapport à un fétiche sexuel plus qu’à une question sur, enfin l’identité qu’on porte, voilà.

RDG – Alors revenons à ton parcours. Donc te voilà adolescente, je pense, et perturbée.

Selim – Ouais.

RDG – Et ensuite, que se passe-t-il?

Selim – Je continue ma petite vie en étant, comment dire… En ayant des relations principalement avec des garçons, mais en me déclarant lesbienne, parce qu’à ce moment-là, j’ai l’impression que c’est ce qui correspond le mieux à mon identité. Tout ça se calme un peu au lycée. Je renoue avec une forme de féminité, et je, c’est là où j’ai mes premiers copains, enfin,  ça se passe plutôt, plutôt normalement. Et c’est vraiment en arrivant à Paris, donc à l’âge adulte, où il y a tout ce que j’avais construit autour de l’identité lesbienne et du fait d’être attirée par les filles, qui revient. Mais qui revient sous la forme d’une d’un questionnement sur l’identité, d’un questionnement sur le genre. Et je fréquente des endroits, notamment un endroit célèbre à Paris qui n’est pas un bar lesbien, qui est un bar queer en fait, qui est un bar transgenre.

RDG – Tu parles de la Mutinerie?

Selim – Oui. Et là-bas, donc, je m’y sens très bien. Je rencontre plein de filles, j’ai plein d’aventures, je trouve ça merveilleux. Et puis, en fait, à force d’être en contact avec ce discours-là, ça plus ce que je vois et ce que je perçois sur les réseaux sociaux, je commence à que du contenu relatif à la transidentité et au transactivisme et c’est là où je vis une expérience pas très… enfin vraiment clairement une agression sexuelle en fait devant ce bar. Donc une personne qui se présente comme comme une femme, mais donc qui est un homme transidentifié. Pour situer, c’est un chauve avec une barbe et un corset quoi, qui m’empoigne le sein au motif que “c’est injuste que les miens soient si beaux alors que lui, il doit se faire opérer pour avoir les mêmes”.

Il n’y a pas de réaction de la part des autres personnes, tout le monde trouve ça marrant, génial.

C’est là où je où je me rends compte que c’est quand même des milieux où, parce qu’on parle beaucoup du corps, parce qu’on se fait opérer, parce qu’on fait des transitions, qu’on prend des hormones, tout ça, il y a une facilité à rentrer dans la sphère intime des uns et des autres, il y a une facilité à toucher, à palper le corps de quelqu’un avec qui on parle depuis 3 minutes, quoi, qui, moi, m’a toujours semblé assez étrange. Mais évidemment, bah je ne suis pas très fière, mais à ce moment-là je me dégonfle complètement. Je vois que je suis toute seule à trouver ça bizarre, et à avoir quelque chose à redire. Donc je ne dis rien, je ne fais pas de scandale. 

Mais ça, c’est le moment où la vapeur s’est renversée. 

Je me suis dit : “Non. Là, il y a un problème. Enfin un barbu… et oui, et puis qui me dit aussi : “Flemme de ressembler à une femme cis pour ces séances d’escorting”. Parce que c’est là où je me rends compte qu’ils sont tous, ils ont quand même une fâcheuse tendance à tous vouloir travailler dans l’industrie “pour adultes”, soit de la pornographie, soit de l’escort. Ça aussi, ça me pose question, à ce moment-là. Je me dis “C’est quand même très bizarre, ces hommes qui disent clairement que se prostituer, c’est la seule chose qu’ils ont trouvée pour vivre leur féminité.” En fait, on ne peut plus appeler ça du féminisme, à partir du moment où ce genre de propos sont tenus ça n’est plus du féminisme. Parce que le féminisme, excusez-moi, mais c’est quand même, à la base, l’idée de justement débarrasser les femmes d’un des fléaux qu’elles connaissent, à savoir la prostitution. C’est quand même ça à la base, et là on se retrouve avec des hommes qui trouvent ça génial de faire le trottoir ou de faire de l’escorting parce que ça leur fait vivre “une expérience féminine réelle”.

Ça, c’est une soirée qui m’a beaucoup marquée, qui a agi comme un antidote à toute la propagande queer que j’avais reçue auparavant, voilà.

RDG – D’accord. Et là à ce moment-là, tu te mets à avoir une une posture plus critique.

Selim – Je commence à remettre en cause des certitudes telles que “Les femmes trans sont des femmes”, que la transition permet de sauver des vies. En fait, je me rends compte que, face à ce genre de profil, par exemple lors de cette soirée, je me suis sentie comme une femme agressée. 

Et là, il n’y a plus de doute sur le fait que je suis une femme, et que ce n’est pas grave, en fait. Je n’ai pas à m’excuser, c’est un état de fait, et qu’en fait je n’ai pas besoin de toute leur propagande, je n’ai pas besoin de ce délire-là pour réussir à atteindre une forme de vérité de ce que je serais, enfin, ça n’a pas de sens. Ça se fait de manière tout aussi soudaine, c’est aussi soudain qu’au moment où je suis rentrée dedans, quoi. C’est vraiment cet aspect de, c’est quand même des gens qui ont l’impression d’avoir la la vérité révélée. Pour eux, avec toute une novlangue évidemment.

Moi, je ne supporte pas, par exemple qu’on dise que je suis une femme cis. Je suis une femme tout court. Cis de rien du tout.

Évidemment que si on invente tout un jargon, mais toutes les sectes font ça, toutes les sectes sont capable de produire ce genre de novlangue qui enferme les gens, parce qu’une fois qu’on possède le bon vocabulaire, on est super content, on peut aller faire la leçon à tout le monde, c’est un peu facile. Pour l’avoir vécu moi-même,  je sais que la dysphorie peut être une souffrance, EST une souffrance. Je ne minimise pas du tout ce que vivent les personnes dites trans, mais je suis persuadée que transitionner, ce n’est pas la solution, que ça ne règle pas le problème. Ça ne règle pas plus le problème que la chirurgie esthétique tout court, en fait. Quand on n’est pas bien avec soi-même, et qu’on va aller se faire refaire, que sais-je, le nez, la bouche, les seins, bon d’accord, super. Enfin, à la fin, on est toujours déprimé, quoi. Ça n’a pas changé. Pour moi, c’est un peu pareil, sauf que là, ça va beaucoup plus loin, parce qu’on parle quand même de mutilations, on parle d’organes génitaux qui n’en sont plus, qui fonctionnent à moitié. Ça peut être très compliqué pour avoir des enfants, mais ça encore, libre à chacun d’en vouloir ou pas, ça agit comme un filtre, où on est persuadé d’avoir raison. Moi, je veux bien que n’importe quel courant de pensée invente, enfin je fais de la philosophie, je sais bien comment ça fonctionne : on invente des concepts, on met des mots sur des réalités, sur des phénomènes, on les fait apparaître, et c’est comme ça qu’on s’en empare. Il n’y a pas de souci avec ça. Le problème, c’est que je ne pense pas que ça fasse du bien aux gens. La preuve, si c’était si ouvert que ça, et si c’était un mouvement si progressiste et si libéral que ce qu’ils disent, ils n’auraient aucun mal à présenter les parcours de détransition. Or les parcours de détransition sont un véritable tabou, il ne faut pas en parler, ça n’existe pas. Alors qu’on sait qu’il y en a de plus en plus, comme dans une secte. On ne parle pas de ceux qui se sont échappés. 

RDG – Oui. En fait, c’est même pire que ça. C’est-à-dire que les personnes qui détransitionnent, elles n’ont pas d’accompagnement médical digne de ce nom aujourd’hui. Sur le plan social, elles perdent tous leurs amis. On a parfois des personnes qui se retrouvent sans hormones naturelles et sans hormones artificielles dans la nature, sans soin, et c’est dramatique, évidemment. En termes de santé, c’est juste inhumain, de de dire : “Bon bah tu t’es trompé, tant pis pour ta gueule, tu n’étais pas vraiment trans. Tant pis, va crever.”

Selim – Oui parce qu’il n’y a aucune logique, en fait. Parce que soit on prend les cas de détransition comme la preuve qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans cette idéologie-là, soit on dit “les personnes sont capables de se tromper, c’est-à-dire qu’elles peuvent ressentir de la dysphorie, mais ne pas vraiment être trans”. 

Mais dans ce cas-là, ça ne veut plus rien dire du tout. 

Soit ça marche, soit ça ne marche pas. Enfin moi, évidemment, je n’ai rien contre le fait de jouer avec les limites du genre, si le queer ça veut dire “renverser les normes de genre”, tout ça, il n’y a pas de souci pour moi. 

Le problème c’est d’aller jusqu’au bout du raisonnement : les constructions de genre sont des constructions sociales. Dans ce cas-là, ça n’a rien à voir avec le corps. Laissez le corps tranquille.

RDG – C’est ça! Et surtout, ça ne veut pas dire que si tu aimes, tu adores te faire violenter, ça ne veut pas dire que tu es une femme, en fait. Non.

Selim – Et puis, mais même eux, en fait, quand on entend les parcours de transition, même eux ils s’emmêlent les pinceaux. Parce qu’à chaque fois, c’est compliqué, on leur demande : “Alors, qu’est-ce qui fait que tu es une personne trans? Qu’est-ce qui a déclenché ta transition?” 

C’est un garçon qui dit : “Quand j’étais petit garçon, j’aimais jouer à la Barbie, c’est là où je me suis rendu compte que j’étais une fille.”

Bah oui. Mais c’est contradictoire avec le féminisme alors. Dans ce cas-là, ça n’a aucun rapport avec le féminisme, il faut bien faire la séparation entre les deux. 

Après, c’est peut-être parce que je fais de la philo, mais je trouve que c’est conceptuellement que ça ça tient pas la route, surtout. Voilà 

RDG – C’est AUSSI conceptuellement que ça ne tient pas la route!

D’accord. Donc, du coup, énorme malaise, et tu es devenue donc beaucoup plus critique. Et aujourd’hui, tu en es où ?

Selim – Et bien aujourd’hui, je suis une femme bisexuelle, classique, assez heureuse. Ce n’est rien de très…

RDG – J’adore entendre le terme “bisexuelle” avec l’adjectif “classique” à côté, ça montre vraiment que notre société a progressé.

Selim – C’est-à-dire que, je suis actuellement, en plus, en couple avec un garçon, donc dans une relation hétéropatriarcale, mais qui se passe très bien, et donc tout va bien. Mais c’est vrai que je suis, la position où je tiens, ah là, pour le coup, au niveau de mon entourage, il vaut mieux pas qu’on parle de féminisme.

Quand je ressentais de la dysphorie, c’était… après, je ne leur en veux pas, ils croyaient bien faire, ils étaient tous… euh sauf un, sauf une personne qui m’a dit dès le début que c’était n’importe quoi, et du coup, qui est passé pour le facho de service, mais qui, en fait, avait raison. Mais les autres, qui ont très bien accueilli ma adysphorie et ma transition sociale, aujourd’hui, même dans les discussions, c’est un tabou, en fait. On ne va pas parler de féminisme avec elle, parce que ça va partir loin, quoi.

RDG –  Mais du coup, ça m’intéresse vraiment. En te mettant dans la peau de cette jeune fille, quelle était la bonne attitude dans ton entourage? Parce que tu dis qu’il y a eu une personne, qui est passée pour le facho de service, mais finalement il disait la vérité, et aujourd’hui, finalement, tu lui es peut-être reconnaissante, qu’il ait résisté et de l’autre côté tu as tous ceux qui, voulant t’aider, sont allés dans ton sens. Qu’est-ce qu’il fallait faire à l’époque?

Selim – C’est une bonne question. Déjà, si je devais me poser la question, de, moi j’ai un ami ou une personne que je connais qui m’annonce sa transition sociale, qu’est-ce que je fais? Déjà, si j’ai une fille en face de moi, je lui parle de féminisme radical, parce que moi, ça m’a sauvée, littéralement. Ça m’a remis le cerveau à l’endroit, ça a été radical. Donc je parle de ça, je lui explique qu’en fait, elle n’a pas à se détester, et qu’un mouvement qui repose sur le fait de détester son corps, et qui construit toute une idéologie autour de ça, c’est un mouvement malsain déjà. Et par contre, si c’est un garçon, je ne saurais pas, je ne saurais pas quoi dire, je pense.

Je ne sais pas pourquoi au moins il y a un deux poids, deux mesures, face à un garçon transidentifié? Bah on va rentrer dans le vif du sujet, à savoir les hommes dans des luttes de femmes, et la place qu’on doit leur accorder, comment recevoir leur parole. Je pense que il faut dépasser l’agacement d’avoir un mec qui dit comme ça “ je suis une femme, moi aussi.” J’ai déjà essayé de discuter de ça. C’était après ma période de dysphorie en,  justement prenant mon propre cas comme exemple, pour discuter, pour mettre carte sur table. Ça ne c’est pas du tout bien passé. On m’a dit : “ah oui, mais toi tu es comme Marguerite Stern, tu es une facho.” J’ai fait “ok, bon, on ne peut pas discuter.” Donc avec une fille, ça serait plus simple qu’avec un garçon, je pense.

RDG – Oui, ça tient aussi au fait que notre expérience, elle est quand même sexuée. Et clairement, quand on regarde les statistiques, c’est vrai qu’aujourd’hui, dans les jeunes qui transitionnent, c’est quasiment que des filles, enfin au moins 80 % de filles. Les hommes qui transitionnent, c’est des adultes, voire des vieux. Donc ce n’est pas du tout la même chose. alors c’est vrai qu’un un adolescent qui transitionne il faut effectivement se poser des questions comme celle qu’on a abordé en début, la question des violences sexuelles subies, ou de l’homophobie intériorisée, aussi, comme, finalement, tu l’as assez bien expliqué.

Là, on peut passer à la question suivante, peut-être, si tu veux?

Selim –  oui.

RDG – Alors, justement, la question maintenant c’est : “En quoi cette idéologie, parce qu’il faut bien appeler les choses par leur nom, c’est une idéologie, sectaire en plus, pourquoi est-ce que c’est une menace pour les femmes, pour les enfants, pour la société, pour la pensée, pour la démocratie?”

Selim – Je vais parler de depuis mon expérience comme je fais depuis tout à l’heure, sans entrer dans des grandes généralités, et des discours politiques pontifiants. Je veux juste dire que j’ai l’expérience de, à quel point ça peut faire du mal, parce que ça enferme, ça isole. Parce qu’on est obligée, ensuite, de n’être qu’avec des gens qui sont d’accord avec cette idéologie-là, pour que ça fonctionne, sinon l’édifice s’écroule. Donc c’est une idéologie qui est, en plus, dangereuse, parce que ça s’attaque aux enfants. Et quand on s’attaque aux enfants, c’est très facile de faire faire n’importe quoi à un enfant, de lui faire croire qu’il a besoin de transitionner. La pensée de la transidentité, c’est une pensée identitaire, c’est une pensée qui propose à l’individu de s’adapter, et qui propose de se renfermer sur soi, en fait. De trouver en soi les forces, c’est l’inverse de la force d’ailleurs, c’est la faiblesse de vouloir s’adapter à tout prix, là où le féminisme est un mouvement collectif qui cherche des solutions structurelles, enfin plutôt des solutions politiques à des problèmes structurels. Et donc pour moi, c’est ça le gros désavantage, enfin le gros problème avec la pensée transactiviste, c’est que c’est une pensée, oui comme j’ai dit, identitaire. 

Et puis même si on va sur la sur la non-binarité, par exemple : la non-binarité, je trouve que c’est un concept intéressant. Mais en fait, la non-binarité ce n’est pas une qualité des individus, ce n’est pas une une qualité individuelle, c’est un but. Ce n’est pas les gens qui sont non-binaires. Il n’y a pas des non-binaires et des binaires! 

Moi, je ne suis pas binaire. Je suis une femme, c’est tout. Ça s’arrête là. Personne n’est binaire. Personne ne correspond à 100 % aux stéréotypes de genre qui correspond à son sexe, ça n’existe pas, ça! Heureusement. Et en fait, la non-binarité, c’est un horizon.

C’est le monde qu’on doit rendre non binaire mais ce n’est pas les gens. Il y a une binarité de la reproduction et de la sexualité humaine et on veut, en tant que féministes, notre but c’est de faire en sorte que ça n’ait pas d’impact sur le développement des qualités individuelles et collectives, et l’organisation collective, que ça n’ait plus d’impact sur l’organisation sociale et politique. Donc on veut rendre le monde non-binaire, voilà.

RDG – En tant que féministe radicale, je dirai que notre objectif, c’est d’abolir le genre tout simplement en fait.

Selim – Oui oui, on peut aller jusque là. Mais justement, dans le transactivisme, ils entretiennent quand même un flou sur ces questions-là. C’est-à-dire qu’ils vont faire comme s’ils avaient les mêmes buts. Alors au début, c’est très séduisant, parce qu’on se dit, en plus d’avoir les mêmes buts, ils ont l’air d’avoir trouvé la solution. Parce qu’ils ont tout un vocabulaire, comme je disais tout à l’heure, ils ont toute une armature conceptuelle – assez faible en réalité, mais on a l’impression qu’ils vivent déjà, eux, l’utopie que nous, on aimerait voir advenir -… 

RDG – Comme le merveilleux “agenre”, le genre “agenre”, qui semble ultra séduisant, mais derrière, il y a des des chirurgies de nullification corporelle, en fait, pour ne pas avoir de genre, et donc pas de sexe. puisque c’est ton genre qui va déterminer ton sexe.

Selim – Le problème fondamental, c’est que c’est une pensée de l’adéquation, c’est une pensée qui veut rendre adéquats le corps et l’esprit. Et rendre adéquats le corps et l’esprit, mais qu’on le fasse en allant se faire charcuter parce qu’on est, on se pense trans, ou qu’on le fasse parce qu’on est un fasciste patriarcal qui explique aux femmes qu’elles doivent se comporter de telle façon parce que ce sont des femmes, ça revient au même. C’est une pensée de l’adéquation dans les deux cas. On explique que le genre, le comportement d’une personne, doit correspondre à son sexe. Et les, la transidentité dit : “On va faire correspondre le sexe au comportement, ou à ce que je ressens, ou à ce que je pense être mon genre”. C’est les deux faces d’une même pièce, et on n’est pas du tout sorties d’affaire avec ça, quoi. Voilà. 

RDG – Heureusement il y a, comme dirait mon amie, il y a la féminisme radicale.

Selim – Ouais. Il y a une espèce de, dans certains milieux, dans certains milieux de gauche progressiste, on va dire, il y a une promotion sociale à avoir ce genre de révélation. Et on va être tout de suite choyée. Alors je ne nie pas qu’une dysphorie de genre vécue dans d’autres endroits, peut être catastrophique au niveau de l’entourage. Je dis, moi, ce que j’ai vécu.C’est plutôt la dysphorie de genre qui se transforme en euphorie tout de suite, parce que tout le monde trouve ça génial. Tout le monde veut, est aux petits soins. Tout le monde veut comprendre, fait bien attention. “Comment je dois te genrer? Comment je dois t’appeler?” 

Donc oui, j’ai… Ça a plutôt été bien accueilli.

RDG – Oui. Il y a une sorte de bénéfice social, en fait, quand tu, oui, quand tu révèles.

Ça fait penser aux “gender reveal”, les trucs pour révéler le le sexe de l’enfant.

Selim – C’est ça.

RDG – On fait une fête pour dire “wouah”! Les amis, ils en profitent aussi parce que “Moi je suis une bonne personne, regarde comme je la traite bien : j’utilise les bons…”

Selim – Oui. oui, oui. Il y a, il y a ce, il y a ce type de relation qui se noue après. Ça crée des relations complètement fake. Et en fait, moi je n’ai pas aimé ce milieu-là. Je n’ai pas aimé le type de relations qu’on y trouve…

RDG – Très superficielles, en fait.

Selim – Oui, très superficielles,  très dans la bien-pensance. En fait, c’est comme si, à chaque fois qu’on parlait, l’autre nous répondait : “Je te valide.” Que c’était ça, la discussion, c’est : je raconte un truc, et l’autre me répond “Mais je te valide. Mais tu as raison de ressentir ce que tu ressens.” Oui, d’accord. Enfin, on peut discuter normalement, aussi. On peut parler sans se surcomplimenter toutes les 3 minutes. 

RDG – C’est vrai. Ça, c’est un travers qu’on a aussi dans notre société, c’est cette espèce de subjectivité qui te donne des droits supérieurs, tu vois : “En tant que personne racisée…”  Quand tu commences ta phrase comme ça, tu es sûre que tu as toutes les oreilles qui sont ouvertes, et les bouches seront fermées après, à la fin de ta phrase.

Selim – Alors qu’on peut dire des grosses conneries en étant concerné hein.

RDG – Oui oui, alors là, pour le coup, oui, effectivement. Souvent, c’est même suivi d’énormités, parce que si tu as besoin de sortir ton Joker en début de phrase pour faire valider la fin de ta phrase, disons que ce n’est pas une garantie de solidité de ton raisonnement. Mais bon voilà et je pense que pour la transidentité c’est un peu la même chose, c’est aussi une façon de gagner des points bonus, pour la vie sociale quoi.

Selim -Ouais. Dans certains milieux, évidemment. C’est très gênant de se rendre compte de ça, et peu oseront le dire, mais tous le vivent.

RDG – Par contre, il y a un truc, vraiment, si tu veux annuler tous tes points bonus, tu démarres ta phrase par : “en tant que féministe”. Et là, je te le garantis, tu perds tout, tu annules tout.

Selim – Ah oui. Les mecs, ça ne les intéresse pas. Les filles, on n’a jamais le même féminisme que la copine de toute façon, donc on est toujours un peu seule. 

RDG – Bref, pour dire que ça manque un peu de rigueur, tout ça. On va passer à la question suivante : qu’est-ce qui t’as décidée à témoigner aujourd’hui, et est-ce que tu te sens parfaitement en sécurité pour pouvoir témoigner, ou pas?

Selim – Alors oui, le pseudo, c’est une bonne chose, parce que dans le milieu dans lequel j’évolue, vaut mieux pas que ça sache que j’ai ce genre de position, voilà. 

Et pourquoi je veux témoigner? Parce que, pour mettre un terme aussi à toute cette période. C’est un bon épilogue.

RDG – Eh bien c’est super, parce que c’est un épilogue qui rend service, en plus. Qui rend service à toutes celles qui t’écoutent aujourd’hui, qui se disent : “ah, moi aussi.”

Est-ce que tu as lu Judith Butler, toi?

Selim – Oui, j’ai lu ça en prépa.

RDG – Mon dieu. Et qu’est-ce que tu en as pensé?

Selim – Au début, j’ai trouvé ça, j’ai trouvé ça génial. Et puis, en fait, elle ne dit rien. C’est du vent, en fait. 

RDG – C’est-à-dire qu’une fois que tu as tout mis, toutes ses idées dans un tamis, tu secoues… Il reste plus rien à la fin?

Selim – Bah pas grand-chose, non. Il ne reste pas grand-chose. C’est un féminisme inconséquent, qui n’aide pas la lutte, je trouve, parce qu’il est identitaire et il se veut social et matérialiste, mais il ne l’est pas du tout, parce qu’il manque une pensée du collectif chez Judith Butler, voilà.

RDG – D’accord, on est purement dans de l’ultralibéralisme appliqué à son propre vécu.

Selim – Je ne dirais pas de l’ultra… Bah en fait, euh, je sais qu’elle détesterait qu’on dise ça sur son travail. Mais elle a une vision, oui, libérale de l’identité, en fait. En fait, c’est “entreprends ta performance de genre, entreprends ton genre, quoi”.

RDG – Mais qu’est-ce que c’est d’autre que du libéralisme?” 

Selim – Mais ouais. Mais c’est parce qu’elle passe encore pour une autrice progressiste. Mais en fait, c’est ce que la gauche a fait de pire. Et c’est là où elle ressemble le plus à la droite, quoi. C’est dans le libéralisme qui n’a pas d’assise très sérieuse.

RDG – D’accord. Est-ce que tu as quelque chose à ajouter?

Selim – Je voudrais terminer sur l’idée que là, le travail qu’on fait, le temps qu’on prend à faire un podcast, à s’entretenir sur ces questions-là, ça montre encore à quel point toute la charge d’empathie dans cette société nous échoit. C’est encore à nous de faire le travail, parce que les hommes ne se posent jamais ce genre de question. Sur eux-mêmes, sur la légitimité qu’ils ont à embrasser telle ou telle idéologie. 

Et pour les féministes, je pense que la plupart sont féministes, qui pourraient m’écouter, toujours se souvenir qu’il n’y a qu’aux femmes qu’on demande d’inclure toute la misère du monde dans leur lutte, et qu’il n’y a aucune autre lutte qui fait ça, et donc, faut peut-être arrêter d’être des éponges à misère masculine. Voilà.

RDG – Haha, elle est parfaite ta conclusion, j’adore. J’adore. J’ai jamais eu cette conclusion-là. mais vraiment je il faut arrêter quoi on n’est pas on n’est pas là pour recycler les les problèmes des hommes, quoi.

Selim – Et puis moi, je me permets de faire le lien avec une autre lutte qui m’est chère, l’antiracisme et le décolonialisme, parce que je suis issue de l’immigration. 

Mais en fait, il y a quelque chose, par exemple, dans le décolonialisme qui m’énerve, c’est quand j’ai l’impression que toutes les bonnes femmes qui prennent la parole sur ce sujet-là, en fait, c’est des bonnes fifilles à leur papa qui viennent au secours de papa, papi, tonton, le frère…

RDG – Dis donc, tu n’aurais pas trop lu Valérie Solanas, toi?

Selim – Mais non! Non non, mais vraiment, pour le coup c’est, c’est vraiment ça, quoi!

RDG – Il n’y a pas très longtemps, il y a une fille qui m’a dit ça, qui m’a dit que, par rapport au fait que, moi en tant que féministe, je ne me sentais pas tenue d’aller manifester par rapport à Nahel. Enfin voilà, c’est tout :  je n’avais pas d’énergie à consacrer à ça. Et en fait, elle m’a fait toute une tirade sur le fait que, oui mais elle se sent plus “homme racisé” que “femme”.

Selim – Après, moi, j’y suis allée pour Naël, parce que je trouve que c’est injuste, ce qui lui est arrivé, et ça n’empêche pas ma compassion.

RDG – Je ne suis pas du tout en train te dire qu’il ne faut pas y aller. Je suis en train de te dire, en tant que féministe, que  je peux encore choisir. Moi j’irais plutôt si c’était une femme, tu vois? 

Selim – Mais en fait, on a, on a un problème, du coup, on a un gros problème de fracturation des luttes, quoi. Et en fait, à chaque fois que les féministes se greffent sur une lutte, elles se font bouffer. Les intérêts des femmes, les intérêts particuliers des femmes, comptent pour du beurre, et on finit par ne plus du tout en entendre parler. Il n’y a plus rien qui…

RDG – J’ai eu la chance de rencontrer Chimamanda Ngozi Adichie, au mois de juillet. C’est une une écrivaine nigériane, qui est remarquable et très féministe. Et la question, on lui a posée justement : “Qu’est-ce qu’elle priorisait comme lutte, si elle devait prioriser une lutte entre l’antiracisme et le féminisme?” Elle a été très claire. Elle a dit : “Non, mais de toute façon, il y a un groupe qui est universellement dominé partout dans le monde, dans toutes les sociétés : ce sont les femmes. Et tant qu’on n’aura pas réglé cette question-là, on ne pourra pas régler les autres.” Alors là, franchement, moi je m’attendais quand même à ce qu’elle ait un peu une, tu sais, une posture très intersectionnelle. Même, elle avait quand même ça, bien sûr, elle le disait. Mais elle a quand même répondu en tant qu’universaliste, en disant… “Oui mais quand même, partout, il n’y a pas une société où on marche pas sur les femmes en fait!”

Selim – Eh oui. 

RDG – Merci d’avoir écouté notre parole, et n’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible.

S’il vous plaît, signez la Déclaration des Droits des Femmes basés sur le sexe :  

womensdeclaration.com 

Rebelles du genre – Épisode 85 – Florence

Florence – Bonjour, moi, je m’appelle Florence, j’ai 26 ans, j’habite au Québec au Canada. Je suis féministe radicale, je suis anticapitaliste, je suis bisexuelle ; en ce moment, mon emploi, je travaille dans une épicerie, c’est-à-dire un supermarché, je suis commis d’entrepôt la nuit, donc c’est ce que je fais comme emploi depuis quelques mois. Et puis, je suis amie, aussi, depuis plusieurs années avec une personne trans, donc voilà. 

Donc moi, dans le fond, j’ai toujours été critique du genre et puis j’ai toujours été féministe radicale, je vais expliquer ça : dans le fond, moi, j’ai grandi avec mes parents séparés mais je vivais principalement chez ma mère. Et puis, elle ma mère, elle m’a toujours sensibilisée au féministes et puis aux injustices en général dans le monde, elle m’a jamais parlé du mot féministe en tant que tel mais elle me parlait beaucoup de ce que les femmes vivent. Et puis il y a une phrase qu’elle me répétait souvent quand j’étais jeune, ça, ça m’a marqué là : elle me répétait souvent : “Florence, il y a quatre choses qui dominent le monde  c’est l’argent, le sexe, les hommes et puis le pouvoir, c’est ça qui domine le monde”. Et puis, je me suis rendue compte avec le temps que malheureusement elle avait raison ; et puis, aujourd’hui, même j’ajouterais que c’est comme un peu relié ces trucs là ; et puis, c’est ça, elle me parlait des femmes qui sont excisées dans certains pays, elle me parlait des femmes dans certains pays qui sont contraites de porter le voile, elle me parlait des viols, de l’inceste … mais tu sais elle attendait quand même que je sois assez grande pour me parler de tout ça, elle ne me faisait pas peur avec ces choses-là non plus mais tu sais, c’était pour me faire prendre conscience de ça. Et puis elle m’a même fait écouter un film, quand j’étais adolescente, c’est comme une mini-série qu’ils ont condensée pour en faire un film, ça s’appelle “trafic humain” mais je pense qu’en France, ils l’ont traduit pour “trafic d’innocence”, et puis, il y a plein d’acteurs québécois dedans, c’est réalisé par Christian Duguay, et puis, c’est vraiment bon là ; dans le fond,  ça parle du trafic humain et puis, comment les jeunes filles et puis, les jeunes femmes sont embarquées dans ces réseaux-là, c’était pour me conscientiser là-dessus. C’est que c’est ça, j’ai toujours été consciente des violences que les femmes subissaient par les hommes. C’était même, quand j’étais jeune, quand j’écoutais des clips de musique, on voyait toujours les femmes qui étaient toujours hyper sexualisées là, et puis les hommes eux ils étaient habillés de la tête aux pied, les femmes étaient comme à moitié déshabillées, ça m’a toujours choquée et puis souvent en plus, les paroles de la musique ont même pas rapport avec la sexualité mais on voit les les femmes à moitié déshabillées en tout cas. Et puis, la pornographie ça on en parlera même pas là, ça m’a toujours vraiment beaucoup choquée et puis dérangée tout ce que j’ai vu par rapport à ça là, donc c’est ça ; mais mon père, lui, par contre, lui il m’a élevée dans la religion chrétienne protestante, c’était une branche du protestantisme. J’allais pas souvent chez lui, mais quand j’allais chez lui, il me parlait beaucoup de religion et puis la première fois qu’il m’en a parlé j’avais peut-être 4-5 ans, il m’a tout de suite parlé de l’Enfer et puis du Paradis. Moi, l’Enfer; ça m’a vraiment terrorisée là, ça m’a traumatisée et puis même encore aujourd’hui, ça me fait encore un peu peur là, à quel point c’est dur de se défaire de quelque chose quand ça te rendre dans tête quand tu es enfant là. Même si j’allais très peu chez mon père et puis que ma mère elle, était anti religion, elle ne croyait pas à ça du tout et puis même, qu’elle ne m’encourageait pas à croire à ça, mais comme ça j’étais croyante et puis je pratiquais parce qu’il faut le dire là, j’étais traumatisée par l’Enfer. Donc c’est ça, j’ai grandi dans la chrétieneté tout en restant critique du genre et puis des rôles homme/femme et puis, tout en restant consciente des violences que les femmes subissent ; mais là, plus que je grandissais, de plus en plus, je trouvais que dans la Bible, il y avait des contradictions, il y avait des passages sexistes voire misogynes, par exemple tu sais ça dit que les femmes, quand elles sont menstruées, sont impures et puis qu’elles peuvent pas dormir dans le même lit que leur mari parce qu’elles sont impures, et puis que la femme elle doit se couvrir la tête pour prier mais que l’homme il n’y a pas de besoin, et puis que l’homme est la gloire de Dieu mais que la femme est la gloire de l’homme, ces passages là. Et puis, en pensant je vais juste faire une parenthèse tout suite là, je ne veux pas critiquer la foi ici parce que c’est si vous croyez en Dieu je n’ai pas de problème avec ça, moi, c’est vraiment les religions ici que je veux critiquer et puis vous allez comprendre plus tard pourquoi je parle de ça.

RDG – je pense qu’on est complètement capable de faire la distinction entre critiquer un dogme et critiquer la foi des personnes ; je pense que ce n’est pas un problème du tout.

Florence – Je tiens quand même à le préciser parce que je sais que des fois ça peut être un sujet un peu sensible, mais bon mais je suis d’accord. Je questionnais mon père sur ces passages là et puis là, quand je questionnais, il répondait des trucs du genre :  “ah ben là, on ne peut pas comprendre c’est comme ça. Tu sais, Dieu, il a une compréhension que nous les humains on ne peut pas avoir, on peut pas comprendre et puis c’est comme ça”. Mais, tu sais, je voyais bien que ça le mettait mal à l’aise et puis qu’il ne savait comme pas quoi dire, et puis qu’il n’avait comme pas d’argument et puis là, moi, j’étais comme : Dieu, il a voulu que ça soit écrit dans la Bible, pourquoi Dieu, il nous aurait créé, tu sais, avec un système reproductif comme ça pour après dire qu’on est impures. En tout cas, je ne comprenais pas là. Un moment déclencheur dans ma vie, rendue au secondaire, je pense qu’en France c’est le lycée, c’est ça hein ? Dans un de mes cours, on apprenait les sophismes. Dans les sophismes, il y a les, ça s’appelle le faux dilemme ; le faux dilemme, je vais vous expliquer ce que c’est : dans le fond, c’est quand quelqu’un présente deux options possibles à quelqu’un d’autre, alors que techniquement il y a plus que deux options possibles, mais il en présente juste deux ;  et puis, il y a une de ces deux options qui est tellement indésirable par rapport à l’autre que la personne elle n’a comme pas le choix de prendre l’autre option ; c’est comme un faux choix que tu imposes à quelqu’un. Par exemple, un parent qui dit à son enfant : “soit tu vas aller à l’université et puis si tu vas à l’université, tu vas avoir une belle vie, tu vas avoir une vie stable, tu vas avoir du succès, tu vas être heureux ou sinon tu ne vas pas à l’université mais tu vas avoir en gros une vie de merde, tu ne vas pas avoir une vie stable et puis tu vas être malheureux puis voilà” ; C’est comme un faux choix que tu imposes à quelqu’un et puis la plupart du temps, pas toujours mais la plupart du temps, quand les gens emploient le faux dilemme, c’est une forme de manipulation, c’est dans le but de manipuler quelqu’un. Et puis là, dans ce cours là, j’ai vraiment eu une révélation mais vraiment une révélation, je me suis dit : “ ok, mais là ça veut dire que la plupart des religions sont carrément des faux dilemmes, tu ne peux pas avoir plus faux dilemme que ça !” Je vais prendre exemple sur ma religion à moi, tu as le choix d’accepter Jésus-Christ comme ton Seigneur et Sauveur et de suivre ce qu’il y a dans la Bible et tout et de suivre une vie de chrétienté ou sinon tu vas en Enfer pour l’éternité. Moi, je trouve que c’est vraiment à partir de ce moment-là que j’ai compris que la plupart des religions sont non seulement sexistes mais qu’en plus elles s’appuyaient sur la peur pour contrôler les gens. Et puis à partir de ce moment-là, j’ai senti un énorme poids s’enlever de mes épaules, je ne peux même pas vous dire à quel point j’ai senti un poids s’enlever de mes épaules. Peu de temps après ça, j’ai fait mon coming out bisexuel. Et puis durant mon secondaire, donc mon lycée, j’ai grandi dans un stock d’ami.es LGBT, dans mon temps, on ne disait pas LGBTQI 2 plus … je ne sais même plus comment on dit maintenant ! Dans mon temps, on disait juste LGBT et puis c’est parce que toutes mes ami.es étaient soit gay, lesbienne, bi et  puis moi aussi, j’étais bi. Mais, par exemple, je ne connaissais personne de trans par contre, je savais que ça existait des personnes trans, je savais qu’il y avait des personnes qui souffraient d’être né.es homme ou femme et qui voulaient changer de sexe mais tu sais, je n’en savais pas plus que ça. Et puis là, un jour, j’entends parler du “scandale”, je mets ça entre guillemets, de JK Rowling et puis là, il y a une de mes amies qui “capotait” là, je sais pas comment je pourrais traduire ça, au Québec on dit ça “capoter”, mais elle s’énervait, mon amie était vraiment indignée et puis elle s’énervait et puis elle était comme : “oh mon dieu, JK rowling est transphobe, ça n’a pas de bon sens, elle est transphobe”. Moi, j’étais comme : “ah ouais !”,  j’étais comme d’accord avec mon amie mais, tu sais, sans savoir ce que JK Rowling avait dit ; et puis je pense qu’il y a beaucoup de gens qui ont fait ça aussi, qui ont juste assumé que c’était vrai que JK Rowling était transphobe alors qu’ils n’ont pas vraiment vérifié ce qu’elle avait dit ; parce que dans ce temps-là, les questions de trans et tout ça, ce n’était pas un sujet qui me touchais plus que ça parce que je n’en connaissais pas, c’est pour ça que je n’ai pas cherché à vérifier ce que JK Rowling avait dit mais j’étais d’accord, j’étais comme : “ah oui, transphobe” ; moi aussi j’étais un peu choquée mais parce que dans ma tête, j’étais dans un groupe LGBT ce qui fait que les trans faisaient partie de notre communauté, ce qui fait qu’on était ensemble, c’est ça. Et puis là, plus tard, je vais à l’université, plus tard je rencontre quelqu’un vraiment d’extraordinaire, on s’est tout de suite liées d’amitié, c’est une personne hyper importante pour moi, c’est mon amie trans que j’ai mentionnée au début ; donc c’est ça, je l’ai rencontré plus tard à ce moment-là. Et puis là, un peu plus tard, j’ai découvert Antastésia, je pense qu’il y a beaucoup de femmes qui la connaissent parce que je sais qu’il y a beaucoup de femmes qui en ont parlé. C’est une youtubeuse féministe, quand j’ai découvert ces vidéos ça a vraiment mis un énorme baume sur mon cœur parce que je ne sais pas comment expliquer mais je me suis vraiment senti moins seule à partir de ce moment-là, parce que moi et puis elle, on est presque la même opinion sur tout, ça a toujours été rare que des gens de mon entourage partagent les mêmes opinions que moi, ça fait que je me suis vraiment sentie moins seule à partir de ce moment-là. Merci beaucoup Emmie si tu passes par ici, tu m’as beaucoup aidée ! C’est ça, la première vidéo que j’ai vu d’elle, c’est  une vidéo qui parlait de la prostitution et puis à partir de là, j’ai écouté beaucoup de ces vidéos et puis de plus en plus j’ai découvert ce qu’est le patriarcat, et puis, comment le genre servait non seulement à oppresser les femmes mais que rien dans le genre n’est laissé au hasard, c’est-à-dire que tous les stéréotypes associés au genre masculin ou féminin ont tous un but, c’est que les femmes soient soumises aux hommes, en gros. Mais nous les femmes on est tellement conditionné qu’on ne voit même plus que ce sont des oppressions, c’est ça. La première fois que je me suis un peu posé des questions, si je peux dire, parce que moi, j’écoutais énormément une émission qui s’appelle “RuPaul Drag Race”, c’est une émission de drag queen très populaire en Amérique du Nord et puis ce sont des drag queen, ce n’est c’est pas comme des personnes trans parce que, tu sais, ils prennent un personnage féminin et puis, tu sais, la fin de la journée ils enlèvent leur “accoutrement féminin” entre guillemets et puis, tu sais, ils vivent leur vie d’hommes  mais je me suis quand même un peu posé des questions quand j’écoutais ça, mais tu sais au début, je voyais ça comme progressiste, je trouvais ça …  en fait j’adorais ça, je tripais là-dessus et puis là j’étais comme : “ah tu sais des hommes qui s’habillent comme ils veulent sans se faire juger, tu sais, c’est cool” ;  mais là, à moment donné, je me suis posé la question, je me suis dit : “ pourquoi on entend jamais parler des drag king ? C’est-à-dire des femmes qui prennent le personnage d’homme, des femmes qui s’habillent entre guillemets “en homme”. Pourquoi il n’ y en a pas ou presque ? Parce que moi, je n’en connais pas et puis je connais, moi personnellement, je ne connais pas d’émissions de drag king ; il y en a peut-être mais je n’en connais pas. C’est là que je m’étais posé la question et puis je trouvais ça bizarre mais en ce temps-là, je n’avais pas la réponse. Mais là plus tard, je me suis rendue compte que c’est à cause du patriarcat. Mais parfois, quand j’écoutais des émissions, pas toujours mais parfois, j’étais choquée à quel point ils reprenaient vraiment les stéréotypes, tu sais, comme il se mettaient des énormes faux seins, des énormes fausses fesses, ils prenaient des mimiques et puis des petites voix…

RDG – Des stéréotypes extrêmement sexistes, misogynes et vraiment insultants quand même !

Florence –  Oui exactement, c’est fait des “talents” vraiment des clichés, exactement mais bon, je ne poussais pas plus ma réflexion que ça ; des fois, ça me choquait un peu, j’étais comme : “ chic, tu veux jouer le personnage d’une femme mais pas besoin tu sais, d’avoir des énormes seins et puis parler comme une conne”, en tout cas, je me posais un peu des questions mais bon … Et puis là, plus que le temps avance, là j’entends de plus en plus de théories sur les identités du genre donc les nonbinaires, les agenres, les gender fluid, les cis genre et puis là j’entends aussi le terme pansexuel, et puis là ça me portait beaucoup à confusion, je ne comprenais pas. Et puis là, j’ai beaucoup réfléchi sur le terme nonbinaire, j’ai fait des recherches et puis apparemment être non binaire, c’est s’identifier comme ni strictement homme ni strictement femme ou entre les deux. Là je me suis posé beaucoup de questions ; C’est quoi s’identifier femme ? On peut apparemment se sentir ni complètement homme ni complètement femme ou entre les deux. C’est quoi se sentir femme ? Moi, je sais que je suis une femme parce que je suis née femme avec une paire de chromosomes XX et puis tout ce qui va avec, donc qu’est-ce qui fait se sentir femme ? Là, je me posais des questions et plus je me posais des questions, plus je me disais : “ok, ben là, j’imagine que se sentir femme ça doit vouloir dire avoir le goût de se mettre jolie, de se maquiller, de se coiffer, être plus sensible, être plus douce, vouloir des enfants ; et puis j’imagine que se sentir homme ça doit vouloir dire se sentir plus rationnel qu’émotionnel, être plus sportif, plus vouloir prendre les devants, ne pas vraiment avoir d’intérêt pour la mode…” mais je savais bien que tout ça c’étaient des stéréotypes attribués à notre sexe et puis non des trucs innés à notre sexe. Et puis là, j’en arrivais à des conclusions du genre : “ok, mais là, ça veut dire que moi je suis non binaire parce que moi, par exemple, je n’aime pas tant porter du linge féminin comme des talons ou de la lingerie, je n’ai jamais de sac à main, je ne me coiffe jamais ou presque, je ne me rase pas du tout depuis des années à part les jambes très rarement, je me suis toujours mieux entendue avec les gars qu’avec les filles en général, j’adore le Death Métal, du métal très heavy, ça d’habitude c’est plus de la musique que les gars écoutent, je n’ai jamais vraiment aimé magasiner, faire du shopping et puis je n’ai jamais voulu d’enfant” ; Mais tu sais, je savais que ce raisonnement là n’avait aucun sens parce que plein de femmes ne répondent pas au stéréotypes féminins que je viens de nommer ou d’autres, mais elles sont bel et bien des femmes et puis moi aussi, je suis une femme, je savais que j’étais une femme. Donc déjà là, je voyais qu’il y avait de la contradiction et puis qu’il y avait quelque chose qui clochait ; mais je n’arrivais pas  à le formuler clairement. Et puis là, un jour, paf : Antastésia sort sa vidéo ou elle critique le documentaire d’Arte sur la transidentité. C’est la vidéo qui s’appelle “faut-il abolir le genre – réaction” et puis là, ça a’ vraiment été un déclic, c’est là que je me suis rendue compte de tout ce qui n’allait pas dans ce courant là ; et puis, ça a tellement mis les mots exacts sur tout ce que je n’arrivais pas à formuler clairement, parce que tu sais, souvent moi, j’ai de la misère à m’expliquer, mais là, il y avait des arguments clairs, c’était très bien expliqué, c’est vraiment à partir de ce moment-là que j’ai su que j’étais contre l’idéologie transactiviste. Et puis, je tiens tout suite à préciser que ce n’est pas parce qu’on est contre une idéologie ou un mouvement qu’on est contre les personnes concernées ou faisant partie de ce mouvement là, ça n’a aucun rapport.

RDG – Exactement comme les religions en fait !

Florence –  Oui, exactement comme les religions ou comme la prostitution,  on peut être contre la prostitution mais absolument pas contre les prostitués, 

RDG – en général quand on est contre la prostitution c’est qu’on est en empathie avec les personnes en prostitution, au contraire. 

Florence – Oui c’est ça, on n’est pas contre les trans, on est contre le transactivisme c’est différent. Et puis là, c’est en continuant d’écouter des vidéos d’Antastésia et puis en faisant plus de recherches, parce que bon je n’écoute pas juste Antastésia non plus, c’est là que j’ai découvert que j’étais féministe radical depuis toujours en fait, c’est juste que je ne savais pas qu’il y avait un nom et un mouvement qui regroupait tout ce que je pensais comme le fait d’être contre la prostitution, le fait d’être contre la pornographie, d’être contre les religions en général, d’être contre le genre, d’être contre la GPA etc. Et puis, j’ai découvert des groupes comme PDF Québec, pour le droit des femmes du Québec, c’est un groupe que j’aime vraiment beaucoup et puis ça m’a fait vraiment un bien fou de savoir que j’étais loin d’être la seule à avoir ces positions là.

RDG –  Très bien, donc tu es féministe radicale et maintenant la question que je vais te poser c’est mais pourquoi est-ce que tu penses que l’idéologie du genre est une menace pour les femmes pour leurs droits pour les enfants pour la société voire même pour notre démocratie ?

Florence –  Je vais probablement répéter ce que beaucoup de femmes ont déjà dit mais je pense que c’est important qu’on se fasse entendre, je n’ai pas écouté tous les témoignages mais je pense que je peux apporter de nouvelles réflexions. Donc premièrement, je pense que l’idéologie est dangereuse pour la société entière mais surtout pour les femmes parce que je pense que la majorité des femmes transidentifiées, donc les hommes trans mais je vais dire femmes trans identifié pour la compréhension, je pense que les femmes transidentifiées vivent davantage leur vie s’en nuire de façon directe à autrui parce qu’elles n’ont aucun avantage à aller dans les espaces des hommes, donc les prisons pour hommes, les sports pour hommes, les refuges pour hommes itinérants, les toilettes pour hommes, les vestiaires pour hommes etc. Aucun avantage. Et puis, même si elles suivent un parcours médical pour transitionner et puis même après transition ; alors que les femmes trans, donc les hommes transidentifiés qui ont suivi un parcours de transition médicale ou pas, ils ont tous les avantages d’aller dans les espaces pour femmes. C’est pour ça d’ailleurs qu’on entend toujours répéter “les femmes trans sont des femmes” et très rarement “les hommes trans sont des hommes”. Je pense malheureusement que qu’ils  soient transidentifiés femme ou nonbinaire ou pas, qu’ils soient trans ou pas, qu’ils souffrent de dysphorie de genre ou pas, je pense que le transactivisme d’aujourd’hui ouvre la porte à ce que beaucoup d’hommes profitent de la situation. On sait que la violence est le fait d’hommes, on ne dit pas que tous les hommes donc les mâles sont violents mais la majorité des crimes violents donc les viols, les viols collectifs, la guerre, les fusillades, le harcèlement etc, on sait que c’est commis par des hommes, c’est un fait, il y a plein de statistiques pour le prouver et puis ça c’est à cause de la société patriarcale, c’est parce que l’homme doit être viril, l’homme, il ne doit pas se laisser marcher sur les pieds, tout lui est dû, il ne peut pas accepter un “non” parce qu’il doit prouver aux autres qui est le plus fort et blabblabla. On ne dit pas que les hommes sont biologiquement violents mais c’est bien la société patriarcale qui pousse les hommes à avoir un comportement violent. Je vais donner un exemple, moi par exemple, j’ai été touchée par des hommes à deux reprises dans des autobus de ville, donc les transports en commun. La première fois, c’est arrivé quand j’avais 12 ans, il y a un homme dans la trentaine qui s’est comme assis à côté de moi et puis en résumé il m’a “flatté” les cuisses et puis il m’a touché les fesses et quand j’ai changé de siège, il m’a suivi pour s’asseoir à côté de moi. Il y a plein de gens en passant, qui étaient juste à côté et qui ont été témoins de toute la scène, et qui n’ont rien fait, rien dit. 

Environ 2 ans plus tard, donc quand j’avais 14 ans à peu près, il y a un autre homme qui s’est assis sur le siège direct à côté de moi, alors que cette fois-ci il n’y avait presque personne dans l’autobus. Il s’est vraiment mis direct à côté de moi, et puis lui aussi a commencé à me flatter les cuisses. Moi, j’étais tellement figée, là. Je ne savais pas quoi faire. Je n’ai même pas pensé à avertir le conducteur, je suis juste sortie. 

Et puis c’est arrivé plusieurs autres fois que des hommes, tous vraiment plus âgés que moi, changent carrément de place pour s’asseoir direct à côté de moi, puis ils me fixaient tout le long du trajet. Ils ne me touchaient pas, mais ils me fixaient tout le long du trajet. 

Et puis il y en a même un qui m’a dit que j’étais vraiment jolie… 

Tout ça, c’est arrivé quand j’étais mineure. 

Moi, eh ben depuis ce temps-là, et puis encore aujourd’hui, mon réflexe c’est de ne plus m’asseoir à côté d’un homme ou près d’un homme dans les transports, parce que je n’ai plus confiance.

Et puis j’ai remarqué que, quand il y avait uniquement des femmes dans les transports, et bien je me sens beaucoup plus détendue. 

Et puis ça, ça m’a marquée. On sait que ce ne sont pas tous les hommes qui font ça mais je pense qu’on peut comprendre que je n’aie plus confiance.

Et puis je pense que ce genre de situation-là est beaucoup plus commun qu’on le croit, malheureusement. C’est dégueulasse.

Bref. Si on suit l’idéologie transactiviste, dans plus en plus de pays, ça tend à être comme ça, c’est sur simple autodéclaration qu’on peut être une femme. 

Donc, même plus besoin de faire une transition médicale, même plus besoin d’aller voir des professionnels de la santé, ou quelque chose. Imaginez la porte que ça ouvre à ces hommes-là, d’avoir la possibilité dans des vestiaires pour femmes. Je veux dire, si ces hommes-là ils ont été capables de me toucher devant plein de personnes (parce que la première fois il y avait plein de monde), s’ils sont capables de faire ça devant tout le monde, imaginez ce qu’ils pourraient faire dans des vestiaires, ou dans des toilettes pour femmes. Ils pourraient être avec des filles mineures! Moi je pense que ça peut être très dangereux. 

Au Canada, je pense que c’est depuis depuis 2018, si je ne m’abuse, il n’y a aucun parcours, ni chirurgie, qui est nécessaire. Donc c’est sur simple auto-identification. Au Canada, on voit déjà les dommages que ça peut faire. Dans les prisons, il y a eu des femmes harcelées, il y a eu des femmes agressées sexuellement par des hommes transidentifiés mis dans des prisons pour femmes. 

J’ai trouvé un article de “La Presse” (c’est un journal québécois), que j’ai trouvé vraiment intéressant. Vous pouvez en tirer vos propres conclusions, mais moi je n’invente rien, je ne fais juste que dire ce qui est écrit dans l’article. Donc l’article date du 26 février 2023, je cite : “Un rapport du Service correctionnel du Canada montre que 91 % des femmes transgenres (donc des hommes transidentifiés) détenus dans les pénitenciers fédéraux du pays purgent des peines pour des infractions violentes, contre 72 % pour la population carcérale masculine”. Fin de la citation. 

Donc ça, ça veut dire qu’il y a une plus grande proportion d’hommes transidentifiés que d’hommes “cis” (entre guillemets) qui sont condamnés pour crimes violents. La proportion est plus grande aussi pour les crimes sexuels, et puis pour les homicides. Ensuite, plus bas dans l’article, ça dit, je cite : “En revanche, 71 % des 21 hommes transgenres (donc des femmes s’identifiant comme hommes) incarcérés dans des prisons pour femmes purgeaient une peine de 6 ans ou moins. Aucune demande de transfèrement vers des prisons pour hommes n’a, à ce jour, été reçue par le service correctionnel.”

RDG – Bizarrement. 

Florence – Ouais, bizarrement.

RDG – Pourquoi ces femmes ne veulent pas être incarcérées avec des hommes…

Florence – Non, c’est ça, non : aucun homme trans n’était par ailleurs incarcéré pour un crime de nature sexuelle, alors que c’était le cas pour 44 % des femmes transgenres, donc des hommes transidentifiés. C’est ça, on se demande pourquoi… Puis dans un autre article de La Presse qui date d’octobre 2022, c’est indiqué que “sur les 64 hommes transidentifiés détenus dans les prisons pour hommes, 57 sur les 64 avaient fait une demande pour être transférés dans des prisons pour femmes, alors que sur les 24 femmes transidentifiées dans les prisons pour femmes, aucune ont fait une demande pour aller dans les prisons pour hommes. Vous en faites vos propres conclusions, mais moi, mes conclusions, c’est que ça, c’est vraiment la preuve, pour moi, que : Premièrement, le sexe biologique, c’est quelque chose de bien réel, parce que si le genre était réellement une identité, cette identité qu’ils revendiquent constamment, qui va même jusque dans les papiers, si c’était vraiment une identité innée et indiscutable, eh bien toutes les femmes transidentifiées feraient une demande pour aller dans les prisons pour hommes, tu sais. Parce que ce sont des hommes, pourquoi ils resteraient dans les prisons pour femmes? 

RDG – Et elles auraient les mêmes propensions à être criminelles ou violentes que les hommes (entre guillemets) “biologiques”, que les hommes en fait. Il n’y aurait pas toutes ces femmes dites trans, enfin ces hommes ces hommes transidentifiés, qui commettent tous ces crimes-là. Parce que ça, ce sont des crimes d’hommes, en fait. Si tu es une femme, tu abandonnes aussi la violence, normalement.

Florence – Ouais exactement, mais c’est ça! Puis c’est ça exactement. Et puis pourquoi aucune femme transidentifiée, justement n’est condamnée pour crime sexuel? C’est parce que, peu importe comment on s’identifie, moi je pense que c’est ça c’est que la violence et le fait d’homme, et puis le patriarcat est bien présent. De toute façon, si le sexe n’était pas une réalité biologique, pourquoi on arrive à identifier le sexe d’une personne avant qu’elle naisse, donc à l’échographie?

D’ailleurs, même chose pour les sports. Moi je n’ai jamais entendu parler d’une femme transidentifiée qui voulait concourir dans des sports d’hommes, c’est bizarre! Pourtant on sait qu’il y a plein d’hommes transidentifiés qui vont dans des sports réservés pour femmes, qui gagnent des prix! En fait, c’est ça : c’est que, transition médicale ou pas, ils restent quand même en général avantagés physiquement par rapport aux femmes. 

RDG – Oui c’est démontré que la prise de testostérone, pardon, l’abaissement du taux de testostérone pour les hommes qui se transidentifient femmes, ça ne fait baisser que de 2 à 3 % leurs performances musculaires, et ça ne retire aucun autre avantage : ni leur grande taille, ni leurs ligaments, l’explosivité de leurs muscles, rien du tout, en fait! Ça n’a quasiment aucun effet pour ceux qui prennent des hormones. Mais puisqu’on est dans de l’auto-identification, ce n’est même pas la peine de prendre quoi que ce soit en fait. 

On peut très bien imaginer qu’une femme qui se transidentifie homme revendique d’aller dans les sports pour hommes, ne serait-ce que pour servir d’alibi, parce qu’aujourd’hui, malheureusement, on a une une espèce d’emprise sectaire de certaines femmes qui vont jusque-là, ou qui vont se plier à tout ce délire, juste pour valider ces concepts fumeux.

Florence –  Oui, c’est ça. S’il y a certaines femmes transidentifiées qui font ça, eh bien justement, elles n’ont aucun avantage à faire ça.

RDG – Elles n’ont aucune chance de gagner, en tout cas, ça c’est sûr. 

Florence – C’est ça. C’est ça. Moi je trouve que c’est la preuve qu’il y a vraiment des différences physiques indéniables.

Et puis aussi il y a la question des refuges pour femmes.

Moi, il y a quelques années, j’ai été itinérante pendant plusieurs mois. Je sais c’est quoi vivre à la rue. Aller dans les refuges pour femmes, je l’ai vécu. Et puis tu sais, les les femmes qui vont dans les refuges, on est déjà tellement vulnérables, on est complètement démunies. On n’a pas de famille pour nous aider, on n’a pas de soutien, on n’a pas de toit. On n’a rien. Puis tu sais, il y en a plein de ces femmes-là qui sont traumatisées par des hommes. Et puis là, avec le nouveau transactivisme, ça donne la possibilité à ce que n’importe quel homme puisse entrer dans ces refuges-là. Eh bien moi, personnellement, si un homme, avec toutes les apparences d’hommes serait venu, s’identifiant comme femme, puis qui aurait partagé ma chambre, parce que tu sais, c’est très rare qu’on est seule dans ces chambres-là. Souvent, on est deux, quatre ou plus, même. Eh bien moi, personnellement, je ne me serais vraiment pas sentie à l’aise et en sécurité en fait. Je pense que je serais partie. Je pense que je n’aurais même pas pu dormir là, parce que c’est déjà tellement stressant de dormir dans un lieu inconnu avec des femmes inconnues quand tu es vulnérable…  J’étais déjà extrêmement réticente à y aller, là. En fait, je ne voulais pas y aller, je ne voulais pas y aller, je ne voulais déjà pas y aller. 

Et puis ce n’est pas vrai qu’il y a des intervenants pour surveiller tout ce qui se passe dans les chambres. Moi, personnellement, je serais partie. J’aurais été obligée de dormir dans des stationnements souterrains, ou des lockers, ce qui est arrivé à la fin, de toute façon, parce qu’il n’y a pas assez de places dans les refuges, mais bon, ça c’est un autre problème. 

Je pense que tout ça ça risque peut-être de mettre les femmes dans une situation encore plus vulnérable qu’elles ne sont déjà. Et puis je ne dis pas que les personnes trans n’ont pas le droit de se faire aider, au contraire, s’ils ont besoin d’aide. Je veux vraiment qu’ils se fassent aider, les personnes trans. Mais je pense qu’il y a des refuges qui doivent rester réservés aux femmes, par contre.

Et puis aussi, je pense que le transactivisme, en soi est hyper néfaste, et fait juste renforcer les stéréotypes de genre, mais de manière très insidieuse. 

Par exemple, ça il faut que  j’en parle, j’ai écouté un podcast qui est super populaire au Québec. 

Ce podcast-là est très problématique pour plusieurs raisons, je vais en parler. C’est un podcast sur YouTube qui aborde la sexualité en général, pour la rendre moins tabou. 

Dans un des épisodes…

RDG –  Comment il s’appelle ce podcast?

Florence – Sex oral.

RDG –  D’accord.

Florence – Oui ça s’appelle sex oral. Dans un des épisodes, il y avait justement une un invité transidentifié qui se disait “homme trans non-binaire”. 

Déjà là, je ne comprenais pas. Bref. Là, l’invité disait : “Moi quand j’étais jeune, j’avais vraiment de la difficulté avec la mode, tu sais, il y avait beaucoup d’hypersexualisation des jeunes filles, et moi je vivais vraiment mal ça, tu sais les g-strings, et tout… Mais bon, je me disais juste que c’est parce que j’étais féministe, ou des choses comme ça. Mais non, j’ai réalisé plus tard que c’était parce que je suis un homme !”  Et puis là, plus tard, dans le podcast, l’invité continue en disant: “si tu cis, donc cisgenre, tu ne te poses même pas la question de savoir si tu es trans”. 

Ça, ça m’a choquée, parce que non seulement ça renforce encore plus l’idée qu’une femme doit être hypersexualisée, mais en plus ça rejette le féminisme, donc toutes les adolescentes qui écoutent ça, (parce que la majorité de l’audience de sex oral sont des adolescentes ou des jeunes femmes, si je me fie aux commentaires, en tout cas, qui ont pu avoir les mêmes réflexions) eh bien là elles vont toutes se dire “Oh non mais c’est pas parce que je suis féministe, c’est parce que je suis un homme!”

Moi je trouve que c’est un énorme problème.

RDG – C’est vraiment le discours ambiant, et je me souviens d’avoir entendu aussi une émission en France comme ça, et oui, ça expliquait  : “Si tu ne te sens pas à l’aise avec les stéréotypes sexistes, enfin les, pardon, les stéréotypes de ce que doit être une femme ou un homme et cetera, eh bien c’est sûrement que tu es trans.” 

Et moi à l’époque, oui, je m’étais dit “peut-être, après tout, oui.”

Florence – C’est ça! Mais c’est vraiment le discours général, ces temps-ci, j’ai l’impression. 

RDG – Mais quelle femme se sent complètement à l’aise avec tous les stéréotypes sexistes ? J’aimerais bien qu’on me la montre!

Florence – Mais oui, exactement c’est ça, c’est… Il n’y a personne qui peut être en accord avec tous les stéréotypes! En tout cas, c’est ça. Et puis moi, je trouve que c’est un énorme problème, parce que moi, je ne veux justement plus que le fait de s’habiller sexy, tu sais, d’être épilée, et cetera, ça soit associé au fait d’être une femme. C’est pas ça être une femme! Ça se pose aussi, c’est ça, que toutes les personnes dites “cisgenres” sont parfaitement en accord avec tous les stéréotypes, comme tu viens de le dire là. C’est, c’est c’est faux, ça. Tu sais, il y a plein de femmes qui ne sont pas transidentifiées, qui ne sont pas hypersexualisées, qui n’aiment pas la mode, qui n’aiment pas spécialement…

RDG – Elles sont juste féministes, en fait!

Florence –  Oui, c’est ça ou tu sais qui sont juste elles-mêmes, tu sais. Qui n’aiment pas spécialement les enfants, c’est-à- dire qu’elles sont juste elles-mêmes. Elles ne sont pas des hommes pour autant.

RDG – Elles sont juste un petit peu plus résistantes que la moyenne.

Florence – Ouais! Et puis tu sais, ce n’est pas de nier que les personnes trans souffrent, tu sais. Je veux dire que  je suis consciente qu’il y a beaucoup de personnes trans qui souffrent énormément. Mais par contre je ne pense pas que la solution miracle pour la société, c’est de s’identifier à un autre genre. Si par exemple, tu sais, un homme souffre d’intimidation puis de harcèlement parce qu’il se maquille et puis parce qu’il porte des vêtements jugés féminins, il n’est pas intimidé parce qu’il est une femme, mais parce que c’est un homme qui ne suit pas les stéréotypes associés à son sexe. Donc si justement on veut collectivement lutter contre ça, cet homme-là devrait justement continuer à porter, par exemple, des robes, puis se maquiller, tout en restant homme. Ça envoie le message aux autres : “ah ok, d’accord. Un homme peut aussi faire ça.” Là, de plus en plus, ça va casser les stéréotypes associés aux hommes, ça va inciter d’autres hommes à ne pas nécessairement coller à leurs stéréotypes masculins, et puis à s’habiller comme ils veulent, et puis même chose pour les femmes : si plus de femmes arrêtaient de s’épiler, puis arrêtaient se sentir obligées de se mettre des vêtements sexy, mais l’assumaient en tant que femmes, les gens se sentiraient beaucoup moins emprisonnés dans des cases. Comme ça, je pense que ça réduirait beaucoup la souffrance que les personnes trans peuvent ressentir. Mais là, on ne fait juste que renforcer les stéréotypes. 

Et puis aussi, plus tard dans le podcast, ça dit que si tu es né homme, que tu aimes t’habiller en fille et jouer avec des jeux de filles quand tu es enfant, ben tu es peut-être pas gay mais un trans refoulé. Ça, je trouve que ça enlève vraiment un préjugé pour un autre, tout aussi problématique.

RDG –  C’est super homophobe, en fait!

Florence – Mais on dirait vraiment un retour en arrière, comme un effacement de toutes les luttes qu’on a fait dans les dernières décennies. C’est comme “ah là si tu es un petit un petit gars puis tu aimes à jouer avec des jeux de filles, tu es peut-être pas gay mais un trans refoulé!” Voyons donc! En tout cas…

RDG – Trans refoulé.

Florence –  Ouais. Et puis la plupart des gens en tout ça voient ça comme progressiste, et moi, c’est ça qui me dérange, personnellement. 

En tout cas, pour revenir à “sex oral”, je vais juste conter deux ou trois autres anecdotes, là. Je suis désolée, il faut vraiment que j’en parle, parce qu’il faut que…  Je me sens comme impuissante par rapport à ça, là, parce que je… et puis ça va être mon moyen de dénoncer. 

Il y a un lien à faire entre toutes ces anecdotes-là. Vous allez voir, il y a un lien à faire avec le transactivisme, parce que c’est ça. 

J’ai écouté plusieurs épisodes.

Donc premièrement : dans ce podcast-là, on dit presque toujours “vagin” pour parler de “vulve”, on ne dit presque jamais le mot “vulve”. 

Dans un épisode, il y a une des animatrices qui a demandé à l’invité, c’était quoi l’endométriose. Et puis là l’invité a répondu que c’était quand tu as des règles douloureuses. Euh… c’est pas ça l’endométriose!

Dans un autre épisode, il ont interviewé une “travailleuse du sexe”. Je mets ça entre guillemets, parce que je n’aime pas ce terme-là. Bien sûr, ils ont décidé de choisir la “travailleuse du sexe” qui est à son compte depuis des années, et puis qui a une assistante personnelle qui s’occupe de prendre tous les rendez-vous, qui filtre tous les clients, bref. Elle a même un appartement à part, qu’elle loue spécialement pour recevoir les clients. On sentait que ça représente très bien la majorité des travailleuses du sexe dans le monde… Cette femme-là elle militait pour l’assistance sexuelle, donc d’offrir des services sexuels aux hommes en situation d’handicap. Elle disait, je la cite : “Moi, mon travail, je facilite la vie de tout le monde. J’ai entendu des histoires d’horreur, de mères d’hommes handicapés qui n’ont pas eu d’autre choix que de masturber leur fils, parce qu’elles avaient compris que leur fils en avait de besoin, et qu’il fallait que ça se passe”. Clairement, elles n’avaient pas de fun à le faire, elles n’avaient pas de plaisir à le faire, mais elles avaient compris que leur fils en avait besoin, et que c’était nécessaire. “Mon travail évite des situations comme ça.”

RDG –  Mais quelle horreur, mais quelle horreur!  Mon Dieu. En fait c’est le même argument en France. Il y a une grosse offensive actuellement du STRAS, l’autoproclamé “syndicat des travailleurs du sexe” alors moi c’est pareil ce mot je l’ai en horreur, c’est pas…

Florence – Ouais le STRAS,oui j’en ai beaucoup entendu parler.

RDG – Et qui prétend effectivement, qu’il faut donner de l’assistance sexuelle aux “personnes handicapées”. Ils ne disent jamais, ils n’ont jamais l’honnêteté de dire que ce sont des hommes, mais évidemment, a priori, c’est bien de ça qu’on parle. Et bien sûr tu auras droit à une assistante personnelle dans un appartement spécifique ou est-ce que ce sera pas plutôt une femme migrante, payée au tarif minimum dans des conditions de travail terribles et en butte à des agressions sexuelles permanentes qui devraient faire cette activité? A quel moment c’est compatible avec la dignité, et des femmes, et des personnes handicapées. Elles ont quand même le droit d’être insérées normalement dans la société, de faire des rencontres avec d’autres personnes, de nouer des relations d’amitié ou d’amour… Voilà.

Florence – Ouais, tout à fait, tout à fait, tout à fait.

RDG – Et s’ils n’ont pas de sexualité, on n’en meurt pas. On n’en meurt pas, on ne meurt pas d’une absence de sexualité.

Florence – C’est ça, c’est c’est c’est c’est.

RDG –  Ça ne fait pas partie des droits de l’homme.

Florence – Non! Et puis aussi, tu sais, ce n’est pas en envoyant une “travailleuse du sexe”, comme ils disent,  une prostituée…

RDG – Ce n’est pas parce que tu as envie d’avoir des relations sexuelles que ça correspond à un besoin, et en aucun cas à un droit fondamental, voilà. Tout simplement.

Florence –  Oui, oui, exact, oui je suis d’accord. Mais ce n’est pas ça que je voulais dire, c’était plus dans le sens, tu sais, c’est pas en envoyant une prostituée chez des personnes handicapées qu’on va améliorer la vie de ces personnes en situation de handicap. Ils ne vont pas nécessairement avoir une vie plus épanouie, avoir des relations sociales plus saines avec les autres.

RDG – Moi j’aurais tendance à penser que ça va au contraire les enfermer dans quelque chose d’encore plus isolant, quoi.

Florence – Ouais, moi je pense aussi que ce n’est pas comme ça qu’on va les aider, dans le fond. Parce que moi je pense que ce n’est pas comme ça qu’on va les aider à avoir des relations saines avec les autres, et tout.

RDG – Ça me fait penser en fait à… C’est encore une autre façon de se donner bonne conscience : allez hop ! On règle la question des handicapés, on leur paye des prostituées qui vont chez eux, au lieu de rendre accessibles les bâtiments publics. Ça nous évite d’avoir à réfléchir à une véritable inclusion dans la société. Et puis c’est tellement facile que tu prends cette décision-là : tu n’es pas, tu n’es pas concerné, tu tu n’as pas de risque que ce soit à toi qu’on demande de faire ça. Donc après tout… 

La plupart du temps, en plus, ce sont des femmes qui sont victimes de racisme. Donc finalement, elles comptent tellement peu. C’est ça. C’est à la fois raciste c’est classiste, c’est misogyne, et clairement, c’est validiste. C’est, c’est épouvantable.

Florence – Oui, et puis dans ces discours-là, tu sais, ceux qui valorisent tellement le travail du sexe, on n’en parle pas, là, que il y a beaucoup de femmes qui sont racisées là-dedans.

Pour en revenir à à l’anecdote, apparemment c’est ça, les hommes en situation de handicap ont tellement besoin de sexe que les mères DOIVENT les masturber. Mais les femmes handicapées, elles, apparemment, on n’en parlait pas du tout, durant le podcast. Et puis personne, dans les commentaires, n’était choqué. Moi, c’est ça qui me choquait le plus, c’est que personne n’était choqué de tout ça, tu sais. Tout le monde, dans les commentaires, acclamait ça, comme si c’était la chose la plus altruiste au monde,  comme… waouh! c’est tellement… Bref.

Depuis ce temps-là, cette “travailleuse du sexe” , elle a monté en popularité au Québec, puis est apparue dans d’autres podcasts.

Bref.

Dans un autre épisode, sorti plus récemment, ça commençait avec une pub. Donc l’animatrice disait : “Bonjour, nous avons trois nouveaux produits pour vous, c’est trois québécoises, (moi je ne les connais pas, mais c’est des Québécoises qui ont un compte OnlyFans), ces trois québécoises qui ont fait un moule de leur vagin, et de leur vulve, et puis on en a fait des masturbateurs” (donc tu sais, des masturbateurs qu’on peut pénétrer et puis là, on voyait carrément les images de vulves sur les boîtes que l’animatrice tenait entre ses mains) puis l’animatrice a fini en disant : “Donc, si tu veux, tu peux offrir ça à ton chum (donc à ton amoureux) en cadeau.” Puis elle disait ça comme si de rien n’était,  comme si c’était, tu sais comme, elle  était super sérieuse. Et puis moi, j’étais : “Mais dans quel monde on vit? Dans quel monde on vit? On est vraiment rendus loin dans le capitalisme, là, c’est fou.  

RDG – Oui c’est ce que j’allais dire, là on est vraiment dans le lien entre capitalisme et patriarcat. vraiment.

Florence –  Là c’est, oui,  je ne sais pas comment l’expliquer, mais oui, on est, on dirait que, dans ma génération, on est comme dans une mentalité de : “je veux trop être ouvert d’esprit, il ne faut surtout pas que je juge, il ne faut pas que je critique, il faut que j’accepte tout.

RDG – Complètement matrixés!

Florence – Ouais! mais moi je trouve qu’il y a des limites, ça fait peur, tu sais! Je veux dire, quand je pense qu’en plus, il y a plein de jeunes qui écoutent ça tu sais, qui écoutent ce podcast là. 

RDG – Merci en tout cas de ta colère, et d’être capable de t’étonner de ça, parce que vraiment c’est…

Florence – Eh bien moi, ça me choque, et puis ça me choque, justement, que personne ne se choque de tout ça, tu sais.

Pour revenir au lien entre toutes ces anecdotes-là, à “sex oral”, c’est qu’on dirait vraiment qu’on est dans une ère de, d’ultra liberté individuelle, de  sur-libéralisation de son corps, c’est-à-dire que je peux faire absolument tout ce que je veux avec mon corps, au point en enlevant carrément mes organes génitaux puis que tout ça est présenté de manière aussi banale, et puis que ça ne va avoir aucune conséquence négative, on dirait que c’est ça, la mentalité. On dirait qu’ il y a comme une, je ne sais pas, une dissociation avec son corps, je ne sais pas comment expliquer. 

Et puis j’ai remarqué que le mouvement transactiviste, et le mouvement pro prostitution sont très souvent reliés. 

Et puis aussi le problème des orientations sexuelles dans le transactivisme. Maintenant, on ne fait plus la distinction entre genre et sexe. Moi par exemple, je suis bisexuelle. Donc si on suit leur définition, et que le genre est “un ressenti propre et unique à chacun” (parce qu’on entend souvent ça, il y a autant de genres que de ressentis) donc si le genre est un ressenti propre et unique à chacun, et que moi je suis bi, donc attirée par deux genres, donc ça voudrait dire, techniquement, que je suis juste attirée par deux personnes dans tout le monde entier. En tout cas, ça serait comme ça pour toutes les bi. En tout cas, c’est tellement contradictoire leur affaire… Donc la bisexualité n’existe, plus l’homosexualité n’existe pas non plus, parce que personne ne peut avoir un genre et puis un ressenti pareil que le sien, donc finalement il y a juste pansexuelle qui fait du sens, ou à la limite, “hétéro”. Non, même pas, il y a juste  pansexuelle qui  fait du sens. Ce qui fait que tout le monde est  pansexuel, il n’y a plus d’orientation.

Et puis la lesbophobie dans le transactivisme, ça c’est horrible. Je pense qu’on va beaucoup moins accuser les personnes gays d’être transphobes s’ils refusent de coucher avec une femme transidentifiée que les les lesbiennes qui refusent de coucher avec un homme transidentifié. Je pense que c’est à cause de la misogynie qui est encore très forte, et puis aussi parce que c’est un truc d’homme de ne pas accepter un NON, et puis de ne pas respecter le consentement.

Également, moi ce qui me laisse vraiment perplexe, c’est que le mouvement ne veut absolument pas que la dysphorie de genre soit considérée comme un trouble. Mais en même temps, ils sont pris en charge, ils n’ont presque rien à débourser, et puis dans de plus en plus de pays, ça s’en va vers ça. Je trouve qu’il y a comme une injustice, parce que eux ils ne déboursent rien ou presque, alors que nous, les femmes, on doit dépenser presque toute notre vie, à chaque mois, pour des protections hygiéniques, ou des moyens de contraception. Et puis on doit débourser à cause de notre biologie, pas à cause d’un ressenti.

Quand je pense à tout cet argent-là, des milliers, des dizaines de milliers de dollars qui vont dans les opérations, dans des épilations au laser, qui vont là-dedans, c’est de plus en plus couvert totalement, alors qu’il y a plein de gens qui vivent à la rue, qui crèvent de faim, qui n’ont pas d’accès à des ressources pour la santé mentale, des ressources pour les violences sexuelles… Ça, ça me fait poser beaucoup de questions.

Un des plus grands dangers du transactivisme, aussi, c’est le fait qu’on puisse maintenant si facilement changer de sexe sur les papiers officiels d’identité. Parce que si n’importe qui peut s’identifier comme il le souhaite, on n’aurait plus de statistiques fiables sur les pourcentages de femmes violées par rapport aux hommes, sur les pourcentages des auteurs d’infraction sexuelles qui sont des hommes, etc. Donc il y n’a plus de distinction entre qui est agresseur et qui est agressé.

Ça, ça me fait vraiment peur. Ça, ça me fait peur parce que ça met en danger la lutte pour les droits des femmes.

Et puis aussi, je pense que peut-être un autre problème avec le changement de sexe sur les papiers d’identité, c’est que si je donne un exemple une femme transidentifiée qui prend les hormones mais qui n’a pas subi d’opération, a par exemple un jour le cancer de l’utérus ou des ovaires, est-ce qu’elle va être prise au sérieux à l’hôpital, si tous ses papiers indiquent qu’elle est de sexe masculin? Je ne sais pas. Peut-être que ça risque de mettre une confusion dans le personnel médical.

Et puis finalement, mon dernier point. 

Je pense que c’est un réel danger pour la démocratie, parce qu’on empêche carrément les femmes de parler. Je vous ai dit au début que j’ai été élevée dans la religion. Là, je sais que ça va choquer sûrement des personnes, mais moi je trouve qu’il y a un parallèle à faire, parce que quand j’entends les choses que les transactivistes disent, ça me fait vraiment énormément penser à ce que mon père me disait quand j’étais jeune, c’est-à-dire : “C’est comme ça. Il faut comprendre. Et puis même si tu ne comprends pas, tu dois l’accepter. 

Et puis si tu ne l’acceptes pas, tu vas être punie.” 

Le transactivisme utilise énormément les sophismes, énormément. Si je reviens avec mon parallèle du faux dilemme : soit tu acceptes ce qu’on te dit comme une vérité absolue, ou sinon tu es une transphobe, donc tu es une terf, donc tu mérites toutes les punitions. 

Je pense vraiment que ça fonctionne comme une religion, dans le sens que ça s’appuie sur la peur, sur les contradictions, et sur aucun argument scientifique, pour contrôler les gens. 

Mais aujourd’hui, c’est encore pire, j’ai l’impression. 

Parce qu’on ne peut même plus dire notre opinion, ou poser des questions.

Mon père, au moins, ne me disait pas de me taire, il essayait au moins de me répondre. Ce qui fait que là je trouve que c’est devenu carrément dangereux, ça fait penser à à une secte, ou je ne sais pas comment vous voulez le dire, mais on dirait que ça devient un crime d’être critique du transactivisme, de juste avoir des positions différentes là-dessus, surtout quand tu es une femme.

RDG – Oui comme au Royaume-Uni, où il y a ce projet de loi de criminaliser le mégenrage avec 2 ans de prison si tu n’appelles pas la personne avec les bons pronoms. Voilà. Donc…

Florence –  2 ans de prison! 

RDG – Oui, c’est, voilà, le nouveau truc là qui est prévu. Je crois que c’est en Écosse, donc c’est prévu, voilà, 2 ans de prison si tu…

Florence – Je savais qu’il y avait le, tu sais, le “hate speech law”, en Ecosse, je pense. 2 ans de prison ah ça je savais pas par contre, ok. 

RDG – Oui ça pique. D’ailleurs il y a JK Rowling qui s’est exprimée là-dessus, elle a dit qu’elle ferait volontiers 2 ans de prison si elle pouvait continuer à dire la vérité. 

Florence – Ouais non mais un crime… ça a pas d’allure là, c’est…

RDG –  Alors aujourd’hui tu témoignes sous ta réelle identité. Est-ce que tu peux expliquer pourquoi, et comment tu te sens par rapport à la question, justement, des risques que tu peux éventuellement courir par rapport à ta sécurité, et concernant ta liberté d’expression?

Florence – Moi j’ai choisi de témoigner sous ma réelle identité parce que je juge personnellement que je n’ai plus rien à perdre. Je n’ai pas envie d’avoir peur, bien sûr. Je comprends tout à fait les femmes qui ne le font pas, mais moi, personnellement, je n’ai jamais vraiment été beaucoup entourée d’amis. Je n’ai personnellement pas peur de perdre mon emploi, je n’ai jamais eu une menace. Et puis tu sais, même mon ami trans, il connaît mes opinions sur ce sujet-là. On en a déjà parlé, pas autant détaillé qu’aujourd’hui, mais mon ami le sait. Et puis il y a d’autres de mes amis aussi qui sont au courant, donc je juge que je n’ai plus rien à perdre. Le féminisme, c’est une des causes qui me tient le plus à cœur, donc honnêtement, je n’ai pas envie d’être dans l’anonymat.

RDG – Ok, merci. Est-ce que tu as une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?

Florence – Oui. Donc récemment, le 20 septembre 2023, au Canada, il y a eu plein de manifestations partout au pays. En gros, c’était des manifestations pour protester contre l’enseignement de l’idéologie du genre dans les écoles, contre le fait d’enseigner les différentes identités de genre, puis de présenter ça comme une vraiment une vérité absolue, puis contre le fait qu’un enfant puisse imposer son genre donc ses pronoms et son nouveau prénom à ses professeurs, sans le consentement des parents. Et puis j’ai vu les photos de ces manifestations, il y avait plein de pancartes religieuses, avec des croix ou c’était écrit “Dieu créa l’homme et la femme” c’était écrit aussi “être LGBTQIA+, est un péché”.  C’était presque toutes des affiches dans ce style-là que je voyais. J’étais comme  : “Oh là là. Là, il va avoir une association avec l’extrême droite. Ça, je pense que c’est un danger, parce que tout le monde va penser que les gens critiques de l’idéologie du genre sont, soit d’extrême droite, soit religieux, soit haineux, alors que ce n’est pas du tout le cas. Et la même journée, il y a eu plein de contre-manifestations. Évidemment, ces gens-là disaient que c’était un appel à la haine contre les LGBTQA+. 

Ils disaient : “À bas la haine ! L’éducation sauve des vies!” 

En gros, ils disaient qu’on était contre leur existence. Mais le fait d’être critique du genre et du transactivisme, ça ne fait pas automatiquement de nous des gens haineux. Pour une manifestation, certaines pancartes étaient haineuses, donc là ça va encore plus renforcer cette idée-là, mais ce ne sont pas toutes des gens d’extrême droite et des gens qui sont contre l’existence des personnes LGBTQ, c’est ça le problème. Donc les gens vont associer ça à l’extrême droite. J’ai même vu un commentaire de quelqu’un qui disait : “C’est pas étonnant de la part des religieux, même la science nous dit qu’on peut être né dans le mauvais corps.” Je ne sais pas quand c’est que la science a dit ça, mais bon…

Et puis même le Premier ministre Justin Trudeau, il a fait un tweet. Il disait qu’il condamnait ces manifestations-là, et puis que la haine n’avait pas sa place ici. 

Je voudrais dire aux transactivistes et à tout le monde en fait, que c’est tout à fait possible d’être en désaccord avec certaines personnes, tout en étant capable de créer de profondes affinités avec elles. Il y en a beaucoup qui vont penser que je suis transphobe, mais mon ami trans, c’est la meilleure personne que je connaisse. Je vais toujours l’adorer, peu importe. Pourtant, je ne suis pas toujours en accord avec ses opinions. On est souvent d’accord sur plein, plein, plein de sujets, mais on n’est pas d’accord concernant le transactivisme, mais on est quand même capables d’avoir des discussions respectueuses sur le sujet, où chacun dit son opinion. On a une relation très saine, donc le fait d’être aussi violent envers les RadFems, ça je comprends pas. Et puis tu sais, en passensant, mon ami était vraiment curieux de connaître mon opinion sur le sujet. Il voulait l’entendre, même qu’au début c’était moi qui ne voulais pas en parler. Il insistait et c’était moi qui était comme : “Non mais on dirait que j’ose pas trop dire mon opinion, tu sais. J’ai peur que ça te blesse.”

Donc voilà : je pense que c’est le mouvement qui est violent, pas les personnes trans elles-mêmes, voilà.

RDG – Du coup, je te pose la dernière question, maintenant : est-ce que tu as quelque chose à ajouter?

Florence – Oui. Donc mon opinion, c’est que tout le monde a le droit d’avoir un ressenti, c’est correct d’avoir un ressenti. Mais malheureusement, moi je ne pense pas qu’on puisse imposer notre ressenti aux autres, parce que justement, c’est propre et unique à chacun. Et puis c’est pas parce qu’on se sent être quelque chose qu’on l’est nécessairement. Tu sais, par exemple on entend souvent : “Oh moi je me sens avoir tel âge dans ma tête!” Si par exemple un adulte dit qu’il se sent avoir 15 ans dans sa tête, est-ce que pour autant il y a 15 ans? Il peut se sentir comme ça, c’est correct. Mais est-ce qu’on va changer la date de naissance sur les papiers officiels de cette personne-là pour dire qu’elle a 15 ans, et puis pour que cette personne-là puisse en bénéficier des avantages, comme aller dans les écoles, dans les vestiaires des écoles secondaires, les lycées, ne pas payer d’impôts, dépendre de ses parents financièrement, etc? 

RDG – Moi, j e me sens avoir 64 ans et très très très très proche de la retraite…

Florence – haha. Malheureusement, c’est ça : je ne pense pas que le ressenti l’emporte sur les faits, malheureusement. Et puis je ne pense pas non plus qu’il suffit de dire être quelque chose pour le devenir.

Pour finir, merci beaucoup de de m’avoir écoutée jusqu’à la fin, ça m’a fait énormément de bien de prendre la parole, et puis merci de donner la parole à autant de femmes.

RDG – Merci d’avoir écouté notre parole, et n’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible.

S’il vous plaît, signez la Déclaration des Droits des Femmes basés sur le sexe :  

womensdeclaration.com

Le blog de Christine Delphy

Nouvelles questions féministes

TRADFEM

Collective de traduction de textes féministes radicaux

Rebelles du Genre

"Comment je suis devenue critique du genre"

WordPress.com en français

Toutes les nouvelles de la communauté WordPress.com

Noues Femmes

La french touch de la WHRC

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer